SYRIE


Nom officiel: République arabe syrienne
Continent: Asie
Superficie: 185 180 km2
Population: (1989) +12 M. d'h.
Capitale: Damas (1, 3 M. d'h.)
PIB/h.: (1986) $ 2 930
Pétrole (production): 14, 6 M. de t.
Pétrole (réserves connues): faibles

Vecteurs et engins de destruction massive:
. vecteurs: SS 21 Scarab (URSS), 120 km; Scud B (URSS), 300 km, 1 t. de c.u.
. engins: chimiques, oui. Nucléaires, non

Régime: dictature à parti de facto unique
Chef de l'État: Hafez al-Assad
Chef du gouvernement: Mahmoud al-Zohbi
Ligue arabe: oui (1945)
Organisation de la conférence islamique: oui
Liens avec la République islamique d'Iran: ambassades

% de non-musulmans: 12%
- ventilation: dont chrétiens: 80%
% de musulmans: 88%
-vent./100: sunnites shaféites: +/- 85%; Aalaouites (nusaïris): +l0 % (soit +/- 1 M.); druzes: +/- 3% (soit +/- 300.000); ismaïliens: 2% (soit +/- 200 000); petite communauté chi'ite duodécimaine



Février 1971: suite à un plébiscite, un événement sans précédent - non seulement en Syrie, mais encore dans l'ensemble de l'oumma - se produit: un alaouite, un fils de ces tribus des montagnes qui surplombent Lattaquié, devient chef de l'État syrien.

Entre les alaouites, une secte étrange d'origine ismaélienne (voir glossaire, p. 269), et l'Islam sunnite, les rapports n'ont jamais été tendres. Pendant des siècles - et jusqu'à une date récente - la plupart des alaouites ont vécu dans le nord-ouest de la Syrie, sur les terres de propriétaires musulmans orthodoxes, en tant que travailleurs agricoles misérables. Exploités, mais détestés, également, en raison de leur culte, de leurs mœurs supposées et de l'histoire: les alaouites diviniseraient l'Imam Ali et sa descendance; ils rejetteraient le dogme de la résurrection, mais croiraient en la transmigration des âmes. Pis: ils consommeraient de l'alcool et toléreraient la licence sexuelle chez leurs femmes. Au cours des siècles, enfin, ils se seraient régulière ment alliés avec les envahisseurs des terres de l'Islam: croisés d'abord, puis Mongols.

Bref, une secte considérée comme abominable par tous les hérésiographes sunnites et chi'ites; le plus sévère étant le grand penseur musulman médiéval Ibn Taymiyya, qui, dans sa célèbre Fatwa sur les Nusaïris, dit d'eux qu'ils sont "pires que les juifs, les chrétiens, pires même que les païens".

De ce fait, dès l'élection de Hafez al-Assad, les musulmans pratiquants se méfient, et les Frères musulmans commencent à s'agiter. Ils ont de bonnes raisons pour cela: naguère, un coup sérieux a déjà été porté à l'Islam sous le règne d'un Premier ministre bassiste alaouite. En avril 1967 a paru dans le journal bassiste Armée populaire un article d'Ibrahim Khallas, un officier alaouite, demandant que l'Islam soit "rangé dans un musée, aux côtés des autres forces d'exploitation". Le texte fait l'effet d'une bombe: sous la rhétorique révolutionnaire, s'indignent les uléma sunnites, c'est la vieille haine des nusaïris pour l'Islam qui s'exprime.

Et effectivement, au début de l'année 1973, le projet de Constitution mis au point par le régime nouveau ne contient pas une allusion à l'Islam ! Socialisme, rôle dirigeant du parti Baas, laïcité: une abomination pour les musulmans pratiquants. Cette fois-ci, l'agitation est telle que le pouvoir fait marche arrière: dans la Constitution définitive, le chef de l'État doit être musulman; quelques références cosmétiques, à l'Islam. Mais le mal est fait et à partir de ce moment, les islamistes sont sur le sentier de la guerre.

