B) La loi de l'intimidation

1) La vie quotidienne des quartiers

Ces ventes d'armes ou de drogue créent un climat qui imprègne toute la vie de la cité . L'argent qu'il procure ajoute au sentiment d'impunité, influe sur la vie quotidienne et renforce les plus jeunes dans leur culte de l'illégalité. Les règles élémentaires de courtoisie disparaissent alors.

Les seuls critères sont la force, l'argent et la peur. Les parents eux-mêmes subissent la

violence de leurs enfants. A la cité des Sorbiers à Chevilly-Larue, certains jeunes de 15 à 17 ans battent père et mère. Dans ce quartier, les « caillera »68 ont pris l'habitude de bloquer une rue avec leur voiture pour marquer leur territoire. « Il y a des armes partout, explique un habitant, on voit même des fusils ».69

Depuis près de vingt ans, Pierre habite une cité sensible. « A soixante trois ans, il est veuf et retraité après avoir travaillé toute sa vie à la Snecma (Société nationale d'exploitation de matériel auxiliaire). Lorsque l'on s'interroge sur ses conditions de vie, il dit subir « la totale » : les tags dans l'escalier de l'immeuble, les seringues qui jonchent le sol, les voitures qui brûlent en bas de chez lui, les rodéos, les sirènes de pompiers et les interventions musclées des CRS. N'en pouvant plus, Pierre a acheté légalement un fusil de chasse...Pour se défendre » 70 En imprégnant tous les aspects de la vie quotidienne, la violence devient le pivot du quartier. Ainsi à Clichy-sous-Bois à la fin de l'année 1998, le comité directeur du club de football décidait de mettre fin à l'équipe de l'USO Clichy-sous-bois. Une bagarre éclatait à chaque match, les installations avaient été cambriolées dix-sept fois en un an, les vestiaires saccagés, les murs d'enceintes détruits. En 2001, en France, plus d'une cinquantaine d'infrastructures sportives ont été détériorées, voire détruites par des incendies criminels. Le paradoxe est qu'entre deux accès de violence, la vie de la cité peut paraître normale à un visiteur extérieur.

C'est que l'intimidation assure la loi du silence. Elle peut se faire grâce à des chiens de combats (type pitbull), des regroupements de quatre ou cinq individus dans une cage d'escalier. Ces derniers prennent une attitude mi-méfiante, mi-agressive, interpellent les habitants en parlant fort, exigent que leurs regards se baissent.

Les menaces peuvent être beaucoup plus précises. Cette femme de Vauvert explique que des garçons de douze ans la menacent de viol régulièrement,71 ce jeune lycéen du Val-Fourré avoue qu'il baisse les yeux dès qu'il sort de son immeuble par peur de se faire tabasser pour la moindre attitude qui pourrait paraître arrogante.72

Aux Tarterêts (Corbeil- Essonne, 91) les médecins de ville ne viennent plus depuis longtemps. A la Grande Borne à Grigny (Essonne, 91) à 4h 30 du matin en 1999, un médecin de SOS avait été appelé pour une grippe. Il retrouvera son véhicule désossé. (Voir partie D, 3). Les facteurs même subissent cette violence. Le 20 mai 2001, cinq voitures de la poste étaient incendiées dans le quartier de la Marinière à deux pas de la cité des Indes à Sartrouville.

Personne en fait n'est épargné : des commerçants jusqu'aux professeurs, les pharmaciens, les travailleurs sociaux, les examinateurs de permis de conduire.

Un procureur affirme qu'en banlieue « parler d'insécurité avec certains commerçants est tabou, car ils craignent des représailles ». 73

La cité de la rue Saint Fargeau dans le XXe arrondissement n'est pas une zone de « non-droit » mais sans la résistance de certains habitants, elle le deviendrait. Marcel Delclos, surnommé « la Brosse le Bâtard » (il est coiffé en brosse) : «  Tous les soirs ils se retrouvent à dix ou quinze à l'entrée de la tour 9. Ils fument du cannabis, provoquent des locataires. Gare à vous s'ils vous voient avec une cigarette et si vous refusez de leur en donner. Ou même si vous osez croiser leur regard (...) il y a des dames handicapées qui ne peuvent plus ouvrir leurs volets, si elles râlent, elles se prennent des pierres. » 74 Les boites aux lettres sont défoncées au pied de biche, les poubelles brûlent régulièrement .

