La
"Conférence internationale de soutien a la révolution islamique
en Palestine" Téhéran, octobre 1991
Cette conférence à laquelle ont participé "des
ministres, des parlementaires et des révolutionnaires venus de 60
pays", selon ses organisateurs, s'est tenue à Téhéran
du 19 au 22 octobre 1991, une semaine avant que ne débute la conférence
de Madrid sur la paix au Proche-orient. A l'abri de cette "couverture",
s'est en réalité déroulée une réunion
de groupes terroristes des plus dangereux : Fatah-Commandement révolutionnaire
d'Abou Nidal; FPLP-Commandement général d'Ahmed Jibril, Fatah-Intifada
d'Abou Moussa, pour les laïcs, Hizb-Allah du Liban, Hamas, Jihad islamique
de Palestine, Hizb-Allah Palestine pour les islamistes. A la fin de cette
conjérence, un secrétariat permanent, plus réduit
que le comité exécutif, a été constitué
pour assurer le suivi de l'action [voir, plus bas, le point 19 de la résolution
finale]. Selon certaines sources libanaises et palestiniennes, un représentant
du Fatah-CR d'Abou Nidal ferait partie de ce secrétariat, ce qui
rend l'affaire plus inquiétante encore.
Le discours inaugural y a été prononce par le président
iranien Ali Akbar Hachemi Rafsanjani -présenté par certains
comme un "modéré"-; les séances étant présidées
par l'hodjatolislam Mehdi Karrubi, président du majlis. A l'ordre
du jour: "les problèmes qu'affronte la révolution islamique
en Palestine et le soutien à l'intifada", "l'aide pratique au peuple
de Palestine et les moyens de bloquer l'afflux des juifs en Palestine".
Au terme de quatre jours de débat, la conférence a décidé,
sur proposition du "Guide de l'Oumma", l'ayatollah Ali Khamenei, successeur
de l'imam Khomeini, de créer un "Fonds de soutien à l'intifada
et à la révolution islamique en Palestine" [compte en dollars
N2200, banque Melli, bureau central, avenue Ferdowsi, Téhéran];
elle a également adopté une résolution en 28 points,
que voici dans son intégralité :
L°) La conférence considère que le problème
palestinien est le plus important pour le monde musulman et invite les
nations, les parlements et les Etats musulmans à conjuguer leurs
efforts pour la réalisation des aspirations légitimes du
peuple palestinien.
2°) La conférence définit le régime Sioniste
comme une entité fictive et illégitime et considère
son implantation au coeur de la terre islamique comme le produit d'un complot
ourdi par le sionisme, l'arrogance mondiale et les ennemis de l'Islam contre
les nations musulmanes et comme le tremplin régional de leurs projets
néfastes.
3°) La conférence affirme avec force les droits historiques
et la souveraineté indéniable du peuple de Palestine sur
la totalité de la Palestine et appuie résolument la lutte
du peuple palestinien pour la libération totale des terres occupées,
l'élimination du sionisme et l'établissement d'un Etat palestinien
souverain.
4°) La conférence condamne fermement les pratiques criminelles
du régime raciste [israëlien NDT] à Jérusalem
[al-Qods al-Sharif dans le texte original, NDT], la destruction de reliques
islamiques dans la mosquée al-Aqsa, lieu sanctissime pour les musulmans
ou dans d'autres lieux saints, ainsi que les tentatives d'altérer
l'identité et la démographie du peuple islamique de Palestine.
5°) La conférence considère l'unité de la
résistance comme essentielle pour entraîner la victoire et
invite les forcer, combattantes palestiniennes à renforcer encore
leur unité.
6°) La conférence condamne la cruauté des traitements
infligés par le régime sioniste aux résidents des
territoires occupés et affirme le droit légitime des peuples
opprimés de ces territoires à recourir à la lutte
armée face aux forces d'occupation.
