DEUXIEME PARTIE : EVOLUTION ET DEVELOPPEMENT DES MAFIAS ITALIENNES

II.1. EVOLUTION ET DEVELOPPEMENT DE COSA NOSTRA

La Mafia sicilienne s’est développée à partir des bourgades rurales de la périphérie palermitaine. La première famille à s’implanter hors de la région de Palerme fut celle de Catane vers 1925. Jusque dans les années 1980, seules six provinces siciliennes sur neuf étaient réputées tenues par Cosa Nostra (Notre Chose). L’organisation mafieuse comprendrait aujourd’hui environ 5 000 hommes d’honneur dont plus de la moitié relèvent des 54 familles palermitaines.

Schématiquement, la structure de base de Cosa Nostra est composée par la Famille ou Cosca (« l’artichaut ») qui contrôle un quartier, un faubourg ou une petite ville. La délimitation des territoires des cosche doit être strictement respectée sous peine d’entraîner de violents règlements de compte. Plus d’une centaine de cosche sont installées en Sicile, dont près de la moitié à Palerme et dans ses environs.

Chaque Cosca est dirigée par un chef (Capo), élu par les membres de la Cosca. Le Capo est assisté d'un adjoint (Vice Capo) et d’un conseiller (Consiglieri). La Cosca comprend généralement entre trente et quarante "hommes d'honneur", soldats ou picciotti (à Palerme). Lorsque la Cosca est plus importante, ses membres s’organisent en Decine, chacune placée sous les ordres d'un Capodecina .

Calquée en partie sur la structure administrative de l’île, l’organisation de Cosa Nostra comporte ensuite l’échelon du canton qui regroupent deux à trois familles mafieuses mitoyennes. Chaque canton mafieux (Commissione) est placé sous l’autorité d’un Capomandamento. Ce dernier est placé en dernier ressort sous l’autorité d’un représentant provincial qui siège à la commission régionale (Commissione Regionale ), appelée aussi Région ou Coupole, l’instance suprême de Cosa Nostra.

En raison de sa prééminence en terme d’effectifs, la ville de Palerme est un cas particulier au sein de Cosa Nostra : contrairement aux autres provinces mafieuses, Palerme n’est pas dirigée par un représentant provincial mais par une commission provinciale où sont représentés les dix-huit capomandamenti palermitains.

Les Familles de Cosa Nostra se caractérisent par leur extrême homogénéité. Elles rassemblent les membres de mêmes familles biologiques unies à la fois par des mariages croisés entre familles proches et des liens d’interdépendance géographique et économique :

II.1.1. DE LA MAFIA DES JARDINS à LA CRéATION DE LA COMMISSION REGIONALE (1860-1957).

Aux confluences du grand banditisme rural et des traditions ésotériques et maçonniques siciliennes, l’organisation criminelle sicilienne Cosa Nostra (« Notre chose » 117 ) s’est structurée à partir du milieu du XIXe siècle comme une force supplétive au service des grands propriétaires terriens soucieux d’assurer la sécurité de leurs domaines en l’absence d’institutions publiques italiennes encore crédibles suite à la déchéance des Bourbons et au processus d’unification de l’Italie de 1860.

A partir du contrôle des vastes propriétés agraires (latifundi), les activités des familles mafieuses s’étendirent rapidement aux marchés d’agrumes et aux principaux circuits commerciaux de la Sicile (minoteries, marchés de la viande, compagnies de transport, entrepôts portuaires). Cette influence criminelle contamina rapidement la vie politique communale puis régionale. La perméabilité criminelle de la vie sociale sicilienne était, il est vrai, facilitée par le paravent idéologique de la « siciliannité » affichée par l’organisation criminelle. Dès le début du XXe siècle, la prégnance mafieuse en Sicile est relevée par les autorités gouvernementales italiennes.

Entre 1924 et 1929, le préfet Cesare Mori obtint de Benito Mussolini les pleins pouvoirs pour rétablir l’ordre en Sicile et entreprit d’éradiquer toute activité mafieuse sur l’île. Cette politique sécuritaire eut plusieurs conséquences importantes pour l’évolution de la Mafia. La répression renforça la clandestinité de l’organisation mafieuse. Elle favorisa ensuite la dissémination de l’organisation mafieuse hors des frontières insulaires traditionnelles. Au cours des années 1920, une famille mafieuse s’installe à Tunis tandis que d’autres mafieux profitent de l’implantation d’une diaspora sicilienne 118 aux Etats-Unis pour s’implanter sur le continent nord-américain, à l’exemple des chefs mafieux italo-américains Joe Masseria, Carlo Gambino, Joseph (Bananas) Bonanno et Salvatore Lucania, alias Francky (Lucky) Luciano.

