Ce n’est pas tout. Le 12 novembre 1992, “Kayhan”, quotidien islamiste
de Téhéran, révèle qu’à l’issue des
combats, les guérilleros du PKK achèvent leurs propres blessés.
Récit de Hosni, 19 ans, kurde de Syrie, retrouvé mourant
par des Peshmergas en Irak : “Nous étions 18 blessés, nous
ne pouvions plus marcher. Chacun d’entre nous a reçu une balle dans
la tête. Je suis seul à avoir survécu”. Des pratiques
dont le parti d’Apo use aussi en Europe. Mars 1994 à Düsseldorf,
Allemagne : Ali A. 32 ans et Hassan H. G., 40 ans, cadres du PKK, sont
condamnés à la prison à vie pour avoir étranglé
un “traître” à leur mouvement avec une corde et en avoir abattus
deux autres au revolver.
Enfin, le PKK mène ouvertement des campagnes de terrorisme aveugle
en Turquie, posant des bombes dans les rues de grandes villes ou de stations
balnéaires - par exemple en février 1994. La structure chargée
de ces attentats porte le nom de “Groupes métropolitains de vengeance
de l’ARGK”.
Malgré cela, le PKK a encore des amis en Europe. En mars 1992, des députés socialistes grecs organisent une conférence de presse avec le PKK dans la vallée de la Bekaa. En avril 1994, l'ERNK ouvre à Athènes sa "représentation en Grèce et dans les Balkans". Lors de l'inauguration, un vice-président (Pasok) du parlement grec et 4 députés socialistes écoutent Ali Sapan, très notoire chef du PKK en Europe, lire un message d'Ocalan. En Mars 1995, un comité de l'Internationale Socialiste (IS) sur "la question kurde en Turquie et en Irak" se réunit à Vienne. Autour de la table, des représentants des PS d'Allemagne, du Danemark, de France (Alain Chenal), de Suède et de Suisse. Côté kurde, dit le communiqué de l'IS, des dirigeants du DEP et de l'ERNK (paravents du PKK), de l'UPK (Irak, dirigé par Jalal Talabani, aujourd’hui financé et armé par la république islamique d'Iran ), à l’exclusion de tout autre interlocuteur turc ou kurde. En juin 1995, quatre députés grecs du Pasok, ont une rencontre “politique” avec Ocalan, puis lui serrent la main devant les photographes.
Face au PKK et dans un registre, hélas, analogue, “Le Monde”
et “Le Monde diplomatique” semblent perdre beaucoup de leur sens critique.
Pour ce quotidien, les opérations du PKK du 24 juin 1993 (incendies,
saccages, prises d’otages, etc., voir chronologie) sont des “opérations
destinées à populariser la cause kurde dans l’opinion publique
occidentale”. Et dans “Monde Diploma-tique” d’octobre 1993, figure un article
à peu près hagiographique intitulé “Carte blanche
à l’armée turque au Kurdistan”. Voici ce qu’on y trouve :
“La guerre a repris au Kurdistan de Turquie. L’armée et le gouvernement
d’Ankara ont rejeté toutes les offres de négociation du Parti
des Travailleurs du Kurdistan... Selon un porte parole du PKK en Europe,
entre le 20 mars et le début du mois de juin, 44 villages ont été
détruits, 165 personnes abattues et 350, arrêtées.
Malgré ces exactions, le PKK maintenait le cessez-le-feu et réaffirmait
sa volonté de négocier... Le 24 mai dernier, des guérilleros
abattaient une trentaine de soldats désarmés dans la région
de Bingöl... Cette embuscade tombait au plus mauvais moment pour le
PKK, ce qui alimentait la thèse d’une provocation des forces spéciales
de l’armée turque...” etc.
Soulignons que le PKK décrète une trêve chaque
fois que ses combattants ont été étrillés au
nord de l’Irak. Et qu’au moment où est publié l’article du
“Monde Diplomatique”, le massacre de conscrits (kurdes) de Bingöl
a été clairement revendiqué - par Abdallah Ocalan
en personne - depuis plusieurs mois déjà...