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A l'issue de deux réunions tenues à Ankara, dans une petite maison du quartier de Tuzlucayir, Abdallah Ocalan, né en 1949 à Urfa, ville proche de la frontière syrienne, fonde avec Cemil Bayik, Kesire Yildirim (seule jeune femme présente), Ali Ozer, Musa Erdogan, Ismet Kilic, Hassan Asgar Gurgoze, Kemal Pir, Kemal Ozcan, Baki Karer et Ali Haydar Kaytan, l’ “Association patriotique et démocratique pour l'enseignement supérieur d’Ankara”, ou AYöD. Ocalan, qui a vite interrompu ses études à la faculté de Sciences politiques de l’Université d’Ankara, cache sous cette appellation de circonstance le noyau fondateur d’une structure marxiste-léniniste-maoïste, dont l’objectif est la libération par les armes du "Kurdistan turc". |
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Ocalan et ses camarades recrutent chez les jeunes Kurdes attirés
par l’action, chez les déshérites. Alors qu’ils n’ont toujours
pas de nom défini et signent leurs premières actions “Armée
nationale de libération” ou “Les révolutionnaires du Kurdistan”,
les fondateurs du futur PKK publient à Diyarbakir un texte théorique
“La voie de la révolution kurde”.
Mai : avant même la fondation du PKK, une scission se produit à Gaziantep. Premiers d'une longue série d'opposants internes éliminés, ses deux dirigeants sont assassinés par les amis d’Ocalan. |
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La "phase souterraine de construction du parti" s'achève. Les 27 et 28 novembre 1978, le PKK se constitue formellement dans une maison du village de Fis, dans la région de Diyarbakir. Son premier comité central est composé comme suit : Secrétaire général : Abdallah Ocalan; membres : Kesire Yildirim, Sahin Donmez, Cemil Bayik, Mehmet Karasungur, Mazlum Dogan, Mehmet Hayri Durmus. Le Parti se dote d’un organe central : “Serxwebun” (“Indépendance”). Le Parti commence à se structurer dans des ensembles de provinces du “Kurdistan” turc : 1°) Gaziantep, Kahramanmaras, Malatya; 2°) Elazig, Tunceli, Bingöl; 3°) Urfa, Diyarbakir, Mardin. A la tête de chacun de ses ensembles, un secrétaire, membre du comité central; sous lui, des comités régionaux, puis provinciaux et locaux. |
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Avril : les militaires imposent au gouvernement social-démocrate de Bülent Ecevit l'instauration de la loi martiale dans les provinces du sud-est de la Turquie. |
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Avril : conférence de presse commune du PKK et de l’Asala,
à Saïda, (Liban-sud). Les deux groupes annoncent qu’ils coopèrent
désormais contre l’Etat turc.
Septembre : l'armée (re) prend le pouvoir en Turquie. Interdiction formelle de toute activité kurde quelle qu'elle soit. L'état-major et les cadres du PKK fuient en majorité en Syrie, d’autres en Iran; quelques uns en Irak. Des cadres militaires du PKK s’implantent au Liban, où des Palestiniens du Front démocratique les hébergent dans un de leurs camps de la vallée de la Bekaa. Au Liban, le PKK se renforcer de la plupart des militants d'origine kurde de TIKKO (Armée ouvrière-paysanne communiste turque). |
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La répression s'abat notamment sur le PKK; plus de 2000 de ses
adhérents et sympathisants sont emprisonnés. Procès
de 447 de ses militants; 243 condamnations à mort; peu d'exécutions
cependant.