L’histoire contemporaine de Cosa Nostra ne débuta toutefois véritablement qu’avec l’arrivée des troupes américaines en Sicile en 1943. Sous l’impulsion du mafieux italo-américain Francky Lucciano 119 , la vieille mafia sicilienne rurale emprunta aux méthodes rationalisées des familles criminelles italo-américaines et se transforma progressivement en organisation criminelle transnationale. Installé dès 1947 près de Naples, Lucky Luciano noua des contacts avec les corses Joe Renucci et les frères Francisci pour développer des filières de trafic d’héroïne en Méditerranée. D’autres italo-américains rejoignirent également l’Italie : Franck Coppola et Serafino Mancuso, condamnés aux Etats-Unis pour trafic en 1935.

II.1.2. LE TRAFIC DE STUPEFIANTS ET L’ESSOR DES ACTIVITES DE BLANCHIMENT (1957-1981)

A la suite de la réforme agraire de 1950, qui démantela les grands domaines agraires, Cosa Nostra se métamorphosa en une nouvelle organisation criminelle. Les mafieux ne furent plus exclusivement attachés à l’univers rural. Ils s’impliquèrent dans les affaires, créèrent des sociétés, s’imposèrent comme intermédiaires obligés pour l’effort de reconstruction de l’après-guerre en profitant de la mise en place des nouvelles institutions politiques :

Du 10 au 14 octobre 1957, se tint à l'hôtel des Palmes de Palerme (Sicile) le sommet des parrains où se rencontrèrent les principaux chefs des familles mafieuses de Sicile et d’Amérique du Nord. Franck Coppola y était représenté par Santo Sorge et Vito Vitale. Joseph Bonanno, dit Joe Banana, le puissant chef de famille new-yorkaise s’était également déplacé ainsi que Lucky Luciano, expulsé des Etats-Unis et installé à Naples. La Cosa Nostra sicilienne était représentée par Genco Russo, Vincezo Rimi, le palermitain Gaetano Badalamenti, assisté de Tomaso Buscetta121 , Salvatore Greco, originaire de Corleone et chef d’une autre famille palermitaine, les frères Angelo et Salvatore La Barbera, et enfin Michel Sindona, le conseiller financier de Cosa Nostra.

Au cours de cette réunion historique, plusieurs décisions importantes furent prises. La première d’entre elles fut la mise à l'écart d'Albert Anastasia, le chef de l'organisation aux Etats-Unis 122 . Les autres décisions concernaient la nouvelle stratégie pour le trafic de stupéfiants entre l'Amérique du Nord et l'Europe : les Siciliens importèrent à partir de cette date la morphine-base depuis le Moyen-Orient (Turquie, Iran, Afghanistan) et la raffinèrent depuis la Sicile avec l’aide de chimistes du milieu marseillais avant de l'expédier vers New-York. Les Américains, quant à eux, inquiets des risques encourus avec la nouvelle législation répressive adoptée par le Congrès, se contentèrent de fournir la logistique nécessaire au trafic depuis les Etats-Unis. Cet accord entraîna l'installation de certaines familles palermitaines en Amérique du Nord. Enfin cette réunion fut le prétexte à la mise en place de la Commission régionale (Coupole), inspirée du modèle nord-américain inventé par Lucky Luciano dans les années 1930 entre les familles italo-américaines.

Andrea Fazio, de Trapani, fut le premier secrétaire désigné pour prendre la tête de la Commission régionale. Dès 1958, les conflits éclatèrent entre les familles palermitaines. Pendant qu’à Corleone, Luciano Liggio s’imposait par la force, entre 1961 et 1963, une coalition de familles du quartier de Ciaculli menée par Salvatore Greco s’opposa violemment aux frères La Barbera, manipulés par Michele Catavaio. Le conflit fut meurtrier et provoqua une réaction énergique des autorités italiennes à la suite du massacre d’une équipe de Carabiniers : une centaine d’interpellations, des mesures de relégation et la création à Rome de la première commission antimafia. En 1963, Salvatore (Toto) Greco fut contraint de mettre en sommeil la Commission suite à l’offensive répressive des Carabiniers et de s’effacer au profit d’un triumvirat informel, composé des trois chefs de famille dominants : Gaetano Badalamenti, parrain de Cinisi près de Palerme, Luciano Liggio, chef de la famille de Corleone, et Stefano Bontate, chef du quartier palermitain de Santa Maria di Gesù.

