DEUX POINTS DE VUE SUR LES MOUVEMENTS ISLAMISTES : GEORGES HABBACHE ET MOAMMAR KHADAFFI

Georges Habbache parle du Jihad Islamique des territoires occupés.

(Ces commentaires sont à première vue surprenants si l'on se souvient que Habbache professe un marxisme-léninisme rigide, et que le FPLP est agressivement laïc. Cette laïcité par rapport à l'Islam se comprend d'autant mieux que Habbache lui-même, beaucoup des cadres du Front et une large part de sa base sont chrétiens grec-orthodoxes.)

Extraits d'un entretien publié dans "Democratic Palestine" de décembre 1987

"Je tiens à dire d'emblée mon respect et mon admiration pour ce phénomène qu'est le Jihad Islamique de Palestine occupée, pour les coups très durs qu'il a porté à l'ennemi sioniste. Nous lui tendons la main pour qu'une coopération s'instaure contre l'ennemi sioniste. Je confirme votre impression : cette tendance se développe au dedans comme au dehors de la Patrie occupée. Et ce phénomène n'est pas propre à la seule Palestine : il se manifeste dans une majeure partie du monde Arabe, et dans plusieurs pays en développement.

Les raisons de cette croissance sort multiples : difficultés dans le processus de Libération socio-économique, problèmes de développement, faiblesse des partis ouvriers. Cette situation pousse les masses à rechercher toutes les voies possibles pour atteindre leurs objectifs. Pendant l'ère Nasserienne, ce courant ne pouvait croître comme il le fait aujourd'hui, car les masses estimaient le Mouvement Nassérien capable de satisfaire leurs aspirations. Mais quand la direction Nassérienne a renoncé à conduire la libération socio-économique, les masses se sont tournées vers d'autres horizons.

Ajoutons à ces facteurs la victoire de la révolution Iranienne. Cette expérience a impressionné les masses et ses effets se sont faits sentir par tout le monde Arabe et Islamique. Une autre raison a été les encouragements, de l'impérialisme et de la réaction Arabe aux fondamentalistes : cela servait leurs intérêts et contrebalançait l'influence croissante des forces nationalistes et marxistes dans la région. L'Arabie Séoudite a largement pourvu ces farces en moyens matériels. L'Egypte d'Anouar El-Sadate a encouragé un moment le développement des groupes Islamiques. Le régime jordanien a donné carte blanche aux Frères Musulmans et à d'autres groupes dans le royaume. Mais je m'empresse de souligner que le Jihad Islamique [de Palestine, NDR] est différent de ces mouvements : les autres mouvements Islamiques s'opposent aux forces nationalistes et progressistes en Palestine occupée ; le Jihad, lui réserve ses coups à l'ennemi sioniste.

Le processus d'unification engagé à la session d'avril 1987 du CNP va conduire à des réformes politiques et organisationnelles dans l'OLP, qui devrait réserver une place plus importante à la lutte armée. Le courant Islamique, lui, ne parviendra. à contrôler le mouvement palestinien que si l'OLP se détourne de la lutte armée, s'écarte de son programme nationaliste.

En outre, si la classe ouvrière n'est pas en mesure de susciter une alternative, les masses palestiniennes se tourneront vers ceux dont elles pensent qu'ils sont capables de satisfaire leurs aspirations.

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