CHRONOLOGIE DE LA RAF

1981

Septembre : lors d'un attentat revendiqué par le "Commando Godron Ensslin" de la RAF, un communiqué est publié qui, pour la première fois, se conclut par le slogan désormais célèbre :
"La guérilla en Europe occidentale ébranle le centre impérialiste !".

1982

Mai : Publication d'un texte théorique. "Guérilla, résistance et Front anti-impérialiste" c'est le premier texte de cette nature (voir p.69) produit par la RAF depuis la fin de l'année 1972.

Pour la RAF, le front d'Europe Occidentale est un processus ouvert où chaque groupe, selon le mouvement dialectique "processus subjectif / passage à la pratique" s'auto-organise, décide de ses propres objectifs, et frappe.

La possibilité est offerte aux autonomes et aux "militants illégaux", au delà des organisations de guérilla comme Action directe, les Brigades rouges, etc., de mener des actions anti-impérialistes entrant dans le cadre de l'offensive générale. L'aspect "plus on est de fous, plus on rit" du front choque profondément les marxistes-léninistes intégristes des Cellules Communistes Combattantes et des GRAPO qui refusent vertueusement de rejoindre un "patchwork combattant" qui va en théorie des "bourgeois" de l'Irish National Liberation Army - des nationalistes "de gauche" -jusqu'aux éléments politiquement conscients des Punks et des gangs motocyclistes allemands.

Automne-Hiver :

Au cours du dernier trimestre de l'année, la répression porte des coups si durs à la RAF, q l'on commence, en RFA, à parler d'agonie. Les principaux personnages historiques de la II génération, Christian Klar, Brigitte Monhaupt, Adelheid Schulz sont arrêtés.

1984 COMMENT LA RAF SE REMOBILISE

En 1983, l'Allemagne a retenu son souffle. Il y a eu, certes, des attentats mais le noyau dur de la RAF ne s'est plus manifesté. Au début de 1984, avec prudence, les policiers commencent à parler de "démantèlement". C'est alors qu'irrésistiblement, un processus va s'enclencher. L'Allemagne fa déjà vécu deux fois depuis le début des années 70, et, cependant, personne ne pourra l'enrayer.

Mars : A la fin du mois, hold up de la RAF dans une banque de Bavière. +/- 600 000 F récupérés. C'est le premier depuis 1982.

Juin : De sa prison, Christian Klar rappelle la ligne politique : '"La contradiction principale est entre la bourgeoisie impérialiste et la prolétariat international".

"Le prolétariat international lutte au sud dans les mouvements de Libération nationale et avec les masses. A l'est, il est étatisé, (...) bloqué sur le plan stratégique (...) mais sur le plan tactique il constitue un bastion très fort dans l'ensemble du rapport de forces de la guerre de classe internationale. Dans les métropoles, en Europe Occidentale, il existe en tant qu'avant gaie politique -dans le combat anti-impérialiste-, en partie aussi dans les luttes autonomes, de classes ou populaires".

Été : Une douzaine d'éléments "actifs / connus" légaux jusqu'alors, plongent dans la clandestinité.

Automne : Vague d'attaques à main armée dans des banques et chez des armuriers.

Décembre : le 4, publication d'une "déclaration des prisonniers de la RAF à Stammheim" signée par Christian Klar et Brigitte Monhaupt, qui se termine par cette phrase menaçante :

"Aujourd'hui, pour la guérilla des métropoles, commence la seconde phase [du combat NDLR] durant laquelle, progressivement, notre stratégie se développera à l'échelle de toute l'Europe Occidentale".

Immédiatement après, comme à la parade, les détenus de la RAF, à peu près 37 d'entre eux, entament une grève de la faim "indéterminée".

Entre le 11 décembre 1984, et la fin février 85, les "unités combattantes" de la RAF commettent une série de 39 attentats, destinés à assurer le "lancement" de la campagne et à remobiliser ses sympathisants.

1985

Janvier : communiqué de "fusion" avec Action directe.

Mauvais signe : une manifestation de soutien aux grévistes de la faim et aux prisonniers de la RAF mobilise, à la fin du mois, plus de 2 000 personnes à Karlsruhe.

