L'île de Ceylan, l'Eelam Tamil et les "Tigres"
Aujourd'hui, l'île-Etat de Sri-Lanka compte 17 à 18 millions d'habitants. 1981 : au dernier recensement pratiqué les Cinghalais bouddhistes de souche représentaient 74% de la population; les Tamouls, hindouistes en grande majorité, 18,2% - eux-mêmes étant subdivisés en "Tamouls de Jaffna" (présents sur l'île depuis la préhistoire, 12,6%) et en "Tamouls des plantations" ("importés" par les colons britanniques, 5,6%). Enfin, les Musulmans (7,4%) complétaient, à 0,4% près (divers) l'éventail de la population srilankaise.
A Ceylan comme partout, les Britanniques jouèrent jadis une minorité
industrieuse (les Tamouls) contre les Cinghalais, majorité rétive
à l'ordre colonial. Lors de l'indépendance (1947) les Cinghalais
instituent donc une discrimination de facto dans les emplois publics, les
banques, l'enseignement, etc., visant les Tamouls "complices des colons".
Enflammés par les textes révolutionnaires de Mao Tsé
Toung, du "Che" Guevara et de Régis Debray, de jeunes tamouls entreprennent
au début des années 70 une "guerre populaire prolongée",
visant à fonder un foyer national tamoul dans le nord-est de l'île.
Cette nation de leurs rêves, ils la nomment "Tamil Eelam". Ce dernier
mot est l'ancien nom tamoul de l'île de Ceylan toute entière.
L'Eelam Tamil est donc la partie de l’île historiquement peuplée
de tamouls (qui sont aujourd'hui de 2,5 à 3 millions).
Sur l'autre rive du détroit de Palk (en réalité
un goulet d'à peine 30 km de largeur) qui sépare le nord
de Ceylan de l'Inde, se trouve la "profondeur stratégique" des séparatistes
tamoul srilankais : le peuple-frère de l'Etat indien du Tamil-Nadu
(± 60 millions d'habitants aujourd'hui). Les indépendantistes
tamouls de Ceylan ont au Tamil Nadu de nombreux sympathisants et, de Madras,
ils accèdent facilement aux importantes diasporas tamoules d'Asie,
d'Amérique du Nord et d'Europe. En France, par exemple, la communauté
Tamoule comptait ± 60 000 membres au début de la décennie
90.