BIOGRAPHIES : TREIZE "COMMUNISTES COMBATTANTS" FRANÇAIS

Jean-François Gayraud

JEAN ASSELMEYER

Jean Asselmeyer est né le 11 janvier 1944 à Mulhouse. Depuis 1967-68 il évolue entre la France et la R.F.A. En 1967, il milite en R.F.A. aux côtés de Rudy Dutschke dit "Rudy le rouge" au S.D.S., puis au Secours rouge allemand et est proche de la maison d'édition "anti-impérialiste" "TriKont" (Tricontinental). En 1973, il fonde un groupe révolutionnaire et dirige lui-même, dit-on, un stage d'entraînement à la guérilla. Il est l'agent de liaison entre les défenseur de Baader et les groupes révolutionnaires de Munich. En 1976 il rentre en France où il crée la revue "combattants anti-impérialiste".

A cette époque, au milieu des années soixante-dix, il est l'un des principaux animateurs du "Comité International pour la défense des prisonniers politiques en Europe Occidentale" (CIDPPEO) créé à Utrecht aux Pays-Bas en décembre 1974 à l'initiative d'un collectif international d'avocats dont Maître Klaus Croissant. Il organise donc en France toute la campagne de soutien et de défense des prisonniers de la R.A.F. et il écrit des articles dans la presse sous divers pseudonymes

- "Une nouvelle forme de torture pour les prisonniers politiques" par Fred Mohr (juin 1974, Le Monde diplomatique). Thème abordé: l'isolement total et la privation sensorielle subis par les prisonniers de la R.A.F.

- "Les mesures prises contre les avocats violent les droits essentiels dans une démocratie" par Fred Mohr (octobre 1975, Le Monde diplomatique).

- également un article en mars 1974 dans la revue Les Temps Modernes sous le pseudonyme de Victor Kleinkrieg (Victor guérilla !).

En 1975, Jean Asselmeyer réalise un film, "De qui dépend que l'oppression demeure", sur la lutte armée en R.F.A., qui passe cette année-là sur T.F.1. Le titre du film qui est emprunté à Berthold Brecht ne permet aucune équivoque

"De qui dépend grec l'oppression demeure.? De nous !
De qui dépend que l'oppression s'arrête ? De nous aussi !".

Le 24/10/77, le magazine allemand "Der Spiegel" accuse J. Asselmeyer d'être le correspondant de la Fraction Armée Rouge en France.

A partir du printemps 1978, il dirige un bulletin de soutien aux divers groupes de guérilla urbaine qui paraîtra irrégulièrement jusqu'en 1980 : "Actualité de la résistance anti-impérialiste". Ce bulletin ne sera en réalité que la première ébauche de la revue "l'Internationale" due J. Asselmeyer lancera également, en 1983. Au sein d'A.D. Jean Asselmeyer se fera évidemment l'apôtre de l'alliance avec la R.A.F.. I1 disparaît de France entre 1980 et 1983, et est interpellé le 10 décembre 1984 par la police : le 13 décembre il est inculpé "d'association de malfaiteurs" pour l'aide matérielle apportée à A.D.. Profession déclarée aux enquêteurs conseiller d'éducation populaire ou conseiller socioculturel ! Du 15 septembre au 23 octobre 1985, il observe une grève de la faim par solidarité avec des détenus de la R.A.F.

Le 12 janvier 1988 il est condamné par le Tribunal correctionnel de Paris à 7 ans de prison pour "association de malfaiteurs".

JOËLLE AUBRON

Joëlle Aubron est née le 26 juin 1959 à Neuilly / Seine. Fille aînée (deux cadettes) d'un cadre supérieur d'une grande entreprise de Travaux publics, son grand-père est officier d'artillerie et administrateur chez Péchiney, un oncle est notaire et une tante épouse d'un directeur de banque. La famille possède un château de 26 pièces et 20 ha de terres dans l'Eure. Ses. études au lycée Honoré de Balzac sont sans histoires même si le BEPC lui pose des problèmes. Suivent deux échecs au baccalauréat.

A 18 ans elle quitte sa famille et travaille dactylo, enquêtrice de marketing, vendeuse, planteuse de sapins en Aveyron. Elle s'inscrit à l'Université de Vincennes pour suivre des études de théâtre et de cinéma. A cette époque, elle pose nue pour un ami : photos qui seront publiées plus tard par le magazine "ParisMatch" en avril 1982. Elle participe à des squatts dans le 20ème et dans le 18ème arrondissement; en particulier à celui d'Action Directe rue de la Charbonnière.
En mai 1978, elle est arrêté par la police au quartier Latin et inculpée de dégradation de véhicules. Peu après elle est expulsée d'un squatt du 13ème arrondissement où elle a rencontré deux futurs membres d'A.D. : Meier Azeroual et Pascal Magron. Dans ce squatt de la rue Lahire la perquisition révèle qu'elle possède des papiers d'identité maquillés et un chéquier volé. En 1979, elle habite rue de la Gaité avec un certain Jean-Pierre militant de la mouvance autonome. 1980 est l'année où la présence de J. Aubron dans le giron d'A.D. se précise : en mai, elle conduit une voiture équipée de fausses plaques d'immatriculation au cours d'un rendez-vous entre Rouillan et un militant d'A.D. au square des Epinettes à Paris. En septembre de la même année, on la remarque à nouveau place de la Nation en compagnie de Rouillan et Ménigon. En 1981, elle manifeste devant le palais de Justice de Paris avec J-M Rouillan pour obtenir la libération des membres d'A.D.. Elle est interpellée le 25 mars 1982 à 2H30 du matin dans un bar du 6ème arrondissement, "la Paillotte" 46 rue Monsieur-Le-Prince, en compagnie de R. Schleicher et P. Magron suite à une rixe. Elle est relâchée.

Mais un carnet d'adresse que J. Aubron a perdu au cours des événements fournit imprudemment une adresse : le 20 bis rue du Borrégo (Paris 20°) où elle loue un studio et un box de parking. Le 8 avril 1982 le box 0022 est ouvert par la police qui y découvre : 2 fusils à pompe, 5 pistolets-mitrailleurs Sten et Beretta, 2 revolvers de calibre 38 et .357, 7 pistolets automatiques de calibre 7, 65 et 9 mm, une grenade offensive, une motocyclette, un gilet pare-balles, un lot de cartes grises, des cartes d'identité, et des centaines d'exemplaires de la brochure d'A.D. "Pour un projet communiste mars 1982". Une des armes, un pistolet mitrailleur Sten, a été utilisé lors du mitraillage du bureau d'achat israélien à Paris revendiqué par les FARL; la police découvre également dans le box un tract des FARL revendiquant l'assassinat de Yacov Barsimantov, 2ème secrétaire de l'ambassade d'Israël à Paris. Une "planque" permet l'arrestation de Mohand Hamami et J. Aubron. Elle est inculpée de recel et d'infraction à la législation sur les armes.

J. Aubron sera également inculpée pour un hold-up commis le 15 avril 1981 Place des Ternes, au cours duquel des témoins ont cru la reconnaître. Faute de preuve, elle bénéficiera d'un non lieu au cours de l'instruction.

Lors du procès qui s'ouvre le 28 octobre 1982 ils déclarent ignorer tout du contenu du box et J. Aubron couvre Mohand Hamami en affirmant qu'il venait à cette adresse pour la première fois. II est relaxé. Conformément aux réquisitions du substitut Laurent Davenas 1. Aubron est condamnée le 18 novembre 1982 à 4 ans de prison dont 2 avec sursis sous les yeux des membres d'A.D. présents dans la salle dont R. Schleicher. En appel les 4 ans seront confirmés mais le sursis modifié : 18 mois.

En prison à Fleury-Mérogis, elle épouse en 1983 R. Schleicher ce qui lui permet d'obtenir une réduction de peine automatique. En juin de la même année, elle passe son "bac philo". Elle sort de prison le 24 janvier 1984 et remplace Helyette Bess, la gérante de la librairie "le Jargon libre" à Paris qui vient d'être arrêtée le 15 mars en compagnie de R. Schleicher dans le Vaucluse. J. Aubron est à nouveau interpellée : le 9 juin 1984 au Bazar de l'Hôtel-de-Ville pour un vol de chemisettes. Au mois de juillet, elle travaille en Corse dans un restaurant près de Bonifacio, "la Calanque".

A cette époque, elle participe activement à la rédaction de "L'Internationale", aux comités de soutien aux militants emprisonnés et rencontre les responsables du "collectif de libération Frédéric Oriach"

En 1985, elle plonge dans la clandestinité. Le 23 août ses empreintes sont retrouvées par les gendarmes belges dans une planque, 73 rue des Cottages à Uccle, banlieue de Bruxelles. L'appartement contenait un véritable arsenal : 2 fusils d'assaut, un pistolet-mitrailleur Sten, 3 pistolets automatiques, des faux papiers vierges, de l'argent et une importante documentation sur A.D.. Cette année-là J. Aubron et N. Ménigon sont soupçonnées d'avoir commis des hold-ups en Belgique.

