Une nouvelle "zone hors-contrôle"

Partant de là, il semble se créer entre des éléments corrompus et activistes de certains groupes politico-militaires arméniens et le PKK, une nouvelle scène à la fois criminelle et terroriste - ce dans une indifférence à peu près générale de l'Europe occidentale. Alors que ce "milieu" criminel et terroriste évolue à l'exact débouché de toutes les contrebandes d'armes, florissantes dans l'ex-URSS grâce au pillage des arsenaux de l'ex-armée soviétique. Et qu'il s'appuie sur des éléments, certes très minoritaires, de la diaspora arménienne, l'une des plus nombreuses du monde.

Cette scène dispose même d’une assise territoriale : la "République kurde de Lachin", enclave concédée par les Arméniens du Nagorno-Karabagh à leurs alliés Kurdes, à l'endroit où ceux-ci possédaient dans les années 20 un district autonome - avant Staline et sa "politique des nationalités". Cette "République de Lachin" a un président, Mustafa Vékili, un commandant militaire (Kurde d'Arménie) Ihsan Aslan ... et une politique de soutien au PKK avérée.

En Arménie, maintenant : le 28 décembre 1994, le président Levon Ter-Petrossian interdit (pour un semestre) le Dachnak et tous ses satellites, fait occuper leurs locaux par la force publique et séquestrer leurs biens. Motif : au sein de ce parti, un département secret connu sous le nom de "Dro", opérant depuis 1992 en Arménie et dans la diaspora, se livrait au terrorisme, au trafic d'armes et de stupéfiants, au racket et à l'espionnage du gouvernement arménien. Fort d'une cinquantaine d'agents, ce "Dro" était ignoré de la plupart des membres du Dachnak et opérait clandestinement à partir d'Erevan, de Moscou ... et du Liban (1)  . Son rôle consistait notamment à nouer des contacts avec des groupes hostiles à la Turquie - comme le PKK.

En mai 1994 les forces de sécurité d'Erevan arrêtent 7 Kurdes et 3 Arméniens qui passaient la frontière arméno-turque avec une cargaison d'armes et de munitions. L'affaire entraîne la riposte usuelle du PKK : une grève de la faim de kurdes d'Erevan. L'instruction de cette affaire est toujours en cours à l’automne de 1995.

(1)  Un premier procès de 11 membres du Dro, inculpées de "banditisme, meurtres, meurtres avec préméditation, crime organisé par plusieurs personnes, avec circonstances aggravantes, trafic de drogue, possession illégale d'armes et usage de faux documents", devrait se tenir à Erevan durant l'été 1995. Voir sur l'affaire Dro "Armenian Life Weekly", Los Angeles, 10/3/95, "Gamk", quotidien, Paris, mai-juin 1995 et le discours du président arménien Levon Ter-Petrossian devant le parlement d'Arménie le 18 mai 1995

 retour | suite