L'Islam activiste en Syrie, c'est surtout celui des Frères musulmans. Dès les années 30, les Frères égyptiens y ont envoyé des missionnaires et, en 1935, un premier groupe de Frères est créé à Alep. D'autres se forment à Hama et à Damas deux ans plus tard. Mais, avant comme après la Seconde Guerre mondiale, l'organisation syrienne ne sera jamais très unie: les villes du Nord, Hama, Alep, sont plus militantes, plus dures que Damas.

Comme partout dans le monde arabe, la défaite retentissante de 1967 va provoquer chez les Frères syriens un sursaut et des tensions. De jeunes islamistes d'Alep et de Hama, entraînés par Marwan Hadid, un ingénieur agronome de 33 ans, disciple de Seyyed Qotb (voir Egypte, p. 85 et s.), décident d'engager la lutte contre le régime de Hafez al-Assad. Mais les Frères de Homs et de Damas, et le super-intendant général du mouvement, Issam al-Attar, refusent l'option armée.

Par le biais des Frères jordaniens, Hadid et ses camarades prennent alors contact avec Arafat et rejoignent les camps du Fatah en Jordanie. Ils y séjournent en 1969 et 1970, se formant à la guérilla et participant à des opérations contre Israël. Objectif: créer la branche armée de l'Ikhwan syrienne. De retour en Syrie, Hadid voit que la direction des Frères est toujours aussi molle. En 1972, c'est la rupture et les activistes préparent seuls leur entrée dans l'action.

Le jihad débute avec l'année 1975: premières bombes, premiers officiels comme cibles. Même si cette année-là et par la suite, les revendications sont multiples - la Jeunesse de Mahomet, Guerre Sainte, les Bataillons de Dieu - une organisation est derrière la plupart des attentats: al-Tali'a al-Muqatila, (l'Avant-Garde combattante), dirigée par Marwan Hadid et son lieutenant Adnan Oqla. Hafez al-Assad lance ses polices secrètes, services parallèles et groupes paramilitaires - le régime en possède toute une panoplie - contre les Frères. Hadid est capturé à Hama en juin 1975. Torturé, il meurt en prison, sans doute en 1976. Les arrestations se comptent par centaines; un calme précaire s'instaure.

Il est rompu, en février 1976, lorsque des émeutes éclatent à Hama, sauvagement réprimées par la garde prétorienne du régime. En mai, pour protéger la communauté chrétienne, malmenée dans la guerre civile qui y fait rage depuis un an, le régime syrien intervient militairement au Liban. Une fois de plus, constatent les islamistes, les nusaïris s'allient aux ennemis de l'Islam. Ces deux événements redonnent vie au jihad et relancent la répression. Une escalade féroce qui va culminer, en février 1982, avec l'écrasement de la vieille ville de Hama.

Entre-temps, terreur et contre-terreur font rage en Syrie: en octobre 1976, Ali Haïdar, commandant (alaouite) de la région militaire de Hama, est assassiné avec deux autres officiels. Le premier d'une liste qui comprend nombre de dignitaires, tous alaouites: le président de l'université de Damas, février 1977; le commandant d'un régiment de missiles, en octobre; un professeur de l'université d'Alep, en novembre.

Mars 1978: le doyen de la faculté dentaire, président de l'association Syrie-URSS, tombe sous les balles des Frères; en août, le chef des personnels du ministère de l'Intérieur. Tous sont en outre soit des confidents, soit des proches de Hafez al-Assad.

En 1979, l'escalade se poursuit: entre mars et juin, 70 dignitaires alaouites sont assassinés de Damas à Homs, d'Alep à Hama; parmi eux, le procureur général de la Cour suprême de sécurité d'État, un professeur de l'université de médecine et l'imam alaouite de Lattaquié, cheikh Youssouf Sarim. En deux ans, 2 000 Frères ont été jetés en prison. Ce qui n'empêche pas, en juin, un commando infiltré dans l'école d'artillerie d'Alep de se livrer à un carnage de cadets alaouites: 83 morts, 200 blessés.

