Volonté
de contrôle territorial
Une bande a un besoin vital de souveraineté territoriale. Dans
la phase de conquête, la mobilisation autour de cet objectif donne
un sens à son combat et justifie sa violence. Le contrôle
de la zone convoitée assuré - une"zone grise" désormais
-, celle-ci devient source de profit. Pour la population, ce contrôle
se manifeste par l'omniprésence de la violence et de la drogue.
Ainsi, des quartiers entiers sont intimidés d'abord, terrorisés
ensuite par des actes de guérilla urbaine. Victimes et témoins
sont menacés, les habitants finissent par être prisonniers
dans leurs maisons : les rues, elles, appartiennent aux bandes.
Dans ces quartiers, les cours sont constamment interrompus et les écoliers,
exposés aux attaques des bandes. Autour de Los Angeles, les grands
parcs de loisirs comme Disneyland ou Magie Mountains, les jardins publics,
les plages, sont devenus des champs de bataille. S'ajoute à tout
cela le vandalisme, sous forme de graffitis par exemple, ou de destruction
délibérée de bâtiments publics ou commerciaux.
Les acheteurs évitent ainsi les magasins situés sur le
territoire des bandes; les employés de ces commerces sont euxmêmes
souvent victimes de la violence. Les boutiques devant faire face à
une baisse de revenus conjuguée à une hausse des primes d'assurances,
ferment ou changent d'implantation. Ces fermetures vident de nouveaux immeubles,
abandonnés aux bandes, d'où un dépé rissement
progressif et une emprise de plus en plus forte du gang sur un quartier
de plus en plus délaissé. A ce moment-là, le territoire
est devenu un sanctuaire, voire un univers en soi pour la bande. Le sentiment
d'appartenance territorial est si fort parfois chez les "home-boys" les
plus jeunes, qu'ils refusent de fréquenter une école sise
en dehors de leurs "terres"...
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