Crise chez Abou Nidal les documents qui l'accablent

Communiqué du Commandement d'urgence du Fatah - Commandement Révolutionnaire.

O Masses du grand people arabe Palestinien.

O génération de la Révolution des Pierres Révolution de la dignité! O Combattants de la Révolution Palestinienne,

O militants Arabes du Golfe à l'Atlantique.

O Amis de notre Révolution et de notre people à travers le monde, vous qui nous honorez de votre aide et de votre solidarité.

O membres de notre Fatah, avant garde de la Révolution Palestinienne, vous qui avez affronté les pires dangers, vous les résistants, vous les victimes de l'autocratie.

Vous les victimes des assassins et des fosses communes, des massacres perpétrés par Abou Nidal,, ce boucher tapi dans son repaire, vous qui faites face à la calomnie et aux tentatives de meurtres.

A tour nous déclarons ouvertement : cela suit.

Car one goutte de sang a fait déborder le vase rempli par Abou Nidal et ses laquais et ce sang a noyé notre mouvement, notre révolution.

Quel gâchis. Ce mégalomane a fait de notre mouvement sa chasse gardée, sa propriété privée. Il a trahi la Révolution et la Patrie, monopolisé les biens et les finances. Il a discrédité nos combattants, détruIls des foyers, fait incarcérer des otages par centaines dans ses globes.

Cet homme qui a perdu tout leurs moral, ce traître et ce lâche par excellence a étouffé dans l'_uf toute ébauche de réforme et de changement dans notre mouvement, pour pouvoir maintenir sa dictature déviationiste.

Inévitablement, cette voie l'a conduit tout droit à son statut actuel, celui d'un criminel en fuite, les mains rouges de sang.

Suite à des consultations intensives avec un grand nombre de responsables, de cadres sincères et de camarades dans divers secteurs, bases et implantation de notre mouvement, consultation qui se poursuivent encore aujourd'hui,

Nous déclarons la création d'un « Commandement d'urgence « de nom mouvement, le Fatah CR; il regroupe d'éminents camarades, combattants de longue date, d'autres qui se trouve occuper les postes clefs, au rein du mouvement, ceux qui, comme nous, ont vu clair, ont refusé one politique suicidaire et ont eu le courage d'affronter le bourreau. Tous veulent mettre fin à l'actuelle déviation, veulent redresser le mouvement, châtier le criminel Abou Nidal. Cela, nous le déclarons afro que tous nos camarades resserrent les rangs, soient solidaires et forts. Dans ce but, nous tenons à dire que :

1°) Le Commandement d'urgence constitue one formule provisoire destinée à corriger one situation interne anormale, caractérisée par one totale absence de cohésion. Elle est appelée à disparaître, cette formule, avec les circonstances exceptionnelles qui font rendue nécessaire, dès le rétablissement des normes antérieures, d'un équilibre sain, dune ambiance sereine, dune direction collégiale librement choisie par la base. Tout cela réapparaîtra avec la disparition du responsable de la paralysie actuelle, Abou Nidal qui se comporte en seigneur, en dictateur, excluant à sa guise; Abou Nidal à l'origine de ces maux que sort les complots, les injustices, le sabotage.

Nous nous adressons à leurs les dirigeants et cadres de l'organisation, et surtout à ceux qui se trouvent au Liban et que nous n'avons pas pu joindre. Nous aimerions qu'ils apprennent la vérité, qu'ils s'informent par leurs les moyens et qu'ils prennent position. Nous leur disons que notre commandement d'urgence est provisoire et ouvert à leurs, pour que tout rentre dans l'ordre. La réussite de note opération est l'affaire de tour. Nous insistons sur le point qu'elle ne nous est dictée que par notre conscience et notre sens de l'honneur.

Si nous en avons pris l'initiative, ce n'est nullement par soupçon à leur égard, ni par envie de minimiser leur rôle. Notre confiance en eux est totale et les mensonges d'Abou Nidal ne parviendrons pas à l'ébranler : nous sommes immunisés contre son venin. Nome confiance est entière vis à vis de chaque cadre expérimenté, de tout camarade qui n'a pas trempé dans le meurtre d'un autre camarade. Répétons le : notre initiative n'a nullement pour but de nous démarquer du reste de l'organisation, ni maintenant, ni jamais.

Car nous sommes égaux dans le malheur et partageons la responsabilité de mettre fin à l'autocratie d'Abou Nidal et de sa clique, afin que notre mouvement puisse retrouver la grande famille Palestinienne et servir la Révolution et la Patrie.

2°) Notre appel s'adresse à tous, afin que soient préservés les biens financiers, militaires ou autres, de l'organisation. IL s'agit là des biens de notre mouvement, et non de ceux d'un individu. Nous exhortons chacun à mettre ces moyens à la disposition du Commandement d'Urgence, et hors de portée d'Abou Nidal.

Nous souhaitons travailler avec vous, la main dans la main, confiants en nos propres forces, forgées par la sueur et le sang.
Ces liens nouveaux doivent échapper à l'emprise d'Abou Nidal pour qu'il n'en fasse pas, à son habitude, des instruments de destruction, d'hégémonie et d'autocratie.

3°) Cette initiative, certes dangereuse, ne menace pas l'unité du mouvement. Son objectif unique est de le débarrasser des maux qui le rongent et risquent de le détruire. Nous resterons - tant qu'il nous restera un souffle de vie - à notre adhésion au mouvement et nous battrons pour consolider son unité; pour renforcer son rôle et pour qu'il retrouve sa place au sein du Mouvement Palestinien.

Nous bannissons toute guerre intestine entre frères, membres du Fatah, quelle que soit leur appartenance actuelle. Nous bannissons toute confrontation entre adhérents du Fatah ou toute autre formation palestinienne que ce soit, tout guerre Palestino- Palestinienne.

Nous nous prononçons pour une unité nationale Palestinienne bâtie sur des fondations solides.

Fn revanche, la confrontation entre différents courants politiques palestiniens est légitime et constitue un signe de bonne santé politique.

