ANNEXE III: LE PAYSAGE MENTAL DES COMMUNISTES COMBATTANTS

Extrait de : "Euroterrorisme : comprendre pour combattre", de Xavier Raufer, Politique Internationale N° 30 - Hiver 85/86

"L'idéologie de ces OCC est d'une terrifiante simplicité. Voici comment les combattants d'Action directe, ou de la Fraction armée rouge voient le monde qui nous entoure:

A leurs yeux, deux faits majeures permettent «l'analyse de la période» : la domination d'une moitié de la planète par un camp impérialiste que contrôlent de grands groupes multinationaux ; et l'existence d'une crise durable, profonde et insurmontable par des procédés économiques classiques. Or, à l'âge de l'impérialisme, un seul moyen peut permettre de remédier à la disproportion entre le développement des forces productives d'une part, et le partage des sphères d'influence par le capital financier, d'autre part. Ce moyen, c'est la guerre impérialiste. Le début de ce que les médias appellent "la crise" (1973), est en réalité celui d'une nouvelle avant-guerre, et l'on assiste à une mise en ordre de bataille du camp impérialiste, sous la direction de son chef de file, les Etats-Unis. Le coeur de ce dispositif impérialiste est l'Europe, qui sert de laboratoire à la mise au point d'un nouveau fascisme dont la généralisation est la condition ,sine qua non du déclenchement du conflit sans lui, pas de mise au pas des classes ouvrières des pays du camp impérialiste, pas de militarisation de l'économie, pas d'industrie de guerre productive. L'état major, le centre opérationnel de ce nouveau fascisme est l'OTAN, instrument par lequel le suzerain impérialiste (les Etats-Unis) pilote ses vassaux (les pays de l'Europe occidentale), réalise ses plans militaires, insuffle son idéologie.

La mise en place sournoise, à bas bruit, de ce nouveau fascisme à base de «flicage informatique», de contrôles sociaux décentralisés, d'une véritable entreprise d'hypnotisation des masses (la télévision), rend inopérantes les formes d'organisation traditionnelles de la classe ouvrière (parti légal de masse, syndicat). La preuve ? Margaret Thatcher a pu, sans coup férir, écraser la grève des mineurs britanniques, pourtant fer de lance du prolétariat anglais, aux glorieuses traditions de lutte.

Cette période de préparation de la guerre impérialiste se caractérise par une grande passivité des masses et une trahison des chefs du prolétariat (sociaux-démocrates en Europe du Nord, communistes dans les pays latins) qui se laissent corrompre et passent «dans le camp de la bourgeoisie». Tout cela est classique. Ce qui est nouveau, en revanche, c'est le fait atomique. La troisième guerre mondiale impérialiste met désormais la planète en danger de mort : l'holocauste nucléaire est imminent.

Comme ce fut le cas lors des deux grands conflits impérialistes précédents, seule une minuscule avant-garde a conscience de ce péril et voit le train filer vers l'abîme. Cette avant-garde est réduite à quelques noyaux, isolée, cernée par l'aveuglement général, confrontée à une puissance hostile écrasante. Sa responsabilité est donc immense : déjouer le complot impérialiste, faire éclater au grand jour la nature fasciste des pseudo-démocraties occidentales : empêcher, enfin, l'holocauste atomique.

Pour ce faire, cette avant-garde doit abandonner momentanément le lien qui l'unit aux masses prolétaires, plonger dans la lutte armée, lancer tout de suite - il y a urgence - la guérilla prolétaire dans les «métropoles-impérialistes capitalistes».

Jaurès, dans son Histoire socialiste de !a Révolution française, disait que les hommes de 1793, mettant la terreur à l'ordre du jour, «demandaient à la mort de faire autour d'eux l'unanimité immédiate dont ils avaient besoin». L'Euroterrorisme, persuadé, dans sa vision paranoïaque du monde, d'être confronté à un danger mille fois plus grand (il ne s'agit plus du sort de la Révolution, mais de celui du monde !), réagit semblablement: s'il faut tuer, alors on tuera."

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