Rapport : Rédigé par "Moujahid" (Minas Ohanessian, également "Hagop Hagopian")

"Hayastan" 119-120-1985

Introduction

Je soumets ce rapport au Commandement Politique Suprême Pan-Arménien; au Bureau Politique et au Comité Central de l'Armée Secrète Arménienne pour la Libération de l'Arménie, pour qu'ils en autorisent la publication dans tous ses détails, sans rien en effacer, et pour qu'il soit transmis à tous nos centres dans le Monde ; ainsi qu'à nos sympathisants, pour que tous en prennent connaissance.

Responsable central de l'Asala, ma demande se fonde sur l'intérêt supérieur de la Nation Arménienne : ce rapport doit être mis en circulation dans les milieux nationalistes et Révolutionnaires Arméniens, afin qu'il aide les Combattants à prendre clairement position.

Responsable direct des deux traîtres et criminels Aram Vartanian et Garlen Ananian, fusillés par décision révolutionnaire; ayant longuement fréquenté les deux autres traîtres Monte Melkonian et David Davidian, je souhaite mettre en lumière quelques aspects importants de leur activité ainsi que de leur action dans le mouvement nationaliste ces dernières années. Je crois de même que la présentation de ces éléments à notre peuple attirera utilement l'attention des combattants Arméniens sur les machinations et les complots criminels de ces traîtres, au profit de l'exploitation, du mensonge et de l'imposture.

Je redemande à tous nos responsables d'étudier ma requête et d'accepter, dans l'intérêt supérieur de la Cause Arménienne, que ce texte soit diffusé dans toutes les Communautés Arméniennes.

"Moujahid" / 1er septembre 1983

Monte Melkonian5

Le traître criminel Monte Melkonian a rejoint les rangs de notre organisation en Juin 1980. Il vivait dans le quartier de Bourj Hammoud à Beyrouth-Est, où il enseignait dans une école Arménienne. Le Dachnag se méfiait de lui, pensant qu'il était en contact avec notre organisation. Nous aussi de notre côté, nous le surveillions.

Après l'avoir longtemps surveillé, nous avons constaté l'existence de liens entre Melkonian et un représentant du Fatah nommé Abou Nabil. Ce dernier habitait à Beyrouth-Est, dans le quartier de Khalil Badaoui, avant que les Palestiniens ne quittent cette région à cause des actions barbares des Phalangistes.

L'activité d'Abou Nabil consistait à recruter des éléments Arméniens et à les utiliser au profit du Service de Seriné du Fatah, placé sous l'autorité personnelle de Yasser Arafat. La mission d'Abou Nabil consistait à faire sauter des voitures piégées à Beyrouth-Est, en utilisant spécialement des arméniens ou des chrétiens maronites à cet effet. Abou Nabil payait de fortes sommes pour ces services. A cette période, nous avons découvert des dizaines de jeunes Arméniens coopérant avec ce service du Fatah.

Le Centre de notre organisation a alors créé, et placé sous nies ores, un corps de sécurité spécial pour surveiller et poursuivre tous les Arméniens collaborant avec Abou Nabil et son service. Nous avons ainsi découvert que nombre d'éléments de tous les partis Arméniens Dachnag, Hentchag et Ramgavar, parti Communiste, ainsi que des sans-parti [collaboraient avec le Fatah, N.D.T.]. Nous avions sur eux tous les renseignements nécessaires, y compris leurs photos, et à l'époque nous en avons arrêté plusieurs.

Parmi eux se trouvait Monte Melkonian, dont nous avions découvert le signalement suite à nos recherches.

Le lendemain d'une opération que Monte Melkonian s'était engagé à mener, et qui consistait à faire sauter un véhicule au passage de Camille Chamoun -qui en réchappa nous l'avons convoqué par le truchement d'Alek Yénikomchian et avons eu avec lui une longue discussion, lui demandant de rompre avec le douteux service de sécurité du Fatah. Lors de cette rencontre, Monte Melkonian se proposa de nous rejoindre et de travailler pour la Cause Arménienne; il nous assura qu'il cesserait d'agir pour le compte du Fatah. Nous avons accepté. Notre décision fut rapidement prise car des amis nous avaient appris que le Dachnag voulait assassiner Monte Melkonian. Nous l'avons rapidement transféré à Beyrouth-Ouest. Alek Yenikomchian, le martyr Khatchig Havarian et moi-même avons surveillé son transfert. Nous avons emmené avec lui son frère Markar Melkonian, son amie Suzy Macheredjian et le fils de sa tante qui s'appelait David X. Tous ont reçu des postes et des responsabilités dans notre organisation. Plus tard, notre direction a décider d'éloigner David X. et Markar et de les renvoyer en Californie, du fait de leur inefficacité.