Nous considérons l'OLP comme le seul représentant légitime du peuple Palestinien. Cette institution nationale provisoire doit être préservée quelles que soient les divergences légitimes entre les différents courants. Cela doit être clair et nous conduire à rejeter les tendances négatives visant à détruire l'unité de notre peuple.

Nous luttons pour que l'unité nationale soit préservée au sein de l'OLP, à l'image de l'unité qui règne en Palestine, renforcée encore par la Révolution des Pierres. Cela seul peut garantir le poursuite de l'Intifada. Face aux dangers qui nous guettent, il est impératif de consolider cette unité. Sinon, les hésitations, l'incertitude, l'individualisme viendront à bout de la Révolution.
Notre lutte doit emprunter une juste voie et s'éloigner de la démagogie irréaliste d'Abou Nidal. Ses agissements ont porté un coup très dur à la réputation de notre mouvement. Les massacres perpétrés ont sapé notre crédibilité et nos meilleurs combattants en ont fait les frais. Cette politique conduit droit à l'abîme et ces mensonges ne trompent plus personne. Abou Nidal prétend avoir versé 30 millions de dollars pour la Révolution populaire (L'Intifada NDLR).

Sa fortune entassée en Suisse - alors que nos combattants ont tous été formés à l'école de la générosité, du dévouement et du sacrifice - est comparable à celle d'un Onassis et rendrait un grand service à la cause.

Nos héros qui savent affronter la mort, le sourire aux lèvres sont tombés en de mauvais combats. Les opérations de Rome, de Vienne, du Soudan, d'Athènes, de Paris, de Karachi etc sont insensées et nous ont causé un tort immense.

Ces martyrs devraient aller combattre en Palestine, mais Abou Nidal a tourné le dos au juste combat.

L'Intifada entre dans sa deuxième année et ce démagogue s'agite, massacre ses propres combattants sans participer en rien à son développement.

Nous nous adressons à tous les mouvements au sein de la Révolution Palestinienne pour qu'ils nous soutiennent, maintenant que le masque d'Abou Nidal est tombé.

Nous nous adressons à nos frères : eux, comme nous, se doivent de défendre la Révolution, de protéger notre peuple contre les massacres. Nous nous adressons à tous, pour qu'éclate la vérité quoi qu'il arrive, jamais nous ne transigerons, jamais nous ne marchanderons. Notre seul but est de servir notre peuple et notre noble cause, pas de nous enrichir. Nous sommes d'humbles combattants de notre cause, conscients des difficultés à affronter.

Répétons que cette formule du « Commandement d'Urgence» n'est que provisoire et que chacun retrouvera son rôle dans l'organisation une fois l'objectif atteint.

Voici qu'approche le moment de la vérité. Face à la réalité que nous avons fait éclater au grand jour, Abou Nidal est aux abois et dit des choses insensées. Nous qui avons rejeté toute main mise, refusé toute ingérence, qui avons oeuvré inlassablement pour l'indépendance du mouvement, voilà qu'il nous accuse d'être vendus à la Syrie ou à Ahmed Jibril...

« Celui qui habite une maison de verre ne doit pas lancer de pierres sur celle du voisin» dit le proverbe.

Notre Révolution intègre et indépendante ira de l'avant. Elle est hors de portée des traîtres et des comploteurs. Le machiavélisme d'Abou Nidal, son art pour exploiter certaines contradictions n'aboutiront à rien. Rien ne saura nous faire dévier de notre objectif, car notre cause est sacrée. Nous ne transigerons jamais avec le bourreau qui a sur les mains le sang pur des martyrs, le sang de nos frères.

Révolution jusqu'à la Victoire!

1er Novembre 1989

Mouvement de Libération Nationale Palestinien - Fatah-Commandement Révolutionnaire.

Commandement d'Urgence au nom des Camarades.

Atef ABOU BAKR

Abderrahman ISSA

Membres du Comité Central et du Bureau Politique.

COMMUNIQUE A TOUS LES MILITANTS ET CADRES DE NOTRE ORGANISATION

Le Fatah-Commandement Révolutionnaire; A tous les dirigeants, cadres et combattants fidèles et honnêtes des Mouvements Révolutionnaires Palestiniens,

Aux masses de notre Nation Arabe, à notre peuple Palestinien

Et à tous les hommes libres du monde

Ce communiqué à pour objectif de vous informer de quelques unes des souffrances qu'ont endurés et endurent encore les militants et les cadres de notre Organisation. Ce qui n'est qu'un simple aperçu permettra cependant de découvrir un aspect méconnu des pratiques sauvages et criminelles de Sabri Khalil el-Banna «Abou Nidal» et de donner quelques précisions sur sa personnalité aux facettes multiples.

La «multiplicité des personnalités» , se constate chez les patients atteints de schizophrénie et également chez Abou Nidal : chaque jour -chaque instant- voit apparaître en lui une personnalité en parfaite contradiction avec celle qui l'a précédée.

Une partie de cette personnalité malade émerge hors de sa volonté; l'autre lui sert de refuge confortable pour y agir à sa guise. Jamais au profit de notre organisation, d'ailleurs, mais toujours pour sa propre gloire, ce même au prix de la mort d'êtres innocents.

J'ai vécu avec Abou Nidal pendant plus de vingt ans, et nous ne nous sommes presque jamais quittés du 14 Mai 1969 jusqu'au milieu de la nuit du 18 Octobre 1989. J'affirme ici connaître pratiquement tout de sa personnalité, de son mode de vie et de son comportement quotidien.

La tragédie a éclaté le jour où la véritable personnalité d'Abou Nidal a commencé à émerger, ce qui me fit hésiter et m'interroger. Etait-ce vraiment l'Abou Nidal que j'ai cotoyé pendant près de vingt ans, cet être cassant, dont l'intransigeance allait croissant depuis trois ans? Aurait il caché son jeu pendant tout ce temps ? Abou Nidal a-t-il pu passer aussi vite d'une personnalité à une autre, sans aucun signe avant coureur ? Aurait-il réussi à dissimuler sa personnalité réelle durant toutes ces années et se manifesterait-elle maintenant qu'il a jeté le masque ?

