§3 L'affaire Chalabi

Mohammed Chalabi est l'aîné de quatre frères. Ses activités criminelles commencent au début des années 70, au sein du « gang de la banlieue sud ». Il tombe pour la première fois en 1975, à l'âge de 20 ans. 7 ans plus tard, il retourne en prison pour trafic de drogue.

Ses frères suivront le même chemin (viols, viols aggravés, vols avec violence).

En prison, Mohammed Chalabi découvre le « véritable » Islam, vraisemblablement au contact de visiteurs (membres du Tabligh ?, mouvement que nous verrons dans la suite de cette étude). Dés lors, il bascule dans l'activisme. A sa sortie, il retourne à Léveillé, un quartier d'Alger, pendant deux ans.

A son retour, Chalabi semble « se ranger ». Il achète deux cafés à Rungis et une petite usine d'emballage et de levage à Villeneuve-le-Roi.

En fait, les trafics continuent en parallèle : héroïne, armes et faux papiers. Cependant, ce « business » sert désormais « la cause ».

Celui-ci se fait à travers deux processus : la prise de contrôle du lieu de prière et la formation de la jeunesse.

Chalabi prend ainsi le contrôle de la mosquée de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). Peu à peu, il prend la place de l'imam. Il prononce lui-même des prêches enflammés contre le pouvoir algérien. Il appelle à la résistance en France. La menace sert à écarter les fidèles récalcitrants.

Il crée également à Orly (Val-de-Marne), son lieu de résidence, l'Association Educative des Musulmans de France (AEMF). Les activités sont multiples : cours de religion, activités sportives, etc. L'objectif est en fait la fidélisation des jeunes. Pour ce faire, Chalabi se montre très généreux (argent donné aux parents nécessiteux, vélos offerts aux enfants...). Est également mis en place une stratégie d'isolement des enfants. Ainsi, une camionnette vient chercher à domicile les élèves pour les emmener au local de l'AEMF. Finalement, ces jeunes constituent peu à peu un groupe à la limite du sectaire, abreuvé de messages politico-religieux radicaux.

Mohammed Chalabi se lance dans un véritable soutien aux maquis algériens. Il utilise l'AEMF comme couverture (avec notamment des essais d'explosifs pendant les promenades éducatives en forêt).

Ce que la presse a appelé le « réseau Chalabi » se composait en fait de trois branches, dont une animée par Mohammed Chalabi.

Finalement, le 8 novembre 1994, 77 islamistes sont arrêtés : un important réseau de soutien au GIA tombe.

Si la France a « rapidement » réglé le cas Kelkal, les réseaux logistiques proposent un défi différent. La menace est moins perceptible mais tout aussi préoccupante.

L'alliance du terrorisme et des milieux de droit commun n'est pas nouvelle, surtout en ce qui concerne le financement. Ce qui est nouveau, c'est l'auditoire et le nombre de jeunes délinquants prêts à basculer dans l'activisme, à apporter leurs soutiens à « la cause ». Les exemples précédents montrent que le passage à l'acte relève plus de dérives individuelles que d'un système clairement organisé (le fantasme de la « cinquième colonne »). Cependant, ces dérives sont favorisées par la diffusion de messages de plus en plus radicaux. Il convient donc d'aborder maintenant les dangers de l'islamisme radical préché dans certaines de nos banlieues.

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