Les entreprises, même les plus modestes, tiennent une comptabilité en partie double. Débit (sorties) d'un côté; crédit (rentrées) de l'autre. Et doivent présenter des totaux identiques à la ligne finale. D'ou la présence d'une ligne "erreurs et omissions" en cas de discordance marginale. Une formule comptable identique permet de connaitre la balance des paiements de chaque Etat au monde. Ou plutôt permettait avant que l'afflux d'argent noir ne provoque un prodigieux gonflement du poste "NEO" ("Net Errors and Omissions") de certains pays, au point de rendre grotesque l'ensemble de leur comptabilité nationale.
Car, au delà de désordres administratifs ou de vraies
erreurs de calcul, l'expansion subite et durable du poste NEO dénonce
toujours de forts mouvements de
capitaux non recensés; le plus souvent d'argent noir. Exemple
: un narco-trafiquant achète une voiture de luxe - légalement
importée, avec facture, et la paie avec des narcodollars, eux, introduit
clandestinement dans le pays. Du coup, la somme ne figure ni au débit
ni au crédit de la comptabilité publique, qui se trouve donc
en désiquilibre. D'où la nécessité d'un "NEO"
fourre-tout... Coïncidence ? la plupart des pays à NEO discordant
sont au milieu, ou à proximité immédiate, des grandes
zones de narco-trafic de la planète...
Quoiqu'en termes statistiques, la macro-économie permet donc bel et bien de vérifier l'immersion dans la finance mondiale d'une vraie masse d'argent criminel - qui plus est, en expansion régulière et forte. Une réalité encore aggravée, disent les experts, par deux facteurs, l'un technique, l'autre conjoncturel.