LA TERREUR AU PROCHE-ORIENT LE JEU, SES RÈGLES

«Monseigneur le Duc de Savoie ne se trouve à la fin d'une guerre dans le même camp qu'au début, que lorsqu'il a changé de camp un nombre pair de fois»

Saint-Simon, «Mémoires».

«L'affaire libanaise est, en réduction, un modèle des réalités politiques régionales : tous les problèmes internationaux des pays Arabes tendent à envahir cette zone politique-ci. Qui n'est somme toute qu'une valve de sécurité : les problèmes de tous les pays alentours génèrent une vapeur qui fuse et s'échappe au Liban. C'est la cocotte-minute où nombre d'alliances internationales mijotent leurs ratatouilles régionales...»

Cheikh Mohamed Hussein Fadlallah «Al-Moussawar», 20/10/89.

INTRODUCTION

Ce que l'on appelle terrorisme, ou violence politique, possède une réalité objective, indépendante de nos moyens d'investigation -policiers ou médiatiques. La connaissance directe de cette réalité échappe évidemment, clandestinité oblige, à qui ne dirige pas une de ces organisations; encore cette connaissance ne s'étend-elle qu'à un seul mouvement, vu l'absence d' «internationales, et ne couvre-t-elle qu'une période donnée, en raison des risques du métier.

Mais si l'observateur ne peut appréhender totalement la réalité, il peut tout du moins tenter de la rendre intelligible : isoler des éléments identifiables, reconnaissables, stables, mettre en évidence des régularités, révéler des structures sous-jacentes.

Rien n'est donc plus utile, pour les formes les plus complexes et les plus dangereuses de terrorisme, celles qui émanent du Proche-orient, que de travailler à constituer, à partir d'horizons aussi vastes que possible, un corps de données sérieuses, de généalogies, de topologies des groupes eux-mêmes et des séquences d'événements qu'ils provoquent. A partir de ce socle de connaissances stables, les analystes pourront plus rapidement, en période de crise, déceler et identifier des menaces au moment de leur émergence, poser, en cas d'acte terroriste, des diagnostics rapides et sûrs.

S'agissant des terrorismes Proche-orientaux, notamment des organisations du Front du Refus, et révolutionnaires-islamiques, trois grandes questions se posent : Quelles sont les dynamiques internes de ces groupes? Quelles sont leurs affiliations, leurs allégeances internationales ? Et que peut-on faire pour les empêcher d'agir, au moins en Europe et dans les pays occidentaux ? On peut tenter d'y répondre de deux façons

Première approche : celle de la théorie, de la voie magistrale. C'est un peu le pêché mignon des conférences internationales. Un discours abstrait dont rien ni personne ne peut vérifier to validité, la cohérence; éventuellement réfuté par d'autres théories aux fondements tout aussi invérifiables. Voila qui est Abou Nidal et ce qu'il fait, dit l'un. Pas d'accord, dit l'autre. Mail comme Abou Nidal participe rarement à des colloques, et ne viendra pas trancher entre les deux théories, on reste dans le vide.

Seconde approche, celle que nous avons choisie : partir du gel. A partir du printemps de 1988, après une période de calme sur le front du terrorisme, consécutive aux grands attentats de la période fin 1985 (Aéroports de Vienne et de Rome, etc.) -rentrée 1986 (aéroport de Karachi, synagogue d'Istamboul, Paris, etc.), la scène du terrorisme transnational d'origine proche orientale s'anime à nouveau. On voit se produire dans la confusion, au milieu du déchaînement de toutes les propagandes, et du bruit de fond médiatique, toute sorte d'événements, politiques, stratégiques diplomatiques; d'actes de terrorisme. Mais tout ce désordre n'en a pas moins un sens. Lequel ?
Faire émerger ce sens, c'est répondre aux questions ci-dessus énoncées. Reconstituer les chaînes événementielles, révéler le jeu réel des instruments non-étatiques du terrorisme Proche-oriental, montrer que ces groupes ont, à la fois un rôle d'usage et un rôle d'échange, tenter de cerner les règles de ce jeu très complexe, voila l'objectif que nous nous sommes assignés ci-après.

STRATEGIES INDIRECTES AU PROCHE-ORIENT : LES REGLES DU JEU

Soulignons-le une fois encore : ce qui régit depuis vingt ans la commission d'actes terroristes au Proche-orient est tout sauf aléatoire. Il s'agit d'un jeu obéissant à des lois précises, aussi connues dans la région que celles du rugby dans les pubs de Cardiff ou de Dublin Ces règles, tout le monde s'y conforme localement, musulmans, chrétiens, juifs, druzes etc. : toutes les communautés, toutes les confessions, tous les clans les connaissent sur le bout du doigt; d'expérience, ils savent aussi que la transgression, le hors -jeu, coûtent fort cher : Anouar el Sadate, Bechir Gemayel, René Moawwad, cent autres ont payé de leur vie l'équivalent local du «carton rouge»...

Morceau de bravoure politico-militaire par excellence au Proche-orient; exercice de stratégie indirecte appliquée de haut vol: le sabotage du plan de paix. Ce spectacle, nous avons pu le voir cinq, six fois peut-être depuis 1974: parfaitement rôdé il s'exécute à la totale satisfaction de ses commanditaires, devant les yeux éberlués des occidentaux qui n'ont toujours pas compris comment le lapin pouvait sortir d'un chapeau vide. La pièce comporte trois actes

- Acte I : le pays qui s'engage le plus dans le plan de paix, qui pousse Arafat sur le devant de la scène diplomatique se fait durement châtier : voir P. 50 le sort de l'Autriche, etc.

- Acte II : un représentant ou un lieu de culte de la communauté juive sont frappés, de façon à provoquer le raidissement des faucons, et le silence gêné des colombes en Israël.

- Acte III: un cadre de l'OLP est assassiné, de préférence un des artisans du dialogue palestino-israélien, l'effet étant de refroidir le zèle pacifiste de la direction palestinienne.

- Grand final : tous les acteurs affirment avec fermeté qu'ils poursuivront le processus de paix, ne se laisseront pas intimider par des tueurs sans scrupules, etc. La poussière retombée, on constate l'envasement irrémédiable de l'affaire, et on passe à autre chose. Deux ans plus tard, reprise du spectacle : succès identique. On intervertit les actes, I passe en II etc. : le public croit la pièce toute nouvelle. Seul le final est immuable

Metteurs en scène successifs : l'Irak, 197478; la Syrie depuis. Acteurs : différents groupes du Front du Refus depuis 1974, auxquels s'ajoutent des islamistes libanais, sunnites ou chi'ites depuis 1985 : ce que nous appelons la «Coalition du Carlton» (voir P. 48).

Concrètement voyons comment s'explique, à partir du scénario ci-dessus esquissé, le bouillonnement en apparence incompréhensible de la scène Proche-orientale, d'avril à décembre 1988.
 

Règle N°1

Chaque grande vague terroriste d'origine Proche-orientale est précédée d'une période confuse, où se produisent des attentats incompréhensibles autant qu'inopinés; où se multiplient déclarations codées, rapprochements et ruptures fracassantes. Aucun de ces événements ne peut s'expliquer, sur le moment, à partir de l'actualité ni des équilibres en vigueur dans la région. Ils prennent en revanche tout leur sens si l'on postule la connaissance, dans certains lieux de pouvoir, d'un événement à venir, encore secret pour la plupart. Toute cette agitation traduit le fait que les «initiés» tentent de le saboter, ou s'y préparent, et signalent ainsi son émergence prochaine.

Traduction concrète : jusqu'en avril 1988, tout ou presque est calme au Proche-orient, sur le front du terrorisme. Mieux, soumis à des pressions intenses de soviétiques des algériens, des libyens et des saoudiens, Hafez el-Assad s'est résigné à faire un bout de chemin avec Yasser Arafat -en attendant, bien sûr, de prendre sa revanche...

