1970
Fondation d'un mouvement étudiant tamoul "Thamil Manavar Peravai"
(Mouvement étudiant tamoul, marxiste-léniniste-maoïste)
qui se fond dans le Front de la jeunesse tamoule, mouvement juvénile
du Front tamoul unifié (nom que prend à l'époque l'ancien
Parti fédéraliste tamoul). Le Front de la jeunesse passe
rapidement à la clandestinité.
1971
Février : premiers attentats (engins incendiaires ou
explosifs) dans la région de Jaffna. premières arrestations
de jeunes séparatistes.
1972
Le Front de la jeunesse tamoule éclate en plusieurs mouvements,
tous révolutionnaires et clandestins, dont :
1975
Juillet : assassinat (armes à feu) d'Alfred Duraiappah,
le maire tamoul modéré de Jaffna, à proximité
d'un temple Krishnaïte où il se rendait.
1976
Mai : des politiciens naguère modérés (fédéralistes)
exigent désormais la construction d'un Etat de Tamil Eelam "libre,
souverain, laïc et socialiste" et fondent le Front Unifié de
Libération Tamoul. Ce qui ne les empêche pas de rester les
cibles d'attentats des Tigres.
Cette année là, les Tamil New Tigers adoptent le nom
de Tigres de la Libération de Tamil Eelam (Liberation Tigers of
Tamil Eelam, LTTE).
1977
Début d'une guérilla de grande ampleur des Tigres (TLET).
1978
Le gouvernement Sri-lankais dissout et interdit les TLET.
1979
Le gouvernement Sri-lankais adopte une loi antiterroriste sévère.
La loi martiale est instaurée à Jaffna.
1980
Revenue au pouvoir en janvier, Indira Gandhi se lance dans une politique
de soutien aux séparatistes tamouls. le SR extérieur indien
(Research and Analysis Wing, RAW) établit, pour les Tigres, des
camps d'entraînement et de repli au Tamil Nadu, le plus souvent à
proximité des camps de réfugiés tamouls srilankais.
Alliés N°1 des Tigres à l’époque : le clergé
tamoul. Par rapport à l’hindouisme, la communauté catholique
tamoule de Sri-Lanka se trouve en effet dans la situation des chrétiens
orthodoxes palestiniens face à l’Islam : celle d’une minorité
jouant la surenchère révolutionnaire pour masquer sa faiblesse.
Une stratégie séduisante pour des prêtres tamouls marqués
par la théologie de la libération. Et l’explication des liens
noués très tôt entre les Tigres et le FPLP, émanation
politique des palestiniens grec-orthodoxes.
Après l'assassinat de sa mère par des Sikhs en septembre
1984, Rajiv Gandhi poursuit quelques temps la politique d'aide aux Tigres,
mais finit par éprouver des doutes. D'abord en raison de l'ultra-violence
des Tigres, mais aussi sur leurs objectifs réels. Et s'il s'agissait
pour Villupilai Prabhakaran de créer le "grand Eelam", comprenant
l'Etat indien du Tamil Nadu et l'Eelam Tamil srilankais ?
1983
Juillet : les Tigres massacrent 13 soldats srilankais à
Jaffna. Dans toute la partie cinghalaise de l'île, éclatent
alors des pogroms, au cours desquels de 2 à 3000 tamouls sont assassinés,
avec la complicité active ou passive des forces de sécurité
srilankaises. La rupture entre les deux communautés est consommée.
A cette époque, la branche armée des TLET compte une trentaine
d’hommes dans la ville de Jaffna, équipés d’armes légères.
1985
Mai : Habillés en militaires srilankais, des Tigres massacrent
des pèlerins dans un sanctuaire que les bouddhistes tiennent pour
sacro-saint, à Anuradhapura ("arbre du Bouddha").
1987
Au début de l’année, les guérilleros des TLET
parachèvent la “libération” de la péninsule de Jaffna,
qu’ils ont entamée dès 1983, sous le commandement de Sathashivam
Krishnakumar “Kittu”, le chef militaire des Tigres.
