La trahison racontée par un témoin oculaire

"Abou Mahmoud " : Le Martyr Khatchig Havarian

"John Lulu ", ou " John " : Le Martyr Vicken Aivazian

"Darwich" : Le Traître David Davidian

"Abou Fias" : Le Traîne Aram Vartanian, second responsable du camp "130" : Un camarade "Sami" : Un autre camarade "Abou Amman" : Un membre du Front de Lutte Populaire Palestinienne (F.L.P.P.)

"Ali" : Le témoin oculaire.

Nous présentons dans les pages suivantes une conversation entre le camarade " Ali" et les représentants du Département Sécurité de notre mouvement. Elle porte sur la trahison du mois de Juillet 1983 et décrit l'assassinat des camarades Khatchig Havarian et Vicken Aivazian, membres du Comité Central de nome organisation.

Question : Quand et comment arriva "John" ? Qui était avec lui ? Comment fut-il tué ?

Camarade "Ali" : "John" et " 130" arrivèrent en voiture; nous sommes montés nous asseoir, moi, "Darwich", "Abou Elias" et "Sami"... " Darwich" m'a dit de descendre préparer le thé. En même temps " 130" m'a demandé une boitte d'allumettes. Je suis donc allé la chercher en haut. Soudain "Darwich" arriva auprès de moi. Il était troublé (ensuite j'ai su qu'il avait essayé de tirer une première fois sur "John" mais son revolver n'avait pas fonctionné; les présents, " John" y compris, avaient cru que "Darwich" blaguait). " 130" , lui, me parlait de sa famille.

"Darwich" est ressorti et, peu après, un coup de feu a claqué. Plus tard j'ai appris que " Darwich" avait tiré dans la rote de " John " avec un antre revolver, par la fenêtre et par derrière; "John" tournait le dos à la fenêtre... Après le crime, "Darwich" est revenu dans ma chambre, m'a tiré dehors pour nous expliquer, à moi et à "130", que "John", "Abou Mahmoud " et "Moujahid" étaient des mines et que Missag, Haroutioun Kévork, Ara Toranian, Alek Yénikomchian et Baasel approuvaient leur action. Et que, quand "Moujahid" et " Abou Mahmoud" aussi auraient été éliminés nous allions nous organiser de façon plus rationnelle. Il a demandé à "130" devoir Alek [Yénikomchian, NDT] lorsqu'il descendrait à Beyrouth, pour que celui-ci lui donne plus de renseignements à ce sujet.

Question: Pourquoi et comment firent-ils sauter le corps de " John " ?

Camarade "Ali" : On s'est mit d'accord qu'" Abou Elias" aille à la ville "A" [Anjar, NDT] , et explique à nos camarades que "John" était décédé d'un accident de tir... Mais "Abou Elias", pour éviter le piège, dit à nos camarades que "John" était mort suite à une explosion accidentelle... Le lendemain matin, un camarade nommé "Abou Amman", du camp voisin du Front de Luce Populaire Palestinienne, nous dit qu'une ambulance viendrait plus tard emporter le corps du martyr, victime de l'explosion. "Darwich" a paniqué... Une demi-heure après le départ d' " Abou Ammar", "Abou Elias" arriva hors d'haleine, et expliqua qu'il avait dit à nos camarades "A" que "John" a été tué à la suite d'une explosion... Aptes discussion, "Darwich" et "Abou Elias" décidèrent de faire sauter le corps de "John" pour ne pas être embarrassés devant les camarades qui viendraient tout à l'heure de la ville de " A" ... Et ils parachevèrent leur aime en faisant exploser 1e corps inanimé de "John".

Question : Qu'est ce qui s'est passé quand "Abou Mahmoud" arriva au camp ? Comment a-t-il été tué ?

Camarade "Ali" : "Abou Mahmoud" est arrivé avec l'ambulance. Il a vu le corps de "John" et s'est ému, peu convaincu que " John " soit mort suite à un accident d'explosifs : ce n'était pas la sa spécialité. "Abou Mahmoud " protesta.. Ensuite, aidés du chauffeur, " Abou Mahmoud", " Abou Elias" et moi avons mis le corps dans l'ambulance... Puis "Abou Mahmoud" monta avec "Abou Elias" dans la chambre du haut pour préparer un rapport... Après quelques minutes "Darwich" les suivit... Pendant qu' " Abou Elias" et "Abou Mahmoud" discutaient, "Darwich" tira un coup de feu dans la tête d' "Abou Mahmoud", qui fut donc, à son tour, tué lâchement par derrière.

Question : Quand le traître Melkonian arriva au camp... Qu'est ce qu'il a fait?

Camarade "Ali" : Après ce deuxième crime, le corps d' " Abou Mahmoud" fut enterré dans un fossé... Melkonian arriva environ une heure plus tard avec un appareil photographique Lorsqu'il a voulu voir "Abou Mahmoud", "Darwich" lui a dit en riant que " Abou Mahmoud" aussi avait été éliminé... Ensuite ils ont fouillé le sac d'"Abou Mahmoud"; "Darwich" et Monte l'ont dépouillé de la somme de (x) livres libanaises... Monte, "Abou Elias" et "Darwich" parlaient en anglais pour que je ne comprenne pas.

Question : Qu'est ce que vous avez fait ensuite ? Et comment vous êtes vous séparés ?