A l'époque, les phases de ce rapprochement - d'autant plus humiliant pour Assad qu'Arafat, informé par ses SR de la situation militaire réelle de l'Iran, joue depuis un an, de plus en plus ouvertement la carte Irakienne- sont les suivantes :

- Fin de la guerre des camps au Liban,

- Ouverture de négociations Syrie-OLP à un niveau très élevé,

- Annulation des dettes -considérables- de la Syrie à l'égard de l'OLP,

- Réouverture des bureaux de FOLP à Damas,

- Gestion des opérations militaires du Fatah à partir de Damas,

- Visite d'Etat d'Arafat en Syrie.

Ce scénario tient toujours au moment des obsèques d'Abou Jihad à Damas, en avril 1988 Mais à la fin de ce même mois, la Syrie apprend coup sur coup :

- Que les iraniens n'attendent plus qu'un prétexte pour accepter la résolution 598 de l'ONU (fin de la guerre avec l'Irak),

- Qu'un dialogue officieux s'est amorcé à Stockholm entre l'OLP et les Etats Unis et qu'il va à terme devenir officiel.

Or pour Assad, si la fin de la guerre Irak-Iran est un souci grave, le prive de son rôle favori sur la scène régionale, celui du pompier pyromane; la simple ébauche d'une paix entre Israël et ses voisins est un péril mortel : seul le carcan de la mobilisation militaire face à « l'ennemi sioniste» légitime la domination écrasante de 10% de Nusaïri/Alaouites sur 90% de sunnites.

Dernier espoir pour les Iraniens : faire plier le Koweit, hinterland et soutien financier vital pour l'Irak. D'où l'ultime opération indirecte du conflit Irak-Iran : le détournement en avril d'un Boeing 747 de Kuwait Airways, le vol KU 422 Bangkok-Koweit. Echec et pat : Les pirates s'évaporent à Alger, 362'heures plus tard, mais le Koweit ne capitule pas, et refuse de libérer les 17 militants du Jihad Islamique qu'il détient dans ses prisons. A terme, les Iraniens vont donc devoir interrompre la guerre.

Le théâtre proche-oriental change donc brusquement pour la Syrie et pour l'Iran. Toutes les pièces de l'échiquier vont bouger : tout l'échafaudage d4alliances en vigueur au Liban va donc changer lui aussi.

Quels sont donc les besoins des protagonistes de la scène politico-militaire proche-orientale en ce printemps de 1988? Nous disons bien besoins car :
 
 

Règle N° 2

Les manoeuvres dans la région sont toujours inspirées par la real-politik la plus glaciale. L'idéologie sert au mieux d'instance de légitimation, quand ça n'est pas tout simplement de faux nez. Abou Nidal, Ahmed Jibril, sont passés avec aisance d'une admiration proclamée pour la stratégie maoïste au Coran; Hafez e1-Assad le panarabe s'allie à des Perses contre l'Irak; Arafat, le même mois de 1979, dit à l'Imam Khomeini qu'il va, sous son autorité, libérer Jérusalem l'islamique, et à Saddam Hussein que la Palestine ne se fera que par l'union des nationalistes et des progressistes arabes. .Parole donnée à un moujik» dit le vieux proverbe de la Russie des tsars «n'engage pas noble seigneur»...

BESOINS DE LA SYRIE

Faire peur régionalement : montrer qu'elle a les moyens de frapper, de faire mal; message aux voisins : ne cherchez pas à profiter de nos faiblesses passagères, sinon...

L'échiquier, le terrain de man_uvre de cette partie c'est bien entendu le Liban : la Syrie va y frapper en priorité l'axe de la coalition anti-Assad, qui regroupe l'OLP, les Forces Libanaises chrétiennes et les correspondants locaux de l'Irak. Cet axe, ce sont les forces d'Arafat. La direction palestinienne va donc être «punie» de quatre façons différentes :

- Par Amal, allié de la Syrie : c'est la «guerre des camps» de la banlieue de Beyrouth (Chatila, Sabra) et du sud-Liban : Ain-Heloué, Rachidiyeh, Mieh-Mieh, etc.,

- Par les palestiniens dissidents du Front du Refus (Abou Moussa, etc.) qui traquent les Arafatistes au nord du Liban (Tripoli, Baddaoui, etc.),

- Par Abou Nidal qui s'en prend à la Grèce, à ce moment le principal sponsor d'Arafat sur la scène européenne : c'est le massacre du « City of Poros» ; Assad a très mal pris qu'Arafat ait choisi, lors de son expulsion du Liban, de partir par la mer via Athènes et non par la route via Damas.

- Par Ahmed Jibril qui punit les américains pour cause de reprise du dialogue avec l'OLP : destruction du vol Pan Am 103 en décembre 1988.

En même temps, la Syrie renforce son contrôle sur ses alliés libanais les plus turbulents, et en particulier, sur le HizbAllah dans la banlieue sud de Beyrouth. Le Parti de Dieu a désormais la laisse plus courte...

Tout cela, la Syrie va le faire à sa façon, qui est à la fois admirable d'habileté, diabolique... et réglée comme du papier à musique, donc qui peut être élevée au rang de règle.
 
 

Règle N° 3

Pour effrayer, pour punir, en bref pour administrer la terreur, que ce soit dans la région ou au-delà, les grands acteurs de la scène Proche-orientale ont chacun leur style caractéristique, dont la genèse est historique et culturelle. Le style Alaouite est celui d'une communauté ultra minoritaire, menacée cent fois d'extermination et donc suprêmement habituée à dissimuler ses stratégies, à couvrir ses traces. Confrontée à une difficulté, à une manoeuvre hostile, jamais la direction syrienne ne contre-attaque de front. Dans un premier temps elle cède, verbalement, tout ce qu'on veut. Réconciliation avec Arafat? Bien sûr! Avec Saddam Hussein? Quelle bonne idée... Retour de l'Egypte dans le camp Arabe? Tout de suite ... Le tout accompagné de flamboyantes déclarations panarabes. Plus unitaire que Hafez el-Assad, to meurs... Simultanément, et systématiquement, la direction syrienne met en jeu toute une batterie de moyens, dont le terrorisme, pour saboter et détruire en pratique tout ce qu'elle a du accepter en théorie. Jamais le danger n'est plus grand pour un pays, pour une communauté, pour un individu que quand on lui tend les bras à Damas, qu'on le couvre de compliments dans la presse du régime. Arafat lui-même, qui n'est pas un enfant de choeur, s'y est laissé prendre comme un débutant (voir P. 55 ce qui lui est arrivé à Damas, en mai 1983).
 

BESOINS DE L'IRAN

Conserver le moyen de faire peur et de frapper, également à partir de sa base libanaise (le HizbAllah et ses sous-marques); poursuivre le chantage par voie d'otages sur plusieurs pays occidentaux. Déployer sa propagande en direction des islamistes sunnites du Machrek, notamment ceux de Palestine (Jihad islamique de Palestine, Hamas, HizbAllah de Palestine etc.)

BESOINS D'ARAFAT

Le chef de l'OLP sait qu'il progresse; mais ces avancées doivent être harmonieuses : sinon elles le déséquilibreront.

- Progrès médiatiques : gigantesques, grâce à l' Intifada

- Progrès diplomatiques : très importants : dialogue avec les Etats-unis, réception en France, etc.