7°) La conférence exige la libération la plus rapide
des prisonniers et des otages aux mains des forces d'occupation et condamne
la prise en otage, l'expulsion et la déportation de résidents
des territoires occupes par le régime sioniste.
8°) La conférence appelle les pays musulmans a constituer
au sein de leurs forces armées des unités permanentes, pour
les intégrer ensuite dans une armée de libération
de Jérusalem, ainsi qu'a les maintenir en alerte et a les faire
participer activement a la lutte contre l'ennemi sioniste.
9°) La conférence condamne les agressions répétées
du régime sioniste contre le Liban ainsi que les crimes perpétrés
contre ce peuple; honorant la mémoire des martyrs de la résistance
libanaise, elle apporte un appui sans failles a la lutte acharnée
de ce peuple contre le régime sioniste.
10°) La conférence condamne l'alliance stratégique,
politique, militaire et économique entre les Etats-Unis et le régime
sioniste, comme facteur essentiel de la politique d'agression de ce dernier
contre les pays musulmans et le peuple opprime de Palestine. C'est pourquoi
elle considère tout soutien a la politique des Etats-Unis dans la
région comme une trahison de la cause palestinienne et des aspirations
sacrées du peuple palestinien et des pays musulmans.
11°) Les participants condamnent les efforts américains
conduisant a la soi-disant conférence de paix au Proche-orient,
qui n'est qu'une reprise de Camp David et les considèrent comme
un complot dont le succès sonnerait le glas de la révolution
palestinienne. Ils en appellent aux pays musulmans et arabes, ainsi qu'aux
forces révolutionnaires et islamiques pour qu'ils évitent
ce piège fatal et rejettent toute conciliation qui conduirait à
la reconnaissance du régime occupant al-Qods.
12°) La conférence déplore l'indifférence
affichée par le Conseil de sécurité [des Nations-Unies,
NDT] devant les atrocités et les agressions répétées,
perpétrées par le régime sioniste à l'encontre
de pays musulmans; ses violations répétées des lois
internationales en Palestine occupée ou dans la région et
l'approche discriminatoire et sélective du Conseil face à
d'autres foyers de tension dans le monde. Elle considère cette approche
[Celle des Nations-Unies, NDT] comme un parfait déni de la Charte
de l'ONU et des droits de l'homme.
13°) La conférence condamne les efforts déployés
par les Nations-Unies pour faire annuler la résolution 379 de son
assemblée générale, en date de 1975, qui assimilait
le sionisme au racisme. Elle réaffirme la validité de cette
résolution et déplore cette manoeuvre de l'ONU, visant a
renforcer la position du régime sioniste dans la communauté
internationale et a le sortir de son isolement.
14°) La conférence tient le plan américain pour le
Proche-Orient pour une tentative insidieuse d'affaiblir les forces militaires
des Etats musulmans et de renforcer le potentiel agressif de l'entité
sioniste; elle appelle tous les pays musulmans à renforcer les liens
qui les unissent au sein de l'Oumma et à accroître la puissance
défensive du monde musulman, face aux menaces grandissantes émanant
de l'arrogance mondiale.
15°) La conférence condamne avec force la présence
militaire massive des Etats-Unis dans la région, fort sensible,
du Golfe Persique et toutes les modalités de collaboration visant
à perpétrer cet état de fait; elle considère
cette présence comme de nature à gêner les nations
musulmanes de la région dans leurs tentatives de réaliser
leurs aspirations et tout particulièrement de libérer la
Palestine.
16°) La conférence considère l'afflux de Juifs, venus
d'URSS ou d'ailleurs et leur établissement comme colons en Palestine,
comme une entreprise condamnable visant à altérer la démographie
et l'identité islamique de ce pays; elle exprime sa consternation
devant le rôle que jouent les Etats-Unis dans cette néfaste
entreprise et exhorte tous les gouvernements musulmans, toutes les forces
révolutionnaires, islamiques et tous les hommes épris de
liberté à faire tout leur possible pour contrarier cette
manoeuvre et exprimer leur désapprobation aux gouvernements qui
s'en rendraient complices.