Ces nombreuse questions nécessitent des réponses objectives et concrètes, afin qu'Abou Nidal ne soit pas jugé de façon hâtive et injuste. Voilà ce que je vais m'efforcer de faire à travers mes révélations sur Abou Nidal, documents à l'appui. Je n'aborderai pas ici mes souffrances personnelles de ces derrières années. Je traiterai plutôt d'une affaire importante : celle des exécutions aveugles de dirigeants et de cadres de notre organisation. Elle concerne tous les cadres et les militants de notre organisation et également les hommes honnêtes et fidèles de notre grande nation arabe, notre intérêt à tous étant d'empêcher Abou Nidal de provoquer de nouveaux bains de sang.

Mes camarades et moi-même avons supporté beaucoup de choses, mais nous voilà désormais à la croisée des chemins : soit nous acceptons que les assassinats se poursuivent dans notre mouvement, soit nous nous y opposons.

Voici donc les précisions nécessaires à la compréhension de l'affaire de l'assassinat de nos dirigeants Moustafa Mourad « Abou Nizar» et El-Hajj Abou Moussa, suite à une crise interne provoquée par Abou Nidal. Dans cette affaire, Abou Nidal a cherché à désintégrer notre mouvement possédant son programme révolutionnaire propre, sa ligne politique, et son fonctionnement inspiré du centralisme démocratique... Disons tout de suite que la crise oppose d'un côté le seul Abou Nidal et de l'autre l'ensemble des cadres et dirigeants de notre mouvement.

La crise n'a pas éclaté au moment de notre départ de Syrie ni lors de l'arrivée d'Abou Nidal en Libye au soir du 21 février 1987, mais remonte au début de 1984; elle se révélera à la fin de 1985.

Au milieu de 1987, Abou Nidal va prendre conscience des possibilités que lui apporte l'éclatement des Commandements en zones géographiques particulières : il va pouvoir concentrer dans ses mains tous les pouvoirs par le simple fait de coordonner le travail des bureaux et commissions d'organisation, donnant directement ses ordres à leurs dirigeants et étant le seul récipiendaire de leur correspondance.

Dans cette partie, certains camarades représentaient un obstacle pour Abou Nidal : il essaya donc de les attirer dans des pièges pour s'en débarrasser. Dirigeant désormais en fait l'organisation de façon personnelle, il envoya des messages mensongers aux camarades de la direction résidant au Liban. Correspondances tronquées, biaisées que personne n'avait 1e droit de lire avant expédition, à l'exception d'Amjad Ata, 2° secrétaire du Comité Central et gendre du frère d'Abou Nidal.

Ce dernier a ainsi cherché à égarer tous nos camarades du Liban. Il cachait également les messages envoyés du Liban par nos camarades, n'en évoquant avec nous que certains éléments sans jamais les montrer. Nous avons essayé de nous opposer à ces pratiques individualistes mais si il reculait sur le moment, c'était pour renforcer encore son contrôle par la suite.

Arrêtons nous un peu sur l'une des maximes favorites d'Abou Nidal, selon laquelle le pouvoir dans une organisation repose principalement sur l'argent et les armes. Dès le début de la crise, il prit donc en main, également, le pouvoir financier et fit ouvrir au nom de sa femme, de ses enfants et parents, des comptes dans des banques suisses et autrichiennes. Il contrôla aussi personnellement tous les pouvoirs en matière bancaire.

Désormais, Abou Nidal est secrétaire et responsable du secrétariat du Comité Central, directeur de l'information, des secteurs économique, et financier, du camp militaire. Il est également responsable des Opérations Spéciales à l'étranger, de Felastin el-Thaoura («Révolution Palestinienne», organe du Fatah-CR NDT) et du bureau politique.

Une seine direction lui échappe toutefois, parce qu'il se désintéresse de l'affaire : le travail en Palestine occupée, bien qu'il proclame que la Révolution Populaire en Palestine est son objectif prioritaire. Son seul travail en ce domaine consiste à rendre visite à telle ou telle épouse de camarades (prisonniers ? tombés au combat ? Non précisé dans le texte NDT)

C'est après notre départ de Syrie en Juin 1987, alors que cinq camarades du Bureau Politique se trouvaient en Libye, que commencèrent les man_uvres d'Abou Nidal pour assurer sa main mise sur notre mouvement.

Il se mit à donner les ordres dans tous les domaines, primordiaux ou secondaires et à décider de tout : cela provoqua une crise majeure. Abou Nidal fit marche arrière chaque fois qu'il se sentait en position de faiblesse, adoptant un profil bas mais préparant l'étape suivante en secret

Rien de cela n'aurait été possible sans les membres du Comité Central, de véritables marionnettes qu'Abou Nidal man_uvrait à sa guise. Quatre membres du Bureau politique, alors à l'étranger (hors de Libye NDT), les camarades Abou Nizar, Atef Abou Bakr, Mounir Ahmad et moi-même refusèrent cette ligne auto-destructrice : Abou Nidal cessa alors de convoquer le Bureau Politique pour ne travailler qu'avec un comité central qu'il manipule comme il veut.

Je tiens à dire ici que nous aurions pu isoler Abou Nidal si nous l'avions voulu, mais tous étaient tellement persuadé qu'il était bien le premier des dirigeants, et de l'aspect primordial de son rôle... Personne ne voulait lui ravir sa place, mais nous étions attachés au principe de la direction et de la prise de décisions collégiales, chose que refuse Abou Nidal malgré son acceptation théorique de la volonté majoritaire.

Les affaires importantes sont traitées par lui seul, hors du contrôle de quiconque et exécutées par ses marionnettes. Cet individualisme total a conduit notre organisation dans une voie dangereuse et auto-destructrice.