En avril 1980, Hama et Alep sont mises en état de siège; en juin, les détenus politiques qui se sont soulevés à la prison de Palmyre sont massacrés: 400 morts au minimum. Le mois suivant, le Parlement syrien vote la loi martiale n° 49, punissant de mort l'appartenance à l'Ikhwan. En novembre, les islamistes constituent un Front islamique unifié, dont la branche militaire est commandée par Adnan Oqla, chef de l'Avant-Garde Combattante. Le haut commandement du Front -Cheikh Saïd Hawwa, Ali Bayanouni et Adnan Saadeddine - publie également le "programme de la révolution islamique en Syrie". Sans pour autant délaisser l'action armée: en décembre, 2 personnalités alaouites importantes, dont le propre médecin d'Assad, sont assassinées.

En 1981, après une période de calme, les attentats reprennent: en octobre, à Damas, une voiture piégée explose devant un bâtiment occupé par des experts soviétiques; l'immeuble est détruit, les morts - dont le total est inconnu - nombreux. A Lattaquié, un oncle d'Assad est assassiné avec sa fille; à Alep, la guérilla urbaine fait rage. En novembre, une énorme bombe détruit à Damas un immeuble des services de renseignement; plus de 200 morts. la répression ne faiblit pas: à Hama, en décembre, les troupes du régime tirent sur des insurgés :50 morts.

Face à cette répression, d'ailleurs, les Frères syriens sont bien seuls: c'est à peine si, depuis deux ans, les Frères égyptiens, par la bouche d'Omar al-Talimsani, l'un de leurs dirigeants, ont protesté contre la barbarie du régime syrien. La première dimension de la contre-attaque du régime syrien sera donc internationale.

Au Koweit, l'Association pour la réforme sociale, proche des Frères syriens, mène une campagne en leur faveur: une bombe syrienne la fait taire en novembre 1980. En mai 1981, à Aix-la-Chapelle, l'épouse du dirigeant historique des Frères syriens, Issam al-Attar, est assassinée à son domicile; en octobre, c'est au tour d'un jeune dirigeant des Frères de Hama qui terminait à Belgrade ses études d'ingénieur. Le mois suivant, à Barcelone, un autre dirigeant de l'Ikhwan, Nizar al-Sabbagh, tombe sous les balles des agents de Damas. En 1982, changement de méthode: en janvier, une bombe explose au Centre islamique de Munich, favorable aux Frères syriens: dégâts importants. En avril enfin, alors que le journal Al-Watan al-Arabi, édité à Paris et favorable aux thèses irakiennes, vient de publier une interview d'Adnan Saadeddine, l'un des trois dirigeants suprêmes du Front islamique syrien, c'est l'attentat de la rue Marbeuf, le premier d'une série d'attaques transnationales d'origine proche-orientale contre la France (1 mort, 10 blessés).

L'indifférence des médias occidentaux - qui ne s'intéressent qu'au terrorisme frappant à leur porte - la maigreur du soutien international apporté aux Frères vont permettre à Assad d'en finir une fois pour toutes avec eux. Reste un préalable: la réaction de Téhéran. Comment l'Imam Khomeini réagira-t-il à un massacre de musulmans pieux par des hérétiques ?

Et effectivement, depuis le début de 1979, les Frères syriens ont apporté leur total soutien au régime islamique de Téhéran; fait allégeance, même, à l'imam Khomeini. Ils envoient délégation sur délégation à Téhéran et poussent le commandement international des Frères à proposer aux autorités de la République islamique le protocole ci dessous, qu'il convient de citer intégralement, ne serait - ce que pour en finir avec les vœux pieux type "sunnites et chi'ites ne s'entendront jamais".

1°) La Révolution islamique d'Iran est celle de tous les mouvements islamiques au monde, quelle que soit leur sensibilité islamique [= leur secte].

2°) Tout usage de la force contre la Révolution islamique d'Iran, toute tentative de subversion de celle-ci par d'autres moyens sera dommageable, immédiatement et dans un futur plus lointain, à tous les mouvements islamiques du monde.

3°) Toute entreprise émanant de quelque mouvement islamique que ce soit et concernant la Révolution islamique d'Iran doit se faire au service de celle-ci et non de ses adversaires.

4°) Les Frères musulmans reconnaissent le droit au peuple musulman d'Iran d'exiger ce qui suit:

· Le retour du chah, pour être jugé par le peuple d'Iran, devant l'une de ses cours de justice islamique.

