1984

MARS

TEXTES THEORIQUES
Publication de la "Révolution stratégique" N° 19 -(B.R.-PCC)
Un texte de 61 pages intitulé "Analyse de la situation". Le sous titre est : "La lutte de la classe ouvrière et la situation politique générale italienne".

SECOND SEMESTRE

Depuis belle lurette un spectre, comme le disait Karl Marx, hantait les Brigades rouges : celui de l'Union Soviétique. Dans l'affrontement "mouvementistes" - "orthodoxes" des années 1980-1982, les premiers étaient farouchement anti-soviétiques : l'"Abeille et le Communiste" considérait qu'il y avait deux impérialismes aussi dangereux l'un que l'autre, celui des Etats-Unis, et celui de l'URSS. On lisait dans ce texte des formules comme "mythique camp socialiste"… "social impérialisme"… "capitalisme d'Etat soviétique". A l'inverse, en novembre 1981, un "groupe d'élaboration - 16 mars" du "camp de Trani", farouchement orthodoxe, publiait un texte intitulé "contre la guerre impérialiste, intensifier la guerre révolutionnaire, développer l'internationalisme combattant," où l'on pouvait lire ceci (c'est nous qui soulignons) :
"Pour cette raison on ne peut exclure par principe l'opportunité d'appuyer tactiquement aussi les forces qui font référence à l'URSS ou au soi-disant camp socialiste bien qu'il soit clair que ce choix tout à fait contingent a lieu sans perdre de vue la tendance générale et stratégique par rapport à laquelle le social-impérialisme constitue un impérialisme montant et dans la plus absolue et complète autonomie politique et organisationnelle".
Cette attitude des "orthodoxes", privilégiant la création d'un parti armé léniniste, hostiles au spontanéisme considérant l'ouvrier en bleu de chauffe comme le seul sujet révolutionnaire, et refusant de qualifier l'URSS d'impérialiste, leur valait de se faire traiter par les "mouvementistes" de "néo-révisionnistes armés". En bon français, de philo-soviétiques.
A mesure où l'influence des mouvementistes décroit dans le "parti armé", singulièrement après l'anéantissement du P-G.P.M., et de son enterrement désinvolte par les "grands anciens" détenus, la ligne néo-révisionniste -en gros celle de la Fraction Armée Rouge, qui divise le Monde en deux camps, celui de la "bourgeoisie impérialiste" et celui du "prolétariat international"- va progresser. C'est la tendance principale des années 84-86. Pourquoi ? Pas de complot là-dessous, ni de manipulation par des services, mais le fait tout simple que nous avons affaire, en l'occurence, à des marxistes léninistes dévots pour qui "l'infrastructure détermine la superstructure". Si cette dernière, le P-G.P.M., par exemple, échoue, c'est que la première - la ligne politique dont il s'est doté en analysant la réalité économico-sociale- ne vaut rien. Comme Marx et Lénine ne peuvent avoir tort, quand une ligne est "fausse", on recommence l'analyse : à partir de 1985 les B.R.-PCC connaissent plus de succès (attentats réussis) que d'échec (arrestations) ; c'est donc que la ligne s'améliore. Mais pendant ce temps, une nouvelle scission s'amorce au sein des B.R.. On l'apprend officiellement en mars 1985, à la lecture d'un bulletin "proche" du parti armé 'Il Bollettino" qui publie alors un long texte intitulé "Une importante bataille politique au sein de l'avant-garde révolutionnaire Italienne".
D'après "Il  Bollettino" le débat au sein des B.R.-PCC aurait début dès 1982 et n'aurait fait que s'aggraver. La scission formelle daterait de décembre 1984 et se serait consommée à Paris, où des "irréductibles" se querellaient entre eux depuis le mois de juillet de la même année. Les deux courants se définissaient comme "Première Position" (majoritaire) et "Seconde Position" (minoritaire).
Deux textes théoriques de septembre 1984 vont nous permettre d'y voir plus clair :

“Développement de la 1ère position”
 "Développement de la 2ème position"

Défend l’héritage des BR-PCC et reprend leur rhétorique.
Dénonce le Parti Guérilla “contaminé” par thèses de Prima Linéa et les élucubrations du professeur de Padoue” [Toni Negri]; “abandonnant le prolétariat métropolitain dans sa globalité comme sujet révolutionnaire et s’obnubilant sur ses franges extra-légales et sur les prisonniers”.
 Parle des années 80/82 comme d'une d'une "terrible épreuve" :
"La campagne de répression les déchaînée par l'Etat contre le mouvement révolutionnaire a, pour ainsi dire, seulement révélé et mis en évidence dans toutes leurs implications les symptômes d'une profonde crise politique qui existait avant cette période de tortures, des trahisons et des arrestations en masses"…
 
 

Objectif commun pendant la "retraite" de 1982 :
"Relancer l'activité révolutionnaire dans notre pays sur des bases théoriques, politiques et organisationnelles plus solides et plus pures que par le passé".

Point d'achoppement : le projet de lutte armée et précisément la ligne de la "guerre prolongée dans les pays impérialistes".

POUR CONTRE
Ligne classique des BR-PCC, avant tout militariste :"En Italie ce n'est pas la lutte armée pour le Communisme qui a été défaite, mais ses conceptions idéalistes [la "droite", le P-GPM] et "immédiatistes [la "gauche" la 2° position] qui ont prévalu dans le mouvement révolutionnaire et dans les Brigades rouges même".
Dans la Résolution stratégique N° 20 les BR-PCC annoncent l'exclusion de la 2e position :
"Les BR n'ont rien exclu d'autre qu'une tentative révisionniste (c'est nous qui soulignons) de liquider les conquêtes politiques de 15 années de lutte révolutionnaire". "Subjectivisme et aventurisme petit-bourgeois"
"Dépassement du Léninisme …électisme théorique"
"La stratégie de la guerre prolongée n'est pas une application du Marxisme-Léninisme aux nécessités de la situation italienne, mais son exact opposé".
[La 2ème position semble compter une majorité des membres de la "jeune garde" des B.R. des mao-staliniens très dogmatiques et, au moment de la scission, une seule grande figure, Barbara Balzerani, arrêtée peu après].

DECEMBRE

ACTIONS MILITAIRES :
Attaque d'une camionnette de transport de fonds à Rome, par un commando B.R.PCC. Une fusillade éclate entre les terroristes et l'escorte de sécurité du camion. Un cadre des B.R.PCC est tué, une militante B.R. blessée, ainsi que deux gardiens et un passant. Les autres membres du commando disparaissent dans leur "fief" : les cités HLM de la bnlieue de Rome.

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