UN LOINTAIN ANCÊTRE ALLEMAND DE LA RAF "L'Armée rouge" de Max Hölz, 1920-1921

Fils de paysans saxons aussi pauvres que pieux, Max Hölz fait une guerre courageuse. Il adhère en 1918 à un mouvement de la gauche socialiste, l'USPD (parti socialdémocrate indépendant) puis, en 1919, aux jeunesses communistes qui se livrent à une agitation violente à base de manifestations, de séquestrations, etc. Il passe rapidement au KPD (parti Communiste allemand) qui, dans la Saxe des années 1919-1920, est contraint d'agir clandestinement après plusieurs tentatives insurrectionnelles.

En réaction au putsch de Kapp (mars 1920) Max Hölz constitue une petite "Armée Rouge" (quelques centaines d'hommes) du Vogtland, une région boisée de la Saxe aux confins de la BohèmeMoravie.

Cette "armée", de type politico-militaire, délivre les prisonniers, politiques et de droit commun et se livre à une guérilla symbolique dont l'objectif est de "construire un pôle révolutionnaire par l'attaque et l'armement ouvrier". Après l'échec du putsch, les forces de l'ordre reprennent le dessus et Hölz s'enfuit d'abord en Tchécoslovaquie puis en Autriche. A la fin de 1920, il regagne clandestinement Berlin, où il vit au sein d'un "underground" ouvrier communisme armé mal connu, proche d'un PC gauchisme scissionniste du KPD, le KAPD (parti communiste ouvrier allemand). Quelques opérations de type hold-up, libération de détenus par des attaques de prisons nous sont néanmoins parvenues, ainsi que la réaction des autorités qui mettent à prix la tête de Max Hölz (50.000 marks). Chez les jeunes prolétaires - bien souvent chômeurs - un mythe "Hölzien" se développe. Au début de 1921, le KPD, en pleine crise gauchiste, décide de forcer le destin et de cher la république allemande des Soviets par la farce des armes. Une série de grèves violentes prélude à l'insurrection communiste année. Hölz retourne rapidement en Saxe, début mars 1921 et y réorganise l'armée rouge. Il la structure en colonnes années (le terme "colonne" est repris par les Brigades rouges, cinquante ans plus tard), fait piller les dépôts d'explosifs et désarmer les policiers. Ceci fait, il multiplie les dynamitages et les incendies de bâtiments publics, et les "expropriations" des banques et des patrons.

Le 31 mars le KPD arrête sa grève générale et les forces de l'ordre démantèlent ses groupes de guérilla Hölz est arrêté le 16 avril 1921.

Jugé en juin de la même année, il conduit sa défense selon les mêmes principes que nos contemporaines organisations communistes combattants : il nie la compétence du tribunal - à ses yeux un tribunal de classe - et fait l'apologie de la violence armée conduite par l'avant-garde du prolétariat, riposte légitime à la violence de l'Etat. Peu après Hölz est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, puis amnistié en 1928. Il devient alors l'idole de la milice communiste, l'Union des Combattants du Front Rouge. Les dirigeants du KPD le trouvent encombrant et l'envoient à Moscou en 1929. Il y disparaît, dès 1935, dans une première vague des purges staliniennes.

Hölz testera dans l'histoire comme le premier théoricien du "communisme armé" à avoir développé la doctrine, usée depuis jusqu'à la trame, "provocation - répression - résistance", et mis au point une tactique d'attaques à main armée fondée sur l'usage d'automobiles rapides et d'armes de poing, toujours en usage de nos jours pour les assassinats politiques.

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