Suzy Macheredjian étant dans le même cas, la Direction trouva préférable qu'elle retourne aussi en Californie, pour y faire du travail politique. Mais sur son trajet de retour vers la Californie, Suzy passa par Paris puis par Genève pour des motifs personnels : elle voulait voir Alek Yénikomchian dans cette dernière ville (cela se produisit le jour de l'explosion accidentelle). Sa présence là-bas était en rupture complète avec nos plans. Pendant toute cette période, Monte Melkonian était proche de moi. Son activité se limitait au secteur militaire; il faisait aussi des traductions en français et en anglais pour la direction d' "Hayastan".

Sur le plan militaire, Melkonian s'est très sérieusement formé dans notre camp, et est devenu instructeur. Telle est l'expérience de Melkonian. Sa participation aux opérations est la suivante : il faisait partie du groupe qui exécuta le responsable des Services Secrets turcs à Athènes le 31 juillet 1980. C'est lui qui le tua et blessa sa femme et son enfant. C'est lui qui essaya de tuer le premier secrétaire de l'Ambassade de Turquie à Rome, le blessant seulement, lui-même ayant été touché. Je l'ai fait cacher dans ce pays [l'Italie, NDT] puis transférer dans un second pays et de là à Paris, où l'organisation a pu le cacher et faire le nécessaire pour lui. Il était en ma compagnie Le jour de son départ, il était avec moi et d'autres de nos combattants. Nous fûmes surpris quand nous avons entendu la police française demander Monte dans les hauts-parleurs d'Orly . Il fut donc arrêté. Le lendemain, nous avons continué vers Beyrouth, où nous avons donné l'ordre à l'organisation Orly d'attaquer des établissements fiançais dans le monde. Au début, les autorités françaises étaient d'accord pour laisser Monte en liberté. Les liaisons de Melkonian avec Beyrouth aboutissaient dans le lieu où je me trouvais. Le gouvernement français le libéra, suite à nos opérations. Lorsque Melkonian arriva à Beyrouth nous avons été l'accueillir avec le député libanais Zaher El-Khatib, les héros Khatchig Havarian et Vicken Aivazian. A peine était-il sorti des mains de la police libanaise que nous avons appris, de Paris, que les services de renseignement français et américains avaient révélé la vraie identité du dénommé Dimitriou Georgiou : Monte Melkonian. Nous lui avons appris que l'Interpol avait révélé sa vraie identité et avons décidé de tenir une conférence de presse. Il a été long à accepter : sa surprise avait été grande de voir les services secrets occidentaux révéler sa vraie identité. Il pensait qu'il n'y avait pas lieu de faire de commentaires sur son identité, puisque, selon lui, les Fais et les Américains n'avaient pas pu la découvrir à Orly. Nous lui avons confirmé ces renseignements tout en lui expliquant l'importance de la conférence de presse: le Dachnag faisait courir 1e bruit que Monte Melkonian n'était pas Arménien. Ce dernier point a poussé Monte a accepter la conférence de presse.

Melkonian continua à militer dans notre mouvement, suivant nos projets et à nos conditions. Nous lui avons confié un poste d'instructeur, il a continué à faire des traductions en anglais pour "Hayastan".

David Davidian

David Davidian nous avait été envoyé de Londres par Missag, qui est de nationalité britannique. Davidian est resté 40 jours chez nous pour son entraînement militaire, après quoi il est retourné à Londres. Missag nous recontacta à peu près un mois avant l'invasion israélienne [juin1982, NDT] et nous dit l'urgence d'accueillir David chez nous : son visa expirant, le gouvernement britannique allait l'expulser. Nous avons accepté qu'il vienne à Beyrouth, et l'avons à nouveau envoyé au camp d'entraînement.

