Un modele
de "zone grise urbaine": Los Angeles
François Haut
Si une "Zone grise" se définit comme un territoire où
la souveraineté d'un Etat ne s'exerce plus réellement et
où des puissances criminelles hybrides exercent l'essentiel du pouvoir,
on peut désormais parler de "Zones grises urbaines" à propos
de plusieurs mégalopoles et notamment de Los Angeles en Californie.
Là, des secteurs entiers de la ville, immenses parfois, sont désormais
"offlimits" pour les forces de l'ordre et gouvernés par des "street-gangs"
territoriaux puissamment armés, financés par la vente de
narcotiques divers.
C'est leur violence, abondamment dépeinte au cinéma,
qui a rendu ces bandes célèbres; mais, naguère encore,
si cette violence était organisée, elle était aussi
localisée et ne bénéficiait d'aucun relais international
connu. Orle 9 j anvier écoulé, le FBI a pu inculper pour
la première fois, dans le cadre d'une même affaire de trafic
de stupéfiants, deux membres des "Crips" [voir plus bas, p. 14]
et des représentants colombiens du cartel de Medelln. Cauchemar
pour la police californienne aussi bien que pour les autorités fédérales
américaines : la grande zone grise latino-américaine et la
petite, celle des quartiers deshérités de LA, ont désormais
opéré leur jonction.
Cette dramatique contagion serait-elle réservée aux seuls
Etats-Unis ? L'Europe et la France seraient-elles à l'abri de tels
phénomènes, par la grâce d'on ne sait quel miraculeux
vaccin ? Non bien sûr. Entre la zone grise asiatique et les banlieues
des grandes villes de notre continent, l'hér6ine circule déjà,
convoyée notamment par des groupes (Dev. Sol, PKK) qui financent
ainsi tout ou partie de leurs activités terroristes.
D'où la nécessité d'étudier la "scène"
californienne, ancienne déjà, scrutée attentivement
par nombre de sociologues, policiers, journalistes, etc. pour y faire connaissance
avec les formes d'associations criminelles hybrides -mutantes pourrait-on
dire - qu'on y trouve, différentes de celle des zones grises rurales
du tiers-monde, mais pouvant nouer avec ces dernières de profitables
et redoutables alliances.
Ces gangs californiens ont en commun xénophobie et composition
monoethnique, adhésion à une micro-culture violente, volonté
de contrôle territorial et financement par la vente de stupéfiants.
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