Le 17 novembre 1985 le PDG. de Renault Georges Besse est assassiné : ses assassins présumés en sont N. Ménigon et J. Aubron.

Elle est arrêtée à Vitry-aux-Loges le 21 février 1987. Le 2 décembre 1987 elle débute une grève de la faim qui s'achève le 25 mars 1988.

Elle est condamnée le 12 février 1988 à 10 ans de prison pour "association de malfaiteurs" par le Tribunal correctionnel de Paris; condamnation confirmée par la Cour d'Appel de Paris le 4 juillet 1988. Elle est également impliquée dans l'assassinat du Général Audran, dans les tentatives contre Henry Blandin et Guy Brana et dans l'attentat contre Interpol en 1986.

ÉMILE BALLANDRAS

Né le 21 avril 1949 à Crest dans la Drôme. Militant de la Gauche Prolétarienne, cet élève brillant quitte l'école d'ingénieurs des Arts et Métiers de Cluny six mois avant l'obtention du diplôme de sortie : "j'ai fait fausse route sur l'utilité sociale de la qualité d'ingénieur. J'aurais dû jouer le jeu du capitalisme, j'ai préféré enter à (usine." Partager la condition prolétarienne pour ne pas se rendre complice du système. Membre du "Collectif d'études matérialistes" (1973-75) il y rencontre André Olivier et Max Frérot.

En 1971, il entre donc chez Alsthom comme O.S. qu'il quitte en 1981 pour plonger dans la clandestinité.

Le 10 octobre 1984, il commet un hold-up avec prise d'otages dans une agence de la Société lyonnaise. Le 28 janvier 1986 la Cour d'Assises de Lyon le condamne à 12 ans de prison. Si au cours de son procès, il nie son appartenance à A.D. il n'en répond pas moins à la question "profession ?" : "révolutionnaire".

Les archives d'André Olivier révéleront que Ballandras appartenait au groupe terroriste; il est inculpé d'"association de malfaiteurs" en mai 1986.

HELYETTE BESS

Helyette Bess est née le 16 décembre 1930 à Paris dans le 19ème arrondissement. Elle a été la gérante de la libraire anarchiste "le Jargon libre" 6 rue de la Reine Blanche (Paris 13°).

Le 11 août 1979 H. Bess est arrêtée alors qu'elle tente de payer un commerçant avec un chèque volé. Après le versement d'une importante caution, elle est mise en liberté provisoire le 14 novembre. Elle crée à (automne 1981 "Défense active" une association de défense des prisonniers politiques pour "les oubliés de la loi d'amnistie" qui regroupe officiellement "les militants, ex-militants et sympathisants d'Action Directe".

Le 13 août 1982, elle est arrêtée et inculpée de détention de faux documents administratifs (trois cartes d'identité italiennes falsifiées). Mise en liberté provisoire le 4 novembre, elle est condamnée le 24 juin 1983 à 500 francs d'amende par le Tribunal correctionnel de Paris. Le 21 septembre 1983 elle est interpellée à Lyon. La police découvre sur elle 10 300 dollars américains. Elle affirme que cet argent lui a été remis par Eric Waucquier, un militant d'Action Directe, dans l'appartement familial duquel les enquêteurs découvrent douze cartes d'identité volées à la mairie du 14ème arrondissement à Paris le 5 août 1980. Ils sont inculpés de détention irrégulière de titres, infraction à la réglementation sur les changes et recel qualifié. H. Bess est libérée le 7 octobre 1983. A cette époque, une perquisition au "Jargon libre" permet de découvrir une carte orange et une attestation d'assurance au nom de Schleicher. C'est H. Bess qui loue l'appartement du 16 rue Édouard-Vaillant à Levallois-Perret où Vincenzo Spano est arrêté le 2 février 1984 ; Rouillan, Ménigon et Schleicher parvenant à s'enfuir. Le 15 mars de la même année, H.

Bess est arrêtée en compagnie de Schleicher au Pontet dans le Vaucluse dans la villa d'une militante anarchiste, Primavera Marti Verdu, native d'Avignon.

H. Bess est inculpée "d'association de malfaiteurs, faux et usage de faux documents administratifs, recel de vol et de faux documents administratifs". Elle est écrouée à Fleury-Mérogis. A partir du 15 septembre 1984 elle entâme une grève de la faim. Placée sous perfusion elle cesse sa grève le 23 octobre. Nouvelle grève de la faim du 21 janvier au 2 février 1985. Le 21 octobre 1985 H. Bess est condamnée à un mois de prison avec sursis par la l lème chambre correctionnelle de Paris pour "détention irrégulière de devises étrangères". Le 12 février 1988, elle est condamnée à 8 ans de prison pour "association de malfaiteurs" ; le Tribunal retient à sa décharge son désaveu des attentats exprimés en privé ce qui lui permet de ne pas être condamnée au maximum de la peine comme ses camarades.

MICHEL CAMILLIERI

Michel Camillieri est né le 26 juillet 1952 à Nègrepelisse dans le Tarn et Garonne. Serrurier de profession, Camillieri milite d'abord au sein des GARI où son nom de guerre est "Rata Piñada". Il est arrêté en janvier 1974 alors qu'il s'apprêtait à commettre des attentats contre la compagnie aérienne espagnole Ibéria ; le mois suivant il est remis en liberté provisoire.

Le 14 septembre 1974, il est interpellé à Caraman, Haute-Garonne, en raison des attentats des GARI. Il est remis en liberté provisoire le 27 mai 1977. Lors de son arrestations, il était en possession d'une carte nationale d'identité falsifiée au nom de Bernard Guilherme. Il reconnaît avoir participé le 6 septembre 1974 à un vol à main armée à la banque BREC de Toulouse; Au début du mois de mars 1978, il est interpellé à Toulouse en compagnie de Rouillais, Mario Inès-Torrès et Jean-Claude Torrès pour une série d'attentats commis dans la nuit du 4 au 5 signés "coordination autonome contre le travail". Il est relâché et s'enfuit, semble-t-il, en Espagne. Le 23 mars 1978, il est à nouveau interpellé à Paris au domicile de Jean-Marc Casset, rue Bellefond en compagnie de Rouillais, M. Inès-Torrès, J.C. Torres, C. Jaureguy, S. Maire et R. Cocozza. Malgré la découverte d'armes et du plan d'une recette de perception, il est remis en liberté après sa garde à vue. Tous sont cependant inculpés de détention d'armes et le 12 décembre 1980 le groupe comparaît devant la 10ème chambre correctionnelle de Paris : ils sont relaxés sauf Camillieri, en fuite, qui est condamné à 6 mois de prison par défaut. Le 17 mars 1981 il donne une interview au Quotidien de Paris. Il répond entre autre à la question "il y a des gens prêts à tuer en France ?" : "il n'y a pas de spécialistes. Mais des gens sont prêts, si ça se durcit". Quand s'ouvre le procès des GARI devant la Cour d'Assises de Paris, le 19 mars 1981, pour répondre de cinq vols à main armée commis en 1974, Camillieri est toujours en fuite : ses camarades, Rouillais, P. Roger, J.M. Martinez, V. Manrique et N. Entremont, sont acquittés le 27 mars.

Le 1er août 1982, Camillieri annonce dans un communiqué à la presse qu'il quitte Action Directe avec Charles Grosmangin et Pascal Magron. Le 17 septembre 1982 il est interpellé avec Grosmangin 171 avenue du Maine. Dans un box les enquêteurs découvrent : 150 bâtons de dynamite, 11 détonateurs électriques, 17 détonateurs pyrotechniques, plusieurs mètres de mèche lente en rouleaux. Dans une autre cache : un impressionnant stock d'armes et de matériel divers, et au domicile de Grosmangin le texte original de la revendication par A.D. de l'attentat contre le F.M.I. du 5 juin 1982, la machine à écrire ayant servi à le taper, ainsi due d'autres textes d'A.D.. Tout deux sont inculpés de détention d'armes, détention et transport d'explosifs, recel de vol, faux et usage de faux documents administratifs. En octobre 1982 M. Camillieri et Grosmangin font publier un communiqué affirmant qu'ils n'appartiennent pas à A.D. ni à aucune organisation terroriste. Le 15 juin 1983 la 10ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris les condamne à 5 ans de prison dont 18 mois avec sursis.

MAXIME FRÉROT

Maxime Frérot est né à Dôle le 13 juillet 1956. Il est le fils d'un industriel du Jura. Au lycée son professeur de lettres s'appelle André Olivier. Frérot est fasciné. Olivier le persuade de faire une préparation militaire parachutiste en 1976 puis son service militaire également dans les parachutistes, au RPIMA de Bayonne.