Camarade "Ali" : Le soir du martyre d'"Abou Mahmoud", Monte, " Darwich", " Abou Elias" et moi nous sommes parts dans la voiture de notre organisation au camp militaire des Turcs. La même nuit Monte et "Abou Elias" partirent pour Chtaura. "Abou Elias" devait partir pour "A" Je ne sais de quel côté Monte est allé. Moi et "Darwich" nous avons passé la nuit dans chez les Turcs. Le lendemain nous sommes retournés à notre camp. "Darwich" brûla certains documents à l'endroit où était enterré "Abou Mahmoud". Plus tard "Abou Amman" arriva. Je lui ai demandé ainsi qu'à " Darwich" l'autorisation de partir pour "A". " Darwich" m'a donné environ 150-200 livres syriennes... L'après-midi "Abou Ammar" arriva pour m'amener à Saadnayel. J'ai été interrogé dans deux centres du F.L.P.P. ... Ensuite, me donnant un laissez-passer, ils m'envoyèrent à "A". Dans cette ville, je suis allé chez ma soeur. Ensuite je suis parti chez un ami, pour qu'il m'amène au centre de notre organisation dont j'ignorais l'adresse... J'y ai retrouvé Garlen Ananian ... Ce dernier a voulu se renseigner sur les événements. Je lui ai raconté les faits. C'était clair qu'il était déjà informé... Lorsque je lui ai demandé des nouvelles d'"Abou Elias". Il m'a dit que ce dernier était parti le matin à la ville de "B" [Baalbek, NDT] et qu'il reviendrait le lendemain après midi ... Ensuite j'ai quitté le centre et j'ai été hébergé chez ma soeur. Le lendemain j'y suis retourné; un camarade inconnu m'a ouvert la porte. Il n'était pas informé des événements, et ne savait où se trouvait Ananian.

Ce jour là je suis parti chez un autre parent... Au même moment "Abou Eh"> et Ananian sont venus me chercher chez ma soeur... Plus tard avec l'aide de mon parent et par l'intermédiaire de Palestiniens je suis parvenu à "X" et de là je suis retourné à Beyrouth.

Question : Puisque tu connaissais ce projet criminel, pourquoi n'as-tu pas informé "Moujahid", "Abou Mahmoud" ou "John" du complot qui se tramait dans l'ombre ?

Camarade "Ali" : Je ne savais rien de l'organisation ni de la politique ; car j'étais arrivé récemment au camp. Mon unique devoir était de m'entraîner et de me préparer à une opération suicide contre une cible turque. Je ne savais pas le moment et le lieu de cette attaque. Les traîtres ne connaissaient pas les détails de cette opération non plus. Mais ils essayaient de me corrompre et de m'égarer pour faire échouer ma mission. En même temps ils voulaient me persuader que seul "Moujahid" en tirerait profit. Ils calomniaient tout le temps "Moujahid" le qualifiant de dictateur et de terroriste. Ils disaient que l'idée de libérer l'Arménie par la lutte armée était ridicule; que les aventuristes type "Moujahid" seraient neutralisés par les Palestiniens, les Kurdes, les Tunis et le gouvernement français. Je sentais que certaines choses se passaient dans le camp, mais je ne pouvais rien transmettre aux camarades " Moujahid", "Abou Mahmoud" et à "John", car dans ce cas ma vie était en danger. En effet "Darwich" me menaçait de mort. Il exerçait sur moi des pressions pour que je renonce à ma mission suicide. [Des menaces de mort pour faire renoncer un individu à une mission suicide ... Ah ! le surréalisme de l'Asala ... NDT]

Je me suis blessé à la main pendant un entraînement et j'ai du subir une opération chirurgicale. Après ma guérison " "John" m'a transféré dans un autre camp d'entraînement, pour que de lobas j'aille accomplir ma mission. Mais "Darwich" m'a suggéré en douce de ne pas partir et de faire croire à "John" que ma blessure me faisait toujours souffrir; la mission a donc été reportée.

Voilà comment les traîtres me démoralisèrent, préparant en même temps leur trahison prochaine.

Question: Te considères-tu comme coupable ?
Camarade "Ali" : Je suis venu au camp pour combattre; j'y suis resté six mois. "Darwich" et Monte calomniaient tout le temps " Moujahid", "Abou Mahmoud" et "John". Souvent ces deux là s'isolaient pour discuter. Cela provoquait des irritations dans le camp. Surtout, ils rendaient souvent visite aux Turcs. Moi, j'étais obligé de leur obéir : c'étaient mes responsables.

Je me sens coupable mais il faut dire que je n'avais pas la possibilité de prendre des initiatives. Surtout, j'avais peur qu'ils me tuent aussi.

Question : Comment expliques-tu ton retour au camp... après 6 mois ?

Camarade "Ali" : Les événements m'ont secoué profondément. Pendant les six mois de mon absence, je lisais souvent les journaux et les livres publiés par l'Asala. A la fin j'ai compris qu'il fallait que je rejoigne les combattants. Surtout que des camarades, malgré l'atrocité du complot, s'efforçaient de reprendre le travail révolutionnaire. Question: Que souhaite-tu dire d la jeunesse Arménienne ?

Camarade "Ali" : J'invite toute la jeunesse Arménienne à venir renforcer les rangs révolutionnaires de l'Asala, la seule organisation dont la politique soit nette et valable.

Question : Quelle est ton opinion sur les traîtres Monte Melkonian et "Darwich" ?

Camarade "Ali" : Je les considère comme des lâches et des traîtres. Mais ils n'ont pu arriver à leurs fins, puisque l'Asala intensifie la lutte de Libération. Tous ces traîtres et tous ces comploteurs seront sûrement éliminés.
 

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