Le retour à la "guerre sale"
 
Comment frapper ETA dans son sanctuaire ? Comment contraindre Paris à reconnaître d'abord que tous les cadres et dirigeants d'ETA résident en France ; ensuite, à accepter de les extrader vers Madrid ? Retour aux remèdes éprouvés. Place à la "Guerre sale". Car dans le passé déjà, les gouvernements espagnols successifs, franquistes, centristes, inspirés par le modèle des "Escadrons de la mort" latino-américains, ont choisi de porter -ou ont laissé porter- la guerre sur le terrain de l'ennemi -en l'occurrence dans le sanctuaire français. Au tour des socialistes de faire de même.
 
Coïncidence ? Inconscient collectif ? Air du temps ou commandite ? Les entités qui, tour à tour, ont pratiqué la "Guerre sale" ont toutes trois véhiculé dans leurs noms mêmes des concepts chers aux gouvernements madrilènes de l'époque :
 
 
Gouvernements  Concepts  Organisations
1970-75 : 
Franquisme vieillisant
Réactionnaire 
Intégriste
Guerrilleros du Christ-Roi
1975-80 : 
 centristes
Patriotique - unité Nationale 
 
Bataillon Basque-Espagnol
1983-86 : 
socialistes
Antiterrorisme idéologie de la 
Libération
Groupes Antiterroristes de 
Libération
 
 
Mais les GAL vont être d'une efficacité bien supérieure et agir sur une bien plus grande échelle que leurs prédécesseurs. La preuve ? Près de dix ans après la première apparition publique des GAL, en décembre 1983, ce qui était un sanctuaire est devenu de plus en plus difficilement praticable pour ETA, dont plus de deux cent militants et cadres ont été renvoyés en Espagne, d'abord en vertu de la "procédure d'urgence absolue", puis par voie d'extradition. Et la population des Pyrénées Atlantiques, à peu près indifférente en son temps au sort des victimes des GAL, se moque plus éperdument encore de banales réexpéditions de l'autre côté de la frontière...

 

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