Le groupe Olivier forme là, aux frais de l'"Etat fasciste", un futur combattant révolutionnaire. Son livret militaire est élogieux : "sportif, discipliné, et s'intéressant aux techniques de saut, explosif, escalade et combat". Il participe aux stages commando de Collioure et Mont-Louis. A la sortie du service, Max Frérot retrouve son travail dans une entreprise d'électro-ménager. Par la suite il changera fréquemment d'emploi. A cette époque il vit avec Josette Augay, rue Jacquard, à Lyon. Il participe le 1er mai 1979 au mitraillage du CNPF à Paris. En janvier 1980 il entre comme stagiaire au journal "la Chronique sociale". I1 est du hold-up de Caluire, le 29 octobre 1980, au cours duquel un convoyeur de fonds est abattu. Butin : 90 000 francs.

Le 21 juin 1981, hold-up au Crédit lyonnais place Victor-Basch : 400 000 francs de butin.

Le 3 novembre 1981 au cours du hold-up à la Société lyonnaise de banque un brigadier de police est tué.

Le 27 mars 1984 hold-up à la B.N.P. de la place Victor-Hugo à Lyon : Max Frérot tue à bout portant le général de gendarmerie Guy Delfosse qui tentait de s'interposer.

Le 28 mars 1986 Olivier est arrêté. Le 29 c'est au tour de son amie Joëlle Crépet. Et comme Émile Ballandras s'est fait prendre en 1984, Max Frérot devient alors un homme seul. Dans une planque d'Olivier la police découvre une longue confession de Max Frérot : un texte manuscrit d'une quarantaine de pages révélant un médiocre; inculte, très immature, complexé et mal dans sa peau pour qui Olivier est le gourou, la référence constante. II se raconte longuement avec un narcissisme certain. Il y décrit la médiocrité de sa vie de terroriste, au sein d'une secte en constant besoin d'argent, ses hésitations permanentes à entrer définitivement dans le groupe et dépeint avec masochisme toutes ses propres faiblesses, toutes ses erreurs.

Seul puisque le groupe lyonnais est décimé et que J.M. Rouillan le méprise ouvertement et lu déclare indigne d'user de la signature "Action Directe", Max Frérot va vivre en homme taux abois.

J. Crépet révèle aux policiers que Max Frérot a entreposé 11 kilos de Tolite dans le faux plafond des toilettes du 52ème étage de la Tour Montparnasse en vue d'un attentat. Le 18 mars 1986 la police découvre les explosifs.

Le 9 juillet 1986 une bombe explose dans les locaux de la Brigade de répression du banditisme, guai de Gesvres, à Paris. L'inspecteur divisionnaire Marcel Basdevant est tué. Le 11 l'attentat est revendiqué par le "commando Loïc Lefèvre" du nom d'un jeune homme tué naguère par un C.R.S.. Un de ses anciens complices, Gilbert Vecchi, avoue aux enquêteurs que Max Frérot est l'auteur de l'attentat. En avril 1986 Frérot avait contacté Vecchi : il connaît les locaux de la B.R.B. pour y avoir travaillé trois ans auparavant. Ce dernier lui a fourni les plans des lieux.

Deux autres attentats sont encore attribués à Max Frérot mais aucune certitude n'existe; seul le choix des cibles et le modus operandi permettant de les lui attribuer : le 15 décembre 1986 contre la voiture d'A. Peyrefitte à Provins ( un concours de circonstances permet à l'ex-garde des Sceaux d'échapper à la mort : son chauffeur est tué) ; le 5 janvier 1987, tentative d'assassinat contre le juge Bruguière. L'engin explosif est découvert à temps par un gardien de la paix. Ces deux actions sont désavouées par Action Directe.

Le 24 novembre 1987 il tire sur des vigiles d'un parking parisien. Trois jours plus tard, le 27 novembre, il est arrêté par hasard dans le parking d'un hôtel lyonnais, l'hôtel Mercure, par cieux gardiens de la paix après avoir fait usage de ses armes contre les policiers.

FRÉDÉRIQUE GERMAIN

Frédérique Germain est née en août 1956 à Avallon dans les Vosges. Docteur en droit du travail, celle qui sera surnommée "blond blond" est recrutée en mars 1982 par Claude Halfen lors d'une manifestation pacifiste. La soirée se poursuit boulevard Voltaire (Paris 11) au domicile de F. Germain. Ils seront amants pendant environ un an. C'est ainsi qu'elle entre dans le giron d'A.D. plus par sentimentalisme et naïveté que par conviction politique. C'est dans son appartement que les membres d'A.D. trouvent refuge pendant 15 jours après la tuerie du 31 mai 1983 avenue Trudaine à Paris.

F. Germain est interpellée le 26 juin 1984. Elle reconnaît avoir participé au hold-up de la bijouterie Aldebert le 30 juillet 1983 boulevard de la Madeleine. Et elle parle beaucoup aux enquêteurs du groupe A.D. en livrant des noms et des faits : la participation de Rouillan, Schleicher, Spano et des frères Halfen au hold-up de la bijouterie Aldebert, le nom des meurtriers des deux policiers avenue Trudaine, etc...

F. Germain est alors qualifié à tort de "première repentie du terrorisme français" ; un repenti doit avoir été auparavant un militant convaincu ce que F. Germain, malgré ses sympathies révolutionnaires, ne fut jamais totalement. Le hasard la fit entrer dans le groupe et la peur seule l'y maintint. Elle est inculpée "d'association de malfaiteurs" mais remise en liberté en juin 1986. Le 11 juin 1987 F. Germain témoigne à charge au procès des tueurs de l'avenue Trudaine contre Schleicher et les frères Halfen. Le 26 février 1988 F. Germain est condamnée par la Cour d'assises spéciale de Paris à 5 ans de prison avec sursis pour le hold-up de la bijouterie Aldebert en 1983. Elle bénéficie le 12 février 1988, au cours d'un procès devant le Tribunal correctionnel de Paris où elle comparaît pour "association de malfaiteurs", d'une dispense de peine pour "ses aveux complets" et "sa condamnation de l'aventure".

CHARLOTTE GRANIER

Charlotte Granier est née Dunnebier en 1940 à Chemnitz en Allemagne. Elle est la fille de l'ancien Procureur Général de Brême (RFA). C. Granier est docteur en droit et agrégée d'allemand.

Elle enseigne d'abord au lycée Mermoz, à Montpellier. Puis après sa prestation de serment et son inscription au barreau de Montpellier le 1er janvier 1985, elle exerce comme avocat stagiaire dans un important cabinet de la ville.
Elle est une amie d'enfance de Güdrun Ensslin, la compagne d'Andréas Baader; elle connaît également Hildegarde Haag l'épouse de Siegfried Haag avocat de la R.A.F. avant d'en devenir l'un des dirigeants. C. Gravier est en liaison avec la R.A.F. au moment de (assassinat du Procureur Buback en avril 1977. Elle fait partie du "Comité international de défense des prisonniers politiques en Europe Occidentale" (CIDPPEO). Parmi ses amis, Jean Asselmeyer qu'elle connut grâce à G. Ensslin.

C. Gravier est devenue française en épousant Philippe Gravier, musicologue, spécialiste des langues orientales et attaché au C.N.R.S.

En mai 1985 la police découvre par hasard une planque d'A.D. au 30 boulevard Raimbaldi à Nice. Le propriétaire reconnaît sur photos ses locataires : R. Schleicher et Gloria Argano et a conservé l'adresse et le nom de (intermédiaire : C. Gravier. Elle est interpellée à Montpellier en compagnie d'une étudiante de philosophie de 21 ans, sa cousine par alliance.

C. Gravier reconnaît qu'elle a été mise en contact avec R. Schleicher par de Jean Asselmeyer. La police trouve dans son mas des coupures de presse relatant la mort de R. Audran. Le 3 juin le juge Bruguière les inculpe "d'association de malfaiteurs" pour l'aide matérielle apportée à R. Schleicher et G. Argano.

Le 18 octobre 1985 C. Gravier est remise en liberté sous contrôle judiciaire.

