LES LIENS ENTRE LA SYRIE DE HAFEZ EL-ASSAD ET L'IRAN ISLAMIQUE LA DIMENSION OCCULTEE

Pour expliquer la permanence des liens entre la Syrie de Hafez El-Assad et la République islamique d'Iran, on a généralement recours à l'économie (les livraisons gratuites de pétrole de l'un à l'autre). Ou à la Real Politik (haine de l'Irak). or si ces deux facteurs ne sont pas négligeables, ils semblent secondaires par rapport à la dimension proprement religieuse des liens qui existent depuis bientôt soixante ans, entre "Alaouites" et Chi'ites duodécimains.

Révéla ces rapports souterrains va nous imposer de plonger, le temps de quelques explications préliminaires, dans l'univers fascinant - et farfelu - de l'hérésiographie islamique10.

Ceux que l'on appelle improprement les "Alaouites" de Syrie sont en réalité les disciples d'un personnage pittoresque nommé Abou Chou'ab Mohamed Ibn Nusaïr An-Numaïri, un Perse, notons-le, mort en 883 après JC, qui fréquenta les cénacles des trois derniers Imams Chi'ites11. Les enseignements et les déclarations d'Ibn Nusaïr lui valurent d'être chassé de l'entourage de ceux-ci, et maudits par eux. En outre, les Imams avertirent leurs fidèles du côté dangereux des théories qu'avançait Ibn Nusaïr.

Ibn Nusaïr se proclama alors la seule autorité légitime capable de rendre et d'interpréter les enseignements des Imams, du fait des relations spéciales qu'il avait avec eux. Il finit par se proclamer la "Porte" des Imams, c'est-à-dire :

- Le seul moyen d'accès à l'enseignement ésotérique des Imam pendant leur occultation,
- Le seul héritier de leur savoir,
- Leur seul représentant sur terre.

En même temps, Ibn Nusaïr rejeta le dogme fondamental de l'Islam qui fait de Mahomet le "Sceau des Prophètes", celui qui clôt le cycle des prophéties ; et s'affirma Prophète et Messager de Dieu.

A partir de son enseignement se développa une religion ayant finalement peu à voir avec l'Islam, même dans sa variante Chi'ite duodécimaine, mais offrant en revanche des ressemblances frappantes avec le Chi'isme septimain (Ismaélien) et le culte des Druzes12 :

. Déification des 12 Imams, supérieurs à Mahomet,
. Pratique ésotérique intensive,
. Abolition des 5 règles de l'Islam (prière, aumône, jeûne, pèlerinage et profession de foi),
. Enseignement religieux saxo, progressif, initiatique et interdit aux femmes,
. Livres sacrés secrets, différents du Coran,
. Croyance en une trinité divine composée d'Ali (en N° 1), de Mahomet et de Salman El-Farsi (le premier compagnon Perse du Prophète),
. Culte rendu à des fontaines, des arbres sacrés, des étoiles sacrées (Ali est adoré comme "Prince des étoiles".
. Croyance en la réincarnation et la transmigration des âmes,
. Repas sacrés où l'on partage le pain et le vin, chair et sang de Dieu.

Cet extraordinaire macédoine de Chi'isme extrémiste, de Christianisme arménien, d'hindouisme et d'astrologie persanne idolâtre a été naturellement condamnée avec la plus extrême vigueur dans les hérésiographies Sunnites et Chi'ites, ou les Nusaïri - nom secret de la secte - sont qualifiés de "Ghoulat" (ceux qui dépassent les bornes) en divinisant Ali, ce que les Chi'ites duodécimains- ne font pas.

La religion Nusaïrie affirme de la façon la plus formelle la supériorité des Perses sur les Arabes et révèle que dans le cycle de la prophétie qui s'achève par la sainte trinité Ali- Mahomet-Salman-El-Farsi, le rôle essentiel, la sagesse spirituelle suprême, sont dévolus à une théorie de souverains Perses. Les Nusaïri font d'Ali le dieu du feu et de la lumière, concept central des anciennes religions perses et du Zoroastrisme en particulier :

"Le Très Haut [Ali, ndt] a déposé sa sagesse parmi les Perses et s'en est allé, très content de ceux-ci. Il promit de revenir. Il est celui qui a dit que Dieu tout puissant a déposé son mystère parmi les Arabes, s'est manifesté parmi eux, et les a destinés à le recevoir. Mais vous l'avez perdu, ce mystère tandis que les Perses l'ont conservé, après même sa disparition, par les moyens du feu et de la lumière grâce auxquels il s'était manifesté."13

Par ailleurs, l'une de leurs fëtes religieuses principales est le Nowrouz, le Nouvel An Perse pré-islamique, qui se célèbre au printemps, période où la lumière l'emporte sur les ténèbres.

