1. La piste des documents négligée .

Et cependant, on ne prête généralement pas grande attention aux documents .

Les données de base (nom, nationalité, ...) sont généralement relevées lors d'une arrestation . Toutefois, elles ne le sont pas toujours avec grande précision . Combien de confusions entre les albanais de nationalité et les albanais ethniques ressortissants d'autres Etats ? Combien de Macédoniens encore signalés comme Yougoslaves ? Autant de pistes égarées lorsqu'il s'agit de remonter les filières .

Si les données de base sont relevées, c'est déjà beaucoup plus rarement le cas, par exemple, des visas figurant sur un passeport . Et cependant, ces éléments non seulement permettent de retracer le parcours de l'individu intercepté, mais donne également des indices permettant d'identifier ses contacts : dans l'espace SCHENGEN, un visa accordé à un ressortissant des Etats de la région des Balkans se fonde sur une invitation émanant d'un ressortissant du pays visité .Ce n'est pas sans motif que les trafiquants confisquent les passeports de leurs victimes dans le cadre des filières de la traite des êtres humains .

Ces données ne sont, par contre, presque jamais rassemblées, et les réunir semble une tâche quasi insurmontable même pour un service de police zélé . Considérant les moyens technologiques actuels, on doit en déduire qu'il s'agit là probablement du résultat d'une méconnaissance de l'intérêt d'un tel exercice .

Ces données ne font donc quasi jamais l'objet de comparaison et consolidation informatique, seul procédé, cependant, capable de retracer les flux et les responsabilités en amont, qui donnent accès à nos territoires à ces visiteurs indésirables . Seul procédé susceptible de permettre de s'attaquer aux coeur même des filières de la circulation de l'illégalité .

Au niveau judiciaire également, les documents sont généralement négligés, et les magistrats ne recherchent que rarement les conditions d'obtention des passeports et visas des étrangers arrêtés . Quant aux victimes de la traite des êtres humains, elles sont très souvent expulsées avant qu'une quelconque enquête puisse être menée à ce sujet .

Plus rares encore, sinon inexistantes, sont les instructions judiciaires (lorsqu'il y en a) qui font le lien entre ces documents interceptés aux quatre coins de la planète, pour en examiner les « coïncidences » .Cependant, une accumulation de hasards trop favorables aux mains malveillantes, surtout s'ils se reproduisent dans le temps, sont des indices sérieux de réseaux organisés.


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