NATHALIE MENIGON

Nathalie Ménigon est née le 28 février 1957 à Enghien-Les-Bains. Elle passe sa jeunesse à Paris du côté de la porte de St-Ouen dans un milieu très modeste, et va à (école chez les soeurs. Précoce, elle chante en pleine classe "l'Internationale" à 14 ans. Renvoyée de chez les Ursulines, elle ira ainsi de collège en collège pour aboutir finalement dans une école technique. En 1975 elle entre à la B.N.P. de St-Denis (ce détail expliquera peut être la prédilection d'Action directe pour les agences de la B.N.P. pour leurs hold-up). Appréciée professionnellement de sa hiérarchie et de la clientèle, elle n'en milite pas moins activement au sein du mouvement autonome et plus précisément du groupe "camarade". Elle est exclue de la C.F.D.T. pour gauchisme. Elle expliquera ainsi cet épisode en 1981 : "on a été mis à la porte de la C.F.D.T. parce qu'on voulait gérer notre but nous mêmes par des actions plus radicales et créer un collectif autonome dont le principal moyen d'action était de saboter les ordinateurs. Je me suis alors posé le problème de l'illégalisme dans une stratégie de lutte armée, je me suis intégrée à un mouvement autonome." Elle quitte la banque et le 13 juillet 1978 elle est arrêtée en compagnie de J.M. Rouillas, Ernesto Martinez Loscos, Gérard Derbesse et Hélène Camallonga à Toulouse lors d'une opération préventive de police contre les NAPAP et les GARI. Rouillas et elle-même sont laissés en liberté faute de preuves.

En 1979, elle participe à la création d'Action Directe qui a lieu selon ses déclarations, rue Titon à Paris (en présence de J.M. Rouillas, Carlos Jaureguy et Mireille Munoz).

Le 27 mars 1980 une perquisition dans l'appartement qu'occupe N. Ménigon avec J.M. Rouillas, qui est son compagnon, au 234 rue des Pyrénées (Paris 20°) permet la découverte des documents administratifs du véhicule utilisé lors du mitraillage du Ministère de la Coopération ( 1980); les papiers de la voiture utilisée lors du mitraillage du Ministère du Travail (1980), une cinquantaine de cartes d'identité italiennes vierges, des cartes d'identité françaises et des passeports volés et falsifiés ainsi que des munitions.

N. Ménigon fait l'objet d'un mandat d'arrêt lancé par le juge d'instruction de la Cour de Sûreté de l'Etat pour "destruction volontaire par explosifs d'édifices, tentatives de meurtres, participation à une association de malfaiteurs".

Elle est arrêtée le 13 septembre 1980 en compagnie de J.M. Rouillas rue Pergolèse (Paris 16°) par des policiers des renseignements généraux, sur lesquels elle tire à seize reprises. Sur elle, un colt.45, 2 chargeurs et 2 passeports falsifiés provenant du vol à main armé commis à la mairie du 14ème arrondissement le 5 août 1980. Elle reconnaît son appartenance à Action Directe et revendique 11 attentats commis à Paris entre le 1er mai 1979 et le 28 mars 1980. Inculpée de tentative d'homicide, d'attentats par explosifs et association de malfaiteurs, elle est emprisonnée à la prison de Fleury-Mérogis puis de Fresnes. Elle est libérée le 17 septembre 1981 pour raisons médicales suite à une grève de la faim de 20 jours (grâce médicale) ; la décision est prise par je juge d'instruction à la demande du Parquet. Le 19 janvier 1982 la police investit les 10, 12 et 14 rue de la Charbonnière (Paris 18°), des squatts occupés par des Turcs et des membres d'Action Directe qui avaient étalé sur une des façades une banderole au nom de (organisation : N. Ménigon est interpellée avec J.M. Rouillas. Ils sont remis en liberté après audition. Le 26 mai de la même année, N. Ménigon est gravement blessée lors d'un accident de voiture sur l'autoroute Paris-Bruxelles aux environs de Compiègne en compagnie de P. Carette, chef des C.C.C. belges : N. Ménigon en conservera un léger boitement. Dans leur voiture, tout un matériel de propagande. Le 11 décembre, elle pénètre dans les locaux de la police judiciaire, 36 Quai des Orfèvres, pour y récupérer J.M. Rouillas, interrogé par la brigade criminelle ; elle en est expulsée manu militari.

Lors de la tuerie de l'avenue Trudaine le 31 mai 1983, N. Ménigon se trouve à deux pas en compagnie de Rouillas dans un appartement du 4 rue Manuel.

Le 2 février 1984 elle-même, Rouillas et Schleicher échappent aux policiers venus les interpeller au 16 rue EdouardVaillant à Levallois-Perret. Le 13 mars suivant, la même équipe prend en otage un inspecteur de police belge alors qu'ils venaient rendre une Toyota dans une agence de location de Bruxelles et lui dérobent son arme de service.
le 23 août 1984 N. Ménigon prévient par téléphone les policiers du commissariat du 16° de la présence d'une voiture piégée avenue du Président Wilson devant le siège de (Union de l'Europe Occidentale (UEO) ; 23 kilos d'explosifs sont retrouvés à l'intérieur du véhicule.

N. Ménigon est soupçonnée d'avoir participé en compagnie de J. Aubron à de nombreux vols à main armés en Belgique au cours de l'année 1985.

Le 23 août 1985, rue des Cottages à Uccle, les gendarmes belges relèvent ses empreintes dans une "planque'; avec celles de Rouillan, Aubron, Carette et Chantal Paternostre.

A partir de 1985 N. Ménigon se retire avec Rouillan à Vitry-aux-Loges où elle se fait appeler "Nadine". Elle y mène, selon ses dires, une vie "presque douce".

Avec J. Aubron, elle assassine très certainement, G. Besse, boulevard Edgar Quinet à Paris.

Le 14 novembre 1985, trois jours avant le meurtre du P-D.G. de la régie Renault, N. Ménigon est condamnée par la Cour d'assises de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité (contumace) pour sa tentative d'assassiner les policiers venus l'interpeller rue Pergolèse en 1980. En l'absence d'accusé, la Cour ne peut prononcer qu'un acquittement ou le maximum de la peine. A l'époque l'information passe totalement inaperçue. L'audience sans avocats ni jurés dure 20 minutes.

Arrêtée le 21 février 1987 à Vitry-aux-Loges, elle est condamnée le 12 février suivant à 10 ans de prison pour "association de malfaiteurs" par le Tribunal correctionnel de Paris; condamnation confirmée par la Cour d'Appel le 4 juillet 1988.

Le 17 février 1988 elle est condamnée à 12 ans de prison par la Cour d'assises spéciale de Paris pour sa tentative d'assassinat de la rue Pergolèse.

Puis le 19 février 1988 elle est acquittée par la Cour d'assises spéciale de Paris pour la tentative de meurtre commise, en 1982, contre Alain Carpentier dans un squatt parisien. Ce dernier refuse de reconnaître N. Ménigon.

Enfin le 25 mars 1988 N. Ménigon cesse une grève de la faim commencée quatre mois plus tôt le 2 décembre 1987. C'est durant cette grève de la faim qu'elle tente, en février, de se suicider en s'ouvrant les veines dans sa cellule de Fleury-Mérogis.

N. Ménigon est également impliquée dans quatre autres affaires : l'assassinat de l'Ingénieur-Général Audran (inculpée le 30 mars 1987); les tentatives d'assassinat contre Henry Blandin (inculpée le 27 mai 1987) et Guy Brana (inculpée le 10 juin 1987); de complicité de tentative d'homicide volontaire et de déterioration de biens pour l'attentat contre Interpol en 1986.

ANDRÉ OLIVIER

André Olivier est né le 16 mars 1943 à Sainte-Colombe, petite ville de la région stéphanoise. Son adolescence est sans histoires. Après le bac, il s'inscrit en faculté de lettres. En 1968 il rencontre Évelyne qu'il épouse l'année suivante. A l'époque il milite au sein de la Gauche prolétarienne -NRP. Admis au Capes de lettres en 1971 il entre au lycée technique des industries métallurgiques du boulevard des Tchécoslovaques. Il y reste deux ans comme professeur de lettres. Ses méthodes d'enseignement ne font pas l'unanimité : plus de livres ni de programmes, absence de hiérarchie avec les élèves. Pendant les vacances il organise des "vacances populaires de la Drôme" pour les familles ouvrières et immigrées. En novembre 1972 certains de ses élèves rédigent un communiqué dénonçant l'attitude "de (administration à la solde du patron" qui "s'attaque avec hystérie à un prof, démocrate". Un mois plus tord un inspecteur d'académie, qui fait irruption dans la classe d'A. Olivier, est soumis à un véritable procès : "Qui êtes-vous ? Etes-vous au service des patrons ? nous avons le droit de vous demander des comptes." Pourchassé par les élèves, l'inspecteur se réfugie dans le bureau du proviseur. En décembre A. Olivier est suspendu avec traitement pendant cinq ans : il peut militer en toute quiétude au frais du contribuable. Après un passage au "Groupe d'action et de résistance à la militarisation" on le voit surtout au "Collectif d'études matérialistes" (CEM) animé par un professeur de sociologie de Lyon II. A cette époque, l'homme est tellement invivable qu'il est rejeté par les milieux maos et autonomes; il y est décrit comme autoritaire et dur.
DOCOM