En Suisse un tramway est incendié à Zurich "Solidarité avec les damnés de la terre ... avec les camarades d'Ulrike Meinhof. A Genève une vingtaine de partisans de la RAF occupent, quelques jours plus tard, le siège de la Croix rouge Internationale en solidarité avec les grévistes de la faim.

Février : La "mise sur orbite' réussie, la RAF publie, le 2, un communiqué adressé "Aux révolutionnaires emprisonnés" qui les "prie de cesser leur gave de la faim. La grève s'achève illico. Les plus coriaces ont tenu 55 jours.

- Le même jour, assassinat d'Ernst
- La dimension internationale du combat n'est pas oubliée pour autant. Ce même mois, un avocat "proche" de la RAF est repéré à Damas, puis à Berlin-est en compagnie d'éléments connus du FPLP.

Printemps : "Zusammen Kämpfen" publie une longue auto-interview de la RAF

Août : Attentat contre la base Rhein-Main de l'US Air Force.

1986

Juillet : Assassinat de Karl-Heinz Beckurts. dans les jours qui suivent, le quotidien berlinois "tageszeitung" -l'équivalent de "Libération" publie de nombreuses lettres (anonymes) approuvant l'assassinat.

Août : Dernière arrestation, à ce jour, d'une clandestine du groupe Central de la RAF, EvaSybille Haule-Frimpong.

Octobre : Assassinat de Gerold von Braunmühl.

Un "groupe suisse / RAF" revendique l'incendie d'un bâtiment appartenant au groupe helvétique Sandoz près de Bâle à la fin d'octobre.

Décembre :

. Attentat par explosif ("Unité combattante Rolando Olalia") contre l'Association allemande pour le développement à Cologne.
. Attentat par explosif ("Unité combattante Mustafa Aktas") contré le centre culturel de la Fondation Friedrich Ebert. Dernier attentat explicitement revendiqué par la RAF.

Pour les services officiels de la RFA, à la fin de l'année la III° génération de la RAF, c'est :

. Un groupe de clandestins d'une vingtaine de personnes connues (sans compter les "inconnus / actifs" vivant en RFA le plus souvent, dans lequel Barbara et Horst Meyer (un électricien qualifié, originaire de Stuttgart) Inge Viett et Sigrid Sternebeck semblent jouer un rôle central.
. +/- 200 "sympathisants actifs".
. Un vivier "anti-impérialiste" de +/- 2000 personnes.

1987

Janvier : avant-dernier numéro (n°9) de "Zusammen Kämpfen".

En février, lors de son arrestation, Jean Marc Rouillan annonce, hors procès-verbal, aux policiers qui le gaulent, une offensive imminente de la RAF.

Par la suite, celle-ci observe un mutisme et une inactivité "spectaculaire" totaux.

Deux explications plausibles (et complémentaires)

. NIVEAU TACTIQUE : prudents jusqu'à la paranoïa, les clandestins de la RAF veulent faire le bilan des dégâts possibles dans leurs structures, après l'arrestation de Rouillan et de ses camarades, en qui ils n'ont pas, semble-t-il une confiance majeure.

. NIVEAU STRATÉGIQUE : le "front d'Europe Occidentale" se réduisait de facto à la RAF et à AD. Ce dernier groupe sur la touche, la. RAF se retrouve seule. Avec, sur les bras, une réorientation stratégique à gérer. Dans quelle direction ? Quelques "soutiens logistiques" connus des services allemands ont beaucoup voyagé en 1987. En Europe, mais aussi au MoyenOrient...

A la rentrée de 1987, les services allemands estiment que le noyau central de la RAF -les titulaires d'un mandat d'arrêt nominal en bonne et due forme- compte 27 personnes. Sans compter, bien sûr les "inconnus/actifs".

Depuis la rentrée 1987, la RAF a observé un total "silence radio" jusqu'en mars 1988

1988

Mars : Dernier numéro en date (n°10) de "Zusammen Kämpfen" après un silence de 13 mois.

Ce numéro comprend deux longs textes

TEXTE N° l : "Rompre avec la défensive - Mener la lutte conte les projets stratégiques actuels de l'impérialisme, pour les faire échouer". (Document de travail d'un groupe dans la résistance).

TEXTE N°2 : "Extraits d'une discussion entre groupes militants illégaux organisés, après la dernière offensive".

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