La condamnation la plus sévère de la secte Nusaïrie - que les authentiques Alaouites, ceux d'Anatolie et du Kurdistan, refusait d'accréditer - a été prononcée par l'un des grands penseurs de l'Islam médiéval, Ibn Taymiyya, dans sort célèbre "Fatwa sur les Nusaïri", "Pires que les juifs, les chrétiens, pires même que les païens" :

"Ceux qui sont appelés les Nusaïri, comme les Carmates, sont plus infidèles que les Juifs ou les Chrétiens. Oui, ils sont plus infidèles encore que bien des polythéistes et le mal qu'ils font à la communauté de Mahomet est pire que ce qu'accomplir les infidèles Turcs et Francs ..."14.

· Du fait de leur théologie
- Divinisation d'Ali et de sa descendance
- Haine des trois premiers califes,
- Rejet de l'idée de résurrection,
- Foi en la transmigration des âmes,

· Du fait de leur supposée dépravation
-Licence sexuelle et consommation d'alcool,
-Du fait enfin de leurs constantes trahisons de l'Islam : Les Nusaïri furent en particulier les alliés des Croisés, puis des Mongols. Pour Taymiyya, ils ne sont que des incroyants, des hérétiques et des idolâtres.

Ce n'est pas par hasard si l'un des chefs des Frères Musulmans Syriens, Marwan Hadid, était lui-même le disciple du principal doctrinaire de l'Islamisme radical égyptien contemporain, Seyyed Qoutb, qui fonda ses écrits sur la pensée de Taymiyya. Hadid souligna en particulier que les Nusaïri persévéraient dans leur trahison de l'Islam : ne s'étaient-ils pas entendus avec les colonisateurs français avant la guerre ? N'avaient-ils pas volé au secours des chrétiens libanais en 1976 ? Enfin, Ibn Taymiyya recommandait d'excommunier les Nusaïri de surtout ne jamais les employer comme soldats aux fronts de l'Islam : pouvait-on avoir confiance en eux, concluait Hadid, pour lutter en première ligne contre Israël ? D'autant plus que le premier de tous les "ghoulat", divinisateur d'Ali de son vivant même, fut Abd Allah ibn Saba, un juif yérnénite converti à l'lslam.

Bref, pour les Frères Musulmans syriens, les Nusaïri ne sont purement et simplement pas des musulmans, et la religion d'Ibn Nusaïri n'a rien à voir avec celle révélée par Mahomet

Ce risque énorme de rejet de l'Islam, de condamnation globale pour hérésie - péché mortel à tout coup - a poussé la secte Nusaïrie à tout tenter, depuis le début de ce siècle, pour se faire délivrer un certificat de bonnes moeurs Islamiques par d'authentiques et incontestables autorités religieuses musulmanes.

La première démarche de la secte fut de se faire attribuer la qualification d"'Alaouite" par la puissance mandataire française en 1922 : ils pouvaient ainsi plus aisément prétendre être une secte Chi'ite, donc, dans l'Islam. Et puis la personnalité d'Ali était plus glorieuse, plus charismatique aux yeux du monde musulman, que celle d'Ibn Nusaïr...

L'apparentement Chi'ite, enfin, n'était pas entièrement incroyable : Nusaïri et duodécimains ayant un point d'accord minimal, celui de reconnaître la lignée des 12 Imams.

En 1922, durant le mandat français, donc, l'autorité coloniale autorise l'établissement de cours de justice religieuses différentes pour les Nusaïri devenus "Alaouites" - et comme ceux-ci n'ont pas d'école juridique qui leur soit propre, le code appliqué est celui de l'Islam Chi'ite duodécimain.

Il est clair que la loi Chi'ite était aussi éloignée des coutumes "Alaouites" que des écoles juridiques Sunnites : le seul avantage résidait pour les Nusaïi dans l'acquisition d'une autonomie de facto. Preuve de leur indifférence au Chi'isme : à cette époque, aucun mufti "Alaouite" ne va étudier la jurisprudence à Nadjaf ou à Qom. Les Nusaïri se contentèrent d"'importer'' un certain nombre de mufti chi'ites du Sud-Liban. Dès que leur sages eurent acquis des connaissances suffisantes en jurisprudence Chi'ite, les mufti libanais intérimaires retournèrent chez eux.

