3°) La conquête du « milieu » espagnol

 

1°) Le trafic de stupéfiants en Espagne

« La cocaïne entre en Espagne en passant principalement par l'Espagne... La consommation [de cocaïne] semble se propager dans certains Etats de l'Union Européenne » (ONU-OICS)

Il y a ± 600 000 cocaïnomanes dans le pays. Le gramme de cocaïne y coûte de 50 à 90 Euros. En 2002, les saisies de cocaïne à l'aéroport de Madrid ont augmenté de 275 % (sur 2001).

En 2002, les narcos colombiens ont initié une nouvelle route pour introduire les cargaisons lourdes de cocaïne en Espagne (quintaux, voire tonnes). Hier leur point d'arrivée était la Galice (côte Atlantique) et les opérateurs locaux, des contrebandiers locaux. Aujourd'hui, la drogue arrive surtout en Catalogne (côte méditerranéenne) dans des cargos marchands. Ce changement de stratégie explique la faiblesse des saisies en 2002 (± 7 tonnes de cocaïne) par rapport à 2001 (35 t.).

2°) La criminalité Colombienne en Espagne

Une vague de migration colombienne a débuté en Espagne dès 1996 et a fortement augmenté durant l'année 2001. Jusqu'au 1er janvier 2002 en effet, un Colombien pouvait résider trois mois en Espagne sans visas, au vu de son passeport. Depuis, dans toute l'Union européenne Espagne comprise, un visa est exigé pour tout Colombien.

(Fin 2002) ± 300 000 Colombiens vivent en Espagne ; 70 000 légalement, les autres, clandestinement. (25 000 Colombiens « légaux » à Madrid, 100 000 au total). Chaque mois, ces colombiens (légaux ou clandestins) envoient ± 500 millions d'Euros en Colombie. Une prostituée sur trois est Colombienne. Les Colombiens sont la seconde nationalité des prisons ibériques, après les Marocains. Il y avait 400 colombiens dans ces prisons en janvier 2001 ; 1 954 en février 2002.

De janvier 2001 à mars 2003, 27 Colombiens ont été assassinés à Madrid. (7 assassinats de gangsters Colombiens en une seule semaine, en avril 2002). Certains de ces homicides sont commis en pleine rue, au grand jour, par des individus armés et cagoulés.

A Madrid (fin 2002) sur 76 bandes criminelles identifiées, 43 sont Colombiennes et regroupent de 4 à 500 « Sicarios » (gangster et tueur à gages) ; il n'y avait que 6 de ces bandes colombiennes identifiées fin 2000. Ces bandes sont poly-criminelles : vols à main armée (VMA), surtout de bijouteries, trafic de stupéfiants (gros, demi-gros, détail), « home-jacking » (VMA à domicile, ± 100 à Madrid en 2002, la plupart par des Colombiens), trafic de faux papiers d'identité, falsification de chèques bancaires, racket d'entreprises, assassinats sur commande (prix moyen, 3 600 Euros).

Preuve, enfin, de l'implantation du « Cartel de Madrid », au-delà des activités criminelles présentées ci-dessus : la présence avérée, d'ores et déjà, de la logistique des narcos colombiens en Espagne : découverte dans la région de Madrid de laboratoires raffinant la cocaïne ; arrestations d'individus opérant dans divers segments du narco-trafic : logistique, comptabilité, gestion de sociétés-écran, etc. Tout cela suggère que les « cartelitos » Colombiens ont fait de Madrid leur « tour de contrôle » pour l'Europe du sud ; leur base principale pour l'Europe du nord étant aux Pays-Bas.

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