Au contraire des trotskistes (pour ne rien du PSU) l'ensemble des militants
se réclament de Mao Zedong approuve sans réserve la formulation
du même : "Le pouvoir est au bout du fusil". Formulation synthétique
géniale (dans sens de Baudelaire : le génie, c'est de créer
un poncif), elle désigne la cible (le pouvoir) le moyen (le fusil).
Elle est valable pour la conquête comme pour la défense dudit
pouvoir. Elle indique la direction (au bout) et balaie les autres moyens
de conquête (pouvoir = fusil). Nous scandons ce slogan dans les manifestations,
ce qui ne pose pas de problème quand elles concernent une lutte
armée (Vietnam, Palestine) mais en posent quand il s'agit de revendications
catégorielles.
Une grande différence d'analyse oppose "spontanéistes"
et "dogmatiques".
Pour les spontanéistes, on ne peut décréter le
jour et l'heure de l'insurrection. Il faut commencer, dès maintenant,
un processus de violence révolutionnaire, aujourd'hui avec des bâtons,
demain avec des armes. Il sera possible de mener une guerre populaire prolongée
en France, la preuve : le FLN Algérien.
Pour nous, qui ne sommes pas opposés à la violence symbolique,
la concentration urbaine interdit une guerre révolutionnaire prolongée
sur notre sol. Nous ne voyons pas l'insurrection comme la prise du Palais
d'Hiver, mais plutôt comme résultat d'une crise politique
et sociale si forte que des pans entiers de l'armée passent du côté
de la révolution. Au contraire des spontanéistes qui font
de l'agitation dans l'armée sur des questions secondaires (rata,
brimades, etc…) nous pensons qu'il faut rentrer dans l'armée pour
y apprendre le métier des armes en suivant les EOR ou le peloton
de sous-officiers. Il conviendrait de pousser des clandestins dans l'armée
(cf. La révolution des oeillets au Portugal 3 ans plus tard). Une
telle mesure ne sera évidemment jamais appliquée. Prie, des
camarades continueront de se faire réformer. De plus, certains membres
de l'organisation rejoignent les spontanéistes sur la question des
comités de soldats.
En revanche, nous sommes prêts à soutenir sans réserve
la lutte armée d'un peuple colonisé sur notre sol. Estimant
que le PCF a trahi le peuple algérien, nous entendons bien ne pas
en faire de même avec, par exemple, le peuple guadeloupéen
qui semble le mieux organisé.
La littérature révolutionnaire abonde en textes sur la
lutte armée dans les campagnes (Mao, Giap, Che Guvara) mais il en
existe peu sur la lutte armée urbaine. Celui de Marighela ne nous
intéresse guère puisque, en bons sectaires, nous ne fréquentons
pas les boutiques concurrentes. Restent l'Insurrection armée de
Neuberg, un texte peu connu de Staline, L'insurrection armée et
notre tactique (15/07/1905) dans lequel il explique qu'il ne sert à
rien de constituer des caches d'armes tant il est aisé de s'en procurer
en période de crise révolutionnaire. J'ai un faible pour
Blanqui et je fais lire autour de moi Instructions pour une prise d'armes.
Mais le cas de notre société n'est pas prévu. Tout
est à inventer…