Introduction

Si l’on n’y prend garde au plus vite, la lutte contre le narco-trafic sera la guerre du XXIème siècle. Une guerre totale dans laquelle les adversaires seront des puissances non étatiques, voire des “Etats sans frontières”, organisés, régnant sur une population indistincte et jouissant d’une puissance financière à la fois supérieure à celle de beaucoup de pays et infiniment dangereuse du fait de son interpénétration avec nos économies. C’est pourquoi il est nécessaire de faire connaître tous les aspects d’une menace dont on ne présente le plus souvent que les aspects émergents.

L’argent sale agresse nos économies, en atteignant ses plus grandes entreprises, mais la menace polymorphe qu’il représente se manifeste également au niveau de la rue, dans nos banlieues, par ce vecteur immonde qu’est la drogue et son nouveau mode de distribution, les bandes des jungles urbaines.

Cela existe parce que la jonction entre les grandes “zones grises planétaires”  , où règnent des puissances hybrides   et les “zones grises” des villes, où règnent des bandes hors-la-loi, est désormais réalisée ; parce qu’il n’y a plus de solution de continuité entre le producteur et le consommateur, entre la plante et la rue.

La rue, c’est aujourd’hui le théâtre de la violence la plus tangible. Elle est perçue par tous ; elle devient de plus en plus insupportable. Elle a l’effet d’une brûlure sociale  . C’est ce que, dans le vocabulaire édulcoré du politiquement correct à la française, on appelle la “petite délinquance”, parfois les “violences urbaines”. Le décor en est “la ville”, les acteurs, “les jeunes” ; des mots vides de contenu grâce auxquels on a pensé faire disparaître les problèmes. Mais, au-delà des troubles de plus en plus rapprochés, c’est surtout l’ambiance oppressante de cités impénétrables qu’on ressent, des cités dominées par les bandes qui y détiennent la véritable autorité sur l’économie et sur les gens.

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