L’ORGANISATION DEVRIMCI SOL
(DEV. SOL; GAUCHE REVOLUTIONNAIRE)

Dès août 1988, Dev. sol concrétise son projet d’être à la fois une organisation de masse et de lutte armée : attentats par explosif, attaques homicides sur des cibles politiques ou policières, hold-up se multiplient.

Mais, comme toutes les organisations communistes combattantes turques, Dev. Sol souffre terriblement de la répression qui suit le coup militaire de septembre 1980. Le 18 février 1981, 1194 de ses cadres et militants -y compris la quasi-totalité du comité central- sont capturés lors d’une rafle gigantesque. Au total jusqu’au rétablissement de la démocratie, la répression frappe plus de 3000 militants de Dev. Sol.

Depuis, Dev. Sol -qui a tout de suite entrepris de reconstituer ses structures pour reprendre le combat- a profondément modifié la stratégie qu’elle suivait avant 1980. A l’époque, Dev. Sol suivait la ligne politico-militaire en deux phases conçue par Mahir Cayan : guérilla urbaine d’abord; rurale ensuite.
Désormais, Dev. Sol donne à ces deux formes de lutte une égale importance : elles doivent être menées de front suivant une “unité dialectique entre les mouvements armés des villes et des campagnes “comme le dit avec élégance et légèreté la prose du mouvement.

Mais, aujourd’hui comme hier l’activité de Dev. Sol est avant tout “militaire” et son ennemi prioritaire reste l’appareil de sécurité de l’Etat turc.Toutes les victimes récentes de Dev. Sol sont en effet au coeur d’une cible très précise : des policiers, militaires et hommes de renseignement liés à la lutte antiterroriste et accusés dans le passé d’atteintes aux Droits de l’Homme (voir Chronologie, p...).

Organisation

A la tête de Dev. Sol un homme, Dursun Karatas, insaisissable en Turquie et résidant sans doute le plus souvent en Europe occidentale; il est entouré d’un comité central (“Merkez Yapi”) d’une dizaine de membres, qui agit depuis Istanbul. A la base (chiffres du début de 1991) ±6 à 7000 militants, les 3/4 en Turquie même. Entre le sommet et la base, une pyramide de comités à compétence géographique : comité provincial, régional, de district, de ville, de village. A chaque niveau des groupes armés pratiquant, selon les cas, la guérilla urbaine ou rurale. Les opérations militaires de haut niveau sont confiées à des structures spécialisées dénommées “Unités révolutionnaires Armées” (Silahli Devrimci Birlikler, SDB).

Recrutement et formation

Dev. Sol recrute chez les étudiants et les lycéens, mais surtout chez les jeunes, fraîchement urbanisés, des bidonvilles; avec plus de difficulté chez les jeunes paysans pauvres. A leur arrivée au mouvement, les jeunes recrues militent sur un mode semi-légal : manifestations dans leurs établissements ou sur la voie publique, diffusion de matériel de propagande etc. Les éléments les plus actifs sont ensuite orientés vers des activités violentes “bas-de-gamme”, elles déjà illégales : hold-up dans des banques, bijouteries, supermarchés; affrontements armés avec des groupes rivaux (Dev. Yol, Tikko) ou des policiers. Ceux qui franchissent ce cap peuvent alors suivre une formation politico-militaire supérieure : l’école du mouvement.

Il s’agit de stages de deux à trois semaines, organisés en Turquie même dans des “appartements conspiratifs”. Là, outre l’endoctrinement politique, les élèves reçoivent une formation militaire : montage et démontage d’armes de poing et automatiques, cours de sabotage, de maniement d’explosifs, etc. Les sujets les plus brillants de ces écoles sont, enfin, envoyés au Liban.

Une organisation aussi lourde et complexe coûte cher. Pour la financer Dev. Sol use de procédés classiques : racket, hold-up, contrebande; également de trafic d’héroïne entre l’Iran et l’Europe.

Activités internationales

Les activités de Dev. Sol en Europe sont coiffées par un “comité Europe”, CE implanté en Allemagne, Autriche, Belgique -c’est de Bruxelles que partent les communiqués du CE-France (voir p...) et Hollande. Ses activités sont multiples :

Au Proche-orient, Dev. Sol entretient des liens anciens avec le FPLP de Georges Habbache et plus récents (1987) avec le PKK. Ses bons rapports avec les autorités syriennes lui valent d’avoir accès au “camp des turcs” de la vallée libanaise de la Bekaa. Un camp qui, selon des sources libanaises fiables se trouve toujours à 6 km de la ville d’Aanjar, à proximité de la bourgade d’Istabl, près de la route Zahle-Marjayoun et de la rivière Nahr al-Ghzayel. Là, les “soldats” de Dev. Sol peuvent concrétiser l’enseignement militaire théorique reçu en Turquie : tirs réels aux armes de poing et automatique, usage d’explosifs plastique, commande de détonations à distance, etc.
 
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