"Yardies", "Posses" : définition

"Yardie" : désigne à l'origine un jamaïquain. Son pays d'origine est affectueusement appelé "the back yard". A Kingston, un yard est le territoire, le fief d'un gang. En Grande-Bretagne, "Yardie" qualifie aujourd'hui un gangster jamaïquain.

"Posse" : tout groupe vaguement organisé d'hommes en armes. Terme de l'Ouest américain traduisible par "meute". Désigne depuis les années 80 un gang jamaïquain, dans son île d'origine ou aux Etats-Unis.

Depuis les années 60, les Posses de Kingston, sont payés et armés par les politiciens pour faire règner leur ordre dans leurs "circonscriptions-garnisons". Au fil des années, la ville s'est transformée en un échiquier de zones de guerre, lieux de racket, de trafic d'armes et de stupéfiants pour les posses, qui exécutent en prime des tueries "politiques" lors des campagnes électorales.

Caractéristique première des posses : l'incroyable férocité de leurs "soldats", localement baptisés "tribal gunmen", les flingueurs tribaux - même comparés à ceux d'autres mafias. Par ailleurs fort "politically correct", un rapport fédéral américain n'hésite pas à les dépeindre comme des individus "sanguinaires", exerçant une "violence bestiale".

De 1980, date probable de leur implantation aux Etats-Unis, à 1990, le FBI attribue 5000 meurtres (connus) aux Posses, dont ± 1100 pour 1988 - 250 assassinats en 1990 dans la seule ville de New York. En 1986, un tueur du Renkers posse est arrêté aux Etats-Unis. Au palmarès de Karl "Fabulous" Dunstrom, plus de 100 meurtres...

Hold-up sanglants, massacres de trafiquants rivaux et de leurs familles, tortures abominables... Prédateurs absolus, les posses se moquent de la "loi du Milieu", n'hésitant pas à assaillir les fiefs américains des narcotrafiquants colombiens, mexicains ou nigérians et les détroussant, Uzi au poing, de leur cocaïne, de leur héroïne, ou de eurs dollars.

Cuba est tout proche : guerre froide oblige, nombre de gangsters jamaïquains "de gauche" reçoivent dans les années 60-70 une "formation" paramilitaire cubaine - leurs patrons politiques les présentant comme des militants anti-impérialistes; au pire comme des gardes du corps. Idem avec une formation américaine, bien sûr, pour les gangs de "combattants de la liberté", dans le camp d'en face.

De ce fait, les yardies parviennent à mettre en œuvre aux Etats-Unis une stratégie efficace. Après une phase d'observation minutieuse, ils "nettoient" d'abord le territoire de narcotrafiquants concurrents. Puis ils installent sur les "terres libérées" des noyaux très compartimentés, spécialisés dans un produit précis (cannabis, crack, etc.). Les intermédiaires entre dealers et grossistes ont dans chaque noyau un pseudonyme différent - les dealers de rue ignorent d'ailleurs qu'il appartiennent à une organisation.

Malgré tout, les posses sont une facette peu structurée de la criminalité organisée : pour les experts britanniques, canadiens ou américains, ce sont des organisations opportunistes, aux hiérarchies très volatiles, menant des stratégies de court terme. Sur l'échelle "militaire", les posses sont plus proches de la bande armée libérienne que de la Légion étrangère...
 

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