Preuve de la persistance du mystère "Alouite" : dans les années 30, un éminent religieux Chi'ite de Tyr, Cheikh Abdel Hussein Charafeddin, rend visite à un Cheikh Sunnite de Lattaquié - le grand port syrien à la bordure du pays "Alaouite"- pour s'informer sur les Nusaïri, dont, déclare-t-il, il ignore tout. Les choses se précisent en 1936 quand la Syrie doit accéder à l'indépendance : un groupe de cheikhs "Alaouites" fait à sons de trompe une profession de foi musulmane, et déclare que ses coréligionnaires observent les 5 règles de l'Islam. Au même moment, une conférence religieuse "Alaouite" adresse une lettre au Ministère français des Affaires Etrangères insistant sur la nature musulmane de leur secte...

Pendant que, Takiya oblige, six notables Nusaïri, dont Suleiman El-Assad, le propre grand-père d'Hafez El-Assad, adressent à Léon Blum, Président du Conseil, le 15 juin 1936, une lette faisant état d'une violente horreur de l'Islam : "4- La haine et le fanatisme qui règnent dans le coeur des musulmans arabes à l'encontre de tout ce qui n'est pas musulman a été nourrie depuis toujours par la religion islamique et il n'y aucun espoir pour que cela change un jour... etc...". Habilement, compte tenu des origines de Léon Blum les signataires parlent du sort "des juifs de Syrie et de Palestine... et des autres minorités", sort funeste selon eux, en cas de dévolution de l'indépendance aux nationalistes arabes sunnites.

Assurance extérieure, le mufti Sunnite de Palestine, Haj Amine El-Husseini publie la même année un fatwa sur les "Alaouites" :
ils sont musulmans, et les autres musulmans doivent coopérer avec eux : "Ces Alaouites sont des musulrnans, et c'est le devoir de tout musulman de s'entendre avec eux, et de cesser de s'opposer sur la base de considérations religieuses... parce qu'ils sont des frères qui ont des origines et des intérêts en commun avec les musulmans; en accord avec l'esprit musulman de fraternité, les musulmans devraient éprouver pour d'autres l'amour qu'ils ressentent pour eux-mêmes...". Ce fatwa, politique et d'esprit anticolonialiste, n'a pas grand poids religieux. Les grands centres théologiques Sunnites (Al-Ahzar, au Caire) et Chi'ites (Nadjaf, Irak ; Qom, Iran) se taisent.

En 1947, la "Source d'Imitation" Irakienne Mohsar El-Hakim s'intéresse à la comunauté "Alaouite" de Syrie. Il écrit au Mufti Chi'ite de la Bekaa, Habib El-Ibrahim, pour lui demander de visiter le pays "Alaouite" et de lui faire un rapport. Conclusion concrète : dès 1948, douze étudiants-mollah sont envoyés à Nadjaf. Mais, désorientés, mal reçus, ils ne tardent pas à rentrer chez eux.

La méthode inverse est donc tentée : une société pour la promotion du Chi'isme est installée à Lattaquié, avec des annexes à Tartous, Banias, etc. Dans les années qui suivent, un émissaire de Nadjaf, un Libanais, retourne au pays "Alaouite" ; une poignée de Nusaïri part étudier à Nadjaf avec l'Ayatollah Ozma El Hakim ; pas grand chose de concret.

En 1970, Hafez El-Assad s'empare du pouvoir15 : les "Alaouites" gouvernent désormais la Syrie. L'agitation Sunnite fondamentaliste débute presque aussitôt : les rumeurs se multiplient sur les Nusaïri, "adorateurs du diable", et elles prennent de la consistance avec un premier projet de constitution ou l'Islam n'est pas décrété religion d'Etat. Sentant le danger, les cheikhs "Alaouites" craignent une émeute contre leur communauté - très minoritaire, rappelons-le - ; ils réaffirment leur foi musulmane mais n'ont personne pour l'authentifier, les cheikhs officiels syriens étant discrédités du fait de leur servilité envers Hafez El-Assad. Al-Ahzar étant hors de portée, il lui faut d'urgence un fatwa d'un religieux Chi'ite de haut rang.

