Inspirations

Pour réfléchir utilement aux dangers d'aujourd'hui et de demain, la prospective stratégique, aiguillon des politiques de sécurité et de défense, doit donc quitter au plus vite les sables mouvants du sentimentalisme pour s'établir sur un sol ferme et s'y doter de fondations solides. Ces fondations, nous les trouvons dans le réalisme, la politique et le droit.

• L'observation mesurée et attentive de la réalité des choses; en l'occurrence des situations, groupes et individus réellement menaçants, est la seule recette connue pour dissiper les illusions et les rêves; guérir les aveuglements idéologiques les plus tenaces. Douloureuse, sans échappatoire possible, la réalité a l'immense mérite d'être déchiffrable par qui la prend précocement en compte. Refuser, en revanche, de la regarder en face c'est se condamner à raisonner faux sur des figures fausses; à être sans cesse pris de court.

• Sécurité, défense sont au coeur de l'exercice de la souveraineté nationale, donc du politique dans son acceptation la plus noble. Percevoir un danger, se préparer à l'affronter est l'acte politique par excellence. "Le métier de politique, comme celui de médecin" dit encore Jean-François Revel "consiste à formuler des diagnostics exacts, sans lesquels on n'a aucune chance d'extirper le mal... Le vrai politique doit toujours se demander quelle est l'origine de la question qui se pose et comment y répondre ou dissiper le malentendu qui l'engendre". (op. cit.)

• En finir, enfin, avec les excès du moralisme commande d'en revenir au droit et de s'en tenir à la règle suivante : "Le seul critère solide qui permette de faire le partage entre ce qui est répréhensible et ce qui ne l'est pas, est d'ordre non moral mais juridique et institutionnel; c'est à la loi et à la loi seule de décider de ce qui est juste et de ce qui est délictueux selon qu'il est conforme ou non à sa lettre." (Clément Rosset, op cit)

Reste que s'efforcer de raisonner rapidement et lucidement sur les menaces, les problèmes de défense, ne sert à rien si le fruit de cette sagacité n'est pas pris en compte par une partie au moins de la classe politique et des dirigeants du pays. Or ceux-ci -à qui l'on prédit chaque semaine plusieurs catastrophes planétaires de diverses natures- conservent pour l'heure le calme des vieilles troupes et attendent que l'opinion manifeste de façon claire et suivie son inquiétude à tel ou tel propos. D'où, bien sûr, la nécessité d'un travail d'agit-prop pour que la prise de conscience populaire puisse s'opérer. Ce travail d'explication, nous le concevons en deux phases successives :

- montrer qu'en 1993 et à vue humaine, notre monde, confus et chaotique, reste dangereux,
- Faire un état -réaliste, clair, mesuré- des menaces : celles qui s'estompent, celles qui persistent; celles, enfin, qui émergent.
 
 

retour au sommaire | suite