2) Quand le feu devient une arme

Depuis quelques années le feu semble être devenu la première arme d'intimidation et de combat des jeunes des cités. De janvier à novembre 1999, on relevait pas moins de 10 985 incendies volontaires allumés par des « jeunes » au sein des quartiers sensibles, dont 9 908 visant les particuliers (feux de containers, feux dans les caves ou les halls, feux de voitures) les autres visant des institutions. 75

Les voitures brûlées les plus célèbres sont bien évidemment celle des nuits de la Saint Sylvestre en Alsace (plus de cent voitures brûlées en 2001). C'est devenu dans le quartier du Neuhof une sorte de coutume réapparaissant à chaque nouvelle année. C'est facile, peu coûteux, désespérant pour le propriétaire qui bien souvent ne peut se racheter un véhicule. La carcasse de voiture devient, en outre, un signe extérieur d'un quartier en sécession. C'est en quelque sorte un totem...et un premier avertissement.

D'abord cantonnés aux quartiers sensibles, les incendies de voitures existent aujourd'hui bien au delà des zones de « non-droit ». Reste que ces dernières continuent d'assister à ces feux à répétition. Sur les trois dernières années, les chiffres sont éloquents. 12 300 incendies de voitures en 1999, 13 300 en 2000, 15 200 en 200176.

A Rillieux-la-Pape (69), à l'Automne 2001, ils furent près d'un millier à manifester dans les rues de la ville pour protester contre ces incendies de voitures : dans cette petite commune de 28 000 habitants on a compté 137 voitures brûlées en dix mois.

L'été dernier, en Ile-de-France uniquement, on comptait 150 voitures incendiées volontairement pendant le week-end du 14 juillet.

Le feu habituellement utilisé sur les véhicules est aussi une arme offensive . L'exemple de l'expédition punitive du 11 mars 2002 qui s'est déroulée dans l'hypermarché Auchan de Saint Herblain, dans la banlieue de Nantes (44) est éloquent. Le 8 mars deux hommes se présentent à l'accueil du magasin pour se faire rembourser une batterie de voiture défectueuse. Econduits par les hôtesses, ils en viennent aux mains avec les vigiles et en blessent un au poignet. Le soir même, trois individus

brisent le sas vitré du magasin après la fermeture et jettent un cocktail Molotov sur le poste de contrôle. Le 11, un homme armé d'un pistolet automatique 7,65 est repéré dans sa voiture sur le parking. Il est alors maîtrisé par les vigiles qui lui cassent le coude droit. Le soir même, une bande armée de cocktails Molotov et de barres de fer investit le magasin juste avant sa fermeture et s'attaque à un vigile à coups de barre de

fer avant de l'imbiber d'essence et de le faire brûler jusqu'au troisième degré.

Les écoles maternelles, les clubs de sports, les commissariats et les palais de justice peuvent subir les même sort. Les habitations particulières même. Aux Ulis, « un cocktail Molotov a été jeté dans l'appartement d'une habitante de la résidence des Amonts. Cette femme présidente de l'Association de défense du Quartier des Amonts Sud, prenait régulièrement des photos afin de dénoncer sur son site Internet les nuisances organisées par une bande du ghetto. » 77

A Châteaurenard (84), l'Eglise a été deux fois en 2001 la cible de cocktail Molotov.

A Trappes, à Marseille ou à Lyon ce sont les synagogues qui subissent des incendies criminels.

3) Les femmes victimes de la violence

C'est une scène habituelle des « films de boules » 78 que les gamins regardent parfois dès le plus jeune âge. Plusieurs hommes profitent de la même femme. Dans les journaux on appelle cela « une tournante ». Cette pratique est devenue commune dans les caves de certaines cités.

Depuis que Fabrice Genestal en a fait un film « La Squale » (1999), les viols collectifs ou viols en réunion sont sortis du secret à travers plusieurs procès et reportages.

Phénomène méconnu ou ignoré jusqu'en 1997, les tournantes semblent s'être multipliées dans les cités depuis quelques années. Il est impossible de chiffrer ce phénomène, d'abord parce que les statistiques ne distinguent pas les viols collectifs du viol, ensuite parce que, par crainte de représailles ou par honte, beaucoup de victimes

préfèrent ne pas porter plainte.

« A Grigny, en septembre 2000, une victime de tournante a quitté précipitamment l'hôpital où elle était soignée en raison de menace. Sa famille a été contrainte de déménager. Quelques temps auparavant dans la cité des Eiders, dans le XIXe arrondissement, une victime de viol collectif a subi une deuxième tournante un an plus tard. Les six auteurs dont quatre avaient participé au premier viol, ont voulu la punir d'avoir porté plainte. ». 79

Les tournantes se déroulent dans les caves, les parkings souterrains à n'importe quelle heure du jour et de la nuit. Elles peuvent aussi se dérouler chez la victime. A Arcueil, Nicole est bénévole dans une structure d'aide à l'insertion des jeunes délinquants « en difficulté ». En février 2000, deux de ses « clients » s'invitent chez elle avec le reste de le bande et les habituelles pitbulls. Ils séquestrent Nicole. Durant deux semaines, cette femme de 44 ans et l'une de ses jeunes voisines sont violées à répétition, dépouillées. Pour un commissaire du Val-de-Marne, « le drame dont Nicole a été la victime n'est pas un cas isolé ».80 Samira Bellil81 a connu toutes ces situations, elle raconte le processus : « Les victimes sont des jeunes filles qui tombent amoureuse d'un petit caïd et qui se retrouvent avec des réputations de « fille facile », de « fille à cave » (...) Une fille qui traîne, c'est une pute, donc qu'elle ne se plaigne pas qu'il lui arrive des embrouilles. » 82

