En 1989, un département du ministère US de la santé
estime que les “consommateurs réguliers” de cocaïne sont ±
860 000; mais en mai de l’année suivante, une commission sénatoriale
révise sévèrement la copie. On a tout simplement oublié
de compter les instables, les marginaux et les SDF dans l’enquête.
Résultat, les “utilisateurs réguliers sont ± 2,2 millions.
En 1990 toujours, un ensemble de trois départements ministériels
et commissions parlementaires de Washington donnent leurs estimations sur
la valeur financière du marché intérieur américain
des stupéfiants. une première source évalue celui
de la cocaïne (prix de détail, vente dans la rue) de la cocaïne
à $ 40 milliards (± 263 milliards de f.) et celui de l’héroïne
(idem) à 20 milliards de dollars (± 131,5 milliards de f.).
la seconde estime le marché de la cocaïne à ±
$ 28 milliards (± 184 milliards de f.); la troisième : héroïne,
± $ 12,3 milliards (± 81 milliards de f.) et celui de la
cocaïne + crack à ± $ 17,5 milliards (± 115 milliards
de f.).
En 1993, toujours pour la cocaïne, les utilisateurs réguliers
sont estimés à 2/2,2 millions. Mais la pureté de la
coke vendue dans la rue a baissé : 1988, pureté moyenne de
± 90%; 1992, de ± 83% en gros, 64% dans la rue.
Enfin, une étude de la RAND (dont le “Drug Policy Research Center”
a une réputation de grand sérieux) donne les éléments
suivants sur la population cocaïnomane :
1985 : ± 9 millions d’utilisateurs (occasionnels + réguliers),
1992 : ± 7 millions d’utilisateurs (occasionnels + réguliers)
Les “réguliers” consommeraient l’équivalent de 140 grammes
de cocaïne pure par an,
La consommation américaine en 1992 serait de ± 315 tonnes
de cocaïne pure.
Le marché de l’héroïne
D’abord l’avis d’un des “experts” que l’on entend peu : les narcotrafiquants.
Celui-ci, Sal Polisi, est associé (mais pas mafieux initié
lui-même) aux Familles Gambino et Colombo, de New York. Repenti,
il parle de la scène américaine de l’héroïne
au début de la décennie 80 : “New York est la capitale de
l’héroïne pour les Etats-Unis. Il y a un million d’héroïnomanes
dans le pays, dont 300 000 dans la ville”.
En 1993, cette population est officiellement estimée à
600 000, nationalement - des chiffres qui semblent faibles aux experts
- dont une moitié à New York. La consommation du pays serait
de ± 20 t. d’héroïne pure par an (sur une production
mondiale estimée à ± 350 tonnes).
• Origine de l’héroïne saisie en 1992 dans la rue : Triangle
d’Or, 60%; Croissant d’Or, 32%, Mexique, 10%. Notons la percée du
Triangle d’Or sur le marché New Yorkais : 1984, 24%; 1985, 35%;
1988, 70%; 1992, 80%.
• Pureté moyenne de l’héroïne saisie en 1992 dans
la rue : Croissant d’or, 56%; Triangle d’Or, 34,5%, Mexique, 25,5%. Toutes
héroïnes confondues, la pureté moyenne était
de 7% en 1982; 26,5% en 1991, 37% en 1992. Fin août 1994, une quinzaine
de surdoses mortelles en une semaine à Manhattan (3 ou 4 d’ordinaire)
est provoquée par des deals d’une “China white” pure à 94%.
A New York, la pureté moyenne va aujourd’hui de 45 à 65%
et les prix ont fortement baissé.
La dimension financière
Cocaïne, estimation basse : 300 tonnes en 1993, au prix de gros
médian vérifié de $ 20 000/kilo, soit ± $ 6
milliards (33 milliards de f. 94),
Héroïne, estimation basse, 20 tonnes pures en 1993, au
prix de gros médian vérifié de $ 145 000/kilo, soit
± $ 3 milliards (16,5 milliards de f. 94),
Au total, un marché de gros de ± $ 9 milliards de dollars,
soit près de 500 milliards de francs/94.
Dernier élément révélant l’ampleur du narcotrafic
aux Etats-Unis : pratiquée dans un laboratoire réputé
de criminalistique, l’analyse aléatoire de millions de billets de
banque montre qu’ils portent dans leur immense majorité des traces
infimes de cocaïne. La plupart des petites coupures en usage dans
le pays ont donc servi à des achats de coke, à un moment
ou un autre.