Ce camp se trouvait au Sud - Liban. Il s'y trouvait plusieurs de nos combattants armés. De ce camp étaient sortis des jeunes combattants, et des milliers de militants politiques, car nous avions une section spéciale de formation politique. Naturellement, les combattants ne connaissaient pas l'existence du camp politique pour des raisons de sécurité et d'organisation du travail. Les assassins Davidian et Melkonian étaient affectés à la section militaire, et t l'existence du camp politique. Des dizaines de jeunes militants ont vécu avec ces traîtres dans ce camp. Tous étaient satisfaits de leur comportement. Pendant l'invasion israélienne même, ils résistèrent en première ligne, bravant la mort.

Aram Vartanian

Le traître criminel Aram Vartanian avait rejoint notre organisation depuis un an et demi, jouant un rôle positif et exerçant des responsabilités dans l'administration de nos affaires. Il n'y avait pas eu de plaintes envers ces trois jeunes gens ; les sympathisants, les militants et les cabs les connaissaient tous bien.

L'échec de Londres

Lorsque le Commandement Politique Suprême de toute l'Arménie décida l'opération de Londres, il me confia la mission de repérer la cible, et de gérer l'affaire. J'ai tout préparé avec l'aide des martyrs Khatchig Havarian et Vicken Aivazian. Nul ne savait rien de cette opération, sauf le commandement et nous trois. Tout était prêt, mais restait une difficulté : comment communiquer entre nous et recevoir les armes ? Sur ce point, j'ai décidé que David Davidian nous aiderait. Je lui ai demandé de faine le nécessaire pour maintenir une liaison téléphonique avec Missag à Londres, pour les préparatifs. Résultat: Zaven Bedros tomba dans un piège des services secrets britanniques.

J'ai convoqué Davidian pour l'interroger. Les camarades martyrs Vicken Aivazian et Khatchig Havarian l'ont questionné. Nous n'avons pas trouvé les causes de l'arrestation du camarade Zaven Bedros. Nous n'avions évidemment pas soupçonné Davidian, et il en était conscient Tous nos soupçons se portaient sur Missag, et lui aussi le savait bien. L'interrogatoire de Davidian était
une simple opération de routine, un simple tour d'horizon pour essayer de tendre ce qui s'était passé !

Garlen Ananian

Cinq mois plus tard le traître Garlen Ananian est venu d'Iran via la résistance kurde. Il nous demandait de l'aider à régler certaines divergences entre les partisans que nous avions là-bas. Je lui ai dit que c'était hors de question puisque nous ne pensions pas qu'il existe de vraies divergences chez nos sympathisants d'Iran, mais de simples incompréhensions qu'il leur incombait de surmonter. Si nécessaire, nous leur enverrons un responsable du Centre pour résoudre l'affaire.

Alors, nous l'avons conduit au camp militaire chez Monte Melkonian et David Davidian: ce dernier était originaire d'Iran, et Monte connaissait quelques uns de nos sympathisants dans ce pays. L'idée était qu'ils le surveillent bien et qu'ils transmettent leurs observations sous forme d'un rapport à la direction.

Le rapport de Davidian et de Melkonian était précis. Il établissait que les problèmes d'Ananian étaient de nature politique, et qu'il fallait le fermer politiquement et militairement. La Direction fut d'accord pour le côté militaire, mais pas pour la formation politique, qu'elle décida de repousser jusqu'à l'approbation du Centre de notre mouvement.

Dix jours plus tard, Ananian fut transféré à notre centre, en raison de ses capacités de traducteur, sa présence au camp militaire ne s'imposait pas, en raison de son incompétence dans ce domaine..

Davidian, Melkonian et les Turcs

Suite à tes événements tout se passa sans heurts jusqu'en mai 1983. Nous avons alors reçu des rapports surprenants du responsable du camp, Khalil, et du traître et assassin Vartanian. 11s nous informaient de longues réunions entre Davidian et le dénommé Khaled de l'organisation Kurtulus ["Mouvement de Libération de la Turquie et du Kurdistan du Nord", groupe marxiste-léniniste de type communiste - combattant, NDT]. En même temps l'un de nos responsables du Centre nous informait de plusieurs rencontres de Monte Melkonian avec des Turcs. Je leur ai aussitôt demandé des explications à ce sujet. La réponse de Davidian était simple : il disait dans sa lettre qu'il tentait un rapprochement avec les Turcs de la Bekaa. Même explication de Melkonian. Je leur ai alors demandé de rompre tous ces contacts pour des raisons de sécurité ; je les ai informés de la présence d'agents turcs dans cette organisation. Mais rien ne nous permettait de concevoir déjà des soupçons à leur égard.