Fondation du camp de Helwé, sur un terrain fourni par le FDLP de Nayef Hawatmeh. A partir de mars 1986, le camp prend le nom d’ “Académie militaire Mahsun Korkmaz”, du nom du premier président du Front de libération nationale du Kurdistan, ERNK, tué ce mois-là par l’armée turque. Helwé se trouve situé à l’est d’Anjar, à quelques kilomètres de la frontière syrienne. En temps normal, ± 300 jeunes Kurdes y résident pour des stages de deux mois (combattant) ou de quatre mois à un an (“officier” ou spécialiste). Cette nstallation a la bénédiction de Damas : la piste qui mène à Helwé est en effet barrée en permanence par les forces spéciales syriennes. Juillet : premier congrès du PKK, organisé à Helwé; implantation en Europe, Allemagne fédérale et Suède, notamment. |
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Congrès du PKK; La direction définit les étapes
de la lutte :
1 - Défense stratégique, jusqu’en 1995, 2 - Equilibre des forces, 1995-2000, 3 - Offensive et insurrection populaire au sud-est de la Turquie, premières années du XXI° siècle. Suite à ce congrès, des éléments du PKK commencent à se ré-infiltrer en Turquie. |
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Le gouvernement militaire turc publie les chiffres de la répression
qui a suivi la reprise en mains de septembre 1980 : 20 000 inculpations,
dont ± 15 000 des OCC turques, ± 1000 d’extrême droite,
et ± 3200 “séparatistes” dont 1800 du PKK. Malgré
cela, la violence s'installe en Anatolie orientale, du fait de l'exacerbation
de la guerre Irak-Iran : grâce à Téhéran, des
guérilleros kurdes ont pu libérer une partie de leur territoire,
aux confins Irako-Turcs. Installé lui aussi dans ce "sanctuaire",
le PKK lance des attaques de l'autre côté de la frontière,
notamment dans la province de Hakkari. En mai, la première de ces
embuscades a fait trois tués chez les militaires turcs; un officier
est blessé. L’armée turque riposte en lançant un premier
raid dans le sanctuaire kurde et poursuit les guérillas kurdes dans
la bande montagneuse irakienne de +/-70 km. où elles sont installées.
Juillet : un accord est conclu entre le PDK de Massoud Barzani et le PKK, qui fait passer le gros de ses troupes du camp de Helwé à des implantations sises au “Kurdistan” irakien, dans les secteurs de Haftanin et de Zakho. Dans ce triangle de terre aux confins Iran-Turquie-Irak, le PKK installe son camp le plus important, celui de Lolan. D’autres, moins importants sont créés à Lak 1, Kuvver Barzan et Miroz. |
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Août : début officiel de la lutte armée
du PKK au "Kurdistan turc". Création des "Brigades de Libération
du Kurdistan" (HRK), commandées par un état-major de ±
10 personnes. Trois des “unités de propagande armée” du HRK,
intitulées “21 mars”, “14 juillet” et “18 mai” (± 40 combattants
armés) attaquent désormais les villages considérés
par le PKK comme “collabos”. Les combats entre guérilleros du PKK
et militaires turcs reprennent également : attaque de deux gendarmeries
et d'un mess d'officiers, à Eruh et Semdinli.
Octobre : la Turquie et l'Irak se reconnaissent un droit de poursuite des guérillas kurdes le long des 230 km de leur frontière, dans une zone de 10 km de profondeur. L'armée turque en profite immédiatement pour frapper en Irak. Selon son 2ème bureau, il y a à ce moment-là ± 1700 guérilleros du PDK et 400 du PKK dans la région. Cette année là, le PKK crée une superstructure politique à vocation unitaire, le "Front de Libération Nationale du Kurdistan" (ERNK). |
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Mai : l'ERNK s'installe à Athènes.
Fin de l’alliance implicite entre le PDK et le PKK, sur le sol irakien. |
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Une sorte d'état d'urgence, ou de guerre, règne désormais
dans les 11 provinces du sud-est de la Turquie, placées sous les
ordres d'un "gouverneur spécial". Création des "gardes de
villages", milice kurde encadrée et payée (175 dollars US.
par mois, somme coquette pour la région) par les autorités
turques. Le nombre de guérilleros du PKK actifs dans la région
aurait triplé depuis 1983.
Août : attaque d’une gendarmerie dans la province de Hakkari : 12 militaires tués. En riposte, incursion militaire turque au “Kurdistan” irakien et bombardements massifs. Octobre : congrès du PKK à Lattaqié, Syrie et création de l' "Armée Populaire de Libération du Kurdistan", qui remplace les HRK, signe du "passage de l'étape de la propagande armée à celle de la fondation d'une armée de guérilla". |
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Mars : incursion militaire turque au “Kurdistan” iranien. La
dernière de ce type : les Iraniens, désireux de protéger
leurs alliés Kurdes, signalent à la Turquie qu'ils s'en prendront,
en cas de récidive, au pipe-line Irak-Turquie, vital pour ces deux
pays.
