GONZALEZ CATARAIN Maria Dolorès "Yoyes"

Figure mythique d'Eta(m) née en 1954 à Villafranca de Ordizia, une des zones du Guipuzcoa qui a enfant le plus de terroristes. En 1973, après l'attentat dont est victime Carrero Blanco, elle adhère à l'organisation. Repérée, elle fuit en France et de là dirige les commandos légaux de Bilbao, coordonne les divers "taldes" (secteurs) du Guipuzcoa et donne des cours de maniement d'explosif aux commandos sur les plages de Saint-Jean-de-Luz. A vingt-trois ans, elle s'impose comme l'une des plus importantes dirigeantes d'Eta(m), aux côtés de Domingo Iturbe Abasolo "Txomin", Javier Aya Zulaica "Trepa" et Miguel Benaran Ordenana "Argala", avec qui elle participe à la réunion tenue à l'hôtel Chiberta, de Ciboure (France). Aux dires des témoins, elle est la plus opposée aux mesures d'amnistie que Suarez vient de décider. En 1975, elle est arrêtée sur le territoire français, à Urrugne, avec sur elle un plan de l'hôpital de Bayonne où est interné l'étarre Sebastian Perello Martinez.

A plusieurs moments, elle passe pour le représentant le plus important d'Eta(m) ; on la voit ainsi participer aux réunions des KAS de la fin des années soixante-dix et devenir le bras droit d'Argala jusqu'à son assassinat le 21 décembre 1978 à Anglet par le "Bataillon basque-espagnol" et définir la ligne politique d'Eta. Un an plus tard, elle rompt avec Eta et le représentant de la ligne la plus dure et la plus sanglante, Eugenio Echeveste Arizcuren "Antxon" s'empare du contrôle du bureau politique. Encore une fois arrêtée par la police française, elle est assignée à résidence dans les Alpes de Haute-Provence, à Digne. Réfugiée au Mexique, elle travaille tout d'abord à la délégation des Nations Unies, étudie la sociologie et sort cinq ans plus tard de l'Université avec le titre de major, ce qui la mène à enseigner la sociologie urbaine.

Ayant obtenue le statut de réfugiée politique, elle est approchée par de représentants de l'Etat espagnol, pour qui elle passe pour l'un des éléments les plus "tendres" d'Eta. Des contacts ont lieu, par l'intermédiaire du sénateur nationaliste Joseba Azkarraga ; et le directeur de la Sécurité de l'Etat Julian Sancristobal négocie son retour dans la Péninsule "sans conditions". En 1985, c'est chose faite et "Yoyes" revient vivre dans son village de Villafranca de Ordizia avec son mari Juan José Dorronsoro Goicoechea, professeur au Lycée Saint Thomas de Saint-Sébastien et leur fils de quatre ans. Elle est le premier dirigeant de cette importance "réinséré", puisqu'elle fit partie du comité exécutif comme responsable du bureau politique. Le 10 septembre 1986, alors qu'elle promène sont fils calle de los Gudaris, deux étarres s'approchent d'elle et lui tirent deux coups de feu sur la tempe, à bout portant, sous les yeux de son fils et de sa mère. La mort est immédiate.

La preuve est donc faite encore une fois qu'Eta reste fidèle à sa ligne criminelle. Comme le dit Cohn-Bendit, "l'assassinat de Yoyes est dramatique et il illustre jusqu'où la fixation idéologique peut amener à la démence". De son côté, la police cherche à savoir chez quel notaire l'ex-dirigeante étarre a déposé des papiers brûlants sur l'activité de l'organisation. S'ils sortent au grand jour, on assistera peut-être à la revanche de "Yoyes" qui connut à son tour le sort des ses victimes.


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