Généralités, méthodes,
chiffrage
Selon Interpol, il y a eu dans l'Europe au sens continental (comprenant
donc la Turquie, les Balkans et les ex-pays du bloc de l'Est sauf l'URSS)
42 tonnes et 442 kilos d'héroïne saisis dans la décennie
1984-1993. Là-dessus, 14 tonnes et 479 kilos ont été
trouvés en possession de narcotrafiquants de nationalité
turque, soit 34% du total des saisies. Voyons maintenant les chiffres pour
1994 :
Pays
|
Nbre d'individus en cause
|
Quantités saisies (*)
|
Allemagne
|
473
|
982 k.
|
Autriche
|
41
|
10
|
Bulgarie
|
8
|
44
|
Espagne
|
5
|
16
|
France
|
45
|
32
|
Grande-Bretagne
|
18
|
178
|
Grèce
|
8
|
23
|
Hongrie
|
8
|
634
|
Italie
|
15
|
389
|
Pays-Bas
|
15
|
98
|
Total
|
636
|
2 406 k.
|
(*) arrondies au kilo supérieur. Source : Interpol, 1995.
Indication supplémentaire : les 2/3 de l'héroïne
saisie au premier semestre de 1994 par les forces de l'ordre allemandes
provenait des filières turco-kurdes.
Le bureau turc d'Interpol, lui, rassemble tous les dossiers impliquant
les ressortissants de ce pays, transmis par l'ensemble des bureaux européens
d'Interpol. Selon lui, dans la décennie 84-93, 503 citoyens turcs,
militants révolutionnaires et/ou séparatistes, ont été
à première vue impliqués dans un trafic de stupéfiants.
Là dessus :
-
L'implication de 188 de ces 503 individus s'est avérée infondée,
-
Sur les 315 restants : 166 ont été arrêtés en
Allemagne, 82 en Turquie, 17 aux Pays-Bas, 12 en République Tchèque,
9 en France et en Italie, 5 en Belgique et en Grande-Bretagne, 3 en Espagne
et en Suisse, 2 au Danemark et au Portugal.
-
Suivant les rapports des diverses polices concernées, 298 de ces
individus, soit 94,6% du total étaient militants ou proches du PKK;
les 17 autres, de divers groupes terroristes turcs (TKP-ML : 1, Dev. Sol
: 2, THKP-C : 4, etc.)
-
Sur les 298 membres ou sympathisants du PKK arrêtés, 154 l'ont
été en Allemagne, 82 en Turquie, 17 aux Pays-Bas, 12 en République
Tchèque, 8 en France, 7 en Italie, 5 en Grande-Bretagne, 3 en Belgique,
en Espagne et en Suisse, 2 au Danemark et au Portugal.
Par souci d'impartialité, mettons à part les 82 dossiers
turcs - estimons même que 20% des individus interpellés dans
le reste de l'Europe ont été victimes d'erreurs judiciaires
grossières ou du racisme anti-immigrés : il y aurait encore
près de 55% de "proches" du PKK sur l'ensemble de ces cas de narcotrafic
suivis par les polices de 11 pays, dont 10 membres de l'Union Européenne...
Voilà qui explique, du moins en partie, que le NCIS britannique
estime en 1993 à ± 430 millions de francs français
le budget annuel du PKK - dont ± 190 millions de f. (44% du total)
provenant du narcotrafic. De son côté, la police allemande
calcule que le trafic d'héroïne rapporte plus de 600 millions
de francs par an aux clans criminels turco-kurdes, "politiques" et purs
voyous confondus.
Pour ce qui est du trafic d'héroïne pratiqué par
le PKK :
-
Il se fait à partir de contacts, eux aussi "politico-criminels",
entretenus par les séparatistes kurdes avec des clans chi'ites de
la vallée libanaise de la Bekaa, ou avec des tribus insurgées
du Baloutchistan (iranien ou pakistanais). Les éléments du
PKK implantés en Iran jouant dans l'affaire un rôle central,
-
Vers la Syrie et le Liban, ce trafic prend la forme d'un troc triangulaire,
où des véhicules de luxe sont volés en Europe (surtout
en Allemagne) et échangés au Proche-Orient contre de l'héroïne;
elle-même changée en espèces ou en armes, selon les
besoins. En juillet 1992, la police Allemande recueille ainsi les aveux
de Nurettin SE..., qui décrit le fonctionnement d'un tel réseau,
amenant d'autres arrestations aux Pays-Bas et en Turquie. Un trafic analogue
impliquant le PKK se produit aussi aux confins de la Turquie, du Nakhitchevan
(enclave azérie) et de l'Iran.
-
En Turquie même - sans doute par prudence - le trafic de stupéfiants,
la gestion de laboratoires de production d'héroïne ou le transport
de produits "précurseurs" comme l'anhydride acétique, implique
plus souvent les réseaux logistiques du PKK (planques, assistances
aux blessés, approvisionnement, recueil de l' "impôt révolutionnaire",
etc.) que les guérilleros directement engagés dans la lutte
armée.
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