Juin : des guérilleros du PKK massacrent une trentaine de paysans du village de Pinarcik (16 enfants, 8 femmes). Cette action est violemment critiquée par les autres mouvements kurdes. A cette époque, les services de sécurité turcs estiment que l’effectif militant du PKK est de ± 3500 hommes, dont 300 infiltrés au sud-est de l’Anatolie. Une trentaine de ces militants vivent au “Kurdistan” iranien, sous l’autorité d’Osman Ocalan, frère d’Abdallah, dans de petits camps implantés près des localités de Selvana, Rezhan, Ziveh. En Irak, les camps sont proches des localités de Kishan, Nirve, Lolan et Deryasor. En Syrie, proches de Kamisli et Resulyan. Juillet : 30 autres paysans massacrés par des commandos du PKK dans les villages de Yuvali et Pecenek (province de Mardin). Août : 27 paysans massacrés dans des villages des provinces de Siirt et de Hakkari. En tout, pour le premier semestre de 1987, plus de 80 morts au “Kurdistan” turc. (civils, guérillas, militaires). Par la suite, devant les réactions très négatives de la population et des autres organisations kurdes, les guérilleros concentrent leurs attaques sur des cibles plus "dures" : les forces de l'ordre, principalement. Cependant, le PDK de Massoud Barzani dénonce son accord (portant sur un soutien logistique en territoire kurde Irakien) avec le PKK. Les organes de propagande de ce dernier essaient d’accréditer l’idée que les massacres sont l’oeuvre des services spéciaux turcs, désireux de discréditer la guérilla. Mais, fin 1991, Ocalan devra reconnaître que ces exécutions de masse avaient été décidées par un commandants du PKK, “Hogir” de son nom de guerre, un “extrémiste” fort opportunément “exclu” entre temps et “passé au service des Irakiens”. Octobre : signature par Turgut Ozal et Hafez al-Assad d'un protocole d'accord turco-syrien, portant notamment sur les affaires de sécurité. Ozal ne manque pas d'arguments : d'abord celui des eaux de l'Euphrate. En Turquie orientale, un colossal "Projet-Anatolie du Sud-est", 20 milliards de dollars, prévoit un ensemble de barrages, de centrales hydro-électriques et de systèmes d'irrigation, sur le cours supérieur du Tigre et de l'Euphrate, le tout destiné à mettre en valeur la partie la plus défavorisée du pays... Notamment le “Kurdistan”. Trois barrages, Keban, Krakaya et Atatürk, sur le haut cours de l'Euphrate, vont désormais permettre à Ankara de contrôler le débit de la seule grande voie d'eau régionale, vers la Syrie et l'Irak. La Syrie, notamment, va voir son agriculture menacée par une réduction du flot, sans oublier sa production hydro-électrique et même l'eau potable des grands ensembles dans les villes syriennes. Assad est donc contraint de faire une (modeste) concession : le PKK ne disposera plus de camps en Syrie et ne pourra plus s'infiltrer en Turquie à partir de ce pays; en échange, Ankara s’engage à maintenir le flux d’écoulement de l’Euphrate en Syrie à 500 M3 par seconde minimum. Les camps du PKK en Syrie sont alors déplacés vers la Bekaa. |
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Au début de l'année les autorités militaires turques
estiment à 1000 le nombre des guérilleros PKK, bien armés,
présents en Turquie.
Au “Kurdistan” irakien, de jeunes révolutionnaires scissionnistes du PDK, issus des provinces de Batinan et de Soran, créent au début de l'année un “Partiya Azadiya Kurdistan”, PAK (parti pour la libération du Kurdistan” qui est le satellite du PKK en Irak. Depuis plusieurs mois, ses futurs cadres sont à l’entraînement dans des camps du PKK au “Kurdistan” iranien. Petit à petit, et, depuis l’été de 1991, avec l’appui implicite du pouvoir irakien, le PAK va s’implanter dans les districts de Dahok, Zakho, Suleimanyeh, Shaklava et Diana. De jeunes Kurdes irakiens combattent, à partir de 1991, dans les guérillas du PKK en Turquie. Le PAK tente désormais de s’implanter au sud du “Kurdistan” irakien, dans les régions productrices de pétrole. Mai : le PKK signe à Damas un protocole d’accord avec l’UPK. Talabani et Ocalan sont présents. Premier semestre de 1988 : 258 attentats, embuscades, etc. au "Kurdistan" turc. Il y en avait eu 143 pour la période comparable de 1987. Août : violente offensive de l'armée Irakienne. Objectif : créer en zone Irakienne un "cordon sanitaire" dépeuplé, de 30 Km. de profondeur, le long de la frontière turque. Plusieurs dizaines de milliers de Kurdes s'enfuient en Turquie, et 30 000 y restent comme réfugiés. Le PKK signe un accord de coopération avec Dev. Sol, en Turquie et à l’étranger A la fin de l'année, et depuis la reprise en force de la guérilla (Août 1984) il y a eu au "Kurdistan" turc 552 morts (civils, guérillas, militaires) dont 296 guérilleros du PKK, 61 femmes et 63 enfants. Chiffres officiels : il y aurait eu en réalité près de 3000 morts. Pour la seule année 88 : 257 morts, 150 blessés, 683 condamnations. |
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Au 1er trimestre, arrestations massives au "Kurdistan" turc
: plus de 4000 militants et sympathisants du PKK. A partir de mai, la violence
redouble. Le théâtre d'opérations du PKK s'agrandit
vers le nord de la Turquie (15 morts dans la province de Van en août).
