Les transports publics ont toujours été la cible des délinquants. Mais, l'accroissement de l'offre de transports, leur automatisation et les mutations de la société urbaine ont accentué les problèmes de sécurité dans les transports publics. L'augmentation du sentiment d'insécurité et de l'insécurité objective (agressions des machinistes, « caillassage » des bus, délinquance de groupe, etc.) ont conduit les entreprises de transport à appréhender ce phénomène, non plus comme relevant exclusivement de la police, mais aussi comme un problème nécessitant une politique et des actions propres à l'entreprise.
En ce qui concerne la R.A.T.P.220, principale entreprise touchée par la violence urbaine, les orientations en matière de sécurité ont été fixées en respectant le cadre juridique d'intervention des agents assermentés régi par les textes réglementant la police des chemins de fer221. La stratégie sécurité de la R.A.T.P. date de 1989222 avec la mise en place d'un Plan Sécurité à dix-huit mois. En premier lieu, les problèmes de sécurité au sein de l'entreprise (encadrement, direction) ont été confiés à des professionnels (anciens de la police, de la Gendarmerie ou de l'armée). Le service de surveillance générale a été restructuré. Un Groupe d'Intervention et de Protection des Réseaux (G.I.P.R.) a été créé. Aujourd'hui, cette structure comprend 300 agents travaillant 24 heures sur 24 et répartis sur le réseau ferré (Paris, La Défense, Fontenay, Bourg-la-Reine et Bobigny).
Parallèlement le partenariat avec la sécurité publique s'est développé. Outre des actions conjointes, des efforts ont été accomplis en matière de coordination. Ainsi, le PC de commandement de la R.A.T.P. (disposant de moyens techniques importants) est situé à quelques mètres du PC de commandement de la sécurité publique.
Si en 1989, les faits délictueux étaient principalement
concentrés dans le métro ou le R.E.R., dès 1993, les
premières difficultés sont apparues dans les bus. Pour rassurer
les machinistes et les usagers, des unités spécialisées
ont donc été créées. Elles sont chargées
de sillonner les bus de Paris et de la banlieue afin de prévenir,
de dissuader et de rassurer. Les agents de ces unités sont en uniforme,
recrutés en fonction de critères physiques et après
une formation de 14 semaines. À la fin de l'année 1997, 740
agents travailleront au sein de ces brigades. Les membres de ces unités
sont en uniforme et peuvent, à l'occasion, être armés.
Si la dimension humaine a été un des axes de réflexion
de la politique sécurité de la R.A.T.P., un autre aspect
important a été la mise en place de moyens techniques modernes.
Ainsi, comme en Grande-Bretagne, les machinistes peuvent bénéficier
de cabines anti-agression223.
La R.A.T.P. développe actuellement un système de localisation
radio des bus (G.P.S.) qui permet de situer un véhicule entre
5 et 10 mètres et ainsi d'améliorer la rapidité
de l'intervention224. Le PC
sécurité est équipé de moyens radios performants
permettant une liaison constante avec les unités de terrain. De
même, malgré les réticences des machinistes et les
difficultés techniques, il est envisagé d'installer des caméras
dans certains bus.
Enfin, la R.A.T.P. s'est engagée, par l'intermédiaire d'une association225, présidée par le Commissaire Divisionnaire de Police Gérard d'Andréa, dans une politique de prévention importante à l'égard des jeunes des banlieues. Ainsi, la R.A.T.P. participe aux opérations de prévention été. Elle est à l'initiative de la création des emplois « d'agents d'ambiance »226 et des « médiateurs ». Des fonds importants sont engagés pour l'insertion et la formation des jeunes.
De la même façon, la S.N.C.F. est confrontée depuis plusieurs années à un accroissement des actes de délinquance, notamment en région parisienne. Le train est le vecteur principal de la délinquance en bandes. Actuellement 1 500 agents sont affectés à la surveillance générale du rail sur l'ensemble du territoire. Armés, assermentés, en tenue ou en civil, près de 750 agents travaillent exclusivement sur la région parisienne en étroite collaboration avec les 450 policiers nationaux de la brigade de sécurité des chemins de fer. Selon la direction de la S.N.C.F., dans les trois prochaines années, près de 250 personnes seront embauchées en renfort des cinq brigades franciliennes. Comme pour la R.A.T.P., les dispositifs de vidéo-surveillance vont être développés.
Les entreprises de transport, en complémentarité de la
sécurité publique, ont donc, en plus de leur vocation, orientés
certaines de leurs actions vers une amélioration des conditions
de sécurité. Dans le cadre d'une reconquête commerciale
de la clientèle, la sécurité des personnes apparaît
comme une nécessité. L'objectif pour les transporteurs est
la diminution du sentiment d'insécurité, la protection de
son personnel et la baisse des coûts relatifs au vandalisme et aux
dégradations.
220 Rappelons que la R.A.T.P., c'est 4 000
bus (2,5 millions de passagers par jour) et 4 000 trains R.E.R. et métro
(5,6 millions de passagers par jour).
221 Les personnels, disposant de pouvoirs
limités ratione materia et ratione loci, sont habilités
à intervenir dans le cadre des contraventions à la police
des chemins de fer et à verbaliser les contrevenants communiquant
leur identité. En cas de refus, appel doit être fait à
l'autorité publique. En matière d'atteintes aux biens ou
aux personnes, les dispositions de l'article 73 du code de procédure
pénale sont applicables.
222 Date de nomination de Christian Blanc,
Préfet, en tant que P.D.G. de la régie.
223 L'installation de telles cabines est
laissée à leur discrétion.
224 Dans près de 80 % des cas, l'intervention
a lieu 5 minutes après la commission des faits.
225 L'association de prévention pour
une meilleure citoyenneté des jeunes (A.P.M.C.J.)
226 Les agents d'ambiance sont des jeunes,
issus généralement des cités, chargés de sillonner
certaines lignes de bus afin de dialoguer avec les jeunes, résoudre
les conflits, rassurer les usagers et prévenir les incivilités.