Le développement
du narco-terrorisrne
Au-delà de la diversification, le cartel le plus voyant, celui
de Medellin, se considérant comme attaqué par le pouvoir
fédéral américain et les gouvernements locaux, a riposté
sur un terrain qui lui était familier: celui de la violence. Pour
perfectionner l'entraînement de ses miliciens, il a débauché
à prix d'or (100 000 dollars par mois) d'anciens commandos israéliens
et britanniques et acheté, littéralement à n'importe
quel prix, des armes sophistiquées : roquettes antiaériennes,
obus antiblindage, explosifs indétectables, détonateurs électroniques.
Le gouvernement américain voulait les faire juger sur son territoire
? Sous le nom d'"extradables", ils ont mené pendant deux ans une
guerre impitoyable qui a rendu mondialement célèbre le concept,
nouveau, de narco-terrorisme.
Au cours des trois dernières années, le cartel de Medellin
a été impliqué dans l'assassinat de trois candidats
à la présidence de la République colombienne, d'un
ministre de la justice (une femme), d'un procureur, du directeur d'un grand
quotidien, du chef du M 19. Sans compter un nombre de meurtres à
peu près incalculable: 40 journalistes, par exemple, et 1300 policiers.
A chaque assassinat d'un de ces derniers, qui gagnent moins de 200 dollars
par mois, les "sicaires" touchent une prime de 5 000 dollars... S'ajoutent
à cela des centaines d'attentats à l'explosif (260 pour l'année
1989). Mais les narco-terroristes ont également eu à coeur
de montrer qu'ils avaient bien assimilé toute la richesse de leur
"modèle" libanais : ils ont multiplié les prises d'otages
-dix journalistes sont toujours entre leurs mains- et ont même tâté
de l'attentat aérien. En novembre 1989, un Boeing d’Avianca, Bogota-Cali,
a été détruit en plein vol par une bombe : 107 morts.
Et ils n'ont eu garde d'oublier le grand classique qu'est la voiture piégée
: en juin 1990, ils ont détruit par cette méthode le siège
de la police politique de Medellin : 15 morts et plusieurs dizaines de
blessés. En février 1991 encore, un attentat-massacre a fait
22 morts et 176 blessés à Medellin.
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