Au cours de l’été, le PKK conclut des alliances avec une OCC turque, le THKP-C/Acilciler - son chef, Mirhac Ural est très lié à Abdallah Ocalan. Septembre : le PKK possède désormais deux stations de radio mobiles dans la région. Sur le terrain, dans les villes : attentats à la bombe contre des bâtiments officiels, attaques à main armée, assassinats, enlèvements; coups de main dans les villages (21 morts, des "gardes" du village d'Ikikaya, en novembre). Désormais s'opposent sur le terrain ±15 000 "gardes de villages", les forces de l'ordre turques (gendarmes, militaires, policiers, renseignement) : ±40 000 hommes et les guérillas du PKK, difficiles à cerner -"Bergers le jour, terroristes la nuit"- mais sans doute près de 2000 hommes. On compte à présent jusqu'à 70 morts par mois. La force militante du PKK est désormais estimée à 5000 hommes. Dont 200 guérilleros dans la région de Basiyan (triangle Turquie-Iran-Irak). En Irak, des installations du PKK sont repérées près des localités de Kishan, Duruk, Urah, Gülkan, Besili, Sutumi, Zivek, Artis, Nazdur, Birri, Kiru, Barzan, Hayat, Ikmalah, S. Yunis et Durjan. A la fin de l’année, une scission de militants et de cadres kurdes du Parti social démocrate turc, SHP, alors dans l’opposition, donne naissance au Parti populaire du travail, HEP, proche des thèses du PKK et soutenu par lui. Depuis 1989, on note que la propagande du PKK contient des sourates du Coran et des prières musulmanes; l'islam y est présenté comme une force révolutionnaire positive. |
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A partir de cette année-là, les autorités turques
cessent de sous-estimer le PKK, naguère considéré
comme un simple rassemblement de "bandits".
Février : environ 150 manifestants du “Comité du Kurdistan” - qui sert de couverture au PKK en France - manifestent aux abords du Grand Palais, à Paris, où François Mitterrand inaugure avec Turgut Ozal l’exposition “Soliman le magnifique”. Heurts avec le service d’ordre; plusieurs dizaines de kurdes interpellés. A l’occasion du nouvel an célébré au printemps par les Kurdes et les Perses (le “Nowrouz”), le PKK décrète la semaine du 21 au 28 mars celle de la lutte populaire contre la colonisation; dans les villes du “Kurdistan” turc, au sud-est de l’Anatolie, beaucoup de foyers éteignent les lumières entre 23h. et minuit et font jouer des cassettes (interdites) de musique kurde. Pour la première fois, des jeunes jettent des pierres aux forces de l’ordre turques, érigent des barrages et brûlent des pneus, façon “Intifada” principalement dans les provinces de Mardin, Siirt et Elazig. La presse turque compare ces manifestations à l’Intifada en Palestine. Dans la ville de Cizre (10 km. de la frontière syrienne), des incidents violents ont lieu : les adultes apportent les pierres que jettent ensuite les jeunes, qui portent désormais des keffiehs palestiniens; le couvre-feu est décrété et 300 personnes, mises en garde à vue. Dans la ville de Nusaybin, manifestation interdite, un mort, cinq blessés, à l’occasion des obsèques d’un combattant du PKK tué lors d’un accrochage. Avril : les commerçants de Mardin et de Diyarbakir ferment boutique en solidarité avec les interpellés de Cizre et Nusaybin. Actions de propagande nocturne du PKK dans ces villes. Depuis le début du mois de mars, 97 tués au “Kurdistan” turc; 16 seulement au premier trimestre de 1989. Depuis le 15 août 1984 (début de la lutte armée du PKK sur le sol turc) 2000 personnes (civils, guérilleros, forces de sécurité turques) ont été tuées. Mai : congrès national du PKK, qui reconnaît le "rôle positif" du HEP Novembre : le colonel Kadhafi envoie un télégramme de protestation contre “le massacre des Kurdes” au président Ozal. Autre message du colonel, de soutien celui-ci, à Abdallah Ocalan. A la télévision suédoise, un dirigeant du PKK menace de se livrer à des “massacres de masse” de touristes sur la côte occidentale de la Turquie (l’une des destinations favorites des Suédois...). |
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Depuis le début de la crise du Golfe, Saddam Hussein s'est rapproché
du PKK et lui fournit désormais armes et équipements militaires.