DOCUMENTATION COMMUNISTE

Parce qu'il est nécessaire, plus que jamais, de créer une structure de contre-information sur les-groupes .qui, depuis plus de dix années se sont organisés au coeur des métropoles impérialistes ou à la périphérie, pour lutter pour le communisme. Les armes à la main et non seulement poing nu dressé, comme seul symbole d'impuissance, face à ceux qui prétendent avoir le monopole des armes, les Etats au service des bourgeoisies, leurs armées de mercenaires au service des multinationales, organisations du capitalisme à son stade impérialiste, celui du pillage systématique des richesses et du travail des hommes à l'échelon planétaire. Parce qu'il est nécessaire, face au mur da silence, aux calomnies, aux provocations, de dire que ces groupes luttent pour le communisme et non par goût de la terreur, comme essaient de le faire croire à grand renfort de médias ceux qui se perpétuent par les occupations, les guerres, les assassinats légaux, le maintien de la majorité de l'Humanité dans un état de dépendance, de famine et avec une espérance de vie de moins de 40 ans en moyenne. Lutter pour le communisme, c'est lutter pour une société sans classe, sans Etat. Lutter pour le communisme, c'est lutter contre toutes les usurpations, pour une redécouverte de l'internationalisme prolétarien, contre le chauvinisme des métropoles, contre l'euro-centrisme.

DOCOM a choisi son camp en étant aux côtés de ces combattants révolutionnaires et en étant donc un instrument d'agitation révolutionnaire, de propagande communiste. de contre-information prolétaire, d'information anti-impérialiste; par la diffusion des écrits (systématiquement cachés et censurés par les médias bourgeois) des révolutionnaires menant la lutte armée pour le communisme: Brigades Rouges, RAF, Action Directe, Guerilleros Fedayin du Peuple Iranien, etc. Car connaitre la réalité de ces organisations communistes combattantes au travers de leurs textes, malgré les mensonges de la presse, sans exception, est la base de l'élaboration d'une stratégie révolutionnaire globale.

Les documents que proposent DOCOM , sont des documents de combat, non des analyses de salon, ils sont le reflet de l'engagement de militants dans la spécificité de leur réalité sociale, mais ayant en commun la volonté de reconstruire l'internationalisme prolétarien afin de lutter plus efficacement contre l'impérialisme au moment où celui-ci se prépare une nouvelle fois à la guerre. Seule la lutte armée des prolétaires pour le communisme peut écraser l'impérialisme et éviter la guerre par l'offensive révolutionnaire. La tendance générale est la Révolution, c'est ce que nous apprennent déjà ces textes. II s'agit d'informer pour combattre ensemble et vaincre.

Mais le rôle de cette contribution théorique et politique dé DOCOM ne peut se réaliser pleinement que dans le débat critique: DOCOM sera diffusé par un réseau de correspondants locaux et régionaux aux quel nous appelons les militants révolutionnaires à participer. A eux de trouver les moyens les plus efficaces pour faire parvenir au plus grand nombre les documents communistes en fonction des particularités locales. DOCOM ne sera un instrument efficace pour le savoir prolétaire, la science révolutionnaire, la constitution d'organisations communistes, la relance de l'internationalisme prolétarien, que si chaque lecteur devient diffuseur et s'engage activement à contribuer au débat pour une stratégie révolutionnaire par ses propositions, textes, etc...

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Brochures déjà disponibles
"Les 20 thèses finales» - Collectif des Prisonniers des Brigades Rouges
"Pour un projet communiste» - Action Directe «Sur l'impérialisme américain» - Action Directe

En 1975 il participe aux "comités d'action des prisonniers" (C.A.P.). Un beau matin, deux anciens du C.A.P. débarquent chez lui armés d'une mitraillette et tirent une rafale dans l'appartement. Pourquoi ? Mystère. Seules ses filles et sa femme sont présentes.

En 1976 A. Olivier habite dans le 14°. Interpellé le 24 novembre 1976, il est inculpé avec d'autres membres du CEM., dont E. Ballandras, et placé sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur de la Cour de sûreté de l'État pour "recueil, reproduction et divulgation sans intention de trahison et d'espionnage, de renseignements devant être tenus secrets dans l'intérêt de la Défense Nationale". En effet en 1976 un officier du Sème régiment de dragons de Morhange découvre dans le paquetage du soldat Cixous un plan de la caserne et du parc des chars. Il déclare travailler sur ordre de A. Olivier. Une perquisition faite chez A. Olivier à Paris révélera une volumineuse documentation sur l'armée, des faux papiers et des armes; car à cette époque il dirige une petite organisation anti-militariste se réunissant souvent a Issy-Les-Moulineaux. En avril 1977, si trois des inculpés qui s'étaient d'ailleurs réclamés du C.E.M. bénéficient d'un non lieu, A. Olivier, lui, est renvoyé devant un Tribunal correctionnel qui le condamnera à quelques mois de prison pour détention d'armes et de faux papiers. A la prison de la Santé il rencontre J.M.Rouillan.

La même année il signe en compagnie de Mario Inès-Torrès, Michel Camillieri et J.M. Rouillan, un "appel à tous les détenus contre la répression du pouvoir et des juridictions d'exception". Il semble qu'il ait contribué à la tin des années 70 au rapprochement des NAPAP et des GARI.

En 1979, il est l'un des fondateurs d'Action Directe. "Raymond La science", tel qu'il aime être appelé par référence à l'artificier de la Bande à Bonnot, participe à l'acte fondateur d'A.D., le mitraillage du C.N.P.F. le 1er mai 1979.

Il dirige par la suite un groupe communiste combattant lyonnais, reprenant le sigle A.D., après avoir utilisé le nom "Affiche Rouge", lequel commet nombre de hold-up et d'attentats.

Il est arrêté le 28 mars 1986 à Lyon en compagnie de Bernard Blanc alors qu'il venait d'aller chercher sa fille Anne, 16 ans, dans un sous-sol d'immeuble du Sème arrondissement, ce qu'il faisait depuis quatre ans. Lors de la poursuite en voiture, seule la présence d'Anne empêche son père de tirer sur les fonctionnaires de police. On retrouve sur Olivier un Colt .45, un Smith & Wesson, calibre .38, un pistolet-mitrailleur Uzi, des munitions à têtes creuses, des chargeurs, et sur Blanc deux Smith & Wesson; enfin de faux papiers, de fausses clefs et ciel déguisements. Leur R.9 avait été volée en 1983 à Lyon. Le lendemain, un "informateur anonyme" dévoile à la police une planque d'Olivier, résidence "Les Pinèdes", à St Étienne. Joëlle Crepet, entendant les policiers venir, tente de brûler des documents. Le petit appartement est un véritable entrepôt de matériel pour braquages (cagoules, perruques, armes à feu, etc ...) et attentats (systèmes de mise à feu artisanaux, etc... ). Mais surtout 150 kilos d'archives révélant un Olivier maniaque de la mise en fiche de la France politique, économique, médiatique, militaire et policière. Sans oublier un texte manuscrit d'Olivier racontant la naissance militaire d'A.D. : le mitraillage du C.N.P.F. le 1er mai 1979. Ces archives permettent d'imputer au groupe Olivier entre 1981 et 1986 21 vols à mains armés (12 réussites, 9 échecs) et 12 attentats politiques.

Olivier est alors inculpé de transport et détention d'armes, faux et usage de faux, association de malfaiteurs, détention d'explosifs, complicités de vols à mains armés, tentative d'homicide volontaire, violences et dégradations de biens. Son procès viendra dans les premiers mois de 1989.

FRÉDÉRIC ORIACH

Frédéric Oriach est né le 31 juillet 1953 à Valence en Espagne. A 14 ans il milite au sein de l'Union des Jeunesses Communistes Marxistes-léninistes (UJCML) et des Comités Vietnam. Cet adolescent précoce est interpellé alors qu'il trace des inscriptions Maoïstes sur les murs du lycée La Fontaine. En octobre 1970 il participe à des manifestations au moment du procès Geismar. Il milite au sein de la Gauche Prolétarienne jusqu'à sa dissolution, et aux Comités Palestine. A 19 ans il est travailleur hospitalier, puis employé aux usines Renault de Boulogne Billancourt où il se fait l'apôtre de la lutte armée devant des militants C.G.T. médusés. En 1973 il fait sans doute partie des Brigades Internationales, puis à partir de 19761977 des Noyaux armés prolétariens pour l'autonomie Populaire (NAPAP).

