L'entrée dans le « business » criminel
L'urgence est ici d'amorcer la pompe ; de vite susciter
du « cash ». Le plus simple est donc le « braquage » bas
de gamme : petits commerces, supermarchés, etc.
Une fois aguerris, les braqueurs ciblent les banques
ou autres établissement détenant des fonds : bureaux de poste,
etc., tout en transmettant leur « savoir-faire» aux petits frères
ou aux copains de cage d'escalier. En février 2002, des policiers du Val-de-Marne évoquent
ainsi l'« école de braquage » de la cité Balzac, à Vitry.
Là, de père en fils, d'oncle à neveu, apparaît une
seconde génération de bandits impulsifs et brutaux. Au total cinq équipes
d'une dizaine de membres, qualifiés de « serial-braqueurs » par
les policiers, car attaquant les banques de la banlieue sud-est de Paris jusqu'au
Luxembourg, en enfilade et au culot, sans repérage ni préparatifs ;
et compensant la faible « qualité » de leurs prestations par
le nombre de cibles attaquées.
D'autres types de hold-up permettent de récupérer
des biens ou marchandises :
. attaques de camions avec cagoule et arme à feu, à proximité des
gares routières et aéroports. Imparable : le routier est seul et
on ne peut mettre une patrouille derrière chaque poids-lourd. Vêtements
de marque, téléphones portables, matériel hi-fi, etc. :
le fret pillé est vite revendu au « marché aux voleurs » de
la cité (où on le dit ironiquement « tombé du camion »)
- quand il n'a pas été volé sur commande.
. « Home-jacking » ou « car-jacking »,
des formes récentes du vol de véhicule, apparues quand les serrures
et systèmes de blocage des voitures, toujours plus complexes, ont dépassé les
capacités de jeunes malfaiteurs, rarement mécaniciens ou informaticiens
d'élite.
Le « home-jacking » est le vol
de voiture au domicile de la victime, souvent la nuit, pendant son sommeil.
Ces vols augmentent fortement : 1 400 en France en 2001, 750 de janvier à mai
2002.
Le « car-jacking » ou vol de voiture
avec violence, consiste s'emparer du véhicule à l'aide d'une arme
blanche ou d'une bombe lacrymogène, soit à un feu rouge ou au parking,
soit en simulant un accident. Il n'existe pas de statistiques précises
sur ce type de VAV, mais le Centre de documentation des assurances l'estime « plus
répandu encore que le home-jacking ».
Après-coup, le véhicule est en général
revendu « encore chaud », pour un prix dérisoire ; le tout étant
ici de faire du « cash » rapidement.
N'oublions pas que le malfaiteur a toujours un instinct
territorial poussé. Pour la nouvelle génération criminelle
ici présentée, ce « patriotisme de cité » n'exclut
pas un « business » qui prend aujourd'hui deux formes vérifiables :
. Les squats payants : dans cette forme criminalisée
du « Droit au logement », une bande - en avril 2002, par exemple, celle
de la cité de la Noé à Chanteloup-les-Vignes (Yvelines)
- force une porte d'appartement attendant sa relocation et le « loue » à des
migrants souvent clandestins, pour un « droit d'entrée », ici
de 1 200 Euros. En avril 2002 et pour cette seule cité, 80 logis ont ainsi été « loués ».
Les voisins des squats sont bien sûr menacés de représailles
brutales, s'ils avertissent le bailleur.
. Le racket : au printemps 2002, on constate,
dans le secteur Bagnolet-Montreuil de ce « laboratoire criminel » qu'est
la Seine-Saint-Denis, une frappante augmentation des incendies criminels de commerces,
d'abord des restaurants. Ici, les victimes sont des commerçants maghrébins
que l'on « met en condition », ou encore qu'on « punit » pour
avoir refusé la « protection » tarifée qu'on leur
proposait.
Page précédente | Sommaire | Page suivante