Février : Chiffres fournis par le procureur de Diyarbakir (Cour de sûreté de l’Etat) : près de 900 combattants du PKK sont emprisonnés et près de 350 sont en instance de jugement. Suite à un timide rapprochement entre la Turquie et la Syrie, Abdallah Ocalan déclare que le PKK ne recherche plus l’indépendance totale pour le “Kurdistan” turc, mais une “expression politique libre” pour les populations locales. Août : au moment où, chaque année, le PKK fête le début de sa lutte armée (15.8.84), importante opération aéro-terrestre de l’armée turque, qui pénètre de 20 km en Irak et y reste trois jours, pour “retrouver les touristes allemands”; bombardements au sud de la ville d’Hakkari.
Octobre : un porte-parole du PKK affirme que son groupe contrôle une “zone libérée” de 43 000 Km2 dans le nord de l’Irak et l’est de la Turquie et “bénéficie d’un soutien politique de l’Iran”. Deux opérations aéro-terrestre de l’armée turque dans le “Kurdistan” irakien (4000 hommes, aviation, hélicoptères, commandos etc.). A la fin de l’année, le PKK, qui dispose désormais de mortiers de 120mm et d’artillerie anti-aérienne, est actif dans les provinces et districts de Diyarbakir, Dersim, Serhat, Mus, Botan, Mardin, Malatya, Maras, Adiyaman, Cizre, Nusaybin, Bitlis, Sirnak, Siirt et Hakkari, au "Kurdistan turc". Pour 1992, le PKK prévoit de développer ses activités de guérilla urbaine, et d’instaurer, dans les provinces de Botan et de Batinan, un “gouvernement de guerre” et une “armée populaire”. |
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Mars : le PKK déclare “la guerre totale” au pouvoir central
turc. Nowrouz meurtrier dans le sud-est de l’Anatolie, ± 100 morts.
Crise avec l’Allemagne, qui suspend ses livraisons d’armes à la
Turquie.
Ce même mois, interview d’Apo au quotidien turc “Hurriyet” : le budget annuel du PKK s’élève à ± 550 millions de f. Là-dessus, dans l’enquête adjointe, le journaliste estime que ± 175 millions de francs proviennent de divers rackets et trafics en Europe. Avril : signature d’un protocole antiterroriste “de sécurité et de coopération” entre la Turquie et la Syrie. Mai : la Roumanie déclare l’interdiction du PKK et de Dev. Sol. Le PKK évacue son “Académie militaire” de Helwé, vallée de la Bekaa, Liban. Septembre : l’armée libanaise occupe les 10 km2 de l’ex-camp du PKK, à Helwé. Novembre : opération militaire de l'armée turque dans la région de Hakurk (aux confins du nord de l’Irak, de la Turquie et de l’Iran). L’offensive dure dix jours et bénéficie de l'aide des kurdes irakiens, hostiles au PKK Estimation du nombre de membres et sympathisants actifs du PKK cette année là : aux alentours de 10 000. |
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Février : la “Voix du Kurdistan indépendant”,
radio du PKK, commence à émettre en turc, kurde et arabe
depuis le nord de l’Irak, ou depuis la Syrie.
Mars : Rencontre Abdallah Ocalan - Jalal Talabani à Damas. le PKK décrète un cessez-le-feu unilatéral de deux mois et se déclare “prêt à abandonner la lutte armée”. Trêve pour le nouvel an kurde (Nowrouz). Mai : le PKK massacre 33 recrues (désarmées) de l’armée turque dans la région de Bingöl, au “Kurdistan turc”. Le PKK rompt la trêve. Juin : Ocalan annonce la fin officielle de la trêve pour le 8 juin et déclare la “guerre à outrance”. Le 24 juin à 10 h. du matin, des commandos du PKK s'attaquent de façon coordonnée à des cibles turques (ambassades, consulats, banques, agences de voyage, compagnie aérienne...), et organisent des manifestations violentes, dans 31 métropoles européennes : incendies, destructions, occupations de locaux, etc. Rien qu'en Allemagne, 80 cibles turques sont touchées. Juillet : interdiction officielle du HEP, considéré par les autorités turques comme un paravent du PKK. Il est immédiatement remplacé par le DEP, ou parti démocratique.