17°) Revenant sur des événements récents a
l'échelle du globe, la conférence déplore la soumission
de certains gouvernements à la volonté des Etats-Unis et
l'établissement de relations diplomatiques entre ceux-là
et l'ennemi sioniste; elle les avertit des conséquences dangereuses
pour l'humanité des projets formes par les racistes-sionistes; elle
considère toute forme de contacts et de rapprochement avec l'ennemi
comme contraire aux intérêts et aux aspirations des nations
du monde, notamment de celles qui sont musulmanes.
18°) Le régime sioniste ayant pour principal vecteur d'infiltration
dans le monde l'aide qu'il prétend apporter, dans le domaine économique,
aux pays dépourvus, la conférence appelle tous les pays musulmans
à boycotter toutes les entreprises et institutions financières
liées au sionisme.
19°) la conférence décide qu'un secrétariat
permanent sera constitué pour assister le comité exécutif
et qu'un poste de secrétaire général sera crée.
Le secrétariat comprendra des parlementaires musulmans, des représentants
de mouvements et des personnalités actives de la communauté
musulmane. La conférence demande a ce que ce secrétariat
s'installe à Téhéran . La mission de ce secrétariat
sera de définir des procédures de fonctionnement et d'organisation
pour que soient concrétisées et menées à bien
les décisions adoptées par la conférence.
20°) La conférence souligne la nécessité de
créer un comité permanent des parlements musulmans aux fins
de concerter les efforts matériels et spirituels qu'ils accomplissent
en aide à la cause palestinienne; ce comité agissant en concertation
avec le secrétariat permanent institué au point 19.
21°) La conférence demande aux parlements musulmans de voter
et ratifier des lois garantissant les droits des palestiniens résidant
sur leur sol, et assurant leur dignité.
22°) La nécessite d'un Jihad total contre le régime
sioniste, la responsabilité qui pèse sur les parlements musulmans
pour ce qui est de la victoire de la cause palestinienne, nécessitent
l'établissement d'un fonds de soutien à l'intifada, alimenté
chaque année par les gouvernements musulmans.
23°) La conférence souligne donc la nécessite d'établir
un Fonds islamique pour la Palestine nourri des aides des gouvernements
et des peuples musulmans, qui aura pour fonction d'aider le peuple opprime
de Palestine et de soutenir l'intifada.
24°) La conférence appelle tour, les hommes de lettre, poètes,
écrivains intellectuels et artistes de l'oumma à faire leur
possible pour mener un Jihad culturel d'aide à l'intifada et à
la cause palestinienne.
25°) Pour faire entendre la voix de la nation palestinienne opprimée
et coordonner le travail des médias musulmans concernant la cause
palestinienne, la conférence souligne la nécessité
de rencontres régulières des organes de presse de ces pays
sous l'égide de la "Conférence des médias islamiques
soutenant la cause palestinienne".
26°) la conférence honore la mémoire du grand dirigeant
défunt de la révolution islamique, l'Imam Khomeini, -sur
lui la paix et la bénédiction de Dieu - rappelle avec émotion
son soutien sans failles a la cause palestinienne et s'engage à
poursuivre son initiative de faire du dernier vendredi de Ramadan le "Jour
de Jérusalem". Eue demande avec force que soient organisées
ce jour là des cérémonies de nature à enflammer
les masses musulmanes en faveur de la cause palestinienne.
27°) La conférence demande au secrétariat permanent
de prendre les mesures nécessaires pour que soient concrétisées
les résolutions prises ci-dessus et pour rendre compte de leur suivi
à sa prochaine session.
28°) Les participants expriment leur gratitude au guide de la révolution
islamique, l'ayatollah seyyed Ali Khamene'i, pour l'attention qu'il a porté
à leurs travaux et pour ses précieux conseils sur la question
palestinienne; ils demandent à ce que sa déclaration du 17
octobre soit considérée comme l'un des documents officiels
de la conférence.
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