Issues d'un pays instable et violent, les organisations criminelles nigérianes ont su s'imposer au plan mondial. Ainsi, les clans nigérians se sont implantés dans des pays abritant déjà une forte communauté nigériane. Anglophones, les nigérians se sont installés pour y étudier ou pour travailler dans les pays d'Amérique du Nord ou de Grande-Bretagne mais aussi dans les anciennes colonies de celle-ci, comme l'Inde. On peut également noter une communauté nigériane en Asie du Sud-Est : des bataillons nigérians y avaient en effet été envoyés par l'armée britannique pour combattre les japonais durant la Seconde Guerre Mondiale. De même, le boom pétrolier des années 70 a attiré au Nigeria des ouvriers d'origine indo-pakistanaise. Aussi, les clans nigérians ont pu installer des réseaux internationaux.

Selon les services de renseignements occidentaux, il existerait au Nigeria même des "boss" entourés de "sous-boss" ou de lieutenants, qui seraient à la tête de "cellules"¹¹. Ces "cellules" (entre 85 et 500 à travers le monde, selon les services américains) compteraient une quarantaine de membres chacun¹². Ces cellules, actives à travers le monde mais ayant leurs bases au Nigeria, sont notamment actives dans le trafic de stupéfiants ( A ), la criminalité astucieuse ( B ) et le proxénétisme ( C ). On dit même que les nigérians contrôlent mieux le trafic de stupéfiants que leur propre production de pétrole. Et pour le Général Barry MacCaffrey, ancien "tsar anti-drogue"¹³ américain : "les Russes sont, avec les Nigérians, les organisations criminelles les plus dangereuses basées aux Etats-Unis"¹⁴.

11 "Orga nised Crime around the World" - European Institute for Crime Prevention and Control - 1998. Certaines sources évoquent également l'existence de rites initiatiques pour entrer dans l'organisation.

12 Cité dans "Le Soir" du 17 août 1996.

13 Surnom donné au Directeur du "Office of National Drug Control Policy" (Bureau National de Politique du Contrôle des Drogues).

14 "Periscope" - Bulletin de l'Association des Anciens Officiers de Renseignement (AFIO) - janvier 1998.