- Progrès «militaires» : c'est là que le bât blesse. La lutte armée reste le credo de la base palestinienne; or Arafat sait qu'il doit d'urgence réunir un congrès du Fatah, ce qu'il n'a pas fait depuis presque une décennie. Les critiques virulentes de ses dissidents, d'Abou Nidal à Abou Moussa, sur son attitude dictatoriale, son mépris pour la démocratie, rencontrent des échos réels dans sa propre base. Or, statutairement, le renouvellement des instances dirigeantes du Fatah se fait dans un scrutin où la moitié des votants au moins sont des «militaires» , des combattants du mouvement. Se concilier ses soldats signifie pour Arafat renforcer sa puissance combattante à proximité d'Israël, au sud-Liban, y construire l'embryon de l'armée de Palestine; irriguer à partir de là l'intifada en Cis-Jordanie et à Gaza. D'où nécessité de dégager les camps palestiniens du sud Liban de l'étreinte d'Amal; Donc de trouver un modus vivendi avec Nabih Birri.

BESOIN DU FRONT DU REFUS

Les palestiniens hors OLP ont un besoin encore plus vital qu'Arafat d'accéder à la zone sud du Liban, d'être au contact avec Israël. Reprochant à ce dernier de ne rien faire, ils doivent prouver leur différence en accomplissant des attentats spectaculaires en «Palestine occupée» .

De la propagande par le fait : Arafat bavarde, nous agissons. Cette présence militaire au Sud -massivement chi'itepasse par une alliance avec l'une des deux forces qui contrôlent le secteur : Amal et le HizbAllah. Comme Amal entame un rapprochement avec l'OLP, un changement de cavaliers va se produire, comme dans un quadrille, entre les différents acteurs militaires du Sud-Liban. Quand il s'achève, Arafat et Amal forment un bloc -plus ou moins solide, à durée déterminée, comme toujours- et le Front du Refus et le HizbAllah se sont rapprochés. Principal motivation du Front du Refus, outre les contraintes géographiques : l'argent. Leur principal bailleur de fonds, Khadafi, paie de moins en moins, puis s'arrête tout à fait. C'est l'Iran qui va progressivement se substituer à la Libye et qui pousse au rapprochement avec le Parti de Dieu.

BESOINS DU HIZBALLAH

Au-delà des soubresauts de la scène libanaise et des brouilles passagères avec X ou Y, le Parti de Dieu a, suite a l'arrêt des hostilités Irak-Iran, un problème crucial : celui de la légitimation de son combat. C'en est fini de la rhétorique «Aujourd'hui Kerbala, demain Jérusalem» . Il faut trouver autre chose, dans la sphère islamique, pour enflammer et mobiliser les masses. Ce nouveau moteur de la propagande, ce sera l'Intifada. Dès l'été de 1988, les radios, la presse du HizbAllah font de plus en plus référence au soulèvement des palestiniens, en insistant, c'est évident, sur sa dimension islamique. Mais la propagande ne peut suffire, l'action au service de l'Intifada doit suivre; d'où la création du HizbAllah de Palestine; d'où la nécessité d'une alliance avec des acteurs, parmi les plus radicaux, du soulèvement : ceux du Front du Refus.

Décembre 1988 : la poussière retombée, la scène politico-militaire libanaise est la suivante :

- La coalition du Carlton, outil à usage multiple, local, régional et international, sous co-patronage Syro-Iranien, chacun des deux parrains essayant, comme d'habitude de tirer sournoisement la couverture à lei. Cette coalition est la seule à l'heure actuelle a continuer dans la pratique des « Opérations Spéciales à l'Etranger» conduites, elles aussi, en fonction de protocoles très précis
 
 

Règle N°4

Le grand attentat transnational spectaculaire (Pan Am 103, DC 10 d'UTA, vague d'attentats à Paris en septembre 1986) obéit toujours à des motifs stratégiques. Arme très lourde, dangereuse dans son emploi, sa doctrine est comparable à celle de l'arme atomique pour les pays qui la possèdent : on ne l'utilise que lors de menaces gravissimes. Dans ce cas, toutes les revendications au nom d'un groupe demandant la libération de tel ou tel prisonnier ne sont que des prétextes, des rideaux de fumée destinés à masquer le coupable réel aux yeux du public-sinon du gouvernement du pays cible; à augmenter la confusion.

- Les alliés traditionnels de la Syrie n'ont pas varié dans leers allégeances stratégiques, mais tactiquement, au niveau des théâtres d'opération, des fronts, ils se réservent le droit de nouer des alliances tactiques un pee atypiques, mais profitables aux deux parties et localement logiques (Aural-Arafat au sud),

- Arafat a monté une série d'ententes locales dont le tableau général donnerait le vertige et la migraine- à un expert ès-intrigues byzantines

Au sud, il cohabite avec les chi'ites d'Amal, tout en gardant des contacts avec le HizbAllah; hostilité pour la Syrie oblige, il a les meilleurs rapports aver les militaires chrétiens et notamment avec Michel Aoun, instrument favori des Irakiens dans le secteur. Au nord, il conserve des contacts étroIls avec Saïd Cha'aban, émir du Mouvement d'Unification Islamique, pourtant allié avoué de l'Iran. Mais toes deux gèrent en coproduction les restes des frères Musulmans syriens, utile instrument de chantage vis à vis de la direction Alaouite, en cas de besoin.

COALITIONS
(A FINALITÉ TERRORISTE)

SOUS ELIDE SYRIENNE, OU CONDOMINIUM SYRO-IRANIEN 1984-1989

Présentation des parties-prenantes

(Par ordre de fondation, ou d'apparition publique)

. FPLP- Commandement Général Palestinien, Syrie, Liban, 1968 (voir P. 52)

. Fatah-Commandement Révolutionnaire (Abou Nidal) Palestinien, Irak, Bagdad, 1974

. HizbAllah Libanais, Liban, 1982

. Mouvement d'Unification islamique «Tawhid» Libanais, Liban, 1982

. Fatah-Commandement Provisoire, ou Fatah-Intifada Palestinien, Syrie, Liban, 1983 (1)

. Front de Salut National Palestinien Palestinien, Syrie, Damas, 1985 (voir P. 55)

Chronologie

1984
(Front du Refus) : Le FPLP-CG, le Fatah-CR et le Fatah-I ont, selon des sources arabes, formé au cours du second semestre une «salle d'opérations» commune pour agir contre la Jordanie, par des actes de terrorisme local et transnational. Sponsor : la Syrie; logistique et appui, la Sai'qa qui ne se montre pas trop, étant donné ses liens directs avec le commanditaire. Fer de lance : le Fatah-CR d'Abou Nidal. Les opérations seront signées «Septembre Noir» (voir P. 51)

1985
FÉVRIER: (Front du Refus) Abou Khaled el-Amleh, N°2 du Fatah-I annonce publiquement qu'un commandement commun avec le Fatah-CR a été créé.
AVRIL: (coproduction Front du refus-islamistes) Attentat par explosif contre un restaurant proche de la base américaine de Torrejon Espagne, fréquenté par des militaires US. 18 morts, plus
de 80 blessés. Une réaction à l'attentat, le mois précédent, contre le domicile de Cheikh Fadlallah, à Bir el-Abed (banlieue sud de Beyrouth).
JUILLET: (coprod' Front du Refus-islamistes) Assassinat, à Ankara, du premier secrétaire de l'ambassade de Jordanie. (voir Septembre Noir, P. 51)
(coprod' Front du Refus- islamistes) Attentats par explosif contre les bureaux de la compagnie aérienne jordanienne Alia, et British Airways, à Madrid.

(Front du Refus) Attentats par explosif contre les locaux de la compagnie américaine Northwest, et contre la synagogue, à
Copenhague : 1 mort, 27 blessés. Revendication « Jihad islamique» .

AOUT: (Alliance Front du Refus-islamistes) Ahmed Jibril (FPLP-CG) et Abou Moussa (Fatah-I) sont reçus officiellement à Téhéran par le président de la république Ali Khamene'i et par le premier ministre Mir Hussein Moussavi, comme « les représentants authentiques du peuple palestinien».