Le crime peut aussi se dérouler dans plusieurs endroits successifs. Dans le quartier de la Source à Orléans, en juillet 2001, une adolescente de quinze ans a d'abord été violée dans un parking souterrain puis dans un appartement squatté et enfin dans les bois au bord de la cité. Il est même arrivé que le viol se déroule dans les transports en dépit de la présence d'autres voyageurs comme ce 24 mai 2001, dans un train express de l'agglomération Lilloise où une étudiante de vingt et un ans est violée par deux membres d'un groupe de quatre délinquants âgés de quatorze à dix sept ans originaires de Lille-Sud. Les victimes peuvent aussi être torturées comme cette jeune fille de treize ans à la cité des Genotte à Cergy Saint-Christophe à qui l'on a fracturé la mâchoire et cassé le nez. Les agresseurs peuvent être plus de vingt comme à Aix-en-Provence en mai dernier ou une femme handicapée a été séquestrée et violée durant une journée ; ou deux comme à Epernay où une adolescente s'est fait violer dans le local à poubelle de la Z.U.P.

L'image de la femme est chez ces jeunes déformée par les films pornographiques vus

en groupe. Dans ces cités, il est aisé à moins de dix ans d'obtenir une cassette « vidéo-porno » pour 5_. Il en résulte chez ces enfants très souvent de culture musulmane une contradiction absolue entre l'image de la femme dans leur religion, et l'image qu'ils se font à travers ces films de la femme occidentale. Selon un psychologue, beaucoup d'entre eux imaginent que les scènes toujours répétées dans le cinéma pornographique sont acceptées, voire désirées, par toutes les femmes.83 Ainsi durant le procès de Pontoise où Leïla victime de 18 violeurs était opposée à ses agresseurs des adolescents ou des jeunes adultes vivant à la grande dalle d'Argenteuil (94. 17 000 habitants) on apprenait qu'elle était considérée comme une « crasseuse » ou « une salope ».84

Cette image dégradante des femmes est relayée par certaines des stars du rap qui ne cachent pas leur goût pour la pornographie et évoquent avec ironie les scènes standards de leurs films fétiches. Les clips du Gangsta Rap85 mettent souvent en scène une femme apparemment heureuse « désirée » par plusieurs hommes. En France, certains tubes peuvent dans ce cadre paraître équivoque : « Ma copine, elle est belle, elle est bonne, si tu veux j'te la donne » chante le rappeur Doc Gynéco, « Brigitte, femme de flic » chante aussi le groupe Ministère Amer qui se propose de se passer Brigitte entre copains. Ces actes de barbarie sont très souvent commis par des mineurs qui, compte tenu de la loi et de l'argument qui consiste à se présenter comme un acteur passif de la tournante, sont très vite relâchés. Ils prennent aujourd'hui des proportions dignes du sadisme et de la barbarie la plus accomplie  « En septembre, dans la cité Verte de Sannois (91), une femme de quarante cinq ans a été suivie jusqu'à son appartement puis violée par trois jeunes qui squattaient le hall de son immeuble. Ils lui ont donnée des coups de fouet, l'ont brûlée avec des cigarettes puis lui ont introduit une ampoule dans le vagin ».86

4°) La violence à l'école

Elèves ou professeurs au Val Fourré à Mantes la Jolie, aux Tarterêts à Corbeil-Essonnes, au lycée Jacques Brel à la Courneuve (93), ils sont au quotidien intimidés insultés, agressés.

Sophie Yedder, professeur de Français à Epinay-sur-Seine (93), âgée de 29 ans, explique : « La situation dégénère d'année en année. Le taux d'absentéisme atteint des records dans notre établissement, situé en zone d'éducation prioritaire (ZEP). Cette année nous avons eu droit à huit tentatives d'incendie. Mettre le feu, c'est le truc à la mode... » 87

Un rapport des Renseignement Généraux qui date de janvier 2002 faisait un constat inquiétant sur la violence à l'école.. « Il est désormais patent, peut-on y lire, que l'école devenue partie intégrante de la vie de la cité, n'est plus un territoire protégé (...) On notera l'usage de plus en plus fréquent d'armes dans l'enceinte des établissements, poursuit le rapporteur, les armes à feu restent rares mais les armes blanches semblent proliférer de manière préoccupante. Le 22 janvier, un professeur du collège Paul Eluard de Garges-lès-Gonesse a été blessé, en plein cours, d'un coup de couteau porté par une jeune de treize ans. Le 11 janvier, un professeur du collège Pierre Mendès France de Tourcoing (59) a été poignardé par un élève de 14 ans suite à une réprimande pour des retards à répétition ». 88

