1- Le ministre de l’Intérieur a qualifié l’attaque à la grenade à Grenoble d’ »inédite », de par l’usage de « techniques de guerre ». Est-ce un tournant dans la nature de la criminalité gre-nobloise ? Quelle est l’ampleur réelle du phénomène et comment expliquer cette évolu-tion ? (Le procureur de Grenoble a évoqué de véritables mafias ne se limitant plus au trafic de drogue, mais étendant leur influence par le racket des entreprises)
Hélas, de tous ces propos lancés dans l’affolement, rien ou presque n’est vrai.
– En mai 2024 à Aubervilliers (93), lors d’une guerre de gangs, une analogue grenade militaire faisait deux blessés gravissimes, l’un défiguré avec un bras arraché.
– L’évolution ? Elle s’explique de façon enfantine par l’oubli de la loi criminologique N°1 : « Les malfai-teurs ne s’arrêtent que quand on les arrête ». On ne les arrête pas ? Ils accentuent leurs prédations et enrichissent leurs arsenaux : aussi simple que ça. Et ces bandits sortent du périmètre des stupé-fiants pour pratiquer le racket, en vertu d’une autre loi criminologique, présente aussi en économie ; celle dite « des rendements décroissants ». Si l’école de la magistrature enseignait ça, et non du gau-chisme mondain, nos futurs juges ne tomberaient pas des nues devant des évolutions parfaitement logiques et anticipables.
– Autre ignorance : les magistrats fantasmant de simples bandes de voyous en « mafias », devraient connaître la différence de NATURE entre une bande et une mafia, immémoriale et secrète société criminelle. Quand Totuccio Contorno, le second repenti de la mafia sicilienne, se rend au juge Fal-cone, il lui dit : « Monsieur de juge, je suis un Homme d’Honneur DE LA SEPTIÈME GÉNÉRATION, dans la ‘famille’ (mafieuse palermitaine) de Santa-Maria-Gesù ». Son père, grand-père, etc., tous ma-fieux ! Une telle structure illicite-séculaire n’a jamais existé en France, n’y existe pas à présent
(Corse incluse) et n’y existera sans doute jamais. La justice italienne définit ainsi la mafia de Sicile : « Société secrète dépourvue de statuts et de listes d’appartenance, disciplinée par des règles trans-mises oralement. Au sein de Cosa nostra, seule la parole donnée, la ‘parole d’honneur’ engage à vie ». Rien de tel en France, vraiment.
D’usage, les médecins évitent de dire à un patient cancéreux qu’il a une bronchite, ou vice-versa : les magistrats et journalistes devraient les imiter. Martin Heidegger les incitera peut-être à appeler les choses par leur nom : « Le nom donne connaissance… Nommer dévoile… Par la vertu de l’exhibition, les noms attestent leur souveraineté magistrale sur les choses ».