· Le retour de l'intégralité de la fortune du Chah, pillée au peuple d'Iran,

· Le retour au peuple d'Iran de ses capitaux confisqués par le gouvernement des Etats-Unis.

· Le droit du peuple d'Iran à être traité par les Etats-Unis et les autres puissances sur un pied d'égalité, de façon rationnelle et avec justice - et non pas a être menacé et traité avec condescendance.

· La fin des attaques des gouvernements américain et occidentaux et de leurs médias contre l'Islam et la Révolution islamique d'Iran.

· La fin de tous les blocus et de l'embargo contre l'Iran.

· L'établissement d'un climat de respect entre nous-mêmes et nos frères musulmans d'Iran détenant les espions [= les "étudiants dans la ligne de l'imam" détenant les diplomates américains].

· Que toute action entreprise par les Frères musulmans le soit avec le consentement des étudiants iraniens détenant les otages, et dans leur intérêt,

· Que toute action entreprise par les Frères musulmans le soit dans l'esprit d'un renforcement de tous les autres mouvements islamiques.

. Que les Frères musulmans ne décident d'agir qu'en vertu des principes exposés ci-dessus .

Un document conçu au cours du premier trimestre de 1980 - et publié dans le bulletin clandestin des Frères syriens, An-Nadhir en mai - en réponse à l'administration Carter, qui vient d'appeler les Frères à l'aide dans l'affaire des diplomates otages à Téhéran.

Mais l'hérésiographie est une chose, et la realpolitik, une autre. Même si les dirigeants de Téhéran ont les nusaïris en horreur, ceux-ci constituent une alliance de revers indispensable pour l'Iran, au moment où la guerre avec l'Irak fait rage. Les ayatollahs commencent donc par exiger des Frères syriens qu'ils cessent d'attaquer les alaouites en tant que tels; puis cessent de recevoir les émissaires des islamistes; envoient enfin à Damas l'ayatollah Sadegh Khalkhali les décrire à la radio comme "des bandes exécutant la politique de Camp David [...] en collusion avec l'Egypte, Israël et les Etats-Unis".

La route est donc libre pour Assad. Il a d'autant plus besoin d'en finir avec ses Frères qu'il sent sa propre communauté effrayée par des événements comme le meurtre de l'imam alaouite de Lattaquié et qu'elle perd de son monolithisme.

Car, contrairement à ce que l'on imagine, les alaouites ne sont pas une communauté très soudée. Ceux de Syrie sont, sur le plan ethnique, répartis en 4 tribus: al-Matawira, al-Haddadin, al-Khayyatin et al-Kalbiyyah; elles-mêmes subdivisées en plusieurs clans. Sur le plan religieux, 2 minorités:

· celle des Shamsi - du mot "shams" soleil, en arabe - qui a une révérence plus grande pour Mahomet (dont le symbole astral est le Soleil) que pour Ali,

· celle des Murshidiyyin qui suit un maître (murshid dans le vocabulaire ésotérique arabe), un jeune berger, prophète contemporain et martyr. Elles cohabitent avec la majorité Qamari - du mot arabe lune - qui, elle, vénère Ali (dont le symbole astral est l'astre nocturne).

Géographiquement, enfin, alaouites des montagnes et des plaines ont souvent des intérêts divergents.

Ainsi Hafez al-Assad, avant d'être le dirigeant de toute sa communauté, est-il d'abord un montagnard Qamari, du clan Numailatiyya de la tribu al-Matawira. Et ses coreligionnaires ont moins d'enthousiasme pour son régime que de terreur à l'idée de ce qui leur arriverait s'il s'effondrait...

Tout concourt donc à pousser Assad à faire un exemple. La ville de Hama, fief historique des Frères, est encerclée totalement fin janvier 1982. Le 2 février, les Frères, menacés d'asphyxie, lancent l'offensive contre les forces de sécurité qui quadrillent leurs bastions de la vieille ville. Ils en chassent les troupes du régime, et résistent jusqu'au 20. Le 25, les combats sont terminés. La vieille ville de Hama n'est plus que décombres. Les blindés ont été massivement utilisés. Il y a des milliers d'exécutions sommaires; de 10 000 à25 000 morts au total, nul ne le sait. Des milliers de soldats ont également péri.

