CARTELS : CHIFFRES D’AFFAIRES
ET PROFITS
Selon des sources officielles recoupées de plusieurs pays d’Amérique latine et les témoignages de quelques “repentis”, la production agricole de la coca, ou encore l’acquisition de matière première, ou pré-traitée (pâte-base, agua rica ou même cocaïne-base); les transformations chimiques finales; la contrebande (transport clandestin); la sécurité de l’ensemble du dispositif (renseignement et corruption); tout cela ne représente pas plus de 20% du prix de gros - aujourd’hui encore. Ce malgré la lourdeur d’un appareil productif où l’on trouve des experts agronomes et des cultivateurs; des ingénieurs et techniciens de la chimie, des transporteurs, des exportateurs, des grossistes, des juristes, des financiers et enfin des spécialistes dans le domaine de la sécurité et du renseignement. Ainsi, le profit disponible s’élèverait au montant astronomique de 70 à 80% du revenu brut - 50% dans le pire des cas.
 
 

• Pour la banque centrale colombienne, le CA du narcotrafic est en 1988 de § 4 à 5 milliards (± 26 à 33 milliards de f.) soit 12, 25 % du PNB colombien. Première exportation légale à l’époque, le café rapporte $ 1,5 milliard (± 10 milliards de f.) au pays. Dès 1984, la flottille d’avions de tourisme “Air America” - travaillant à façon pour le clan Ochoa - rapporte à chaque vol Etats-Unis-Medellin des cargaisons de $ 6 à 8 millions en petites coupures... Au total, toujours d’après l’institut d’émission colombien, les cartels auraient réalisé sur la décennie 1980-90 ± $ 43 milliards (± 282 milliards de f.) de CA. et un profit de $ 22 milliards (± 144 milliards de f.) minimum. Une moitié de ce profit est investi en Colombie et le reste dans l’économie mondiale, en passant par des paradis fiscaux. Les cartels souhaitent-ils opérer un placement de père de famille ? Ils souscrivent aux bons émis par le gouvernement ou le Trésor des Etats-Unis. A raison d’un milliard de US$ placé chaque année de 1980 à 90, ils disposent à la fin de la décennie d’un montant capitalisé variant entre $ 17,8 et 20 milliards (± 117 à 131 milliards de f.) selon la formule choisie.
 
 

• Prenons 1992. On produit cette année-là 660 t. de cocaïne minimum. Retirons-en 20% (saisies, pertes techniques, production ou livraison, etc.). Restent 528 t. de C/hcl. Cette année-là, le prix de gros médian d’un kilo de cocaïne pure, livré à Miami, est de $ 20 000. Revenu brut : $ 10 milliards 560 millions (58 milliards de f.92). Imaginons une série noire frappant les cartels en 92, ramenant le profit disponible à 60% : il était quand même de $ 6 milliards, 336 millions ( ± 35 milliards de f.92)...
 
 

• Point haut en 1993 (production de 770 t. de C/hcl) : en conservant les mêmes paramètres, le profit s’élevait à $ 7, 392 milliards (40 milliards de f.93). Avec un point bas à 550 t. de production, un kilo vendu $ 14 000 à Miami et un profit de 50% - scénario catastrophe pour les cartels - le bénéfice net était toujours de $ 3,08 milliards (17 milliards de f.93)...

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