Entre 1964 et 1971, la commission régionale se reforma avec comme chef des chefs Gaetano Badalamenti dit Don Tano . Les tensions entre familles s’apaisèrent après l’assassinat de Michele Catavaio le 10 décembre 1969 et les premières libérations des chefs mafieux à la suite du procès de Catanzaro en 1968 et 1969. Arrêté en 1971, par le juge Fernando Imposimato, Badalamenti fut remplacé au poste de secrétaire de la commission régionale par Stefano Bontate. En 1975, c’est au tour de Giuseppe Calderone, originaire de Catane d’en devenir le secrétaire. Assassiné en 1978, il est remplacé par le palermitain Michele Greco, allié à la puissante famille des Corleonesi, dirigé par Lucciano Liggio.

Originaire de Corleone, Luciano Leggio, dit Luciano Liggio s'imposa à la tête de sa cosca en faisant assassiner en 1958 le Docteur Michele Navarra, parrain alors tout-puissant de Corleone et parfait exemple de notable mafieux, qui cumulait les fonctions de médecin-chirurgien attitré des chemins de fer italiens, directeur de l'hôpital Dei Bianchi de Corleone et de président de la coopérative des agriculteurs et des caisses maladie et des mutuelles des villages de Corleone, Misilmeri, Bolognetta et Lercara Friddi. Sur la dépouille mortelle de Michele Navarra, on releva pas moins de 124 impacts de balles tirés à bout portant. Dans les années 60, Liggio s’assura le soutien de deux proches de Giulio Andreotti : le député démocrate-chrétien Bernardo Mattarella, qui sera par la suite ministre du commerce extérieur, et Vito Ciancimino, maire de Palerme en 1971, ancien adjoint aux travaux publics de son prédécesseur, Salvo Lima, autre vieux compagnon de route de Cosa Nostra qui sera assassiné en 1992. En 1971, Liggio assassina lui-même Pietro Scaglione, le procureur de Palerme jugé responsable de l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre. Il était accompagné pour commettre cet homicide de Salvatore Riinà, de Bernardo Provenzano et d’Agostino Coppola, le neveu de Franck Coppola 123 . En mars 1974, il finit par être interpellé et fut incarcéré. La direction des Corleonesi revint alors à Salvatore Riinà.

II.1.3. LA STRATEGIE MILITARO-TERRORISTE DES CORLéONAIS (1981-1992)

La montée en puissance des Corleonesi au sein de l’organisation mafieuse sicilienne, sur fond de rivalités entre familles pour le contrôle du trafic d’héroïne, déclencha une nouvelle guerre interne, particulièrement meurtière pour les familles palermitaines, qui furent pour la plupart d’entre elles décimées. En août 1977, l’assassinat à Ficuzza du colonel des carabiniers Giuseppe Russo par les Corleonesi avait scellé la rupture définitive entre ces derniers et Gaetano Badalamenti, chef des chefs de l’organisation mafieuse. Alliés au palermitain Michele Greco et aux catanais de Benedetto Santapaola, les Corleonesi entreprirent d’éliminer méthodiquement les familles palermitaines concurrentes.

Entre 1978 et 1982, les homicides se multiplièrent : les opposants aux Corleonesi au sein de Cosa Nostra (Giuseppe Di Cristina en mai 1978, Stefano Bontate en avril 1981, Salvatore Inzerillo en mai 1981), les représentants des autorités publiques (le colonel Giuseppe Russo en août 1977, l’inspecteur Boris Giuliano en juillet 1979, le magistrat et député Cesare Terranova en septembre 1979, le capitaine des Carabiniers Emanuele Basile en mai 1980, le préfet Dalla Chiesa en septembre 1982) et même certaines personnalités politiques (Michele Reina, secrétaire de la Démocratie Chrétienne de Palerme en mars 1979, le président de la région de Sicile Piersanti Matarella en janvier 1980) furent les premières victimes de la campagne d’assassinats conduite par les Corleonesi en vue de la conquête du pouvoir mafieux. Au cours de cette période, on relevait, en moyenne, un meurtre par jour à Palerme.

Suite au retrait de Michele Greco, au début des années 1980, le clan des Corleonesi (Toto Riina, Bernardo Provenzano, Loluca Bagarella) prit complètement le contrôle de l’organisation mafieuse. D’après les déclarations le 30 juin 1992 du repenti Leonardo Messina au groupe d’enquête du tribunal de Palerme, la commission régionale de Cosa Nostra se composait au début des années 1990 du parrain des parrains Salvatore (Toto) Riinà et de son adjoint Bernardo Provenzano, tous deux chefs de file des Corleonesi , assistés de Giuseppe Madonia (Palerme), d’Angelo Barbero (Catane) et de Benedetto Santapaola (Catane).