Son complot amena Abou Nidal à écrire aux camarades du Liban qu'il combattait à la fois l'ennemi extérieur et l'ennemi intérieur représenté, pour le citer dans l'une de ses missives, par une «Bande des Quatre» composée des camarades Abou Nizar, Atef Abou Bakr, Mounir Ahmad et Abderrahman Issa. J'ai découvert cela par hasard, un soir d' Août 1987, en pénétrant dans le bureau d'Abou Nidal alors qu'il écrivait à l'un de nos camarades, pas l'un des plus malins d'ailleurs. Je compris tout de suite qu'Abou Nidal continuait à tramer ses complots par lettres interposées. En signe de protestation contre ces pratiques agressives, je refusai de siéger au Comité Central et au Bureau Politique. Je demandais à quitter la direction pour ne pas être partie prenante de décisions que je rejetais. Atef Abou Bakr et Abou Nizar rejetèrent également les méthodes d'Abou Nidal et s'efforcèrent de les contrer.

Face à mon insistance, Abou Nidal, toujours fidèle à ses méthodes machiavéliques et trompeuses, déclara que mon départ du cercle dirigeant était une sanction pour des fautes que j'avais commises, alors que lui et moi avions d'un commun accord décidé de déclarer que je partais pour convenances personnelles. Je l'ai revu pour recevoir des explications et il m'a dit : «Si tu crois qu'on peut publier dans notre mouvement un décret revenant à dénoncer ma propre conduite, tu es fou...» Sans commentaires. Ce qui précède n'est qu'un exemple des tromperies dont use Abou Nidal contre tous, sans exception, dans notre organisation et vis-à-vis de ses alliés. Sans oublier ses criminels actes de vengeance qui s'exercèrent notamment à l'encontre des camarades dirigeants Abou Nizar, el Hajj Abou Moussa, Abou Omar et des centaines d'autres camarades.

Je tiens ici à vous raconter, sans entrer dans les détails, comment Abou Nidal a fait tuer le camarade el-Hajj Abou Moussa, un homme de plus de soixante ans, malade et diabétique de sûrcroit. En dépit de cela, il était à nos yeux le modèle même du combattant inlassable prêt à tous les sacrifices. C'est lui qui, au camp du martyr Abou Ali Iyad en Irak, avait assuré la promotion de milliers de nos combattants.

Il dirigea ensuite notre camp d'entraînement du Hermel, au Liban, puis les forces de notre mouvement au Liban toujours. Il arriva en Libye en 1987 à la tête d'une de nos unités combattantes envoyée dans ce pays pour y contribuer à la lutte anti-impérialiste.
Quelques semaines après son arrivée en Libye, el-Hajj Abou Moussa fut convoqué par Abou Nidal et ses sbires dans une maison de la région d'el-Sawani, à proximité de Tripoli, pour une réunion. Abou Nidal prit el-Hajj Abou Moussa à part, le tua et le fit enterrer sur place, juste à côté de la maison. Il fit alors couler du béton sur le sol et construire une pièce nouvelle au-dessus de son corps. Un tel crime dépasse l'imagination. Et quel sort tragique pour un résistant comme el-Hal Abou Moussa que d'être assassiné en cachette sur le sol libyen, cette terre de tous les arabes qu'il était justement venu défendre!

Ce crime abominable a été commis par Abou Nidal avec l'aide d'Amjad Ata, Jamal Abboud et Sami Aboul'Haftom.

Abou Nidal a tenté de garder secret le sort du camarade el-Hajj Abou Moussa en disant à nos combattants de Libye qu'il était au Liban, et vice-versa. A l'épouse d'el-Hajj Abou Moussa, il a fait dire que son époux s'était remarié et quand des camarades se renseignaient sur son sort, il détournait brutalement la conversation.

Je défie quiconque, Abou Nidal le premier, de dire le crime qu'a commis el-Hajj Abou Moussa, et d'apporter la preuve qu'il est parti de Libye, Abou Nidal a procédé de même avec le camarade Moussa Ahmad Rachid. Il l'a fait venir de Koweit, l'a tué et enterré au même endroit, chose qu'il a niée quand nous avons informé de ce fait les camarades libyens.
A la date du 18 Octobre 1989, le nombre des camarades assassinés en Libye, dans le camp et des permanences de notre mouvement s'élève à 156. Je n'ai pu obtenir une liste complète des noms des victimes et des localisations des meurtres car la liste ne sort pas des mains d'Amjad Ata, 2° secrétaire du Comité Central, gendre du frère d'Abou Nidal et gardien de ses secrets.
Abou Nidal veille à ce que ses crimes restent inconnus, et ce pour plusieurs raisons :

1°) Il tient à ce que les frères libyens ignorent ses crimes commis sur le sol de la Jamahiriya libyenne car cela porte atteinte à sa souveraineté. Il sait aussi que cela constitue une trahison envers les frères libyens, envers le camarade Colonel Khadafi en premier lieu. D'autant plus grave qu'aucun frère (Libyen NDT) n'a jamais tenté de s'immiscer dans les affaires de notre mouvement; qu'Abou Nidal a joui d'une confiance jamais accordée à aucun autre dirigeant palestinien et qu'aucune limite n'était imposée à ses déplacements ou à ses contacts.

2°) Il tient à ce qu'aucune information (sur ces crimes NDT) ne circule dans l'organisation : c'est ainsi que personne ne connaît au juste le sort d'Abou Nizar, d'el-Hajj Abou Moussa, ni de centaines d'autres camarades.

3°) Il souhaite qu'aucune de ces informations ne soient connues des forces alliées et amies car cela jetterait le discrédit sur lui, et il perdrait toute la confiance dont il jouit aujourd'hui.

