a) définition de la communauté

La communauté embrase aujourd'hui des réalités très disparates. Le dictionnaire est embarrassé pour la définir, et a du mal à cerner cette notion trop vaste, il donne surtout les exemples du sens de ce terme : « La communauté, nom féminin, est le caractère de ce qui est commun : la communauté des biens et des intérêts . Par extension, similitude, identité : communauté d'origine, d'idées, de sentiments, d'espérances ». La communauté peut être géographique, associative, corporatiste, professionnelle, économique, religieuse. En droit, la communauté est l'usage commun d'une chose indivisible. Le régime d'association conjugale , en vertu duquel certains biens des époux sont commun entre eux . La définition du groupe , de la communauté, de l'ethnie, est une interrogation fondamentale de l'anthropologie. Les différentes théories de cette discipline ne sont pas totalement d'accord sur la question. Il est pourtant possible d'énumérer l'ensemble des critères acceptés par tous : un groupe, une communauté se définit soit par sa langue , un espace , des coutumes, un nom, des valeurs d'une même descendance , la conscience et la revendication des acteurs sociaux d'appartenance à un même groupe. Il suffit d'un seul de ces critères pour créer une entité autonome . Tout individu a donc besoin de forger sa personnalité, de donner du sens à son activité. Mais il se construit et se distingue par un processus d'identité et d'appartenance à des communautés. Pour Manuel Castells, « (...) La construction sociale de l'identité se produit toujours dans un contexte marqué par un rapport de forces. »120Il distingue trois formes d'identité différentes ;

« L'identité légitimante est introduite par les institutions dirigeantes de la société, afin d'étendre et de rationaliser leur domination sur les acteurs sociaux.(...)

L'identité résistante est produite par des acteurs qui se trouvent dans des positions ou des conditions dévalorisées et / ou stigmatisées par la logique dominante : pour résister et survivre, ils se barricadent , sur la base de principes étrangers ou contraires à ceux qui imprègnent les institutions de la société. (...)

L'identité projet apparaît lorsque les acteurs sociaux, sur la base du matériau culturel dont ils disposent , quel qui soit, construisent une identité nouvelle qui redéfinit leur position dans la société et, par la même, se proposent de transformer l'ensemble de la structure sociale. »121

Comme nous avons pu le remarquer dans le chapitre sur l'environnement et les fonctions d'Internet ( Chapitre I), la société en réseau transforme notre rapport à l'espace , au temps mais aussi nos relations sociales et communautaires . La logique du réseau est la segmentation en groupes , et sous -communautés dans un cyberespace sans limite et sans frontière .La société en réseau avec ces forces contradictoires permet de reprendre avec beaucoup d'acuité les pensées de Pascal sur le manque de vision de l'homme ballotté entre l'infiniment grand et l'infiniment petit122.Le repli sur soi en toute petite communauté est plus ou moins accentué suivant les régions du monde . Les Etats-Unis sont souvent cités pour la force et le poids des communautés . Le phénomène est beaucoup moins développé en Europe . En revanche, dans le cyberespace , les communautés virtuelles sont de plus en plus présentes et sont internationales .
 
 

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120Manuel Castells, Le pouvoir de l'identité, l'ère de l'information, Fayard , 1999, pour la traduction française.

121Manuel Castells, Le pouvoir de l'identité, l'ère de l'information, Op cit. , 1999, p 18

122Pascal, Pensées, Garnier Frères, 1961, Pensée n°72, La disproportion de l'homme, p 87à 93