II.1.4. VERS UNE COSA NUOVA.

Depuis l’arrestation de Salvatore Riinà, Cosa Nostra a engagé une stratégie dite d’invisibilité, fondée sur l’abandon de l’option terroriste pratiquée au début des années 1990. Affaiblie par la multiplication des interpellations, le recours systématisé aux repentis et les tensions internes provoquées par la brutalité des méthodes de commandement de Salvatore Riinà et des Corleonesi, Cosa Nostra aurait voulu au cours de l’année 2000 engager une tentative de conciliation avec l’Etat italien par le biais du chef mafieux Salvatore Biondino, désigné comme représentant de Salvatore Riinà, incarcéré depuis janvier 1993. Contre la reconnaissance de leur culpabilité et la dissolution de l’organisation mafieuse, la plupart des chefs de Cosa Nostra incarcérés réclament à Pier Luigi Vigna, le procureur national antimafia, le droit d’être libéré dans 15 ou 20 ans124 .

Selon le procureur de Palerme, Piero Grasso, la nouvelle Commission, dirigée par Bernardo Provenzano, se composerait des chefs mafieux suivants : Antonino (Nino) Giuffrè (chef de la famille de Caccamo), Giuseppe Balsano, Salvatore Lo Piccolo (chef de la famille de San Lorenzo à Palerme), Giovanni Motisi, Matteo Messina Denaro, Andrea Manciaracina, Luigi Putrone et Joseph Focosi. Compte tenu de la clandestinité stricte à laquelle est contraint Provenzano, ce serait en fait un triumvirat composé de Messina Denaro, Giuffrè et Lo Piccolo qui dirigerait Cosa Nostra au quotidien.

Parmi ces trois chefs mafieux, Matteo Messina Denaro passe pour être le futur Chef des chefs de Cosa Nostra. Né le 26 avril 1962 à Trapani, Messina Denaro a fait un parcours exemplaire au sein de la famille de Castelvetrano dans la province de Trapani. En 1998, il a été propulsé à la tête de la commission provinciale de Trapani suite à l’assassinat de son père, Francesco Messina Denaro (Don Ciccio). A 14 ans, Matteo participait à sa première opération armée. A 18 ans, il commet son premier homicide et à 31 ans, il participe à la campgne d’attentats à la bombe. En fuite depuis plusieurs années, il fait l’objet de neuf mandats d’arrêt et de plusieurs condamnations par contumace, dont une à perpétuité pour les attentats à la bombe de 1993 à Rome (églises Saint-Jean de Latran et Saint-Georges du Vélabre), à Florence (Galerie des Offices) et à Milan (Pavillons des Arts Contemporains). Associé pour l’occasion à Filippo et Giuseppe Graviano, deux chefs mafieux de la famille du Brancaccio à Palerme, Messina Denaro avait pour mission avec ses attentat (10 morts) d’imposer aux pouvoirs publics italiens une négociation autour de l’aménagement des peines infligées aux chefs incarcérés de Cosa Nostra.

L’importance prise par Messina Denaro au sein de Cosa Nostra et la confiance que semble lui accorder Provenzano, sont certainement aussi liées à son habilité à gérer les fonds criminels. Lui-même propriétaire de sablières dans la province de Trapani, Messina Denaro est associé depuis le début des années 1990 avec les familles des Cuntrera et Caruana, originaires de Siculiana et installées en Amérique du Nord, pour le trafic de stupéfiants et le blanchiment. Messina Denaro est également au mieux avec une puissante famille de propriétaires terriens à laquelle appartient Antonio D’Ali, sénateur de Sicile et membre influent Forza Italia 125 . Le cousin d’Antonio, Giacomo D’Ali est administrateur de la banque d’affaires COMIT. En 1993, la famille D’Ali avait prêté son concours à Salvatore Riinà pour dissimuler une partie de ses avoirs.