Voilà précisément les raisons qui font poussé à faire le silence sur le cas du camarade Abou Nizar, dont je vais parler maintenant. En Septembre 1987, l'hégémonie d'Abou Nidal était telle que la situation était devenue intenable; toute coexistence était impossible avec un homme usant de ces méthodes et prenant de telles libertés avec le code moral de notre mouvement. Le camarade Atef Abou Bakr refusa de continuer à travailler avec Abou Nidal et resta à son domicile. Il mit des conditions à la reprise de son travail. Elles ne furent pas remplies et Abou Nidal ne parvint pas à le faire changer d'avis. Abou Nidal convoqua alors le camarade Abou Nizar, qui résidait à Alger, à Tripoli pour qu'il fasse revenir Atef Abou Bakr sur sa décision. Abou Nizar, lui insistait encore sur la nécessité de préserver la cohésion de notre mouvement; ce qui était normal pour un homme qui avait toujours eu le souci de cette cohésion par le passé. Il avait agi de la sorte avec moi quand mon opposition à Abou Nidal avait atteint le point de non-retour, et que j'avais catégoriquement refusé de travailler avec lui, en Juin 1987. Dieu sait qu'Abou Nizar avait tout tenté pour que je fasse marche arrière; que j'essaie de supporter les pratiques d'Abou Nidal pour pouvoir en atténuer les effets sur notre mouvement. Cette attitude unitaire d'Abou Nizar, je re l'oublierai jamais.

Après qu'Atef aie donné son accord pour participer à un nouveau Comité Central et pour que soit fixé un nouveau cadre de travail ( ... quelques mots illisibles dans l'original en arabe NDT...) Abou Nidal persévérant dans son comportement diabolique et excessif, le camarade Abou Nizar, constatant que plus aucun camarade ne souhaitait travailler avec Abou Nidal, émit le souhait d'aller au Liban pour faire baisser la tension et les risques d'affrontements et y remplir au mieux sa mission. Il devait toutefois se rendre auparavant dans un pays socialiste pour s'y faire soigner.

Surprise : Abou Nidal accepta tout de suite. Je dis surprise car cet accord - un piège à coup sûr - était invraisemblable : Abou Nidal m'avait dit à plusieurs reprises que le départ d'Abou Nizar était hors de question. Il insistait bien -et auprès de plusieurs camarades, à de nombreuses reprises- pour dire qu'Abou Nizar devait abandonner cette idée.

Le jour où j'ai entendu dire qu'Abou Nizar était au Liban, f ai compris tout de suite qu'il s'agissait d'un mensonge d'Abou Nidal.

J'étais à l'époque en mission au Soudan, d'où je revins le Lundi 17 Octobre 1988, vers midi. J'appris par un ami -qui ne militait pas dans notre mouvement- qu'Abou Nizar était à Tripoli. Or, il faut savoir qu'au nombre des mesures de coercition prises par Abou Nidal, il y a l'interdiction de toute rencontre entre camarades, même de rang égal... Tout contrevenant à cette règle était suspect de «complot» ou de «trahison». Les slogans étaient «tout bavard est un traître»... «Tout camarade qui en rencontre un autre sans en aviser Abou Nidal est un traître» ...» Celui qui donne le numéro de téléphone d'un camarade est un traître»... Une de nos plaisanteries préférées était « celui qui respire est un traître».!

Voilà le style des mesures qu'imposait Abou Nidal.

Lorsqu'en ce 17 Octobre, j'appris qu'Abou Nizar était à Tripoli, je me suis mis à sa recherche, malgré la surveillance renforcée qu'exerçait une équipe d'Abou Nidal sur mes déplacements et mes rendez-vous. Mes recherches furent vaines : je n'ai trouvé ni le camarade Abou Nizar, ni quiconque l'ayant vu ce jour là.

Ma surprise et mes doutes grandirent encore quand j'appris que le camarade Abou Nizar n'avait pas libéré sa chambre à l'Hôtel de la mer, où il résidait. J'ai eu peur, vraiment quand j'ai vu qu'il avait quitté sa chambre au matin du 17 Octobre en y laissant ses affaires personnelles. Je commençais à penser qu'Abou Nidal avait tué le camarade Abou Nizar, l'occasion s'étant présentée à lui. Plus d'une fois, j'avais tenté de le mettre en garde, en lui disant «Attention à l'instinct de vengeance d'Abou Nidal...c'est un tueur à qui on ne peut accorder nulle confiance». Abou Nizar - que Dieu lui pardonne - me répondait : «Crois to qu'Abou Nidal en viendrait à des extrémités aussi basses?» « Oui» lui répondais -je et «tu as intérêt à être vigilant». Sans la prudence dont je faisais preuve, j'aurais moi même été assassiné par Abou Nidal, notamment le 19 Novembre 1987, mais je m'en suis tiré par miracle. Abou Nizar répétait qu'il était le compagnon d'Abou Nidal de longue date, qu'ensemble ils avaient affronté de nombreuses épreuves et qu'il ne pourrait croire à tout cela.
Ces conseils de prudence, ces divers exemples de la traîtrise d'Abou Nidal, Abou Nizar ne les prenait pas vraiment au sérieux. Il ne voyait pas ce dont Abou Nidal était capable; ne comprenait pas que ses sourires même étaient meurtriers. C'est ainsi que le camarade Abou Nizar disparut le 17 Octobre 1988 au matin, pour ne plus reparaître. Que s'est il passé?

Le Dimanche 16 Octobre 1988 au soir, une session du Comité central s'est tenue dans le bureau de la Résidence de Souk al-Jomaa d'Abou Nidal. Abou Nizar y participait, je l'ai vérifié. Comme il avait obtenu de partir pour le Liban, il a de suite demandé un rendez-vous en tête à tête avec Abou Nidal, qui a accepté. La rencontre était fixée au lendemain Lundi 17, à 8h30 (du matin NDT). Dimanche 16 au soir, Abou Nidal, Abou Nizar et Atef Abou Bakr partirent ensemble à un rendez-vous avec Ahmad Jibril, et se sont séparés par la suite vers minuit. Dans la voiture, Abou Nidal, qui conduisait, a confirmé à Abou Nizar son rendez vous du lendemain.

