Adhésion à une rnicro-culture violente
 
Les "street-gangs" américains sont le produit d'une panne : celui du légendaire "melting-pot", qui a quasiment cessé de jouer son rôle depuis les années soixante. Dès lors, le segment de la communauté afro-américaine vivant dans les centres urbains, les latino américains -et même, fait nouveau, les asiatiques- les plus défavorisés, ont opéré un repli communautaire et se sont tournés vers des micro-cultures fondées sur l'agressivité, le culte du "look" et la récrimination sociale. Leurs manifestations les plus célèbres, apparues au sein de la communauté noire, sont les tags (graffiti), le rap (musique) et le hiphop (danse), considérés par certains esthètes comme "artistiques".
 
A l'inverse du crime organisé, qui recherche plutôt l'ombre et l'anonymat, les "Street Gangs" ont un souci constant de faire connaître leurs "exploits", non seulement à leur communauté, mais aussi à leurs rivaux. L'image d'une bande, la "sanctuarisation" de son territoire, dépendent considérablement de cette reconnaissance. Plus notoire est sa réputation de violence et plus elle est respectée. Cette soif de notoriété est comparable à celle des terroristes, eux aussi soucieux de "médiatiser" leurs opérations.
 
Premier " medium " des bandes: les graffiti, un langage dont le déchiffrement est important. Respectant un certain nombre de règles formelles - nom ou sigle de la bande, surnom de l'auteur, etc.- Le tag contient souvent des indications précieuses. La "durée de vie" d'un graffiti, ou son altération indiquent la réalité du contrôle d'un territoire; de même qu'est significatif le rythme auquel les tags se recouvrent à un même endroit. Plus on s'avance vers le centre d'un tert itoire, plus les graffiti sont élaborés et durables. Ils peuvent même comprendre les noms et surnoms de membres de la bande; d'où des indications hiérarchiques intéressantes. De même, on peut y trouver des renseignements sur les ramifications ou les alliances du gang.
 
Autres procédés d'identification : les tatouages, d'abord, qui lient le "home-boy" à son groupe, rappellent ses exploits, vantent son comportement en prison. Les tatouages sont un signe sûr de l'appartenance de leur porteur au gang : un imposteur subirait les sanctions les plus graves. Très prisés par les hispaniques, ils le sont moins par les noirs, plus individualistes. Le langage gestuel, ensuite -du bras et de la main, en pliant les doigts de diverses manières- sert aussi bien à l'identification qu'à la provocation. Chaque bande, afro-américaine ou hispanique, a ses signes de reconnaissance et tous les actes de violence sont désormais précédés de cette signalétique quasi-rituelle.
 
 
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