II - Blanchiment, mode d’emploi

"Recycler l'argent criminel, c'est d'abord une necessité physique", souligne l'un des techniciens de FinCEN, l'organe anti-blanchiment du ministère de la justice américain. "Un million de dollars en billets de 20, dans une valise - somme dérisoire sur les gros marchés d'armes ou de stupéfiants - ca pèse 50 kilos. Or les espèces saisies sur les dealers nous montrent que 90% des transactions de rue se font en coupures de 10 et 20 dollars. Au total, les billets sont bien plus lourd que la drogue qu'ils servent à payer. Et faciles à voler : bref, le cash n'a que des défauts pour le narcotrafiquant".

Ces espèces encombrantes et lourdes, il faut donc les transformer, et vite, en un capital légitime. Une nécessité aussi vieille que la grande criminalité organisée. Car l'expression "blanchiment" est plus qu'une image évoquant de l'argent "sale", donc, à "laver" : elle renvoie à l'histoire du Chicago des années 20. A l'époque, un "financier" de la Mafia locale a en effet l'idée d'acheter une chaîne de ces laveries automatiques où l'on ne paye qu'en espèces et d'y injecter les profits de la vente d'alcool clandestin. Chaque soir, il n'avait qu'à ajouter de l'argent sale aux gains du jour - par définition incontrôlables - et à déclarer au fisc l'argent ainsi... blanchi.
 

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