Au même moment, le chef de la communauté Chi'ite libanaise, Moussa Sadr, cherche des alliés puissants : il voit poindre la guerre civile. Dans cette perspective, quoi de plus sûr que le bouclier syrien pour son Mouvement des Deshérités ? Sadr a déjà des liens personnels avec Assad, à qui il écrira parfois, par la suite, des discours16. et intègre alors les "Alaouites" libanais (+/- 20 000 personnes entre Tripoli et l'Akkar) dans son Conseil supérieur Chi'ite. L'affaire se fait en juillet 1973 à tripoli, en présence du gratin des cheikhs "Alaouites" syriens. Moussa Sadr couvre cette reconnaissance de l'autorité - modeste d'un département obscur de la mosquée Al Ahzar, l'Académie de recherche islamique.

"Cet acte avait des implications pour les Chi'ites libanais qui gagnaient en autorité en s'identifiant au groupe dirigeant syrien. Les dirigeants Alaouites syriens tirèrent de .l'affirmation de leur identité Chi'ite une crédibilité nouvelle : des musulmans syriens affirmant une influence chrétienne dans les pratiques religieuses Alaouites, discréditaient leur droit à diriger un Etat musulman."17

Cette intégration sera confirmée par le successeur de Moussa Sadr, Mehdi Chamsseddine :

"Il n'y a pas de sectes à l'intérieur de la communauté Chi'ite. Quand nous disons Alaouites ou Ismaéliens cela signifie des nuances régionales ou historiques, des allégeance politiques et non des différences religieuses. Les Chi'ites sont absolument indivisibles, et ils partagent tous la même foi dans les douze imams."18

L'AYATOLLAH SEYYED HASSAN CHIRAZI

Fils de l'Ayatollah Seyyed Mehdi habibullah El-Husseini El-Chirazi. De famille iranienne, né à Nadjaf,Irak en 1934. Passe sa jeunesse à Kerbela où il fait ses études. Il étudie avec son père, ainsi qu'avec les Ayatollah Mohamed Ali El-Milani, Mohamed Reza El-Chirazi. Il atteint le degré de Mojtahid. Militant de la première heure d'Al-Daoua. Arrêté et torturé à plusierus reprises par les Baasistes, il s'enfuit d'Irak en 1970 et se réfugie au Liban, où il avait déjà vécu. Il se fixe dans ce pays, dont il reçoit la nationalité en 1977. Il y écrit des traités islamiques sur la religion, l'éthique, etc ... et fonde l'institut religieux Hawza El-Zeinabia, où il enseigne. Il rencontre à plusieurs reprises Hafez El-Assad et joue un petit rôle dans la communauté Chi'ite libanaise. Il est assassiné, sans doute par des agents irakiens, à Beyrouth le 2 mai 1980, alors qu'il se rendait en taxi à une cérémonie en l'honneur de l'Ayatollah Ozma Bakr El-Sadr, victime lui aussi des Baasistes.

Mais il est clair que cette intégration est politique et non théologique : l'autonomie religieuse des "Alaouites" reste intacte. Et aucune autorité religieuse de premier plan de Nadjaf ou de Qom n'a accepté de se mouiller dans l'affaire. Seul un religieux iranien de second plan, l'Ayatollah Seyyed Hassan Chirazi [Cf. portrait page précédente], va préfacer une brochure de propagande l'Alaouite intitulée "Les Alaouites sont du Parti (Chi'at) de la Maison du Prophète (Ahl-el-Beit)". D'après ce texte, les croyances et les pratiques religieuses des "Alaouites" de Syrie et du Liban sont conformes au Chi'isme duodécimain ; Chirazi déclarant avoir personnellement vérifié cette conformité (ce qui est une réquisition du droit coranique).

Les choses s'aggravent encore pour les Alaouites après que Hafez El-Assad ait volé, dans le Liban de 1976 en pleine guerre civile, au secours du camp Chrétien. Les fondamentalistes voient dans cette opération anti-musulmane un prolongement de la politique séculaire "Alaouite", une trahison de plus du camp de l'Islam. Et la révolte des Islamistes se concrétise par des actions de guérilla urbaine. Mais si le pouvoir syrien s'appuie sur des autorités Chi'ites pour soigner son image musulmane, les "Alaouites" en tant que secte refusent toujours toute autorité d'une "Source d'Imitation" Chi'ite19 et gardent jalousement leur autonomie.