Les assassinats

Le 17 juillet 1983 éclata la nouvelle du martyre des militants héroïques Vicken Aivazian (V.A.) et Khatchig Havarian (K.H.) membres du Comité central de notre organisation.

J'étais en Europe à ce moment-là, sur ordre de la Direction :juillet est un mois très actif pour nous. A la confirmation de la mort d'Aivazian et Havarian, j'ai reçu l'ordre de retourner immédiatement au Liban pour enquêter sur leur sort .
Le Commandement de l'Asala a envoyé à tous nos organes un communiqué révélant ce que nous avions découvert sur cette affaire. Ensuite, j'ai pris les mesures nécessaires...

A ce point du récit, je voudrais signaler quelques faits importants d'où l'on peut déduire l'existence d'une machination :

1 - Les relations antérieures de Monte Melkonian avec Abou Nabil et le Service de Sécurité du Fatah. Les attentats qu'il a commis à cette époque. Et notre désaccord politique avec ces attentats.

2 - L'arrestation de Monte Melkonian à l'aéroport d'Orly à Paris.

3 - Le refus de Monte Melkonian d'admettre que les services américains et français connaissaient son identité réelle.

4 - L'arrivée depuis Londres de David Davidian envoyé par Missag.

5 - L'arrestation de Zaven Bedros dans des conditions obscures.

6 - Les réunions de Davidian avec les Turcs.

7 -Les rencontres de Melkonian avec les Turcs.
8 - Voici les points les plus importants sur les quels je souhaite attirer l'attention de tous
a) Dès le début de 1983, certains journaux sympathisants ont commencé à publier des articles hostiles à l'Asala, et parmi eux "Gaitzer", que Missag publiait à Londres.
b) Missag, Haroutioun Kevork et Ara Toranian ont publié un communiqué contre l'Asala où ils déclarent réorienter leur politique, accusant l'Asala de n'avoir aucun projet politique et d'agir de façon anti-populaire.
c) La propagande et les fausses nouvelles dans les médias occidentaux sur les disputes au sein de l'Asala.
d) A Paris, à Londres et en Californie, apparition dans les journaux de Missag, de Kevork et de Toranian d'articles sur les opérations militaires de l'Asala qualifiées d'"actes terroristes"; affirmant également que Monte Melkonian les considérait aussi comme terroristes.
e) Les insinuations sur la disparition de Monte Melkonian, et sur son exclusion de l'Asala.
f) Les rumeurs selon lesquelles l'Asala aurait assassiné Monte Melkonian propagées par Missag, Haroutioun Kevork, Ara Toranian et leurs journaux respectifs.
g) Des articles sur Monte Melkonian dans divers journaux. Des rumeurs sur sa désertion de l'Asala et son départ en Iran.
h) Des journaux européens, français et anglais en particulier publient des articles sur la scission et la soi-disant création de deux Commandements dans l'Asala, l'un extrémiste et l'autre modéré...
i) L'apparition dans des journaux occidentaux d'informations sur un voyage en France du Martyr Hagopian pour y ressentir les rangs et y préparer des opérations militaires...
j) La mise en scène de l'attentat contre Ara Toranian.
k) La mise en scène de l'attentat contre Haroutioun Kevork.
l) L'apparition d'une brouille entre Toranian d'un côté, Kevork et Missag de l'autre, et l'éloignement de leurs positions.
m) La volte-face politique d'Ara Toranian et son retour sur une ligne révolutionnaire.
n) Des rumeurs émanant de Kevork et de Missag, accusant le "2° congrès Arménien" d'être lié à l'Asala.
o) L'arrestation par des agents secrets français d'authentiques sympathisants de l'Asala, et les menaces épouvantables qui leurs furent faites.
p) L'envoi par Haroutioun Kevork de lettres à des prisonniers en France, signalant que l'Asala était morte, et leur demandant d'adhérer au mouvement qu'il créait.