SEPTEMBRE : (Front du Refus) Attentat par explosifs contre les bureaux de la compagnie aérienne israélienne El Al, à Amsterdam; dégâts matériels légers. «Jihad Islamique».

(Dates précises inconnues) : (Front du Refus) Des instructeurs du FPLP-CG participent à l'entrainement du commando du Fatah-CR qui attaque, en septembre 1986 un avion de la Pan Am sur l'aéroport de Karachi ( 53 morts, 100 blessés).

1986
AVRIL: (Front du Refus) Attentat par explosif contre les bureaux de Northwest à Stockholm. Dégâts matériels. «Jihad Islamique».
JUIN: (Coprod' Front du Refus-islamistes) Un commando mixte FPLP-CG/HizbAllah est intercepté par une patrouille israélienne à proximité de la frontière d'Israël, alors qu'il s'apprétait à attaquer un objectif en Haute-Galilée.

1988
SEPTEMBRE-DECEMBRE: L'offensive de paix au Proche-orient, matérialisée par la reprise du dialogue Arafat-Etats Unis se précise; elle entraîne une contre-offensive immédiate de la part du Front du Refus. Selon les règles des guerres indirectes en valeur dans la région, elle va se développer sur trois axes : propagande, terrorisme, man_uvres de diversion. De façon visible, les «comités populaires» palestiniens hostiles à oeArafat se fédèrent en Novembre 1988, lors d'une réunion qui se tient dans un camp proche de Tripoli, dans le nord du Liban. Au début de Décembre, le cheikh Assad el-Tamimi, présenté comme le « guide politique et spirituel du Jihad islamique de la Palestine», lance une attaque d'une violence inouïe contre «les juifs et les agents des juifs» (pour lui, Arafat). Il appelle à l'alliance avec les mouvements palestiniens laïcs extrémistes. Une semaine plus tard, le chef du FPLP-Commandement général, Ahmed Jibril, menace : «Les forces actives de la nation arabe sauront s'opposer aux dernières manoeuvres des Etats-Unis, à leur politique de trahison.» Le 20 Décembre, extraordinaire couronnement de la gesticulation du front du refus : une «Conférence Internationale de soutien à l'Intifada de Palestine» réunit à l'hôtel Carlton de Beyrouth le gratin politico-militaire de la scène libanaise. Présents? Le mouvement d'unification islamique de Tripoli (Cheikh Saïd Cha'aban, sunnite), le Jihad islamique de Palestine (Ahmed Hassan Mouhanna, sunnite), Al-Daoua d'Irak (Abou Mohamed, chi'ite), le FPLP-Commandement général (Ahmed Jibril, laïc), le HizbAllah (Ibrahim el-Amine, chi'ite), le front du salut national palestinien (Abou Moussa, laïc)4, le Fatah-commandement révolutionnaire (le groupe Abou Nidal, laïc, représenté par Mansour Hamdan). A leur actif, un palmarès « exceptionnel» : prise d'otages - 20 nationalités au total : des Français aux Américains, en passant par des Soviétiques. Mais aussi des détournements d'avions, des voitures piégées, des assassinats, des véhicules suicides, des bombes de dix variétés. Ils ont tout fait, des rues de Paris au Pakistan, de Stockholm au Maroc, sous cent masques divers. A l'invitation du cheikh libanais Maher Hammoud (sunnite), voilà rassemblée la plus colossale force de frappe du terrorisme transnational. Que disent-ils? Qu'ils sont unis. Que le Jihad doit continuer. Qu'Arafat est un traître et mérite la mort. Que l'Amérique va payer. Le lendemain, un Boeing 747 de la Pan Am se désintègre en plein vol, au dessus de Lockerbie, Ecosse.

1989
AOUT: (alliance Front du Refus-islamistes) Conférence au sommet HizbAllah (Sobhi Touféïli - FPLP-CG (Ahmed Jibril) à Damas. Union pour «affronter et faire avorter les complots de l'ennemi sioniste et impérialiste». «Atmosphère fraternelle».
(alliance Front du refus-islamistes) Conférence au sommet HizbAllah- Front de Salut National Palestinien : «L'objectif de la France est de soutenir Michel Aoun dans la guerre ruineuse que mène celui-ci contre les forces islamiques et nationalistes de Palestine et du Liban» ...» Serrons les rangs pour affronter les interventions étrangères».

SEPTEMBRE : Inoui. Une délégation du Parti Communiste du Liban rend visite au Majlis du HizbAllah. Les deux parties tombent d'accord pour «nouer des liens plus étroIls entre les forces nationalistes et islamiques» . Faut-il que la pression de la Syrie soit forte, et impérieux son désir d'unifier les rangs de ses partisans pour que ces deux ennemis irréductibles - le HizbAllah assassine tout ce qui ressemble à un communiste dans ses zones d'influence depuis le jour de son apparition publique- en viennent à se faire des bonnes manières, ne fut-ce que du bout des lèvres...

(Détail qui a certainement un sens : depuis août 1989, tous les communiqués du HizbAllah mentionnant l'activité de son instance suprême, le Majlis Choura (assemblée consultative), précisent qu'il «siège dans la banlieue sud de Beyrouth» . Auparavant, aucune mention n'était faite de la localisation du Majlis, mais il était de notoriété publique au Liban qu'il siégeait à Baalbek; sous contrôle direct des Syriens, donc. La relative autonomie du Majlis dans l'enclave de la banlieue-sud lui permet-il d'avoir les coudées plus franches ? Ou «mouille» -t-elle moins les Syriens au cas où le HizbAllah s'engagerait dans une campagne terroriste transnationale ? En Afrique par exemple ? Ou en Europe ?).

Une malédiction tenace les «sponsors» et interlocuteurs d'Arafat, 1981-89
Quel est le plus sûr moyen -on peut même dire infaillible- pour un pays du Proche-orient, d'Europe, voire pour une super-puissance, d'attirer une catastrophe sur sa tête ? Recevoir Arafat en grande pompe, patronner un plan de paix au Proche-orient où l'OLP joue un rôle significatif. La preuve ?
Voici, dans l'ordre, les pays et chefs d'Etat entrant dans cette définition :

- Autriche, Bruno Kreiski : août 1981, attentat, jet de grenades et tirs d'armes automatiques, contre une synagogue de Vienne; 2 morts, 18 blessés. Décembre 1985: attentat du même style contre l'aéroport de Vienne; 3 morts, 47 blessés.

- Italie, Bettino Craxi : Octobre 1982, attentat du même type à la synagogue de Rome,1 mort, 36 blessés. Décembre 1985, idem à l'aéroport de Rome, 16 morts, 75 blessés.

- Jordanie, roi Hussein : voir « Septembre Noir» page suivante.

- Grèce, Andréas Papandreou : Juillet 1988 attentat-massacre à bord du navire de croisière «City of Poros» , 11 morts.

- Espagne, Felipe Gonzalez : Yasser Arafat est reçu avec faste, en janvier 1989, par F. Gonzalez et le roi Juan Carlos. En mai, la résidence de l'ambassadeur d'Espagne à Beyrouth est écrasée sous des salves de canons de 240 mm et l'ambassadeur est tué. C'est la seule résidence diplomatique a être ainsi visée; ce sont les seuls tirs d'artillerie lourde dans ce secteur. Du camp syrien, on susurre que ce «traitement» n'est sans doute pas le fait du hasard... Mais on est désolé de cet incident navrant, car :
 

Règle N° 5

Au Proche-orient, vous n'avez jamais d'ennemis. Personne ne vous regardera jamais dans les yeux en vous disant «cessez d'armer, de soutenir X, sinon, gare à vous ! Vous allez être, sans avertissement clair, victime
d'un attentat spectaculaire. Celui-là même qui l'a commandité sera le premier à vous présenter ses condoléances; à se désoler de la catastrophe; à dénoncer les tueurs infâmes qui...

