DES siècles durant, la France fut « La Grande Nation ». Comment ? Pourquoi ? Clause-witz l’explique aux généraux Scharnhorst et Gneisenau, patrons de l’armée prus-sienne. Admiratif (et jaloux) le stratège définit ainsi la France : « Nation très homogène, non divisée, bien située, bien délimitée, riche, guerrière et pleine d’esprit ». En français classique, « Pleine d’esprit » signifie vive, acérée, inventive – l’inverse de la caste diri-geante du macronisme terminal, lourdingue de rythme et d’expression ; frileuse face aux grands espaces, aux idées originales ; stérile en matière de diagnostics justes et de solutions effectives.
Typique de cette besogneuse atonie, le récent rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » ; lourd démarrage historique ; escapades à l’étranger banales, voire idiotes, comme la Turquie « dernier bastion frériste au Moyen-Orient » ; or en Turquie, le frérisme, c’était l’invasive nébuleuse (dite FETÖ) de Fetullah Gülen, (mort aux États-Unis en octobre 2024), éradiquée de tout le service public, de toute l’armée d’Ankara, après le putsch raté de l’été 2016. Civils et militaires virés-embastillés par dizaines de milliers… « Disparitions » sans retour de cadres de FETÖ… Si le Frérisme est bien éli-miné d’un pays, c’est de la Turquie.
Bien entendu, les médias « d’information » n’ont ni lu, ni critiqué ce rapport, car voués à encenser le poulain de leur propriétaire à la prochaine présidentielle. Donc, négligé que le rapport « Frères musulmans et islamisme politique en France » oublie l’essentiel, le plus alarmant et lourd de menaces : la constante, l’étroite collusion, dès sa création en 1928, voici presqu’un siècle, de la Confrérie (« Ikhwan » en arabe), avec les services spéciaux britanniques et américains.
Cette affirmation n’est pas issue de racontars, bobards ou bruits fictifs ; mais de mil-liers de documents officiels déclassifiés à Londres et Washington au fil des ans ; d’où ressort la nature intégralement mercenaire de l’Ikhwan. On entend d’ici les naïfs : « Et alors ? Washington et Londres sont nos alliés. Qu’importe, s’ils manipulent une secte islamiste, ici ou là ? » Pas si vite :
– Le bureau international des Frères Musulmans est toujours au Soudan, en peine guerre civile : quel rôle y jouent ses agitateurs et bandes armées, pour le compte de qui ? Qui sait quel protecteur-financier contrôlera demain ce dispositif, si bien im-planté en Europe et en France ?