COCAÏNE : GEOGRAPHIE ET
PHASES DE PRODUCTION
Le Département d’Etat américain, estimait en 1992 la production mondiale théorique de cocaïne à 211 700 hectares, 336 300 tonnes de feuilles, de 955 à 1165 tonnes de cocaïne HCL (C/hcl). En1993 : 195 700 hectares repérés, donnant de 770 à 805 tonnes de C/hcl (estimation de la DEA : ± 880 t.). Pérou : 450 à 480 t. de C/hcl; Bolivie, ± 255 t. (DEA : ± 190 t.); Colombie, ± 65 t.
 
 

Pérou
Il y aurait dans la totalité du Pérou de 150 à 300 000 ha. de cocaïers - point moyen : ± 200 000 ha. - et ce pays assurerait entre 60 et 70 % de la production mondiale de coca à C/hcl. Début 1993, il y avait au Pérou ± 130 000 ha repérés; plutôt près de 110 000 à la fin de l’année. En majorité dans la vallée du Haut-Huallaga, elle-même vaste de 15 000 Km2 - un peu plus que l’Irlande du nord... La production de masse de coca dans cette vallée date de 1978 (12 000 ha.). Il y en avait 28 000 ha. en 1980 et 210 000 en 1988 (apogée) - dont 200 000 illicites. Plusieurs dizaines de milliers de familles (de 60 à 300 000 selon les années) y vivent de la coca-culture.
La coca-économie fait vivre au Pérou ± 15% de la population active (plus de 50% des chômeurs). En 1990, la vente clandestine de pâte-base, de feuilles séchées ou de C/hcl aux cartels colombiens représentait plus du quart du montant des exports péruviens.
Enfin, pendant la décennie 80-90, la guérilla dégénérée maoïste connue sous le nom de “Sentier lumineux” tire de $ 20 à 100 millions (de ± 131 à 657 millions de f.) par an du narco-business, sous forme d’ “impôt révolutionnaire” ou de “taxes de décollage” des aérodromes clandestins qu’elle contrôlait. Cette taxe est levée sur les avions de la drogue, emportant le plus souvent des cargaisons de pâte-base ou de cocaïne-base vers les laboratoires des cartels colombiens (sis en Colombie, au Venezuela ou au sud du Panama), pour y être raffinés en cocaine HCL. Au début des années 90, on compte de 1500 à 1600 vols de cette nature par an au Pérou. Chaque avion transporte de 300 à 450 kilos; la “taxe”, elle, va de $ 5 à 10 000 (32 850 à 65 700 f.) par vol.
 
 

Bolivie
Fin 1993, il y avait en Bolivie de 47 à 50 000 ha. de cocaïers (35 000 ha. en 1975; de 56 à 90 000 ha. en 1988). Première exportation du pays, la cocaïne emploie ± 20% de la population active et lui rapporte 4 fois plus que l’étain. En 1990, un “cocalero” bolivien (paysan producteur de coca) gagne de $ 1000 à 2500/an par hectare de cocaïer; comme la taille moyenne d’une exploitation dans les zones de production est de ± 2 ha, le revenu annuel moyen du cocalero est de $ 4 à 5000. Les narcos locaux, fédération souple de ± 150 gangs en général associés aux cartels colombiens, sont nettement plus riches. Ils investissent ± $ 600 millions/an dans l’économie de leur pays (± 20% du PNB). D’où l’aspect bizarre du poste “balance des paiements” de la comptabilité nationale bolivienne. L’argent noir de la cocaïne ne figure évidemment pas dans les “entrées” de la comptabilité du pays; mais paye en revanche des produits importés. D’où en 1987, par exemple, un surplus de $ 417 millions, dont 226 au poste “erreurs & omissions”...
 
 

Colombie
La Colombie n’a jamais été un grand producteur de coca. Elle en cultivait ± 42 500 ha. en 1989, et vers 38/40 000 ha. fin 1993. Mais un certain durcissement de la répression en Bolivie et au Pérou pousse aujourd’hui les cartels à accroître la production agricole colombienne. Au total, selon un sénateur américain (séance du Sénat US du 20 avril 94), le narco-business procurerait à la Colombie de $ 3 à 4 milliards/an; alors que le pétrole, sa seconde exportation, ne lui rapporte que’ $ 1,5 milliard/an.

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