Peu après, ce même commanditaire reprendra contact. II vous expliquera qu'il y a de nouveaux attentats dans l'air; que lui fait de son mieux pour éviter le pire. II vous demandera un geste pour amadouer ces mystérieux terroristes sur lesquels il a une .influence.. Pourquoi -momentanément, bien sûr- suspendre ces fameuses livraisons d'armes à X? Ou rééquilibrer les choses par une livraison à Y? Comme récompense de son entregent, votre nouvel ami se contentera de quelques facilités économiques ou militaires... Sans oublier un communiqué élogieux...
 

- Etats-Unis, George Bush : Destruction du Boeing 747 de la Pan Am au dessus de l'Ecosse, en décembre 1988, deux mois apps la reprise officielle du dialogue OLP-Etats-Unis, en octobre. (270 morts).

- France, François Mitterrand : Destruction du DC 10 d'UTA au dessus de l'Afrique, en septembre 1989, quatre mois après la réception d'Arafat à Paris, en mai. (170 morts).

Qui souhaite mettre vraiment tous les risques de catastrophes de son côté doit s'arranger pour être, au même moment, dans le collimateur de la Syrie et de l'Iran, même si les motivations des deux pays divergent. Exemple ? La France et les Etats-Unis au Liban, en 1982-83. Pour la Syrie, ces deux pays n'ont rien à faire dans ce qu'elle considère comme sa basse-cour. Pour l'Iran islamiste, des chrétiens débarquant en terre d'islam, ce sont les croisades qui recommencent. Résultat ?

- Avril 1983: attentat par véhicule-bombe contre l'ambassade des Etats-Unis à Beyrouth : 63 morts,

- Octobre 1983 : attentats par véhicule-bombe contre le QG des marines et des parachutistes français : 300 morts. Sans oublier toute la vague d'enlèvements de citoyens français et américains au Liban, par la suite...

Dernier cas connu à ce jour d'effet de la « malédictions» : celui de la France. Depuis mar 1989, notre pays a successivement :

- Reçu Yasser Arafat avec faste,

- Elevé le bureau de l'OLP à Paris au rang de délégation générale de la Palestine,

- Envoyé une partie de sa flotte de la Méditerranée patrouiller devant Beyrouth.

Aucune de ces initiatives n'était critiquable en soi (alors que l'envoi d'une «force d'interposition» au Liban en 1982 était une erreur grossière), mais a-t-on bien mesuré les risques ? Réfléchi au fait que nul, par le passé, n'avait en pareil cas coupe à une sévère «punition» ? A-t-on bien prévu toutes les contre-mesures nécessaires ?

Une coproduction concrète : -Septembre Noir- 1984-85

En 1984, Yasser Arafat et le roi Hussein de Jordanie décident de proposer à la communauté internationale un plan de paix au Proche-orient fondé sur la création d'une confédération Jordano-Palestinienne. Peu après :

MARS 1984: Bombe à l'hôtel Intercontinental d'Amman, 2 blessés. 2 bombes désamorcées 1e même jour devant le consulat et 1e centre culturel britannique.

OCTOBRE 84 : Amman, attentat à la bombe à proximité du domicile de Hani el-Hassan, membre du CC du Fatah et cadre important de l'OLP.

NOVEMBRE 84 : Assassinat à Bucarest, Roumanie, d'un diplomate de l'ambassade jordanienne.

MARS 1985: Jets de grenades visant les bureaux de la compagnie aérienne jordanienne Alia à Nicosie, Chypre, Athènes et Rome; 5 blessés.

AVRIL 1985: Tirs de roquettes (RPG 7) sur l'ambassade de Jordanie à Rome, et sur un avion d'Alia à l'aéroport d'Athènes (cette dernière n'explose pas).

JUILLET 85 : Assassinat, à Ankara, d'un diplomate Jordanien.

AOUT 85 : Tir d'arme automatique et jet de grenade sur le bureau d'Alia à Madrid.

Les attentats «Septembre Noir» s'interrompent net en septembre 1985. Un mois plus tard, on apprend que la Jordanie a mis fin à son aide auk Frères musulmans réfugiés sur son territoire, et leur interdit toute opération anti-syrienne depuis son sol. Une bonne manière en entraîne une autre... Quand à la proposition Arafat-Hussein, elle s'enlise irrémédiablement à la même époque...

La connexion palestinienne des SR du HizbAllah

Le principal service de renseignement du Parti de Dieu est son « Organisation Spéciale de Sécurité » (OSS), créée sur le conseil et avec l'assistance de l'unité de Pasdaran (gardiens de la révolution) iraniens en garnison dans la vallée de la Bekaa depuis l'été de 1982. C'est peu après le début de l'invasion israélienne que la plupart des réseaux chi'ites, et organisations islamistes militantes, qui opéraient déjà depuis plus de dix ans au Liban; avant 1979 au profit d'une révolution islamique à venir en Iran; après cette date, à son service -apparaissent au grand jour et se fédèrent sous le nom de Parti de Dieu, HizbAllah. Le contexte libanais, un cocktail de guerre civile, d'affrontements claniques et confessionnels avec, en prime, interventions et occupations étrangères, impose la constitution de cette arme anti-pénétrations, anti-coups tordus par excellence qu'est un -bon- service de renseignements. Le modèle choisi est celui des SR du Fatah et de l'OLP. D'abord parce qu'ils sont plutôt efficaces mais surtout parce que les cadres de l'OSS du Parti de Dieu ont pour la plupart une expérience concrète du fonctionnement des services.

Au début de la décennie 80, un des dirigeants des SR palestiniens au Liban, Mahmoud el-Natour «Abou Tayeb»5 chargé de la sécurité des personnalités et des installations palestiniennes au Liban, a recruté tout un groupe de jeunes chi'ites libanais fascinés par la Résistance Palestinienne. Ils ont combattu au sud-Liban, et fait les « petIls boulots» de la Force 17. Après le depart de l'OLP de Beyrouth, été 1982, certains, laissés orphelins, sont retournés à leur communauté, à leur for. Le talent de prêcheur de cheikh Fadlallah, dans sa mosquée de l'Imam Reza à Bir el-Abed (banlieue sud de beyrouth) a, paraît-il, été décisif. Ce sont ces jeunes qui vont se retrouver tout naturellement à l'OSS/HizbAllah : leurs aînés (les Ibrahim el-Amine, Sobhi Touféïli, etc., âgés de trente-cinq ans en moyenne à l'époque) ont reçu une éducation religieuse classique dans les séminaires Irakiens ( Kerbala, Nadjaf) ou Iraniens (Qom, Mechhed) et manquent totalement d'expérience concrète dans le domaine du renseignement. Cette première vague de jeunes chi'ites formée à l'école des SR Palestiniens sera rejointe, fin 1983, par leurs frères ayant suivi Arafat au nord-Liban, jusqu'à l'expulsion de ce dernier de Tripoli en décembre 1983.

Par la suite, ces jeunes conserveront des contacts avec les palestiniens qui restent au Liban : principalement ceux du Front du refus, sauf au sud, dans la région de Tyr et de Saïda où, du fait de l'absence syrienne, les Arafatistes peuvent se maintenir.
Avec le FPLP-CG, le lien passe surtout par Hafez Qasim Dalkamoni (actuellement incarcéré en RFA) lui-même sunnite fondamentaliste très strict, très pieux, philosophiquement proche du HizbAllah.