Rue Bobinot, à Paris, le 13 mai 1977, F. Oriach est interpellé à 1 heure du matin par une patrouille de police, en compagnie de Michel Lapeyre et Jean-Paul Gérard. Ils étaient en train de détruire des parcmètres. Le Colt.45 de Lapeyre a servi. lors d'une tentative d'assassinat contre Humayoun Keyhavour, attaché culturel iranien à Paris (le 2 novembre 1976, revendication des Brigades Internationales) et pour l'assassinat de J. A. Tramoni (le 24 mars 1977, attribué aux NAPAP). Le pistolet 7,65 de 1.P. Gérard est celui. qui a servi pour la tentative d'assassinat du capitaine Garcia Plata Valle attaché militaire espagnol à Paris (le 8 octobre 1975, revendiqué par les Brigades Internationales) et pour (assassinat de Joachim Zentano Amaya ambassadeur de Bolivie à Paris (le 11 mai 1976, revendiqué par les Brigades Internationales). Oriach portait un revolver.357 Magnum. Dans leur voiture on découvre : un pistolet mitrailleur Thomson et deux chargeurs, un fusil de chasse automatique, un fusil à canon scié. Et au domicile de F. Oriach : un revolver de type "Colt Fronder" calibre 36 et 62 balles, une lunette de visée, des boîtes de cartouches, quatre couteaux à cran d'arrêt, deux fléaux japonais, trois émetteurs récepteurs portables, un carnet avec des plans d'agression, trois masques à gaz et huit autres armes blanches ! Oriach reconnaît son appartenance aux NAPAP dans une lettre envoyée à Libération (08/ 01/1977).

En 1977, il fait une grève de la faim de 33 jours. Le 23 mars 1978 il est condamné pour détention et transport d'armes à 7 ans de prison dont 2 avec sursis ; en appel le 30 juin la condamnation est allégée : 5 ans dont 1 avec sursis. Il est incarcéré à file de Ré. "Un collectif de libération Frédéric Oriach" (CLFO) est créé. Oriach, qui est un hyperactif, inonde la presse de proclamations, multiplie les grèves de la faim et organise une révolte de détenus ce qui lui vaut son transfert dans un Q.H.S. à Evreux puis à Fresnes. Dans un article pour le journal Libération (10/01/19?9) il évoque un attentat contre les usines Renault de Flins (nuit du 26-27 mars 197?) en ces termes : "faction directe donne la possibilité de changer certaines réalités en s'y attaquant de front". Il est libéré le 29 avril 1980.

Le 10 juillet 1980, F. Oriach, Lapeyre et Gérard à peine sortis de prison commettent un attentat par explosifs contre les locaux parisiens de la Société des Chemins de fer allemands, 24 rue Condorcet (Paris 9), pour protester contre l'extradition vers la R.F.A. de cinq militantes de la R.A.F. arrêtées à Paris. Ils sont interpellés deux jours plus tard, le 12 juillet. Dans leur voiture on découvre des revolvers et un fusil de chasse. Inculpé d'attentats par explosifs et de détention d'armes, le récidiviste Oriach bénéficie de la loi d'amnistie du 4 août 1981; il sort de la Santé le 14 septembre 1981 grâce aux "porcs auxquels les élections ont permis de récupérer la belle couleur rose qui leur est naturelle ... ".

II milite activement en faveur des prisonniers politiques, appelle à la lutte armée dans la revue Rebelles, qu'il distribue le 13 mars 1982 avec Lapeyre devant la prison de la Santé.

Le 12 octobre 1982 F. Oriach, en partance pour Bruxelles, est interpellé Gare du Nord au moment où il retire deux sacs d'une consigne automatique. Ceux-ci contiennent : un répertoire d'objectifs sous la forme de 40 fiches Bristol sur des établissements israéliens à Paris, attentats dont certains ont déjà été commis (Banque Leumi, Société Ganco ; Discount Bank, Société Nemor) ; également un texte manuscrit dressant un bilan autocritique d'actions terroristes commises récemment contre le "sionisme" : contre le journal Minute (20 août, revendiqué par A.D.), contre le véhicule de l'attaché commercial des Etats-Unis avenue de la Bourdonnais dans le 7ème arrondissement qui tuera deux artificiers (21 août, revendiqué par les FARL), contre un véhicule de l'ambassade d'Israël rue Cardinet dans le 17ème arrondissement près du lycée Carnot qui fera 43 blessés (17 septembre, revendiqué par les F.A.R.L.). Dans ce texte, Oriach utilise constamment le "nous".

Le 23 juin 1983 Oriach est condamné à 6 ans de prison, et en appel le 16 novembre à 5 ans, le tout pour "association de malfaiteurs". Avant son arrestation il était hébergé chez Christian Gauzens, militant autonome chez qui la police découvre des cartes d'identité provenant de l'attaque de la mairie du 14ème arrondissement de Paris en août 1980. Si Oriach nie toujours sa participation aux attentats, il n'en réaffirmera pas moins de manière constante sa solidarité avec les auteurs de ces actions. En revanche le 6 septembre 1984 il bénéficiera de quatre ordonnances de non lieu de la part du juge d'instruction pour les autres chefs d'inculpation dont il faisait toujours l'objet : attentat à la paix intérieure, complicité d'homicide et attentat par explosifs. Le C.L.F.O. reprend du service et le 22 septembre 1983 un commando saccage le musée de la Légion d'honneur pour obtenir la libération de F. Oriach "injustement détenu". Du 25 septembre jusqu'à la fin octobre il mène une grève de la faim. Les pétitions se multiplient pour obtenir sa libération. En 1985, dans le bulletin Ligne Rouge, "proche" des Cellules communistes combattantes belges, Oriach écrit: "Non, tous les êtres humains ne sont pas frères. Un homme ne vaut pas un homme. Un mort n'a pas le même poids qu'un autre mort. Il est juste de répondre à la terreur blanche par la terreur rouge". Nouvelle grève de la faim en avril 1985. Oriach est libéré le 11 avril 1986. Peu après il donne une interview à Radio - Mouvance où il prône la lutte armée contre l'impérialisme et le sionisme. Interviewé le 12 juin sur Europe 1 il traite le Général Audran, assassiné par A.D., de "trafiquant d'armes" ; le Ministre de la Défense porte plainte pour injures:

En juin 1986 il se rend en Syrie. Oriach est en effet un admirateur des F.A.R.L. et de G. Ibrahim Abdallah. A Damas, il rencontre des amies de son Collectif de Libération, Catherine Frénot et Mireille Bostyn ainsi que Bruno Bréguet et Magdalena Kopp. Le séjour dure trois semaines. Le 25 septembre 1986 il est interpellé au Jardin du Luxembourg alors qu'il s'apprêtait à donner une conférence de presse. Mis hors de cause pour les attentats sanglants du mois, il est libéré mais inculpé d'obtention indue de documents administratifs (un passeport obtenu avec une fausse déclaration de domicile) et d'apologie de crimes et meurtres (pour ses propos à Europe 1). Oriach donne une interview au magazine "Le Nouvel Observateur" (3-9 octobre 1986) où il réaffirme sa non-appartenance à A.D. (eux sont libertaires et lui Marxiste-Léniniste selon son analyse) et son anti-sionisme viscéral. Oriach est interpellé le 23 novembre 1987 en Ille et Vilaine près de Rennes au domicile de sa mère. La police découvre une centaine de fiches signalétiques concernant des policiers, des magistrats et des hauts fonctionnaires du Ministère de l'Intérieur ayant des responsabilités dans la lutte anti-terroriste, ainsi qu'un plan détaillé du Palais de Justice. II est inculpé le 27 novembre "d'association de malfaiteurs en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler l'ordre public par l'intimidation ou la terreur". I1 est condamné le 16 décembre 1987 par la 17ème Chambre correctionnelle de Paris à 6 mois de prison pour "complicité d'apologie du crime de meurtre" suite à ses déclarations sur Europe 1.

JEAN-MARC ROUILLAN

Jean-Marc Rouillan, fils d'un un inspecteur de la jeunesse et des sports de sensibilité socialiste, est né le 30 août 1952 à Auch dans le Gers. A 16 ans il est renvoyé du lycée Ozenne en raison de son militantisme. A 18 ans, devenu toulousain, "Sebas" rejoint le Mouvement ibérique de libération (M.I.L.) pour prendre la direction de son secteur propagande situé en France.

Le 25 mars 1971 il est arrêté à Prades dans les Pyrénées Orientales à bord d'un véhicule contenant des armes et des brochures de propagande du MIL. Son complice est condamné à un an de prison ; lui-même s'en tire avec un nonlieu.

Le 9 septembre 1971 la Gendarmerie perquisitionne dans une ferme à Bessières, HauteGaronne, louée au nom de Rouillais. On y découvre une imprimerie clandestine et un stock d'armes volées dans les dépôts militaires espagnols. Il s'enfuit alors en Espagne et rejoint le MIL de Barcelone. Il est à cette époque photographié mitraillette sur l'épaule, une liasse de billets dans la ceinture.