Le Lundi 17, après le rendez-vous en tête à tête dont j'ai parlé ci-dessus, soit à 10 heures du matin, une autre session du Comité central était prévue, mais Abou Nidal la reporta au lendemain, et annonça qu'Abou Nizar était reparti pour l'Algérie. Comprenant qu'Abou Nizar avait bel et bien disparu, je décidai d'adopter la ligne de conduite suivante :

1°) feindre d'ignorer la présence d'Abou Nizar à Tripoli, afin que nul ne se doute de mes soupçons. Cela m'était possible, ayant été en mission au Soudan du 29 septembre au 17 Octobre 1988. 2°) chercher à connaître la vérité sur sa disparition d'autant plus que j'étais au courant des dissensions graves entre Abou Nidal et d'autres membres du Comité central, dont certains se trouvent hors de Libye.

3°) tenter de récupérer les documents où Abou Nidal ferait peser des accusations sur Abou Nizar ou d'autres camarades.
J'ai réussi à récupérer un certain nombre de documents; j'ai également recueilli certaines histoires -dans la version qu'en donnait Abou Nidal- et j'ai pu les restaurer dans leur réalité. J'ai obtenu une copie du dossier qu'Abou Nidal qualifie de «réquisitoire contre Abou Nizar» et je le publierai plus loin, dans ce communiqué.

Pour être plus précis encore, je dois indiquer que j'ai réintégré le Comité Central à partir du premier Juillet 1989, afin d'en savoir plus sur mutes ces affaires. J'ai effectivement appris beaucoup sur des cas de meurtres, de tortures morales ou physiques portant sur beaucoup de camarades. Sans oublier les actes de vengeance visant des camarades, leurs femmes et leurs enfants. On s'attaquait à leur réputation, on les menaçait et c'est ainsi que des dizaines de camarades sont restés, comme otages volontaires, dans notre camp libyen «martyr Naji el-Ali» de peur qu'on s'en prenne à leurs épouses.

Le «Complot d'Abou Nizar» tel que le décrivit Abou Nidal

1°) Abou Nidal a décidé d'une réunion en tête à tête avec Abou Nizar le 17 Octobre 1988 au matin.

2°) Le piège a été tendu dans la résidence de Souk el-Jomaa qu'Abou Nidal utilise comme bureau. Etaient présents Abou Nidal, Amjad Ata, Jamal Abboud, plus les gardes du corps et gardiens de la résidence.

3°) Après avoir exécuté leur sale besogne, ils ont transporté le (...corps du... NDT) camarade Abou Nizar dans la maison de Souwani - une prison et un lieu d'exécution murmure t on au mouvement- qu'Abou Nidal habite, encore à ce jour, et où il travaille souvent.

4°) Abou Nidal a répandu le bruit, au sein du Comité Central, qu'Abou Nizar était en mission au Liban.

5°) J'ai contacté Oum Nizar, qui réside au Liban. Elle pensait que son mari était parti de ce pays pour une mission à l'étranger.

6°) Pour accréditer la présence d'Abou Nizar au Liban, Abou Nidal a fait envoyer de faux télégrammes à son nom, de ce pays, en Décembre 1988, alors que nul ne l'y avait vu à l'époque aucun camarade, aucun dirigeant palestinien ou libanais, lui qui en connaissait des centaines.

7°) Comme il ne possédait aucun élément justifiant une incrimination d'Abou Nizar, Abou Nidal se mit à en chercher, pour appuyer sa théorie du « complot» . Il réussit à s'emparer, en Mai 1989, d'un attaché-case Samsonite contenant les papiers personnels d'Abou Nizar, que ce dernier avait laissé en dépôt à un ami. Ce n'étaient que quelques correspondances entre Abou Nizar, ses parents, ses amis. Déçu, Abou Nidal se mit à confectionner des faux.

8°) Après avoir obtenu l'accord d'Abou Nidal, Abou Nizar avait expédié sa famille à Damas, en Août 88. Après l'avoir assassiné, Abou Nidal feignit de s'étonner de la présence de sa famille à Damas, et répandit le bruit que là était la preuve qu'Abou Nizar était un agent syrien. Cela ne l'empêchait pas de dire à d'autres, proches de la Syrie, qu'Abou Nizar était un «arafatiste» ; à d'autres encore qu'il était à la solde de la Jordanie. Son discours variait selon ses interlocuteurs.

9°) Depuis la disparition d'Abou Nizar jusqu'en fin Juin 89, Abou Nidal a affirmé -aussi bien au sein du mouvement qu'à l'extérieur que 1e camarade Abou Nizar était au sud-Liban. Simultanément, il faisait courir le bruit qu'il était un «comploteur», et qu'il avait crée des sociétés, à son profit, avec l'argent du mouvement. Il ajoutait, selon les cas, qu'Abou Nizar était un agent syrien, Arafatiste, Algérien, Jordanien ..., Libyen même! Poussant plus loin le jeu, il clama que le camarade Abou Nizar serait traduit devant un tribunal populaire du camp (palestinien) de Rachidiyeh (sud-Liban NDT ).

10°) Suite à de nombreuses demandes émanant de tous les mouvements alliés, ou amis, de notre mouvement, nul ne croyant plus à la présence d'Abou Nizar au sud-Liban, Abou Nidal a fait dire que ce dernier était bel et bien impliqué dans ces affaires et que l'acte d'accusation serait publié plus tard. D'après Abou Nidal, à ce moment là, Abou Nizar était toujours vivant : c'est ce qu'il a dit entre autre à une délégation de cinq personnes, dont le camarade Ahmad Jibril, le 3 Septembre 1989.

11°) Aux frères libyens, Abou Nidal continue d'affirmer qu'Abou Nizar se trouve au Liban : si ce dernier n'était jamais sorti de la Libye, et y avait été tué, cela porterait atteinte à son crédit auprès des frères. Voici au contraire les preuves et témoignages permettant d'affirmer qu'Abou Nizar n'est jamais reparti de Libye depuis son arrivée, via l'aéroport de Tripoli, en Octobre 1988.