Mai : opération militaire importante de l'armée
srilankaise contre les "zones libérées" contrôlées
par les Tigres au Nord de l'île. Manifestations de soutien aux Tigres
dans tout le Tamil Nadu, notamment à Madras.
Juillet : dans la ville de Mannar, les Tigres font exploser
un camion piégé dans une base militaire : près de
70 morts.
Peu après, l'Inde et le Sri-Lanka décident d'implanter
au nord de l'île une force indienne de maintien de la paix (Indian
Peace Keeping Force, IPKF). Après avoir remporté quelques
succès - les Tigres se retirent de la ville de Jaffna en novembre
1987 - l'IPKF (qui compte près de 80 000 hommes à son apogée)
s’enlise. Et finit par se retirer en mars 1990 après avoir perdu
près de 1200 hommes, plus 5000 blessés - en ayant absolument
échoué à désarmer les Tigres, tout au contraire.
Les TLET comptaient ± 4000 hommes en armes au début de 1987
et en alignent ± 10 000 au début de 1990.
Profitant de la présence de l'IPKF, les Tigres entreprennent
d'anéantir leurs rivaux et entreprennent le "nettoyage ethnique"
de l'Est de Ceylan, traquant notammentles musulmans "collabos” du régime
de Colombo. Fin 87, toutes les directions politico-militaires des groupes
séparatistes tamouls rivaux ont été liquidées.
1988
La guerre, les massacres, etc. font près de 10 000 morts dans
l'année.
1989
Juillet : Appapilai Amirthalingam et Vettivelu Yogeswaran, dirigeants
du principal parti tamoul modéré sont assassinés (armes
à feu) à leurs domiciles. Tout accuse les TLET, qui nient
toute implication dans l'affaire.
1990
Pourparlers, d'avril à juin, entre le gouvernement srilankais
et les Tigres. Echec. les TLET reprennent la guerre :
1991
Mars : assassinat de Ranjan Wijeratne, le ministre de la Défense
(voiture piégée, à Colombo). Tout accuse les TLET,
qui nient toute implication dans l'affaire.
Mai : assassinat de l'ex-premier ministre indien Rajiv Gandhi
(bombe humaine, une femme, non loin de Madras). Tout accuse les TLET, qui
nient toute implication dans l'affaire.
1992
Novembre : assassinat du commandant en chef de la marine srilankaise,
l'amiral Clancey Fernando (bombe humaine à moto, à Colombo).
Tout accuse les TLET, qui nient toute implication dans l'affaire.
1993
Janvier : la marine de guerre indienne intercepte, non loin
des côtes srilankaises, le "MV Ahat", un cargo de 400 tonnes chargé
d'armes, à bord duquel se trouve Sathashivam Krishnakumar “Kittu”,
un haut dignitaire des Tigres qui réside d'ordinaire à Londres.
Plutôt que de se rendre, "Kittu" saborde le cargo et coule avec lui.
Avril : assassinat (armes à feu), non loin de Colombo,
du chef de l'opposition srilankaise, Lalith Athulathmudali. Tout accuse
les TLET, qui nient toute implication dans l'affaire.
Mai : assassinat du président srilankais Ranasinghe Premadasa
(bombe humaine à vélo, à Colombo, 20 morts). Tout
accuse les TLET, qui nient toute implication dans l'affaire.
Juillet : attaque des Tigres contre une base militaire srilankaise
au nord-est de l'île : 60 morts, dont un tiers de civils. Attaque
analogue quelques jours plus tard, 13 morts.
Août : une vedette-suicide des Tigres de mer coule une
canonnière de la marine srilankaise; pas de survivants.
Août-septembre : rumeurs de purges dans la hiérarchie
des Tigres; accusé par Vilupillai Prabhakaran d'être "à
la solde des services spéciaux indiens", le RAW, le N°2 supposé
des TLET, Gopalaswamy Mahendrarajah, est arrêté, puis "disparaît",
dans la meilleure tradition stalino-maoïste.
