" La technologie sur laquelle repose le cyberespace est essentiellement constitué par le développement et l'utilisation intensive des réseaux de communication »7
L'architecture du réseau
Comment à partir
de la structure maillée décentralisée de noeuds d'informations
s'est organisé le réseau ? il est très difficile de
visualiser aujourd'hui la forme type du réseau.
Les métaphores
utilisées par les spécialistes peuvent être très
diverses , la représentation reste mystérieuse et polymorphe
à l'image de ce labyrinthe. " Internet est aujourd'hui bâti
sur un modèle pyramidal à quatre niveaux. Au bas de la pyramide
se trouvent les utilisateurs finaux ou ordinateurs hôtes. Puis viennent
les fournisseurs régionaux ou nationaux d'accès au réseau,
chargé de relier les ordinateurs hôtes à la boucle
mondiale ou « backbone ». Les organismes de dimension continental
gèrent ensuite l'interconnexion des réseaux nationaux ou
régionaux. Enfin , les organismes mondiaux assurent l'interconnexion
globale. Le transport des données sur Internet requiert ainsi le
passage de trois boucles successives : la boucle locale ( de l'ordinateur
hôte au point de présence du fournisseur d'accès ),
la boucle nationale ( du point de présence du fournisseur d'accès
jusqu'à la passerelle vers le blackbone), et enfin la boucle internationale
( qui constitue à proprement parler l'épine dorsale du réseau).
Ces différentes boucles sont constituées de noeuds ( serveurs,
passerelles, routeurs) et les liens d'une grande hétérogénéité
( lignes téléphoniques, fibre optique, ondes radio, liaisons
satellite. »8
Pour d'autres chercheurs, Internet doit être comparé - autoroute
de l'information oblige- à un réseau de transport comme un
autre qui empruntent des routes et chemins et qui doit passer par des péages
ou échangeurs ( routeurs). Mais, avec le développement exponentiel
du réseau, les chercheurs et les publicitaires aimeraient pouvoir
cartographier Internet .Une étude scientifique récente (
projet webmap) a été lancé afin d'améliorer
l'efficacité des moteurs de recherche. Les premiers résultats
permettent d'envisager le réseau comme un corps humain bien organisé.
Les mathématiciens du projet déchiffrent les données
pour mettre à jour les organes principaux : « Ce qui les a
amenés à faire quelques découvertes intéressantes.
Ils distinguent deux sortes de données : les noeuds et les terminaisons.
Les pages correspondent aux noeuds, les liens qui permettent d'y accéder
étant les terminaisons. En recensant la myriade de liens qui existent
, IBM a réussi à identifier quatre régions principales,
contenant chacune 50 millions de pages, qui ressemblent à une pieuvre
stylisée arborant un noeud papillon géant.9
La convergence des technologies
« A la fois point de convergence , catalyseur et laboratoire de l'économie numérique, Internet transcende les trois industries-piliers que sont l'informatique , les télécommunications et l `audiovisuel, pour produire quelque chose de radicalement neuf, d'autonome et de révolutionnaire : une industrie de quatrième dimension en quelque sorte, aux retombées puissantes sur l'ensemble du système économique »10
Grâce aux protocoles
numériques universels développés sur Internet, le
réseau des réseaux peut transporter tous les types d'informations
: textes , sons et images.
La communication multimédia
est née et peut associée des bases de données informatiques
, des dessins , des images et des sons. Le support de diffusion n'est plus
cloisonné comme avant ( le téléviseur pour l'image
et le son, l'ordinateur pour le texte et le magnétophone pour le
son). De même les voies d'acheminement ne sont plus limitatives,
l'information numérique peut se mouvoir par l'intermédiaire
des fibres optiques, des ondes satellites et des fils électriques
qui sont organisés en réseaux de communication. De même,
Internet a favorisé l'apparition des langages de programmations
universel des ordinateurs.
« La vertu de
Java est de rendre compatibles entre eux les ordinateurs dotés de
système d'exploitation différent , facilitant ainsi la circulation
des logiciels d'application et des ressources informatiques sur le réseau
»11
.