(trois lignes obscures dans le texte original)

Cette série d'événements s'acheva par les crimes commis par les traîtres Monte Melkonian, David Davidian, Aram Vartanian et Garlen Ananian les 15 et 16 juillet 1983.

Ces crimes furent perpétrés 48 heures après les déclarations du président fasciste turc Kenan Evren, et celles de son ministre des affaires étrangères Elter Turkrnen, menaçant de frapper l'Asala partout où ce serait possible.

(Trois lignes incompréhensibles dans le texte original)

Enquête sur les assassinats

Le 26 juillet 1983 Aram Vartanian et Garlen Ananian furent appréhendés et leur interrogatoire permit de clarifier certains points. Concrètement :

1 - Davidian est l'homme de main de la conspiration. C'est lui qui a personnellement abattu par derrière- nos deux camarades Vicken Aivazian "John" et Khatchig Havarian "Abou Mahmoud".

2 - Monte Melkonian est la tête pensante du complot; il en a été l'organisateur, et a trompé les deux criminels Aram Vartanian et Garlen Ananian en leur faisant croire que certains autres responsables de l'Asala participaient à la conspiration. En réalité ces dirigeants n'avaient aucun lien avec les traîtres et assassins.

3 - Les rapports très étroits de Davidian et de Melkonian avec les Turcs, par l'intermédiaire du responsable de leur camp, Khaled.

4 - Le fait que Melkonian savait l'absence de tout lien structurel entre l'Asala et le trio Toranian, Kevork et Missag, en réalité de simples sympathisants. L'utilisation de leurs noms par Melkonian, faisant croire à Ananian et à Vartanian qu'ils étaient des responsables de l'Asala.

[Deux lignes obscures dans le texte original]

5 - La fuite de Melkonian et de Davidian des locaux du service de sécurité de notre organisation. Cela prouve leurs liens -à un niveau élevé- avec une organisation disposant de moyens importants pour assurer leur évasion.

6 - L'abandon des deux autres assassins Garlen Ananian et Aram Vartanian, après s'être servi d'eux pour les crimes. Cela rend incroyable le prétexte d'une "réforme" qu'ils avançaient devant leurs complices. Cela prouve leurs projets destructeurs au profit de l'ennemi.

7 - Après les aveux des meurtriers Vartanian et Ananian sur leurs liens avec les Turcs, neuf de ceux-ci furent appréhendés dans leur camp d'entraînement. Or il faut se souvenir que ces Tunis suspects avaient nié tout rapport entre eux-mêmes et les "nôtres" pendant leur détention, du 28 juillet au 5 août 1983. A cette date, les Turcs ont avoué les liens, et détaillé les services qu'ils avaient rendus à Davidian et Melkonian :,eux-ci s'étant d'abord cachés dans leur camp, avant d'être transférés à Baalbek par leurs soins. Les Turcs ont aussi avoué qu'ils avaient récupéré des armes, des passeports et d'autres documents provenant de notre camp. Enfin ils ont avoué qu'ils collaboraient avec les traîtres conte la diction et la ligne politique de l'Asala.

La publication du communiqué de scission dans des journaux anglais et français le 25 août 1983, au nom d'un " mouvement révolutionnaire" et les crimes décrits ci-dessus, permettent d'affirmer ce qui suit :

1- Ces mensonges, ces tentatives de désorienter note peuple, montrent qu'ils projetaient d'autres actes de trahison pour troubler l'opinion publique Arménienne et semer la perturbation partout dans le monde, et spécialement chez nos sympathisants.

2 - La publication du communiqué de scission suite à une conversation téléphonique confirme le complicité de Haroutioun Kevork et de Missag avec les traîtres assassins. Alors...

a) Haroutioun Kevork et Missag étaient ils informés à l'avance de l'ignoble assassinat des combattants martyrs Khatchig et Vicken ?

b) Ou bien ignoraient-ils tout du complot ? C'est une question importante.

c) Une conversation téléphonique avec l'Agence France-Presse à Beyrouth permet de confirmer la présence de Davidian et de Melkonian dans la région de Tripoli [Liban NDT] sous la protection du Fatah, dirigé par Abou Ammar (Yasser Arafat, N.D.T.] Abou Jihad et Abou Iyad. Le criminel Melkonian connaît très bien la position de l'Asala sur le Fatah d'Abou Ammar et a donc toutes chances de trouver aide et assistance auprès de ce dernier.