J'aborderais ici les grandes lignes de l'affaire : les aspects spéciaux et secrets seront transmis aux frères libyens qualifiés.

a) - Les camarades Atef Abou Bakr et Abou Nizar ont quitté tardivement Abou Nidal ( la nuit du 16 Octobre 1988 NDT) et ce dernier n'a pu matériellement repartir cette nuit là pour l'Algérie.

b) - Il est impossible qu'Abou Nizar soit parti pour l'Algérie sans en informer quiconque, alors qu'une réunion en tête à tête avec Abou Nidal avait été publiquement fixée au Comité central. Ce d'autant plus qu'il est impossible de quitter la Libye sans que les autorités n'en soient informées, et sans contrôle à l'aéroport même. Abou Nizar le savait bien, lui qui insistait en permanence sur le respect des procédures. Jamais un tel départ à la sauvette ne s'était produit, les frères peuvent facilement s'en assurer.

c) - Il a conservé sa chambre à l'hôtel de la mer jusqu'au 25 Octobre : s'il avait quitté Tripoli, il aurait libéré sa chambre et réglé sa note d'hôtel.

d) - Ses affaires personnelles sont restées dans sa chambre jusqu'au 25 Octobre, date à laquelle Abou Nidal a envoyé Amjad Ata et ... (nom illisible dans l'original NDT) les récupérer et payer l'hôtel. Si Abou Nizar avait réellement quitté Tripoli pour le Liban aurait-il laissé sa valise, ses affaires, ses médicaments derrière lui?

e) - Le camarade Abou Nizar avait divers rendez-vous avec des amis à Tripoli, et devait déjeuner chez l'un d'eux. S'il avait quitté Tripoli - s'il en avait simplement eu l'idée- l'Abou Nizar que j'ai connu aurait évidemment téléphoné pour annuler ses engagements.

12°) Abou Nidal a envoyé certains de ses hommes en Algérie pour y acheter du mobilier et des lustres de luxe et les installer dans la maison où résidait d'habitude Abou Nizar et sa famille. Ceci fait, ils devaient réaliser un film vidéo de l'installation «luxueuse» et l'envoyer au Liban, où il servirait contre Abou Nizar en « démontrant» qu'il vivait dans le luxe. Ces faits sont bien connus de ceux qui ont visité la maison d'Abou Nizar à Alger. A partir de là, on peut s'interroger sur deux points

a) si le camarade Abou Nizar était un agent, un espion, un escroc, pourquoi Abou Nidal ne l'a-t-il pas dit publiquement lui qui prétend ne craindre personne? Pourquoi passe-t-il sous silence les affaires el-Hajj Abou Moussa, Abou Omar... (ici deux noms Indéchiffrables dans l'original NDT)

b) S'il y avait matière à accuser Abou Nizar, pourquoi Abou Nidal n'a-t-il pas soumis ses arguments et preuves au Comité central avant de déférer Abou Nizar devant un tribunal? S'il avait procédé ainsi, tout le mouvement le suivait sans problème.

A la lumière de tout ce qui précède, tout cadre ou militant de notre mouvement, tout allié, tout ami n'a-t-il pas le devoir de s'interroger sur des méthodes aussi perverses? Ne voilà pas la preuve qu'il s'agit d'un règlement de compte personnel à qui Abou Nidal a voulu donner l'allure d'un complot? Toute personne ayant collaboré avec Abou Nidal, dans notre mouvement ou au dehors sait d'ailleurs fort bien qu'un désaccord, même minime avec celui ci suffît pour qu'il vous qualifie d'espion et d'agents : deux mots dont il fait le plus grand usage.

Il est également bien connu qu'Abou Nidal est soupçonneux à un point incroyable. Il doute de son entourage, de ses parents quelle que soit la confiance qu'il affecte de leur accorder. Il doute même de sa femme et de ses enfants et il doit sans doute en venir à douter de lui même. Je n'exagère pas en disant qu'il se croit le sauveur du monde et le plus intelligent des hommes -voire le seul homme intelligent. Il excelle aussi dans l'art de la Takiya ( la dissimulation : dogme des chiites duodécimains et des sectes hérétiques d'origine chiites : Druzes, Alaouites, Ismaéliens)

Frères! Camarades!

Avant de conclure ce communiqué, je vais extraire, d'une lettre d'Abou Nizar à l'un de ses camarades, quelques phrases considérées par Abou Nidal comme accablantes. Je laisse chacun juger ce texte, et décider de leur contenu « conspiratif» . Abou nizar dit textuellement
«Au moment où j'abandonne le poste que j'ai contribué à créer et occupé avec honnêteté, en homme fidèle à Dieu et à son combat, je me prépare à une réflexion personnelle approfondie sur cet univers féroce et un peu fou... je considère mon départ comme une sorte de libération.

Ma tâche essentielle, ces derniers temps, et mon ambition majeure étaient de sauver mon honneur, de ne pas laisser souiller mes actions passées : je ne regrette rien de tout ce qu'il a fallu faire pour cela, puisqu' aujourd'hui j'atteins mon objectif.

Voilà pourquoi je n'ai pas recherché de mission nouvelle. Si cette idée m'avait effleuré, certes, je mériterais d'être qualifié de comploteur et de traître. Mais cela conduirai à plus d'errances encore, à plus de souffrances, alors que j'aspire uniquement à oublier le passé !

Je souligne ici que, grâce à Dieu, je vis dans une aisance que j'ai moi même créée, au fil des années et de mes propres moyens, ayant toujours refusé de tremper dans des affaires suspectes.

Mon frère, pas d'affolement, pas d'initiatives intempestives devant ces situations difficiles : l'homme s'inscrit à la fois dans le passé, le présent et l'avenir. Il est enfin gravé dans la mémoire de ses enfants, en un souvenir qu'ils chériront ou haïront.

Je ne me livrerai à aucune attaque depuis l'extérieur (du Fatah-CR NDT); et si un jour je devais le faire ce serait face à face, d'homme à homme, ainsi que je l'ai toujours fait. D'autre part des rumeurs circulent ça et là comme quoi Abou Nizar et Abou Farah auraient constitué une fraction et s'apprêteraient à proclamer une scission dans notre organisation. Ces rumeurs sont tout sauf innocentes et il n'est pas nécessaire de les alimenter encore.»

