I - Appréhender

1°) Ce qu'on entend par « nouvelles menaces » ne peut être efficacement appréhendé, contré, battu, que grâce à des techniques de décèlement précoce.

2°) User de ces techniques est désormais crucial, ce pour au moins deux raisons :

- Le système international est en voie de décomposition. Conçu après la seconde Guerre mondiale, il a pour l'essentiel résisté jusqu'à la parenthèse historique 1989-2001. Mais aujourd'hui, l'ONU et l'Union Européenne sont fragilisées, et l'Otan agonise. Au-delà, se dénouent aujourd'hui une foule d'accords de coopération et d'engagements internationaux, jadis conçus pour résister au communisme. Par son existence même, cet entrelacs serré permettait de parer certains coups - et amortissait au moins les autres. Cette trame défaite et pour l'avenir prévisible, les coups - notamment terroristes et criminels - toucheront l'Europe plus vite, lui feront plus mal.

- Durant la guerre froide, toutes les menaces (visant au moins le « bloc occidental ») étaient lourdes, stables, lentes, y compris le terrorisme. Les « nouvelles menaces » sont toutes chaotiques, fugaces, a-logiques - parfois fulgurantes. Pouvant provoquer des ravages énormes, elles doivent donc être détectées puis neutralisées au plus tôt.

3°) Ainsi, à l'aube du XXIème siècle le décèlement précoce est-il crucial - mais il ne va pas de soi ; seul s'engage fructueusement dans cette voie celui qui a discerné que seul ce qu'on n'a pas vu, ce qu'on n'a pas voulu voir, ce qu'on a négligé, ce à quoi on n'a pas cru, est vraiment dangereux aujourd'hui.

Ce point est décisif - mais pose problème : si ce qu'on sait n'est pas le plus dangereux, comment accéder à ce qu'on ne sait pas ?

Cette étude espère démontrer que c'est possible, au prix d'un effort (intellectuel) : pour accéder à ce qu'on ne sait pas, il suffit de comprendre et d'accepter que ce qui nous empêche de savoir est en nous. Que les obstacles ne sont pas le moins du monde dressés par les entités dangereuses du chaos mondial, dans le but de nous égarer - mais sont au contraire dans nos têtes.

4°) Levons ces obstacles. Sachons éliminer « ce qui recouvre, ce qui est figé et ce qui est devenu abstrait ». Empruntons la voie du décèlement précoce. Notre pronostic est qu'alors, voyant ces entités menaçantes nues sous notre loupe, ex-posées telles qu'elles à notre observation, nous réaliserons qu'elles sont tout sauf surhumaines, plutôt fragiles et finalement, à notre portée.

L'auteur de ces lignes ne parle pas en l'air 4. Dans la voie du décèlement et de l'intervention précoces, des expériences ont déjà été tentées. Elles valident - O mânes de Mao - la formule « oser lutter, oser vaincre ». Elles démontrent qu'il n'y a pas de forteresse - criminelle, terroriste, ou autre - imprenable. Elles confirment que seules les batailles qu'on craint de livrer sont à coup sûr perdues.

 

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4 Voir à l'annexe 2, un exercice concret - et publié - de décèlement précoce d'une menace grave.