Là se posent quelques questions troublantes pour nos combattants et militants, susceptibles d'ébranler leur foi en notre combat.

1- Puisque le communiqué justifie la scission par l'opération conduite le 15 juillet 1983 contre l'aéroport d'Orly, la bonne question est la suivante : l'attentat d'Orly était-il "terroriste" ? Dans son communiqué, le "Mouvement Révolutionnaire" qualifie de "terroristes" certaines opérations de l'Asala, entreprises pour faire libérer nos prisonniers, où des Turcs innocents et d'autres étrangers étaient atteints. Si Melkonian avait des objections à des pratiques de ce type, pourquoi a-t-il tir sur la femme et l'enfant du diplomate turc le 31 juillet 1980 à Athènes ? Pourquoi Melkonian ne rendit-il pas tout cela public lorsqu'il fut arrêté en France ? Pourquoi n'a-t-il pas eu des scrupules semblables quand il préparait ses actions criminelles contre ses camarades de l'Asala ? Mais avant tout cela même, il y a une question cruciale que nous devons nous poser à nous-mêmes ainsi qu'à tous ceux qui nous accusent de "terrorisme". Lors du massacre d'un million et demi d'Arméniens, en 1915, toutes les victimes des Turcs étaient-elles coupables ? Ne s'agissait-il pas en grande partie de femmes, d'enfants, de vieillards ? Quelles ont été les réactions humanitaires des organisations, des peuples, des Etats Occidentaux témoins terriblement silencieux du massacre des arméniens ? De qui se moque-t-on ? Quelle est cette logique qui justifie des crimes, d'une part, et qui de l'autre condamne comme "terroristes" nos opérations révolutionnaires ?

2 - Comment Melkonian a-t-il pu rester trois ans dans notre organisation sans faire la moindre objection contre un seul attentat ? Avait-il peur ?

3 - Est-il possible d'entamer une scission "révolutionnaire" en assassinant deux responsables de son organisation ? Est-ce cela la démocratie à la Melkonian ? L'idée qu'il se fait de la révolution et du patriotisme ? Pourquoi n'a-t-il jamais dit clairement qu'il était hostile à nos opérations ?

Pourquoi ne se retira-t-il pas si " Moujahid" était un fasciste sans foi ni loi, incapable d'accepter la moindre critique ? Pourquoi ne se contenta-il pas de capturer les deux héros du camp de la Bekaa, avant d'en appeler à la direction pour qu'elle revoie toute notre orientation ?

La Cause Arménienne ne se résume pas à l'assassinat de combattants, de cadres et de responsables. L'Action révolutionnaire et démocratique ne prévoit pas l'assassinat des révolutionnaires.

La méthode révolutionnaire consiste tout d'abord à demander des explications sur les déviations commises, puis de proposer publiquement une ligne révolutionnaire; non pas à assassiner lâchement, puis à prendre la fuite. Les assassins n'ont même pas osé pointer leurs armes sur le front des martyrs Khatchig et Vicken : ils avaient conscience de commettre un crime...

4 - Pourquoi les assassins ont-ils remis notre stock d'amies aux Turcs aptes le crime ? Si c'était bien une scission, pourquoi n'avoir pas conservé ces anises pour leur action "révolutionnaire" ? Mais, avant tout, pourquoi ont-ils abandonné leurs complices ? N'allaient-ils pas avoir besoin d'eux dans leur " Mouvement Révolutionnaire" ?

5 - Pourquoi ont-ils brûlé l'infrastructure du camp des tentes, des lits, des couvertures, du matériel, des réserves de nourriture pour six mois, collectés par nos martyrs auprès des fils du peuple Arménien. Cette nourriture destinée à nos combattants, pourquoi l'ont-ils brûlée ? Est-ce ainsi que s'alimentent les "mouvements révolutionnaires" et "réformateurs" ?

6 - Enfin pourquoi remettent-ils les documents, les passeports, des secrets de l'organisation (ce qu'ils en savaient, en tout cas) aux Turcs ? et spécialement à des Turcs ?

7 - Pourquoi se sont-ils servis abusivement de noms de responsables de l'Asala dans diverses parties du monde ? Pourquoi ont-ils fait connaître leur communiqué de scission par l'intermédiaire des agences ode presse, NDT] britanniques, françaises et turques à Londres et à Beyrouth ?