Cette lettre et toutes les autres, y compris celles écrites par Abou Nidal à l'intention d'Oum Nizar seront publiées si nécessaires.

J'annonce ici mon intention de me battre pour Abou Nizar et d'exiger que toute la vérité soit faite publiquement sur cette affaire. Si le camarade Abou Nizar est réellement un criminel, un traître, un agent ou un escroc, je serai le premier à le condamner et n'aurai pour lui nulle pitié.!

S'il est vraiment innocent de tous les crimes dont on l'accuse, le tribunal dont je demande la constitution sera là pour condamner à mort tous ceux, à commencer par Abou Nidal, qui ont perdu toute loyauté, tout sens moral vis à vis de leurs camarades. Je sais très bien qu'Abou Nidal va m'accuser de tous les maux, et cela ne m'étonne pas. Je le mat au défi d'apporter le preuve d'une seule des accusations qu'il lance à ceux qui ont refusé de travailler avec lui. Je possède en ce moment des dossiers, des documents accablants pour Abou Nidal : accablants pour tous ceux qui sont sous ses ordres, pas uniquement pour ceux qui s'opposent à lui. Car, je le sais parfaitement, toutes les accusations que lance Abou Nidal se rapportent à des opérations qu'il a ordonné et fait exécuter secrètement. Non pas une déviation momentanée ou temporaire, mais - nous en reparlerons - mais d'une conduite digne d'un satrape et touchant aux affaires d'otages, aux finances, aux «opérations» (actes de terrorisme NDT)...

Enfin si Abou Nidal dispose d'éléments accablant Abou Nizar, qu'il les lise à un tribunal public, au moment et au lieu qu'il jugera bon et qu'il donne au camarade Abou Nizar la possibilité de venir s'y défendre, comme le prévoient les statuts de notre mouvement et toutes les lois du monde, d'ailleurs. (le n°3 du Fatah Commandement Révolutionnaire invoquant les règles de l'Etat de Droit : la chose ne manque pas de sel ... NDT)

C'est pourquoi nous appelons tous les frères mentionnés ci-dessous à former un jury d'honneur qu'Abou Nidal lui fournissent ses preuves. Nous ferons de même. Que notre camarade puisse se défendre.

Ces frères sont :

1- le Président Suleiman FRANGIE (Liban)
2- Le frère Walid JOUMBLATT (Liban)
3- le frère Moustafa SAAD (Liban)
4- L'Alim Mohamed Hussein FADLALLAH (Liban)
5- Le Cheick Saïd CHA'ABAN (Liban)
6- Le frère Daoud el-BAZ (Liban)
7- Le frère Georges HAOUI (Liban)
8- Le frère Mohsen IBRAHIM (Liban)
9- Najah WAKIM (Liban)
10- Walid el-HUSSEINI
11- Le frère Omar HARB (Liban)
12- Le Camarade Abou ISSA (Parti Révolutionnaire du peuple Jordanien)
13- Talal SALMAN (Liban)
14- Le Camarade Sami el-ATTARI (Parti Ba'as, Syrie)
15- Le Camarade Nizar HAMDOUN (Parti Ba'as, Syrie)
16- Le frère Mouzafer el-NOUWWAB
17- Le frère docteur el-MAGHRIBI (Libye)
18- Le frère Ahmad el-HAWKI (Libye)
19- Le frère Mesbah el-KADHAFI (Libye)
20- Le frère Saleh el- DROUKI (Libye)
21- Le frère Ismat Saïf el-DAWLA (Egypte)
22- Le frère Ahmad KHA'IK (Egypte)
23- Le frère Sabri MABDI (Egypte) 2
24- Le frère Ahmad el-KHAWAGA (Egypt)
25- Le frère Khaled Gamal ABDELNASSER (Egypte )
26- Le frère Taha el-MIRGHINI (Avocat, Soudan)
27- Le frère Nagib el-CHABBI (Tunisie)
28- Le frère Moncef el-CHABBI (Tunisie)
29- Le fire Abderrahman el-NACHILI (Tunisie)
30- Le frère Ibrahim TOUYAL (Tunisie)
31- Le frère Ali Akbar el-IBRAHIMI (Algérie)
32- Le frère El-Haff Ahmad TAHER (Algérie)
33- Le frère Mohamed el-BASRI (Maroc)
34- Le frère Moujahid el-Qahali (Yemen)
35- Le frère Saleh QALLAB (journaliste)
36- U fare Ahmad el-KHALIB (Koweït)
37- Le frère Mohamed Yassin el-SAGR (Journaliste, Koweït)
38- La soeur Hamida NA'NA (Journaliste)
39- Monsieur Lucien BITTERLIN Président de l'Association de solidarité Franco-Arabe, Paris.
40- Un représentant des directions des mouvements révolutionnaires palestiniens
41- Ceux qu'aura choisi Abou Nidal qu'ils soient ou non membres du mouvements ; arabes ou .étrangers.

Je dis sérieusement que si ce qu'Abou Nidal avance à propos d'Abou Nizar était vrai, je me rendrai à lui sur le champ et subirai mon sort sans me plaindre, que Dieu en soit témoin. J'accepte à l'avance le jugement de la Commission. Que soit maudit celui qui cachera ou déformera la vérité, le traître qui accusera injustement ses compagnons, aujourd'hui et pour l'avenir.

Je demande en conclusion à tous les médias arabes à diffuser ce communiqué, qu'il parvienne à tous ceux qui pensent qu'Abou Nidal se rend coupable de déformer la vérité. Au nom de tous mes camarades injustement assassinés, en mon nom propre, je les en remercie sincèrement.

Nous jurons d'être impeccables pour ce qui concerne la vérité et la justice. Que Dieu soit avec nous! Révolution jusqu'à la Victoire!

Abdurrahman ISSA
Membre du Comité Central et du Bureau Politique Fatah-Commandement Révolutionnaire Le 27 Octobre 1989

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