Puis la révolution Islamique éclate, et triomphe en Iran. Dès le début, les Frèress Musulmans de Syrie déclarent leur total soutien au pouvoir nouveau, et reconnaissent l'autorité de l'Imam Khomeini. Leur déception sera immense. En avril 1980, déjà, une répression brutale des groupes islamistes s'abat sur Alep et Hama. Au même moment Radio-Damas émet des déclarations de l'Ayarollah Khalkhali très louangeuses pour le pouvoir Syrien. Pire, il décrit les moujahidin syriens comme "des bandes exécutant la politique de Camp David ... en collusion avec l'Egypte, Israël et les Etats-Unis.

En février 1982, la ville de Rama est détruite par les Forces spéciales syriennes et sa population en partie massacrée. Entre 7 et 20 000 morts. Moins d'un mois plus tard, le N°2 syrien AbdelHalim Khaddam se rend à Téhéran à la tête d'une délégation importante. Il y est reçu avec faste et repart avec un traité commercial et économique important en poche. En prime, un communiqué politique soulignant les "objectifs communs" de la Syrie et de l'Iran.

Du côté Iranien, cette alliance ne s'est pas décidée sans réticences. Les Affaires étrangères étaient pour, le Ministère de l'Orientation islamique, les hauts dirigeants du corps des Gardiens de la révolution, contre.

A peine Khalkhali est-il de retour de Damas qu'une revue perse "Oumma Islamique" l'attaque violemment ; il est traité d'irresponsable et Assad qualifié de marionnette des super-puissances... le régime syrien d'anti-Islamique et tyrannique (Taghouti), peuplé de laquais de l'impérialisme et du sionisme.

Le réalisme, on l'a vu, finira par triompher. Mais si la communauté "Alaouite"' a eu, et a encore besoin de Chi'ites comme témoins de bonnes moeurs musulmanes, l'alliance de Damas et de Téhéran repose sur des intérêtes communs, et non sur une foi commune. Quand les dirigeants iraniens visitent la Syrie -Khalkhali, Hachemi-Rafsandjani, Khamene'i, Mir Hussein Moussavi, Rafigh Doust, etc...- ils parlent politique, stratégie, commerce, mais jamais des opinions, des croyances et des rituels "Alaouites" sujets sur lesquels ils demeurent, en 1988, d'une ignorance totale.
 

 retour | sommaire | suite

10 Franc-maçon, et, de ce fait très intéresé par les religions fermées et initiatiques, Gérard de Nerval a accumulé, dans son "Voyage en Orient", toutes sortes de notes, d'observations, de récits sur les Druses et les Nuçaïris, qu'il distingue, d'ailleurs mal les uns des autres. Voir "Voyage en Orient", Gérard de Nerval, Juliard-Littérature, 1964, particulièrement le tome 2, Liban-Turquie ("Druze et maronites" pp 9 à 148)

11 le 10ème Imam : Ali ibn Mohamed El-Hadi, mort empoisonné en 868 ; le 11ème Imam : Hassan ibn Ali El-Askari, mort empoisonné en 873 ; le 12ème et dernier Imam : Mohamed El-Hassan, El Mahdi, "occulté" en 874.

12 Encore que les druzes, contrairement aux Nusaïri, ne déifient pas Ali ibn Abi-Talib, mais le Calife fatimide El-Hakim bi Amr Allah ; et que les ismaéliens ou chi'ites septimains, ne reconnaissent que les sept premiers Imams.

13 Texte sacré Nusaïri, in Jospeh Catafago, "Notices sur les Ansériens", Journal Asiatique, février 1848.

14 Ibn Taymiyya (1268-1328) éminent penseur et philosophe du Moyen-Age islamique. Puritain, mais orthodoxe, son inlfuence sera grande pendant plusieurs siècles.

15 Hafez El-Assad, qui appartient à la branche Numaylatiya de la tribu Nusaïrie des Matawira, est, ironie de l'histoire, de lointaine origine ... irakienne ! En 1123, un prince Nussaïri du Singar, au nord de l'Irak actuel, Cheikh Hassan El-Maksun, vient en Syrie avec 25.000 hommes secourir ses corréligionnaires en grand danger devant des kurdes et des Ismaéliens coalisés. Ils se fixèrent sur place et générèrent plusieurs tribus Nusaïris de Syrie, dont les Haddadiya, les Matawira, etc ...

16 Source : Mustafa Tchamran interviewé par Hamid Algar à Téhéran, le 16/12/79

17 "Syrian intervention in lebanon", Naomi Joy Weinberger, Oxford University Press ; New York, NY : 1986

18 "Magazine", beyrouth, 15/12/79

19 Les grands Ayatollah Moussavi Kho'i de Nadjaf ou charia Madari de Qom, par exemple.