8 - Une scission peut-elle dépendre impérativement de l'assassinat des martyrs Vicken Aivazian et Khatchig Havarian?

9 - [cinq lignes incompréhensibles dans le texte original)

10 - Est-il croyable que Monte Melkonian ait pu projeter de tuer "Moujahid" depuis trois ans ? Comme il a essayé de le faire croire aux meurtriers Vartanian et Ananian. Ou bien a-t-il essayé de leur faire gober ces mensonges pour les persuader de l'importance de l'affaire ?

" Moujahid" n'est pas une personne si exceptionnelle que la préparation de son assassinat doive durer trois années. Que l'on demande aux masses arméniennes, aux combattants qui connaissent " Moujahid", aux résistants enchaînés dans les prisons impérialistes, aux autres mouvements révolutionnaires, à tous les partisans de l'Asala dans le monde, tous vous répondront que "Moujahid" se déplace sans protection et que son assassinat n'est pas difficile à réaliser, qu'il ne faut pas y passer deux ou trois ans, comme le dit Melkonian, avant d'échouer en fin de compte. [Passage prophétique :quand un petit matin d'avril 1988 "Moujahid" est assassiné dans la banlieue d'Athènes, il est seul ... NDT] N'importe qui peut facilement tuer "Moujahid"; aussi facilement que le furent Vicken et Khatchig.

Pendant mute cette période, "Moujahid" mangeait et buvait avec Melkonian et tous les combattants. Il dormait, vivait avec eux: il était très simple de le tuer. Sinon avec une arme, du moins en empoisonnant un thé ou un café: il y a beaucoup de matières toxiques au camp, servant à préparer les explosifs.

Donc, les déclarations des criminels prétendant avoir tenté de tuer "Moujahid" sont purement et simplement de la fantaisie. Au bout du compte, l'affaire s'est faite sur ordre de la Turquie et des services secrets impérialistes. Il s'agissait de tuer les dirigeants de l'Asala. Les avertissements des 13 et 14 juillet 1983 étaient clairs: les exécutions eurent lieu les 15 et 16 juillet 1983. Voila la réalité. Que les criminels n'essaient pas de justifier leurs actes à l'aide de communiqués. Les faits sont limpides et leur rôle d'agents est bien visible. S'ils voulaient présenter leur action comme révolutionnaire et Arménienne ils ne devaient pas la commettre juste après les déclarations d'Evren et de Turkmen. Il fallait qu'ils fassent attention à ce que leurs "entreprises réformatrices" ne servent pas de bout en bout les intérêts et les projets du régime turc, aux dépends de la cause et du Peuple Arméniens.

S'il est vrai que leur acte était seulement dirigé contre "Moujahid", pourquoi n'ont-ils pas attendu son arrivée, mais ont assassiné Vicken Aivazian et Khatchig Havarian ? ... le dictateur, c'est "Moujahid" ... l'assassin, c'est "Moujahid"... Pourquoi n'ont-ils pas voulu profiter de l'expérience combattante des deux dirigeants martyrs, travailleurs inlassables de la Cause Arménienne ? Il est donc clair que toutes les allégations, ainsi que le communiqué de "scission" sont des anges, un habillage pour use trahison criminelle commise au profit de la Turquie, des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne.

Les actions révolutionnaires, les scissions réformatrices n'ont jamais été accomplies, dans l'Histoire à l'aide de mensonges et d'assassinats, en brûlant la propriété des masses révolutionnaires combattantes, ou en remettant les armes à l'ennemi fasciste turc ... enfin en s'enfuyant et en abandonnant complètement la Cause et la Révolution.
Le combat doit être mené pour le peuple et non contre lui. De tels communiqués de scission ne décourageront pas le peuple Arménien il sait que la résistance révolutionnaire continue.

Les vrais combattants révolutionnaires, frères et camarades des martyrs Khatchig Havarian et Vicken Aivazian, vont poursuivre les traîtres et les agents, tous les complices des criminels et des ennemis de notre peuple invincible... Le peuple est toujours vainqueur.

Malheur et blâme à tous les agents et à tous les traîtres.

"Moujahid".

5 Les inter-titres sont de la rédaction des N&E

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