Les «modérés» iraniens et le terrorisme en 1989

La nouvelle direction iranienne fait tout pour améliorer son image depuis l'accession d'Al Akbar Hachemi Rafsandjani à la présidence : c'est clair. A-t-elle pour autant adopté une ligne de conduite exemplaire en matière de terrorisme ? Les hauts dirigeants de la République Islamique sont-ils désormais les disciples de Saint François d'Assise ou du Mahatma Gandhi ? Moins sûr, ainsi qu'en témoigne la liste des fans suivants, indiscutables car publics :

JUIN 1989: Assassinat à Dubaï, Emirats Arabes Unis, d'Atallah Bayahmadi, dirigeant d'un groupe de résistants iraniens de droite au régime islamique basé à Paris; attiré dans un piège et abattu.

JUILLET 89 : Assassinat à Vienne, Autriche, d'Abdurrahman Qassemlou, prestigieux dirigeant Kurde anti-iranien; attiré dans un piège et abattu.

AOUT 89 : Assassinat à Larnaca, Chypre, de Bahman Javadi, dirigeant du PC Iranien clandestin; attiré dans un piège et abattu.
Formation d'un HizbAllah de Palestine, dans les territoires occupés, le «HizbAllah- Compagnies el-Farouk». « Notre lutte commence par la pierre...elle continuera par le pistolet et la voiture piégée».

SEPTEMBRE 89 : Attentat à la bombe au club britannique de Bagdad, Irak : 23 blessés.

Le président Rafsandjani reçoit officiellement à Téhéran une importante délégation du HizbAllah du Liban : Ibrahim el-Amine, Hussein Moussavi (tenu par les SR occidentaux pour responsable des attentats de 1983 à Beyrouth contre l'ambassade américaine, le poste Drakkar et la caserne des Marines, plus de 360 morts) et Hussein Khan patron des SR du Parti de Dieu. Le ministre des Affaires Etrangères annonce lors de la réception que « l'Iran continuera à vous assister (vous, le HizbAllah, NDLR) sur les plans financiers et spirituel».

Hussein Cheikholeslam, vice-ministre des Affaires Etrangères Iranien en charge de l'Afrique et du monde Arabe (et ancien leader des «Etudiants dans la ligne de l'Imam» qui prennent d'assaut l'ambassade américaine de Téhéran en novembre 1979) reçoit officiellement à l'aéroport de Téhéran Sobhi Toufeili et Hassan Nasrallah (HizbAllah), Ahmed Jibril (FPLPCG) Abou Moussa (Fatah-Intifada) et Saïd Cha'aban (Tawhid).

Une série de coïncidences ? En tout cas, avec des « modérés» pareils, on se demande si l'on a vraiment besoin d'extrémistes.

CHRONOLOGIE POLITIQUE SUCCINCTE DU FPLP-CG

Ahmed Tibril est né en 1935 à Ramallah, dans la Palestine mandataire6 d'où il fuit avec sa famille, lors de la « catastrophe» de 1948, pour se fixer en Syrie. Il a alors treize ans. Attiré par le métier des armes, il est successivement élève officier dans l'armée syrienne, puis officier. Comme nombre de ses collègues d'origine palestinienne, il n'accueille pas favorablement la fusion de l'Egypte et de la Syrie, en 1958, sous le nom de République Arabe Unie et quitte alors l'armée avec le grade de capitaine.

En 1959 il fonde un petit mouvement de guérilla, le Front de Libération de la Palestine, qui accomplit quelques coups de main en Israël, mais collecte surtout du renseignement au profit de l'armée syrienne. En 1990, les liens opérationnels entre Jibril et les SR militaires syriens remontent donc à plus de trente ans : un bail...

Quand le Fatah se constitue, et monte lui aussi ses premières actions sur le sol d'Israël, une coopération s'ébauche avec le FLP, mais c'est finalement le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP) que Jibril choisit de rejoindre, à sa constitution, fin 1967. Il doit être responsable du secteur militaire du Front : le seul domaine qui l'intéresse vraiment. Mars 1968 : tension grave entre le FPLP et le gouvernement syrien. George Habbache se retrouve en prison à Damas et y reste jusqu'en novembre, en grand danger d'être purement et simplement liquidé. L'interrègne est assuré par le N°2 du Front, Nayef Hawatmeh. Sous sa direction, le penchant du FPLP pour le verbiage révolutionnaire et la rhétorique marxiste-léniniste s'aggrave au point que son congrès d'août 1968 est plus digne d'un groupuscule gauchiste que d'un mouvement de Libération voué à la lutte armée. Exaspération du capitaine Jibril un homme d'ordre- et clash avec Nayef Hawatmeh : la scission -logique- s'ensuit en octobre 1968.

Désormais Jibril va construire son propre mouvement sur la base de quelques principes simples:

. Refus du bla-bla idéologique fumeux,

. Alliance, jusqu'à ce jour indéfectible, avec la Syrie,

. Nécessité de construire une force démultipliée (commandos air-mer-terre) et internationale,

. Primauté donnée à l'action des commandos, tâche N° 1 de la résistance.

Ce mouvement, il le nomme FPLP-Commandement Général : insistance symbolique sur le primat de la lutte armée et rappel de son rôle à lui, Jibril, comme chef militaire du FPLP unifié (1967-68).

En 1970, le FPLP-CG rejoint le Commandement Unifié, coordination militaire de la Résistance palestinienne et, pendant les années 197071, Jibril siège même au Conseil Central de l'OLP, sans que son mouvement n'ait formellement rejoint l'organisation.
Revirement en 1974: le FPLP-CG fait son entrée dans l'OLP et, au 12° Conseil National Palestinien (CNP) de juin 1974, au Caire, Talal Naji, alors N°2 du mouvement, est élu au Comité Exécutif (CEOLP). Cela n'empêche pas Jibril de protester violemment contre l'évolution d'Arafat et de l'OLP vers la « petite Palestine» (Cisjordanie et Gaza) ni le FPLP-CG d'avoir participé les 16 et 17 juin de la même année, à Bagdad, à la constitution du Front du Refus...tout en siégeant toujours au CEOLP : en novembre 1974 encore, Talal Naji accompagne Yasser Arafat à Moscou...

Ce jeu, en apparence illogique et incompréhensible, s'éclaire si l'on prend en compte les besoins syriens de l'époque. Le Front du Refus est alors une coproduction Irako-Libyenne et il convient d'y avoir quelques billes, ne serait-ce que pour le saboter; Arafat et la Syrie sont sur une ligne d'affrontement au Liban, où mûrit une crise grave, et il faut donc avoir du monde auprès de lui, au besoin pour lui donner le baiser de la mort. A cette époque, le FPLPCG aligne de 3 à 400 fedayin, déployés entre la Syrie et le Liban.

1976: la guerre civile fait rage au Liban. Parmi les motifs de l'intervention de l'armée syrienne -aux côtés des chrétiensun certain nombre d'actes de sabotage, de provocations, dont le FPLP-CG est responsable : il joue ainsi le rôle assigné par les SR syriens. Mais la mainmise grandissante de la Syrie sur le Liban est considérée avec inquiétude par les frères-ennemis Irakiens qui agissent par Front du Refus interposé -et eux aussi sur la scène libanaise.

Alors que Jibril et la majorité du FPLP-CG suivent aveuglément la ligne syrienne, deux de ses adjoints du moment, Ta'alat Yacoub et Mahmoud Abou'l Abbas font scission avec une partie des troupes, se déclarent le FPLP-CG authentique, fidèle au Front du Refus; ils s'allient contre Jibril avec le FPLP de George Habbache. Les choses s'enveniment et en décembre 1976 des affrontements à l'arme lourde éclatent dans la banlieue sud de Beyrouth, à Sabra et Chatila précisément, entre partisans de Jibril et scissionnistes suivant Yacoub et Abbas. Chacun de leur côté, militaires syriens et fedayin d'Arafat parviennent à rétablir le calme. En avril 1977, le CEOLP décide que seule la tendance Jibril a droit au nom FPLP-CG et, à ce titre, à un siège au CEOLP. Ultime pied de nez, Abbas et Yacoub baptisent alors leur groupe Front de Libération de la Palestine (FLP)7. Un mois plus tard, en mai 1977, le Front du Refus -toujours sous sponsorship Irako-libyen- prend acte de la scission et exclut le FPLP-CG. Le Front du Refus reconstitue donc l'unité en son sein à la fin du printemps de 1977... Jusqu'au prochain bouleversement, au prochain jeu de chaises musicales; en l'espèce le coup de tonnerre de la visite d'Anouar el-Sadate à Jérusalem en novembre 1977.