Durant (hiver 1972 Puig Antich le fondateur du MIL recherché par la police espagnole est hébergé pendant deux mois au domicile de Rouillais, rue d'Arcachon à Toulouse.

Le 23 septembre 1973 Rouillais et Salvador Puig Antich participent au hold-up de la banque nationale de Barcelone : Puig Antich tue un policier avant d'être arrêté; Rouillais parvient à s'enfuir. Suite à l'exécution au garrot de Puig Antich le 8 janvier 1974, Rouillais fonde les "Groupes d'action révolutionnaire internationalistes" (GARD. C'est ainsi que Rouillais participe entre autre aux attentats de mai 1974 en Belgique.

Le 5 décembre 1974, Rouillais est interpellé Place du Colonel Fabien, à Paris, sous la fausse identité de Dominique Moran, en compagnie de Raymond Delgado et José Floréal Cuadrado futurs membres d'A.D. Dans fa voiture sont retrouvés des bâtons de dynamite, des tracts des GARI et des pistolets. Condamnés, il sont relâchés le 25 mai 1977 après une grève de la faim (libération conditionnelle).

Au début du mois de mars 1978 Rouillais est interpellé à Toulouse pour une série d'attentats ayant eu lieu dans la nuit du 4 au S signés "coordination autonome contre le travail". I1 est relâché.

Le 23 mars 1978 il est interpellé rue Bellefond (Paris 14°) en compagnie de Michel Camillieri, Mario Inès-Torrès, JeanClaude Torrès, Carlos Jaureguy, Stéphane Maire, Ricardo Cocozza, Jean-Marc Casset dans l'appartement de ce dernier où sont retrouvés des armes, le plan d'une recette de perception parisienne et des notes sur la confection d'engins incendiaires. Rouillais est remis en liberté après sa garde à vue sur instruction du Parquet, mais demeure inculpé pour détention d'armes.

Le 13 juillet 1978 la police découvre dans l'appartement toulousain de Rouillais trois armes et un gilet pare-balles. Celui-ci est alors arrêté en compagnie de N. Ménigon. Ils sont peu après remis en liberté.

Le 13 décembre 1978 Rouillais vole avec Eric Moreau au musée de St Germain en Laye le tableau de Jérôme Bosch "(escamoteur" ; action revendiquée par les "Brigades autonomes". Eric Moreau est arrêté le 2 février 1979 rue Scribe à Paris en possession du tableau alors qu'il se trouvait dans une voiture, louée au nom de N. Ménigon, en compagnie de Rouillais qui parvient à s'enfuir.

Le 27 mars 1980, lors d'un coup de filet contre A.D., la police découvre, au 234 rue des Pyrénées (Paris 20°). des armes et des papiers falsifiés. C'est l'appartement de Rouillais et Ménigon. En avril le magistrat instructeur de la Cour de sûreté de l'Etat lance un mandat d'arrêt pour "destruction volontaire par explosifs d'édifices, tentatives de meurtres, participation à une association de malfaiteurs".

Le 13 septembre 1980 Rouillais est interpellé rue Pergolèse (Paris 16°) en compagnie de N. Ménigon, qui tire sur les policiers. Dans leur planque, les enquêteurs trouvent des faux papiers et des armes dont un Colt .45 utilisé lors d'un vol à main armée au Crédit Lyonnais de l'avenue Bosquet le 28 août 1980. Déféré devant la Cour de Sûreté de l'Etat le 19 septembre Rouillais est inculpé et écroué.

Le 12 décembre 1980 la 10ème chambre correctionnelle de Paris relaxe Rouillais pour l'affaire du 23 mars 1978 (détention d'armes). Le 12 février 1981 il est interviewé par "Libération". Le 19 mars il comparaît détenu devant la Cour d'assises de Paris avec quatre autres militants des GARI pour cinq vols à main armé commis en 1974 : il est acquitté le 27 mars. La loi d'amnistie du 4 août 1981 permet sa libération le 7 du même mois. Le 29 septembre, interviewé par France-Inter, Rouillais déclare : "Pendant deux ans, nous avons lancé un processus de lutte armée en France. Pendant la période des élections, nous n'avons pas voulu jouer le rôle de provocateurs. Mais notre action a continué, nos structures se sont maintenues. Aujourd'hui elles se maintiennent encore." ; et plus loin encore : "Les médias utilisent l'aspect spectaculaire des hold-up. Mais en fait, pour nous, les hold-up, c'est un fonctionnement. Ce qui nous intéresse, à nous, c'est l'action politique. Pour nous c'est une action comme une autre.

- C'est du financement ?
- C'est du financement.
- D'ailleurs, vous appelez ça de la réappropriation ...
- Oui, c'est de la réappropriation...
- Est-ce que cela coûte cher la clandestinité?
- Oui. On le fait parce qu'on en a besoin. Pour fonctionner, pour acheter des appartements, des voitures, des armes, des papiers nécessaires à la clandestinité. Certains clandestins vivent de l'argent récupéré dans les banques parce qu'ils ne peuvent pas travailler. C'est une sorte de salaire."

Le 7 décembre de la même année Rouillan est interpellé dans un squatt, 3 Villa Poissonnière (Paris 18°) en compagnie d'Éric Waucquier, Jean Van Niewhuyze et Lahouari Benchellal. Au commissariat de la rue Doudeauville Rouillan demande à téléphoner à un assistant du député de l'arrondissement qui se déplace pour s'entretenir avec lui. Comme il est de tradition dans ce type d'affaires Rouillan et ses camarades sont libérés l'après-midi même. Le 19 janvier 1982 la police procède à des interpellations dans les squatts des 10, 12 et 14 rue de la Charbonnière (Paris 18) où A.D. avait déployé son sigle sur l'une des façades. Rouillan est interpellé en compagnie de Ménigon et Waucquier.

Le 13 mars Gabriel Chahine, l'informateur des renseignements généraux ayant permis en 1980 l'arrestation de Rouillan et Ménigon, est assassiné chez lui, à Paris. Auteur Présumé :Rouillan.

Le 10 août 1.982 Rouillan est arrêté avec huit autres membres d'A.D. suite aux attentats "anti-sionistes" des mois précédents. Relâché le 12 août, il signe le 17 du même mois un article dans "Libération" où lequel il revendique trois de ces attentats tout en niant sa participation à l'attentat - massacre de la rue des Rosiers. Devant de tels aveux le juge Bruguière lance un mandat d'arrêt contre lui. Rouillan est à nouveau interviewé le 15 octobre par "Le Matin".

Lorsque survient la tuerie de l'avenue Trudaine à Paris le 31 mai 1983, Rouillan et Ménigon attendent à 200 mètres de là dans un appartement 4 rue Manuel. Le 30 juillet Rouillan participe au vol à main armée de la bijouterie Aldebert boulevard de la Madeleine. Le 23 août la gendarmerie belge retrouve rue des Cottages à Uccle les empreintes de Rouillan, Ménigon, Aubron, Cipriani, Carrette et Paternostre dans un appartement loué par cette dernière. Le 2 février 1984 Rouillan échappe à la police à Levallois-Perret; mais Vincenzo Spano est arrêté au 16 rue Edouard Vaillant. Le 13 mars Rouillan, Ménigon et Schleicher s'échappent à nouveau en prenant en otage un inspecteur de la police belge alors qu'ils rendaient une voiture louée. En juillet, nouveau mandat d'arrêt contre Rouillan qui est capturé le 21 février suivant à Vitry-aux-Loges.

Le 26 juin 1987, cinq tampons de l'administration pénitentiaire sont trouvés dans sa cellule de Fresnes . Le 2 décembre il entâme une grève de la faim, avec plusieurs de ses camarades emprisonnés, qui s'achève le 25 mars 1988.

Pendant ce temps, le Tribunal correctionnel de Paris le condamne le 12 février 1988 à 10 ans de prison pour "association de malfaiteurs" (maximum de la peine); condamnation confirmée par la Cour d'Appel de Paris le 4 juillet 1988.

Enfin, le 26 février dernier, la Cour d'Assises (le Paris le condamne à 13 ans de prison pour le vol à main armée de la bijouterie Aldebert en 1983. Il est par ailleurs inculpé dans les affaires Audran, Brana, Blandin et Interpol.

RÉGIS SCHLEICHER

Régis Schleicher est né le 31 mai 1957 à Paris dans une famille bourgeoise de Chaville où il reçoit une éducation catholique. Son père est secrétaire national de la C.F.D.T. et sa mère dirige une institution pour enfants handicapés. Son adolescence est un peu mouvementée loubard et voleur de voitures. En 1974 il tente de se suicider aux barbituriques. En 1977, il milite au sein des N.A.P.A.P.