Seule réaction: à Tripoli, au Liban, les islamistes sunnites de JundAllah (les Soldats de Dieu), attaquent les forces syriennes; les combats font des dizaines de morts, mais ne changent rien au sort de Hama.

Le Front islamique a bel et bien les reins cassés. Le 11 mars, il forment l'Alliance nationale pour la libération de la Syrie, avec des laïcs du Baas pro-irakien et des politiciens divers. C'est se laisser réduire à l'état d'instrument de Saddam Hussein; mais quelle autre option prendre ?

Seule, l'Avant-Garde combattante refuse l'alliance irakienne, et se déclare - malgré tout - fidèle aux révolutionnaires islamiques de Téhéran. Mais la base de l'Avant-Garde est surtout étudiante et universitaire; elle n'a pas de moyens propres. Sa ligne pro-khomeiniste lui vaut d'être chassée de Jordanie et d'Irak. Il lui reste le Liban: là, elle est infiltrée par un provocateur, qui attire Adnan Oqla en Syrie; il y disparaît corps et biens en 1985. La même année, à l'occasion d'une amnistie décrétée en février, 3e anniversaire des massacres de Hama, le régime syrien libère 500 Frères musulmans, en grande majorité ceux de l'Avant-Garde. Le lieutenant d'Adnan Oqla accepte alors de rendre les armes et l'Avant-Garde combattante cesse d'exister.

En 1985, les attentats reprennent en Syrie, à bas bruit, mais l'année suivante, en avril, une coalition de Frères syriens, d'agents irakiens et palestiniens (tendance Arafat) réitère, en pis, l'opération d'Alep: plus de 140 jeunes, des élèves officiers notamment, sont tués, et 150 blessés, dans des attentats visant des autocars, en divers endroits de Syrie. 5 coupables syriens sont pendus en août 1987. Un mois plus tard, un camion piégé explose à Damas: plus de 60 morts.

Mais, du côté des Frères, les choses vont de mal en pis. Les manœuvres du très influent chef des services de renseignement de l'armée de l'air syrienne, Ail Douba, pour semer la discorde au sein des Frères a fini par payer. La tendance Oqla disparue, trois courants se disputent le mouvement: celui de l'ancien super-intendant général, Issam al-Attar, réfugié en Allemagne fédérale, à peu près inactif ;le courant politique, lui-même divisé entre "activistes" partisans de l'alliance irakienne et de la lutte armée - et "modérés", tentés par des négociations avec Damas, opposés au terrorisme aveugle et n'éprouvant pas d'hostilité pour l'Iran. En mai 1986, ces deux dernières tendances se retrouvent à Bagdad et n'arrivent pas à s'entendre. C'est la scission. Deux super-intendants généraux sont élus. Pour les activistes, Adnan Saadeddine, soutenu à fond par l'Irak, majoritaire chez les Frères émigrés dans ce pays. Pour les modérés, cheikh Abou Rouddé, majoritaire en Jordanie et soutenu par l'organisation supranationale des Frères. Les deux courants ont leurs partisans chez les Frères syriens réfugiés en Arabie et au Koweit.

En 1987, des moujahidin syriens assassinent le 1er secrétaire de l'ambassade syrienne de Bruxelles. En mars 1989, une Conférence internationale populaire de solidarité avec les peuples de Syrie, du Liban et de Palestine se tient à Genève, grâce à la générosité irakienne. On y appelle à la constitution d'un front national d'opposition élargi syrien. En décembre de la même année, un diplomate syrien, à Bruxelles toujours, échappe de peu à un attentat: des Rescapés de Hama avaient piégé sa voiture.

En février 1990 enfin, le Front de salut national syrien voit le jour à Paris. Il réunit le Baas pro-irakien, des nassériens, des indépendants et les Frères musulmans, "toutes tendances confondues". Sont-ils vraiment unis ? En tout cas, exilés, anéantis en Syrie même, les Frères syriens sont dans un piteux état. Qui risque de durer tant que Hafez al-Assad et ses redoutables services seront à l'œuvre...

En août 1990, après l'invasion du Koweit par l'Irak, les FM syriens, toutes tendances confondues, ont apporté un soutien inconditionnel à Saddam Hussein.

 

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