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116 Propos tenus par Mme Ilda Boccassini, magistrate italienne, in L’Europe des Parrains, de Fabrizio Calvi, Paris, éditions Grasset, p. 96.
117 L’appellation Cosa Nostra (Notre Chose) n’est connue que depuis la publication dans les années 1980 des témoignages des repentis de l’organisation mafieuse sicilienne. Cette appellation dériverait d’une phrase d’identification employée couramment par les mafieux : « Sommes-nous de la même Chose ? ».
Lucky Luciano avait par ailleurs popularisé la dénomination de La Cosa Nostra (LCN) pour désigner le regroupement des familles mafieuses italo-américaines.
118 Entre 1900 et 1914, plus d’un million de siciliens émigrèrent à l’étranger dont 800 000 en Amérique du Nord. Les familles mafieuses italo-américaines se sont formées à l’occasion de cette émigration.
119 Après avoir fait ses armes dans le trafic d’alcools pendant la prohibition, Francky (Lucky) Luciano, de son vrai nom Salvatore Lucania, s’est imposé en 1930-1931 à la tête des familles mafieuses italo-américaines, qu’il a contribué à structurer en 24 familles sur un modèle criminel de type entrepreunerial. Condamné aux Etats-Unis, il fut sorti de prison en 1943 par les services secrets de l’US Navy américains pour mettre fin à la grève des Longshormen (dockers) syndiqués du port de New-York qui bloquaient l’approvisionnement des troupes américaines. Il fut par la suite expulsé définitivement en Italie où il s’installa près de Naples. Il meurt après avoir bu un café empoisonné en janvier 1962.
120 « Funzioni e basi sociali della mafia », par Francesco Reda, in Il movimento contadino nella società siciliana , Palerme, 1956, cité p. 191 dans Histoire de la Mafia, par Marie-Anne Matard-Bonucci, 1994.
121 Né en 1938, Tomaso Buscetta, surnommé Don Masino , fut remarqué par la Famille de Porta Nuova (Palerme). Devenu homme d'honneur de Cosa Nostra en 1956 par l'entremise du parrain Gaetano Badalamenti, chef de la Famille de Cinci (village proche de Palerme), Buscetta participa au sommet de l’hôtel des Palmes à Palerme. Il devint l'intermédiaire entre la Sicile et les Etats-Unis. Proche de Vito Ciancimino, maire de Palerme, de Franco Restivo, ministre de l'Intérieur de 1968 à 1972, et de Salvo Lima, chef de file de la Démocratie Chrétienne en Sicile, il fut également l’ami des cousins Nino et Ignazio Salvo, les plus influents entrepreneurs de BTP de Sicile. En 1970, il quitte Palerme pour les Etats-Unis puis le Brésil où il s'expatrie définitivement en 1981. A la tête de sociétés d’import-export, il développe de nouvelles filières pour le trafic de stupéfiants au Vénézuela, au Pérou, en Colombie, au Guatemala et au Salvador. En contact avec les Gambino et les Genovese à New-York, il assiste impuissant au massacre implacable des Familles palermitaines proches de Bontate par les Corleonesi Toto Riina et Bernardo Provenzano. En 1984, il est extradé du Brésil vers l'Italie. Contre le bénéfice du programme de protection des témoins du FBI, Buscetta accepte de devenir le repenti le plus exceptionnel de l’histoire judiciaire italienne. Il est décédé en avril 2000.
122 Assassiné peu de temps après le sommet de Palerme par les frères Gallo, il sera remplacé à la tête des familles new-yorkaises par son adjoint, Genovese.
123 Surnommé le Tsar ou Three Fingers (au cours d’un braquage aux Etats-Unis, les doigts pris dans une porte de coffre-fort, la légende veut que Coppola ait préféré se trancher les doigts pour échapper à la police), Francesco Paolo (Franck) Coppola est né en 1879 à Partinico (Sicile). En 1904, il a émigré aux Etats-Unis où il a débuté comme vendeur ambulant de fruits et légumes dans le quartier de Little Italy à New-York. Devenu un tueur de la Mafia italo-américaine, il devient le chef de la famille de Kansas City (Missouri) et fut l'un des trois boss de la Cosa Nostra italo-aémricaine entre 1941 et 1945 avec Lucky Luciano et Joe Adonis. Suspecté d’être le commanditaire de 27 meurtres, il est expulsé des Etats-Unis par le FBI en août 1948. Il parvient néanmoins à participer au financement de la campagne électorale de Harry Truman, ancien sénateur du Missouri (Kansas City). Exilé à Rome, il s'installe dans la villa de Tor San Lorenzo d'où il supervise une partie des trafics de stupéfiants de Cosa Nostra. Pour couvrir ses activités criminelles, il investit dans de très nombreux commerces (restaurants, hôtels, laveries, boucheries, teintureries, magasins d'habillement, usine de bouillons de légumes). En février 1982, il est interpellé et incarcéré. Il décède le 26 avril 1983 dans une clinique de Rome à la suite de troubles cardiaques.
124 « La mafia siclienne aurait décidé de négocier un armistice avec l’Etat italien », Eric Jozsef, Le Temps, 9 février 2001.
125 Corriere della Serra, le 20 mai 2001.