Entre 1977 et 1979, le jeu des puissances proche orientales est le suivant : l'Egypte sortie du front anti-israélien, une concurrence pour le leadership du monde arabe se dessine entre la Syrie et l'Irak. Comme l'Egypte se modère, la Syrie doit se durcir. L'Irak cherche à se recentrer et gère sur son sol les soubresauts entraînés par les prémices de la révolution islamique d'Iran. En douceur, profitant d'une brève lune de miel irako-syrienne, les durs du Front du Refus (Abou Nidal, etc.) opèrent une translation Bagdad-Damas.

Juin 1982: les israéliens envahissent le Liban et progressent vers Beyrouth. Objectif : éradication de toute présence palestinienne organisée du pays. La chose n'est pas sans avantages pour la Syrie qui, d'après nombre d'observateurs, ne se défend que mollement dans ses bastions libanais, une fois son aviation sévèrement touchée au début du conflit. Arafat et ses hommes, et l'essentiel des cadres du Fatah et de l'OLP évacués par mer de Beyrouth, l'influence syrienne sur le Liban est sans partage; ce Liban qui demeure, malgré sept ans de guerre civile, « le poste de pilotage du monde arabe» selon la forte expression d'un diplomate, et à partir duquel, dans un tumulte propice, tous les coups tordus peuvent s'entreprendre.

Mais, la Syrie le sait, Arafat prépare déjà son retour au Liban, au nord du pays cette fois, dans la région de Tripoli dominée depuis deux ans par une milice sunnite intégriste, «Tawhid» , le Mouvement d'Unification Islamique. Son émir, cheikh Said Cha'aban est un ami d'Arafat; Tawhid et le Fatah sont de vieux alliés; ensemble, ils ont aidé, entraîné, armé les islamistes syriens en révolte ouverte contre les Nusaïri/Alaouites de Hafez el-Assad depuis la fin des années 70. Certes ce dernier a fait écraser les protégés de Cha'aban et d'Arafat à Hama juste un an auparavant mais, malgré tout, la reconstitution du tandem Arafat-Cha'aban, d'une force palestino-libanaise sunnite de plusieurs milliers de combattants en armes à un jet de pierre de la frontière syrienne ne lui dit rien qui vaille. L'année 1983 sera donc consacrée par les syriens à savonner la planche sous les pas d'Arafat : une vielle habitude.

Le «contentieux» Assad-Arafat

D'après Kamal Joumblatt, suite à de nombreuses conversations avec Assad, la Palestine n'est que le sud de la Syrie et il ne voit pas de raison de reconnaître vraiment de personnalité palestinienne distincte. Dès le début de sa carrière, Assad a appris à se méfier des palestiniens : dans la période (1970) qui précède son coup d'Etat, son rival Salah Jedid se sert de la Sai'qa contre les forces armées conduites par Assad, alors ministre de la défense. Dès son arrivée au pouvoir, Assad décapite la Sai'qa et remplace la direction pro-Jedid par des hommes à sa dévotion.

1976 : au Liban, la Syrie soutient le camp chrétien. Quand les Forces Libanaises anéantissent Tal-el-Zaatar -un camp de palestiniens chrétiens, situé dans le canton chrétienelles ont à leurs côtés, simultanément, des conseillers syriens et israéliens... A cette époque, beaucoup des combattants de la Sai'qa et de la brigade syrienne («Yarmouk-) de l'Armée de Libération de la Palestine désertent pour rejoindre l'OLP. Une seule organisation restera inconditionnellement prosyrienne : le FPLP-CG de Jibril...

1983: La Syrie organise et soutient la scission d'Abou Moussa8 au sein du Fatah, et met en scène la guerre palestino-palestinienne de tripoli entre août et décembre, se concluant par la seconde éviction d'Arafat du Liban en deux ans..

1984 : Quand l'OLP désire organiser son CNP à Alger, la Syrie bloque l'affaire et le CNP doit se tenir à Amman

1985-86 : La Syrie organise et soutient la .guerre des camps», au Liban, entre la milice chi'ite Amal et les Arafatistes : plus de 2000 morts.

Février 1983: Jibril participe au 16° CNP, à Alger, et y lance une violente offensive antiArafat. C'est non sur toute la ligne : non aux contacts avec les «colombes» israéliennes, non au plan Reagan, non au plan de Fès, non au dialogue avec Moubarak, non, enfin, aux négociations avec Hussein de Jordanie.

Mai 1983 : après plusieurs semaines d'insistance, Assad accepte de recevoir Arafat à Damas. Objectif ? La réconciliation. Et, effectivement, le lendemain, la presse de Damas parle de rencontre «cordiale» et «positive» . Trois jours plus tard, une importante scission s'amorce au sein des forces armées du Fatah : avec l'aide des troupes syriennes, les unités palestiniennes en garrison dans la vallée libanaise de la Bekaa se mutinent, sous la direction d'Abou Moussa (voir note 3). La sécession fait tache d'huile et, bientôt, Abou Moussa est rejoint par 5 autres officiers supérieurs du Fatah, 6 des 70 membres du Conseil révolutionnaire (équivalent du comité central du Fatah), et même par Khaled el-Fahoum, ancien président du CNP.

Août 1983: Arafat, qui en a vu d'autres, revient comme prévu à Tripoli. Réponse du berger à la bergère, il accueille au sein des forces fidèles à l'OLP des scissionnistes du FPLP-CG
cinq cadres supérieurs du mouvement de Jibril, dont Abou Jaber Mahmoud, accompagnés d'une partie des combattants du FPLP-CG basés au nord-Liban.

Alors commence, autour de la ville de Tripoli et du camp palestinien, tout proche, de Baddaoui, un siège palestino-palestinien. Assiégés Arafat, ses troupes, ses alliés libanais. Attaquants les dissidents du Fatah -le Fatah-Intifada d'Abou Moussa, les fedayin d'Ahmed Jibril et d'Abou Nidal et la brigade syrienne de l'Armée de libération de la Palestine (ALP). L'armée syrienne fournit tout le nécessaire, dirige l'artillerie, bloque les issues maritimes. Arafat doit repartir pour la Tunisie en décembre 1983. Voilà donc la Syrie libre de mener comme elle l'entend son jeu palestinien au Liban.

Novembre 1984: le FPLP-CG est exclu du parlement palestinien, le CNP.

Le 25 mars 1985 se constitue, apprend-on grâce à une conférence de presse tenue dans les locaux de Damas du CNP, un Front de Salut National Palestinien, qui ambitionne d'être une contre-OLP. Il regroupe, lors de sa création, le FPLP de G. Habbache, le FPLP-CG d'A. Jibril, le FLP (tendance Ta'alat Yacoub), le Fatah-Intifada d'Abou Moussa, le Front de Lune Populaire Palestinienne de Samir Ghoucheh et la Sai'qa d'Issam el-Qadi9. Le FSNP nouveau-né est présidé par Khaled el-Fahoum, démis au 17° CNP (Amman 1984), de ses fonctions de président.

