Le mobile et la motivation narcisso-sexuelle

L'intention du tueur répond soit à un mobile classique (crapuleux, ou personnel et affectif) soit à une motivation narcisso-sexuelle. Si le mobile est crapuleux, l'auteur tue pour gagner de l'argent. L'assassinat d'affaire est en principe commis sans esprit de revanche. Mais l'auteur peut avoir intérêt à déposséder un proche. Si le mobile est personnel et affectif, l'auteur tue par légitime défense, par compassion, ou par intérêt personnel autre que crapuleux. Il s'agit surtout de règlements de compte ou de disputes qui dégénèrent. Le meurtrier de masse est souvent mû par un mobile personnel de type paranoïaque. Persécuté dans son délire, il tue pour sauver sa vie qu'il croit en danger. Le passage à l'acte est un crime symbolique ou/et un déchainement psychotique. Des groupes sectaires ou fanatiques peuvent également ordonner de tels assassinats.

En l'absence de mobiles classiques ou apparents, on parlera de motivation narcisso-sexuelle, d'ordre pathologique à des degrés divers. Il faut souligner que l'homicide narcisso-sexuel n'est pas exclusivement une perversion sexuelle. La dimension narcissique du passage à l'acte est au moins aussi importante. L'intention du tueur s'exprime tout autant dans le viol de la victime que dans la toute puissance qu'il exerce sur elle. La victime a, par exemple, été agressée dans les parties érogènes (dominante sexuelle), mais elle a été mutilée et éviscérée (dominante narcissique), montrant par là combien il était important de la dominer, de lui régler son compte. Il suffit pour retenir la dimension sexuelle qu'elle ait fait l'objet de tout acte dont la connotation sexuelle est évidente (corps dénudé, viol objectal, position humiliante ou dégradante, objets fétichistes à proximité, messages obscènes...). Plus la scène de crime est ritualisée, plus son fantasme est élaboré et plus le narcissisme est important. Plus celui-ci prend pied dans la réalité, et plus sa pathologie l'emporte sur la raison.

Néanmoins, un mobile peut être sous-jacent. Un intérêt crapuleux ou personnel peuvent accompagner la motivation narcisso-sexuelle. Un tueur en série peut jouir du corps de sa victime, tout en subtilisant son argent par la suite, comme il peut voir en elle une personne haïe dans son enfance. Mais plus les mobiles sont apparents, plus la victime est familière du tueur. Il la connaît au moins de vue ou lors d'une conversation précédant le crime. Il en est de même lorsque le tueur la dépersonnalise au cours du passage à l'acte, en particulier lorsqu'il la défigure ou cache son visage. Les risques de récidive sont alors très importants dans la mesure où la sexualité du tueur aura tendance à ne s'exprimer qu'au travers de la violence.

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