Dès 1979 il fait partie d'A.D. Le 23 mars 1979 il est interpellé après la manifestation des sidérurgistes lorrains àParis, suite à des déprédations commises par les "autonomes" dans le quartier de la gare St-Lazare. A son domicile la police trouve un permis de conduire au nom de Michel Huon avec sa photo, des documents au nom de Ménigon, de la dynamite, des documents administratifs falsifiés, une liste de noms et d'adresses de personnalités de l'armée, de la magistrature et de la fonction publique, un fusil à pompe facturé au nom d'Eric Moreau. Le 22 du même mois il a loué une voiture sous le nom de Michel Huon qui sert à commettre le jour même un hold-up contre la Trésorerie générale de Villeurbanne (commando de 4 hommes ; butin : 70 000 francs). I1 est inculpé de "détention d'explosifs, faux documents et infraction à la législation sur les armes" et pour le hold-up de Villeurbanne.

Le 25 octobre 1979 il est condamné à 30 mois de prison dont 12 avec sursis et à 5 ans de mise à l'épreuve par le Tribunal correctionnel de Paris.

Le 15 février 1980 R. Schleicher signe un article dans "Libération" où il écrit entre autre que "l'action directe a toujours été la forme de lutte des authentiques révolutionnaires". A cette époque, il rédige un petit manuel qu'il fait éditer par H. Bess et qui devient un best-seller de la guérilla: "Comment échapper aux filatures". Il a en effet la réputation d'être difficile à suivre. Cette année-là il semble que R. Schleicher s'emploie tout particulièrement à renforcer les liens d'A.D. avec les italiens de Prima Linea; contacts confirmés par de nombreux indices.

En 1981, il se fait le porte-parole d'A. D. à la télévision dans une émission consacrée au terrorisme. Il est filmé de dos.

Le 5 janvier 1982, Schleicher se querelle avec un certain Alain Carpentier qui refusait d'endoctriner des squatters turcs du 20ème arrondissement de Paris. Il lui tire de sang-froid une balle dans la tête. Le jeune homme ne meurt pas et, par peur, ne porte pas plainte . Mais à partir du 13 juillet 1983 R. Schleicher est recherché pour tentative d'assassinat.

Le 25 mars 1982 à 2 heures 30 du matin les policiers du 6ème arrondissement de Paris interpellent au bar "La Paillote" rue Monsieur Le - Prince J. Aubron et P. Magron pour une rixe : Schleicher tente de profiter de la confusion générale pour dérober la caisse. Il est gardé à vue et écroué pendant deux mois.

Le 10 août 1982 il est interpellé en compagnie de huit autres membres d'A.D. dont Rouillan et ce suite aux attentats anti-sionistes des mois précédents. Gardé à vue il est remis en liberté le 12 août avec Rouillan. Le 24 août R. Schleicher remet aux policiers de la brigade criminelle une lettre de Rouillan dans laquelle celui-ci se déclare prêt à rencontrer le Juge Bruguière qui vient de lancer un mandat d'arrêt contre lui.

En février 1983 R. Schleicher est présent dans la salle lors du procès de J. Aubron à Paris ; ils se marient en prison à Fleury Mérogis la même année.

Le 31 mai 1983, R. Schleicher est l'assassin d'un des deux policiers tués avenue Trudaine (Paris 9).

Le 30 juillet 1983, R. Schleicher participe en compagnie de Rouillan, F. Germain et d'italiens de Prima Linéa au holdup de la bijouterie Aldebert boulevard de la Madeleine.
Le 14 octobre 1983 il participe au hold-up de la Société Générale avenue de Villiers à Paris (17ème arrondissement) au cours duquel Cino Rizzato est tué ; R. Schleicher est reconnu sur le film de la caméra de surveillance.

Le 27 décembre de la même année R. Schleicher loue à Nice une Audi 100 sous le pseudonyme de Michel Aumon : le lendemain le véhicule est vu par des témoins lors d'un vol à main armée commis à Nice par trois hommes et une femme contre une agence de la Banque Sudaméris.

Le 2 février 1984 il échappe à un coup de filet de la police à Levallois-Perret 16 rue Edouard Vaillant et il permet à J.M. Rouillan et N. Ménigon qui se trouvaient au domicile de Vincenzo Spano de prendre, la fuite. Au domicile de Spano à Levallois-Perret la police découvre parmi des armes et des explosifs une carte d'identité et un permis de conduire établis au nom de Michel Aury avec la photographie de R. Schleicher.

Le 13 mars 1984 à Bruxelles alors que Rouillais, Ménigon et Schleicher venaient restituer une voiture de location, ce dernier permet à nouveau à ses chefs de prendre la fuite et d'échapper à la souricière de la police en prenant en otage un jeune inspecteur belge. R. Schleicher avait loué la voiture sous le nom de Jacques Queriaux avec une carte d'identité belge falsifiée.

Le 15 mars, soit deux jours après, il est arrêté dans le Vaucluse au Pontet en compagnie d'Helyette Bess. On trouve sur Schleicher un pistolet et une grenade. Le juge Bruguière l'inculpe de "vols à main armée, recels de vols, infraction à la législation sur les armes, association de malfaiteurs et tentatives d'homicide volontaire."

Le 3 août 1984 R. Schleicher revendique depuis sa cellule l'attentat à l'explosif commis la veille contre (Agence spatiale européenne. 11 achève sa lettre par l'habituel "guerre de classe contre guerre impérialiste" et signe "Unité combattante Cino Rizzato-Action Directe"..

A partir du 15 septembre R. Schleicher commence une double grève de l'instruction et de la faim avec Vincenzo Spano, Helyette Bess et les frères Halfen car le juge Bruguière leur refuse les droits de visite, de recevoir du courrier et le regroupement. Il est transféré à l'hôpital. R. Schleicher cesse sa grève le 23 octobre. Il fera une autre grève de la faim du 21 janvier au début du mois de février 1985. Commencent ensuite des révoltes et des saccages dans les prisons françaises : le mouvement part de Fleury-Mérogis où se trouve R. Schleicher qui fera (objet d'une information judiciaire pour "destruction et dégradation d'objets mobiliers et immobiliers, incendie volontaire et vol de médicaments." R. Schleicher est transféré à la prison de Lorient en mai 1985. En mai 1985 le hasard permet à la police de découvrir une planque d'A.D. à Nice au 30 boulevard Raimbaldi contenant des armes. Des clefs découvertes dans l'appartement de Levallois-Perret coïncident avec les serrures de la cave et de (appartement niçois. Le propriétaire reconnaît sur photos R. Schleicher et Gloria Argano comme ses locataires.

En janvier 1986 le juge Bruguière notifie à R. Schleicher une inculpation de "participation à un hold-up à Rome en mars 1983 contre une bijouterie située 19 via Val Di Lanzo, avec le concours d'autres personnes" suite à une commission rogatoire internationale du juge romain Priore.

Le 3 décembre 1986 s'ouvre à Paris le procès de R. Schleicher et des frères Halfen pour la tuerie de l'avenue Trudaine. Dès le début de l'audience R. Schleicher menace les juges et les jurés en leur promettant les "rigueurs de la justice prolétarienne" et refuse par la suite de comparaître. La défection de cinq jurés entraîne le renvoi du procès. Cet incident conduit le gouvernement à faire voter par le Parlement le 30 décembre 1986 un texte permettant d'appliquer la loi du 9 septembre 1986 à des actes antérieurs à sa promulgation : ainsi 7 juges professionnels condamnent le 23 juin 1987 R. Schleicher à la réclusion criminelle à perpétuité, Nicolas Halfen à 10 ans et Claude Halfen est acquitté. Le 2 décembre 1987 R. Schleicher entame une grève de la faim qui s'achèvera le 25 mars 1988.

Le 12 février 1988 il est condamné à 10 ans de prison par le Tribunal correctionnel de Paris pour "association de malfaiteurs"; condamnation confirmée par la Cour d'Appel de Paris le 4 juillet 1988.

Le 19 février il est acquitté par la Cour d'Assises spéciale de Paris pour la tentative d'assassinat contre A. Carpentier en 1982 : celui-ci refuse de reconnaître R. Schleicher comme son agresseur.

Enfin le 26 février il est condamné par la Cour d'assises spéciale de Paris à la réclusion criminelle à perpétuité pour deux hold-up : la bijouterie Aldebert et la succursale de la Société Générale avenue de Villiers en 1983.

Grâce à ces brèves biographies, on aura pu voir que les membres d'Action Directe, et tout particulièrement J.M. Rouillais, ont flirté pendant une quinzaine d'année avec l'appareil judiciaire (Police-Justice) et politique (Gouvernement / Parlement) sans frais ou presque. Ils ont joué au chat et à la souris avec un système honni, appris à le connaître, à en étudier les failles, les réactions et les mécanismes. Un tel système, perdant de son mystère et de son opacité ne peut alors devenir que plus vulnérable pour qui décide de le combattre.

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