La guerre des bandes se poursuit jusque dans les cours de récréation : « En parallèle avec le développement des affrontements entre bandes, poursuit le rapport, particulièrement nombreux et violents dans les départements de grande couronne parisienne et en Seine-Saint-Denis, les intrusions d'éléments extérieurs se sont multipliés prenant parfois la forme de véritables expéditions punitives entre bandes de cités rivales. La culture du trafic, de l'affrontement et de l'intimidation se retrouve sous toute ses formes. Au collège Pierre de Coubertin au Luc (83), le 21 novembre, un élève a été violemment battu par une douzaine de ses condisciples au « jeu de la canette ». Il s'agit de variantes basées sur la violence et l'humiliation ».89

Sur la violence à l'école Laurent Mucchielli met cependant en garde les analystes qui, selon lui, tombent régulièrement dans deux écueils : «  le premier consiste à croire que l'école serait confrontée à une « violence » de type radicalement nouveau, le second consiste à céder à la panique ».90 Le 24 octobre 2000, Jack Lang, alors ministre de l'éducation nationale, créait cependant « Le Comité national de lutte contre la violence à l'école » qui avait pour objet « d'analyser les phénomènes de violence à l'école et de proposer , en relation avec les autres départements ministériels, les réponses propres à lutter contre ce phénomène ». 91 Un certain nombre de témoignages publiés depuis 1996 par des professeurs laissent, en outre, penser que des comportements nouveaux, plus violents que ceux des blousons noirs des années 1960, se développent dans les établissements.92 Les Territoires perdus de la République93 s'arrête sur l'antisémitisme dans les écoles, forme de violence qui renaît de manière inquiétante dans de nombreux établissements. Ainsi Iannis Roder, professeur en Seine- Saint-Denis reconnaît « j'ai pu constater dans mon établissement un antisémitisme souvent présent parfois virulent issu d'élèves majoritairement de la population maghrébine. » 

Et si l'on interroge les professeurs, les témoignages affluent.

A Limay (78), la directrice de l'école primaire Ferdinand Buisson a surpris des jeunes élèves qui jouaient à « sniffer » à l'aide d'un tube de stylo et de poudre obtenue en taillant la craie. Ces mêmes enfants jouent aux dealers en collectionnant des petits sachets de gomme découpée en morceaux qu'ils font mine de vendre sous le manteau. A Dammarie-les-Lys, la nouvelle trouvaille des élèves du collège Politzer consiste à simuler une bagarre et à créer une bousculade suffisante pour attirer les curieux. Ceux qui sont pris dans la ronde, reçoivent de véritables coups. A Vitry-sur-Seine, au lycée Jean Macé on confectionne des engins explosifs, de type bombes au chlorate de soude ou à base d'acide chlorhydrique, que l'on envoie ensuite sur les murs du lycée.

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68 Racailles, terme qui dans la « novlangue » désigne les bandes de voyous.

69 Conversation avec l'auteur

70 op. cité, Insécurité en France, p 69

71 Conversation avec l'auteur

72 Conversation avec l'auteur

73 Conversation avec l'auteur

74 Le nouvel Observateur, du 7 février 2002

75 Direction Centrale des Renseignements Généraux, note du 29 novembre 1999

76 Chiffres de la Direction Centrale de la Sécurité Publique

77 op. cité, Insécurité en France, p72

78 Film pornographique dans le langage des jeunes

79 op. cité, Insécurité en France, p 100

80 op. cité, Violences et insécurités urbaines, p 43

81 Auteur de l'ouvrage Dans l'Enfer des tournantes, 2002, Denoël.

82 Libération, le 7 octobre 2002.

83 Conversation avec l'auteur

84 Seule face à ses dix- huit violeurs, Libération, 23 septembre 2002

85 Terme qui définit le rap américain qui se place délibérément sur le terrain de la violence et fait l'apologie
de la mafia et de ses règles

86 op. cité Insécurité en France, p105

87 Le Parisien, 07 février 2002

88 ibid

89 ibid

90 L'école ne brûle pas, Le Monde Diplomatique, Février 2001

91 Arrêté du 19 novembre portant sur la création du comité national de la lutte contre la violence à l'école.
Article 1er.

92 Voir notamment Sale Prof de Nicolas Revol, Fixot, 1999 ; La violence en milieu scolaire de Jacques Dûpaquier, PUF, 1999 ou encore Les violences scolaires de Jean- Louis Lorrain, PUF, 1999.

93 Les Territoires perdus de la République d'Emmanuel Brenner, Fayard- Mille et Nuits, 2002