Novembre : attaque massive des Tigres contre la base militaire
srilankaise de Pooneryn, la plus importante de la péninsule de Jaffna.
Après avoir submergé la base - 637 marins et soldats tués,
547 blessés, bilan officiel - les Tigres s'emparent d'un véritable
arsenal, dont deux blindés et cinq hovercraft militaires, puis détruisent
les radars de la base et se replient. Les Tigres reconnaissent 470 morts,
mais leurs pertes réelles sont à coup sûr beaucoup
plus élevées.
1994
Avril : les Tigres submergent une base srilankaise dans le district
de Batticaloa (est de l'île) : 42 militaires tués. Ce même
mois, campagne de bombes dans des hôtels de luxe de la région
de Colombo.
Août : les sociaux-démocrates gagnent les élections
législatives, Mme. Chandrika Kumaratunga devient premier ministre.
Septembre : levée partielle du blocus économique
de la péninsule de Jaffna; un cessez-le-feu informel entre les Tigres
et l'armée srilankaise s'instaure peu à peu. Le même
mois, attaque d'une vedette-suicide des Tigres de mer contre la plus grosse
unité de la flotte srilankaise, un patrouilleur de 330 tonnes. 25
marins tués. Pillé, puis brûlé, le navire part
à la dérive.
Octobre : les Tigres envoient 400 guérilleros dans l'Est
de l'île, précédemment reconquis et stabilisé
par l'armée. Le même mois, assassinat (bombe humaine, banlieue
de Colombo, 57 morts) du candidat du principal parti d'opposition aux élections
présidentielles, Gamini Dissanayake. Tout accuse les TLET, qui nient
toute implication dans l'affaire.
Novembre : les Tigres annoncent officiellement un cessez-le-feu
unilatéral, du fait de l'élection de Chandrika Kumaratunga
à la présidence de la République srilankaise, sur
un programme de paix avec les Tigres.
Décembre : à son tour, le gouvernement srilankais
propose une trêve aux Tigres, qui acceptent. Le même mois,
le vice-président d'un parti tamoul modéré, Karaiva
Kandasamy, est assassiné (armes à feu, à Colombo).
Tout accuse les TLET, qui nient toute implication dans l'affaire.
1995
Janvier : les négociations de paix reprennent, alors
que le harcèlement des Tigres contre l'armée n'a pas cessé
depuis novembre 1994. Les Tigres profitent de la trêve pour se réimplanter
à l'est de l'île, dans la région d'Ampara.
Avril : fin de la trêve. Deux unités-suicide des
Tigres de mer coulent deux patrouilleurs de la marine srilankaise dans
le port de Trincomalee; 12 morts, 23 blessés. Le blocus sur Jaffna
est réinstauré, alors que les tirs de mortier et de roquettes
se multiplient sur les bases militaires du nord-est de Ceylan, ainsi que
les embuscades des Tigres sur des patrouilles de militaires et de policiers.
Ce même mois, Vilupillai Prabhakaran écrit, à propos
de l'attentat d'Oklahoma City, à l'ambassadeur des Etats-Unis à
Colombo : " Quand un peuple est persécuté et désespéré,
la frustration et la rage le contraignent à recourir à la
violence." A la fin du mois, les Tigres attaquent plusieurs bases au nord
de l'île : 20 morts chez les militaires.
Mai : les Tigres abattent, à l'aide de missiles sol-air,
deux avions de transport Hawker-Siddeley “Avro” de l'armée srilankaise;
100 morts au total. Peu après, P. V. Narasimha Rao, le premier ministre
indien, déclare que l'usage de ces missiles par les Tigres est "effrayant".
A la fin du mois, 500 Tigres submergent une base militaire isolée
de la province de Batticaloa (est de l'île); 26 soldats tués.
Juin : Les Tigres de mer coulent un cargo mixte civil affrété
par la Croix-Rouge. Un marin est noyé. dans une lettre d’ ”excuses”,
V. Prabhakaran parle d’ ”incident ennuyeux”...