Le nouvel espace : la disparition des frontières
L'espace a toujours été pour l'individu et la société un repère fondamental pour prendre conscience de son identité, de ses limites , de l'altérité, de la connaissance. L'homme a toujours essayé de dépasser le stade de la « terra incognita » et de délimiter, de cartographier, , d'identifier les « nouveaux espaces ». Dans ce travail de représentation de l'espace, l'homme cherche à évaluer par le système des échelles , les distances , les reliefs, les voies de passages , les frontières ...
Le cyberespace annihile et écrase la notion de distance . Internet , lieu ou se déplacent et se transforment les informations, les images, et les données permet instantanément de délivrer des messages électroniques localement et au bout de la planète .Ce média est donc un des outils de la globalisation et de la mondialisation. Certains spécialistes parlent pour Internet , d'un nouveau Far West à conquérir. La circulation sur le net est sans contrôle et sans frontière. Les seules barrières sont linguistiques. Mais le cyberespace n'est pas complètement virtuel, il se compose d'éléments humains, matériels et logiciels. En effet, les ordinateurs sont connectés et reliés entre eux, grâce à des installations techniques : câbles, fibres optiques, satellite... Pour se déplacer dans ce cyberespace , il est nécessaire de se munir d'un guide de navigation( logiciels ) et de bon pilote qui peuvent emprunter en toute connaissance de cause les couloirs de navigation. « Evidemment, l'établissement d'un moyen de communication et d'accès aussi larges que les autoroutes électroniques pose le problème du contrôle de l'information, des droits d'auteur et de la déontologie à respecter. »12
Un univers virtuel
D'après la définition du dictionnaire l'adjectif virtuel vient du latin « Virtus » : vertu. Il indique la force, la possibilité , la probabilité qui existe à l état latent chez un être et qui peut s'extérioriser et se réaliser Mais progressivement cette notion prend une autre envergure, elle ne se limite plus au probable, elle exprime une réalité mais qui s'exprime et se visualise de manière dissimulée, souterraine. « Le virtuel nous propose une autre expérience du réel. La notion communément perçue de réalité se trouve soudainement comme remise en question, du moins en apparence. Car les réalités virtuelles ne sont pas irréelles , elles possèdent une certaine réalité, ne serait-ce que par les photons qui viennent frapper notre rétine et les secousses que les simulateurs nous infligent ; Les expériences virtuelles sont a priori assimilables aux expériences sensorielles réelles que nous accumulons naturellement . Les images virtuelles ne sont pas de simples illusions visuelles , des images de pures représentation. »13
Dans le monde virtuel, la perception personnelle est composée de manière inextricable de la réflexion, la modélisation, l'intelligible et du sensible, de la perception. Il est difficile de faire la part des choses .« la création des mondes virtuels capables de nous faire ressentir de nouvelles formes d'abîmes serait la meilleure preuve de leur importance épistémologique et artistique. Les vertiges virtuels seront peut- être un nouvel « opium » pour les assoiffés de fuite hors du monde . Ils seront aussi la condition d'un regard plus acéré et plus assuré sur le réel. » 14
L'accélération du temps
Les autoroutes de l'information
et particulièrement Internet ont une rôle perturbateur sur
notre perception du temps. Les informations , les données transitent
et voyagent instantanément. L'utilisateur peut avoir l'impression
de perde le contrôle de la transmission de son message par les effets
de vitesse. Cette rapidité des transferts des messages pose la question
de la vérification et de la vulnérabilité de l'information.
L'acquisition de l'information devient un des enjeux principaux de nos
sociétés . Mais en même temps : « Celui qui sait
plus vite et mieux détient les clés du succès et assure
la maîtrise sur ceux qui en savent moins. »15
7Serge Fdida,1997 , op.cit, p 6.
8Laurent Cohen-Tanugi, Le nouvel ordre numérique,Odile Jacob, 1999, p 100
9Robert Burder, Sous la toile, une pieuvre avec un noeud papillon, Upside Magazine ,San Francisco, traduit dans « Courrier International »,n° 512, du 24 au 30 août 2000, p 44
10Laurent Cohen-Tanugi,1999, op cit, p 97
11Laurent Cohen-Tanugi,1999, ibid , p 35
12Serge Fdida,1997, op cit., p 97
13Philippe Quéau, Le virtuel, vertu et vertiges, Champ Vallon, INA, 1993, p 15
14Philippe Quéau,1993,op.cit, p 25
15Daniel
Martin, La criminalité informatique ,PUF, 1997, p X