Dans une conférence de presse, “Apo” annonce que le PKK “aura 30 000 guérilleros en armes en 1994”. Novembre : Même type d'attaques qu'en juin, en Grande-Bretagne, Suisse, Danemark, Autriche, Norvège, France et Allemagne (59 cibles, dans une trentaine de métropoles). Un mort et 16 blessés turcs.
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De 1984 à 1994 le PKK a perdu 5530 guérilleros, et fait
3218 victimes en Turquie.
Janvier : A Marseille, opération de police contre un réseau de racket du PKK. Mars : congrès national du PKK, qui prône désormais un "Etat fédéral turco-kurde" et accentue encore la tonalité islamique de ses textes de propagande. Le PKK annonce un nouveau cessez-le-feu unilatéral. Des centaines d'activistes du PKK bloquent plusieurs des principales autoroutes allemandes; sérieux affrontements avec les forces de l'ordre allemandes. Juin : interviewé par l’hebdomadaire allemand “Stern” Abdallah Ocalan déclare : “la dissolution du PKK en Allemagne est une provocation... Le fait que l’Allemagne se range aux côtés de la Turquie contre les Kurdes ne restera pas sans conséquence”.. Avril : opération militaire turque au nord de l’Irak. Comme toujours en semblable occurrence, Ocalan se déclare sur le champ “prêt à faire la paix”. Août : nouvelle opération militaire turque au nord de l’Irak. Octobre : arrestation en Grande-Bretagne de Faysal Dunlayici, dit “Kani Yilmaz”, l’un des chefs du PKK. La Suisse, qui tenait les activistes du PKK sous haute surveillance depuis plusieurs mois, en expulse une vingtaine. Novembre : nouveau cessez-le-feu unilatéral proposé par le PKK Décembre : à Wuppertal, un kurde âgé de 27 ans, ex-militant en rupture avec le PKK, est assassiné par balles. A la fin de l'année, le PKK aurait de 10 à 30 000 combattants (réguliers + milices locales). cette année là, 3905 guérilleros et 900 militaires et policiers turcs auraient été tués. Au total, depuis août 1984, il y aurait eu 12 661 morts au “Kurdistan turc” : 2657 membres des forces de sécurité turques; 3302 civils; 6702 membres, ou proches, du PKK. |
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Janvier : en Allemagne, arrestation pour "terrorisme" de plusieurs
militants du PKK.
Massacre par le PKK de paysans à Hamzali, village de la province de Diyarbakir : 17 morts (dont 5 enfants et 4 femmes). Février : attaque au cocktail-Molotov de six agences de voyage turques à Berlin, Brème et Cologne (Allemagne). Inculpation en Allemagne, pour terrorisme, d'un des chefs du "service action" du PKK pour la région de Stuttgart. Mars : le 20 (veille du nouvel an kurde) l'armée turque lance un 6ème assaut, l' "Opération acier", dans la zone hors-contrôle du nord de l'Irak. Là se trouveraient, répartis en une vingtaine de camps, de 2500 à 3000 guérillero du PKK. Les troupes turques s'avancent à 45 km. dans le territoire irakien et commencent un ratissage difficile dans 10 000 km2 de pitons rocheux, canyons, etc. percés d'innombrables grottes. Les troupes turques sont appuyées par des combattants du PDK, qui contrôle en théorie la région.
Juin : un dirigeant du PKK arrêté à Kiel, Allemagne, pour terrorisme; ex-cadre du "service action" de son parti à Brème puis à Berlin.
Le ministre turc de l’Intérieur accuse la Syrie de continuer à protéger le PKK. Ocalan réside toujours partie en Syrie, partie au Liban. Août : Dans une note interne, le service de sécurité intérieure allemand déclare : “Le PKK a plongé si profondément dans la clandestinité qu’il est désormais impossible de l’infiltrer”. 3000 guérilleros du PKK attaquent violemment les bases du PDK au nord de l’Irak. Pour les experts régionaux, Ocalan agit ainsi pour le compte de Hafez al-Assad - pour qui la Syrie est une puissance régionale ayant droit de regard sur tout le Proche-Orient - et veut ainsi saboter l’accord d’armistice PDK - UPK récemment conclu en Irlande sous l’égide des Etats-Unis - mais sans bénédiction syrienne. |