Chapitre II - Vers une définition des « zones de non-droit »

Du Val Fourré (Mantes la jolie, 78) au Mirail (Toulouse, 33) en passant par les quartiers nord de Marseille (13) on peut établir un certain nombre de caractéristiques communes à ces quartiers. Olivier Foll en a tracé les contours : « certains quartiers sont de véritables ghettos dont nous avons perdu le contrôle suite au lâche abandon de l'Etat. Il ne fait pas bon y être policier, gendarme, pompier, professeur ou même postier. Tout représentant d'une forme d'autorité quelle qu'elle soit s'y voit outragé, violenté, caillassé, ou pire encore. Ce sont des « cités-dortoirs » dans lesquelles les habitants, pour l'immense majorité, vivent dans des conditions très difficiles. Ces gens restent cependant attachés à leur cité, à leur quartier, bien qu'ils n'osent esquisser le moindre geste de protestation par peur de représailles (...)

Nos institutions sont reproduites à l'envers dans ces quartiers : il y a des dirigeants, une hiérarchie qu'il faut respectée, des lois, une justice, une école, une économie, des circonscriptions. Ces zones sont comme des états dans l'Etat. Ces circonscriptions et arrondissements appartiennent à des bandes, l'économie se fonde sur le trafic de stupéfiants, l'école est celle du crime, la justice celle des armes, la loi, celle du plus fort, la hiérarchie, des casseurs, voleurs, racketteurs, dealers et dirigeants, des caïds symbole de réussite et de respect pour toute la communauté. »39

Dans un entretien donné au Parisien Malek Boutih président de SOS Racisme affirmait même : « il y a des gens qui tirent un bénéfice direct de la dégradation des banlieues. Ce sont tous ceux qui organisent le trafic de drogue et qui pensent créer des zones hors de la société. » 40

 


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39 op. cité L'insécurité en France, Olivier Foll, p 18

40 Le Parisien, 10 mars 2001