La gauche européenne et le PKK
Un tel amas de faits inquiétants - tout sauf secrets - devrait suggérer un minimum de prudence aux journaux ou partis politiques européens approchés par le PKK ou ses satellites. Ce d'autant que des magistrats d’une Europe pourtant accueillante envers les Kurdes, confirment la dangerosité du parti d'Ocalan. En avril 1995, des militants du PKK passent au Tribunal correctionnel de Paris pour extorsion de fonds. Pour les juges, le PKK "est une organisation parfaitement structurée", clandestine, dont "l'action principale de lutte armée en Turquie s'accompagne d'actes de violence contre les personnes et les biens, notamment sur le territoire français, tel qu'assassinat de dissidents ou occupation et dégradation de représentations diplomatiques ou établissements turcs". En novembre 1993 déjà, l’acte de dissolution de Yek-Kom et du Comité du Kurdistan stipulait que : [ces deux entités] “présentent le caractère de groupes de combat ou de milices privées en raison de la formation paramilitaire dans des camps d’entraînement, de l’obéissance et de la discipline auxquelles leurs membres sont soumis, de l’intention séditieuse qui les caractérise et qui les rendent apte à des actions de commando”... ils “se livrent sur le territoire français, ou à partir de ce territoire, à des agissements visant à provoquer des actes de terrorisme en France où à l’étranger”.

Ce n’est pas tout. Le 12 novembre 1992, “Kayhan”, quotidien islamiste de Téhéran, révèle qu’à l’issue des combats, les guérilleros du PKK achèvent leurs propres blessés. Récit de Hosni, 19 ans, kurde de Syrie, retrouvé mourant par des Peshmergas en Irak : “Nous étions 18 blessés, nous ne pouvions plus marcher. Chacun d’entre nous a reçu une balle dans la tête. Je suis seul à avoir survécu”. Des pratiques dont le parti d’Apo use aussi en Europe. Mars 1994 à Düsseldorf, Allemagne : Ali A. 32 ans et Hassan H. G., 40 ans, cadres du PKK, sont condamnés à la prison à vie pour avoir étranglé un “traître” à leur mouvement avec une corde et en avoir abattus deux autres au revolver.
Enfin, le PKK mène ouvertement des campagnes de terrorisme aveugle en Turquie, posant des bombes dans les rues de grandes villes ou de stations balnéaires - par exemple en février 1994. La structure chargée de ces attentats porte le nom de “Groupes métropolitains de vengeance de l’ARGK”.

Malgré cela, le PKK a encore des amis en Europe. En mars 1992, des députés socialistes grecs organisent une conférence de presse avec le PKK dans la vallée de la Bekaa. En avril 1994, l'ERNK ouvre à Athènes sa "représentation en Grèce et dans les Balkans". Lors de l'inauguration, un vice-président (Pasok) du parlement grec et 4 députés socialistes écoutent Ali Sapan, très notoire chef du PKK en Europe, lire un message d'Ocalan. En Mars 1995, un comité de l'Internationale Socialiste (IS) sur "la question kurde en Turquie et en Irak" se réunit à Vienne. Autour de la table, des représentants des PS d'Allemagne, du Danemark, de France (Alain Chenal), de Suède et de Suisse. Côté kurde, dit le communiqué de l'IS, des dirigeants du DEP et de l'ERNK (paravents du PKK), de l'UPK (Irak, dirigé par Jalal Talabani, aujourd’hui financé et armé par la république islamique d'Iran  ), à l’exclusion de tout autre interlocuteur turc ou kurde. En juin 1995, quatre députés grecs du Pasok, ont une rencontre “politique” avec Ocalan, puis lui serrent la main devant les photographes.

Face au PKK et dans un registre, hélas, analogue, “Le Monde” et “Le Monde diplomatique” semblent perdre beaucoup de leur sens critique. Pour ce quotidien, les opérations du PKK du 24 juin 1993 (incendies, saccages, prises d’otages, etc., voir chronologie) sont des “opérations destinées à populariser la cause kurde dans l’opinion publique occidentale”. Et dans “Monde Diploma-tique” d’octobre 1993, figure un article à peu près hagiographique intitulé “Carte blanche à l’armée turque au Kurdistan”. Voici ce qu’on y trouve : “La guerre a repris au Kurdistan de Turquie. L’armée et le gouvernement d’Ankara ont rejeté toutes les offres de négociation du Parti des Travailleurs du Kurdistan... Selon un porte parole du PKK en Europe, entre le 20 mars et le début du mois de juin, 44 villages ont été détruits, 165 personnes abattues et 350, arrêtées. Malgré ces exactions, le PKK maintenait le cessez-le-feu et réaffirmait sa volonté de négocier... Le 24 mai dernier, des guérilleros abattaient une trentaine de soldats désarmés dans la région de Bingöl... Cette embuscade tombait au plus mauvais moment pour le PKK, ce qui alimentait la thèse d’une provocation des forces spéciales de l’armée turque...” etc.
Soulignons que le PKK décrète une trêve chaque fois que ses combattants ont été étrillés au nord de l’Irak. Et qu’au moment où est publié l’article du “Monde Diplomatique”, le massacre de conscrits (kurdes) de Bingöl a été clairement revendiqué - par Abdallah Ocalan en personne - depuis plusieurs mois déjà...

Organigrame du PKK
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