S'opposent donc désormais sur la scène palestinienne :

-Une figure emblématique, Yasser Arafat, aux troupes dispersées entre la Tunisie, le Yémen et l'Irak, éloigné, pour l'instant, du champ de bataille mais immensément populaire dans les masses palestiniennes,

- Une force armée non négligeable, à la capacité terroriste transnationale impressionnante mais sans leader vraiment populaire -ni même très connu- sans base large et surtout, sans indépendance aucune vis-à-vis de son sponsor syrien.

Depuis lors, l'histoire du FPLP-CG est celle de ses alliances sur la scène libanaise (voir P. 48) et de ses actions spectaculaires, internationales, ou bien sur la scène libano-israélienne (voir page suivante).

A l'été de 1989, la force militaire du FPLPCG reposait sur un millier de fedayin palestiniens mais également sur une petite «légion étrangère» où l'on trouve des érytréens, des libyens, des syriens et des tunisiens. Si le quartier général du FPLP-CG est à Damas, et son influence grande dans les camps palestiniens de Syrie, son implantation militaire est avant tout libanaise.

CHRONOLOGIE DES PRINCIPALES OPERATIONS -GUERILLA ET TERRORISMEDU FPLP-CG

1970
FÉVRIER: Destruction en vol d'un avion de Swissair sur une ligne Zurich-Tel Aviv.
Le même jour, explosion dans la soute à bagages d'un avion d'Austrian Airlines sur un vol Francfort-Vienne.
Envoi de lettres piégées depuis Francfort, à des adresses israéliennes.

1971
JUILLET : Tentative de destruction en vol d'un avion d'El Al sur une ligne Paris-Tel Aviv.
SEPTEMBRE : Tentative de destruction en vol d'un avion d'El Al sur une ligne Londres-Tel Aviv.
DÉCEMBRE: : Envoi, depuis la Yougoslavie et l'Autriche, de lettres piégées à des adresses israéliennes.

1972
AVRIL : Envoi de lettres piégées au pavillon israélien de la foire industrielle de Hanovre en RFA
AOUT : Tentative de destruction en vol d'un avion El Al sur une ligne Rome-Tel Aviv
DÉCEMBRE : Envoi de +/- 15 lettres piégées depuis Singapour à des adresses israéliennes

1974
AVRIL : Attaque-suicide contre la colonie de peuplement israélienne de Kiriat Chmonah. Trois fedayin du FPLP-CG prennent d'assaut un immeuble, tuent 18 israéliens et en blessent autant. Deux morts parmi les soldats israéliens au cours d'un combat de près de quatre heures. Les fedayin se donnent la mort en se faisant sauter avec leurs propres grenades.

1980
JUIN : Tentative d'attentat contre des personnels d'El Al à Copenhague.

1982
SEPTEMBRE : Capture de trois soldats israéliens à proximité de Beyrouth. Ils sont gars captifs jusqu'en mai 1985, puis échangés contre 1150 prisonniers palestiniens détenus en Israël

1985
JANVIER : Une unité du FPLP-CG est interceptée à Londres au moment où elle s'appretait à assassiner le représentant de l'OLP

1986
FÉVRIER : L'aviation de chasse israélienne intercepte au dessus de la méditerranée un avion civil libyen en route pour la Syrie, espérant que des responsables palestiniens extrémistes s'y trouveraient, et le contraignent à se poser en Israël. Espoir déçu. Le lendemain, lors dune conférence de presse tenue à Tripoli en présence de dirigeants du Fatah-Commandement Révolutionnaire, du FPLP, du FLP, du PC Palestinien et du Fatah-Intifada, Ahmed Jibril déclare : « Les américains et les sionistes ont inauguré cette méthode (le détournement d'un avion civil NDLR) et ils doivent s'attendre à en subir les conséquences» ...» Nous espérons que vous informerez le monde très clairement de cet avertissement aux civils, pour qu'ils ne voyagent désormais plus -à bord d'avions américains ou israéliens. Nous ne serions pas responsables de ce qui pourrait leur «. .
1987
NOVEMBRE : Deux fedayin du FPLP-CG, pilotant des ULM (ailes volantes motorisées) passent au dessus de la « zone de sécurité» établie par Israël au sud-Liban. L'un est abattu près de la frontière; l'autre se pose dans un campement militaire israélien de Haute-Galilée. Il ouvre le feu sur les militaires et jette des grenades (six morts, sept blessés) avant d'être tué, ou de se donner lui-même la mort.

1988
OCTOBRE : Arrestation en RFA, à Neuss (banlieue de Düsseldorf), Hambourg, Francfort, Berlin-ouest, dune quinzaine de palestiniens liés au FPLP-CG. Parmi eux, un cadre important du Front, Hafez-Qasim Dalkamoni, l'un des dirigeants de son service de renseignement. Dans l'un des appartements du réseau, à Neuss, sont trouvés deux radio-cassettes et un micro-ordinateur piégés du même type que la radio Toshiba qui fait exploser, le 21 décembre suivant, un Boeing 747 de la Pan Am au dessus de Lockerbie, Ecosse.

1989
MAI : Arrestation en Suède, à Stockholm et Uppsala, d'un réseau lié au FPLP-CG (one quinzaine de personnes). Ce réseau serait responsable d'attentats signés « Jihad Islamique» , perpétrés en 1985 et 1986 en Suède, au Danemark et en Hollande.

Xavier Raufer


4 A part Abou Moussa, les principaux dirigeants du Fatah-I sort Abou Khaled Amble et Abou Ali Mahdi Bseisso. Depuis sa création, le Fatah-I n'a pas réussi d s'imposer vraiment hors des zones sons contrôle syrien et, même là, il se trouve en concurrence avec d'autres organisations palestiniennes plus dynamiques, ayant one image plus guerrière : celles de Jibril ou d'Abou Nidal, par exemple. Daps le domaine du terrorisme transnational, le Fatah-I nest pas non plus très actif : un attentat d la bombe sur le parking de l'ambassade d'Israël d Nicosie, Chypre en octobre 1984 et one tentative de destruction d un avian d'El Al en vol. avec une voiture piégée, d Madrid en join 1986. Un «résident» madrilène du Fatah-I, Nasser Hassan el-Ali avail confié one valise supposée contenir de l' héroïne d un voyou local , Isaias Manuel Jalafe, pour la "livrer" à Tel Aviv, le tout devant exploser en vol one heure après le décollage. Une manipulation malhabile, ou un accès de curiosité intempestive du «courrier», déclenche le détonateur -mail pas la bombe- dans le salon de départ : 13 blessés.

5 Aujourd'hui. Abou Tayeb est le patron de la «Force 17» et anime l' embryon d organisation territoriale paramilitaire de l'OLP dans les territoires occupés, l' «Armée Populaire», ! one des structures d'encadrement de l'intifada

6 Selon les sources les plus sérieuses. Une source différente mais unique, le fait naître en 1937 à Jaffa

7 Le FLP a, depuis, connu plusieurs scissions dont l'une, en 1983, entre one tendance pro-irakienne (Abou Abbas) et pro-syrienne (Ta'alat Yacoub, aujourd'hui décédé). Selon l'OLP (novembre 1989), le FPL a refait son unité soul la direction d Abbas, secrétaire général du FLP.

8 «Abou Moussa» : saïd Mouragha, dit. Né en 1927, diplômé de l'académie militaire britannique de Sandhurst. Colonel dans l'armée Jordanienne. Rallie le Fatah lors de la guerre jordano-palestinienne de 1970. En 1982, dirige la défense de l'OLP devant Beyrouth, face aux israéliens. En 1983 : chef militaire adjoins de l'OLP au Liban, commande la brigade Yarmouk de l'ALP

9 En 1989, le FSNP ne regroupe plus que le FPLPCG, le Fatah-I, la Sai'qa et le Parti communiste révolutionnaire Palestinien d'Arabi Awwad.

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